Les facteurs associés aux maladies ombilicales du poulain - Pratique Vétérinaire Equine n° 225 du 01/04/2025
Pratique Vétérinaire Equine n° 225 du 01/04/2025

NÉONATALOGIE

Cahier scientifique

Revue de presse

Auteur(s) : Valérie PICANDET

Fonctions : (DipECEIM et ACVIM)Centre hospitalier vétérinaire équin de Livet
Cour Samson
14140 Saint-Michel-de-Livet

Les principales maladies ombilicales du poulain incluent les infections, la persistance du canal de l’ouraque et les hernies ombilicales. Elles affectent le plus souvent les poulains de moins de 2 mois. Une observation attentive des vestiges ombilicaux est donc nécessaire au cours des premiers jours de vie. Cependant, certaines affections internes nécessitent une échographie pour être diagnostiquées. Les infections ombilicales sont à l’origine de nombreuses complications, dont le développement d’autres foyers infectieux localisés. Cette étude rétrospective vise à mettre en évidence les facteurs de risque de développement de maladies ombilicales chez des poulains hospitalisés.

MATÉRIEL ET MÉTHODE

Les dossiers de 183 poulains, nés ou admis au cours des premières 24 heures de vie dans un hôpital équin entre 2017 et 2021, ont été étudiés. Les poulains ont été répartis en deux groupes : ceux avec un ombilic normal et ceux présentant une affection ombilicale. Plusieurs données ont été analysées via des tests non paramétriques, notamment concernant la mère et la gestation, le placenta et le cordon ombilical à la naissance, le poulain (anamnèse, données cliniques et de laboratoire) et les soins prodigués à l’ombilic. Tous les poulains ont bénéficié d’échographies répétées des vestiges ombilicaux lors de leur hospitalisation.

RÉSULTATS ET DISCUSSION

La majorité des poulains inclus dans l’étude (74,9 %) sont nés à l’hôpital de juments hospitalisées avant le poulinage. La plupart d’entre eux étaient en bonne santé. Les poulains malades (25,1 %) ont été admis après la naissance. Parmi les poulains étudiés, 40 (21,9 %) ont présenté une maladie ombilicale, une prévalence nettement supérieure à celle rapportée dans la littérature. La majorité des cas était des infections, tandis que 36,3 % concernaient une persistance du canal de l’ouraque. Certains poulains (30 %) présentaient plusieurs affections ombilicales concomitantes.

L’âge moyen d’apparition des affections ombilicales était de 6 +/- 5 jours. De la fièvre n’a été observée que dans 32,5 % des cas. Les facteurs associés au développement de ces affections incluaient l’admission à l’hôpital après la naissance, l’existence d’une dystocie, un cordon ombilical plus spiralé, une rupture anormale du cordon, une hémorragie ombilicale, un ombilic de volume augmenté, un score d’Apgar faible, certaines maladies systémiques, un décubitus prolongé et un accès retardé au paddock. Ces résultats montrent un risque accru pour les poulains issus d’un poulinage dystocique, ainsi que pour ceux présentant une maladie systémique néonatale, voire des anomalies au niveau de l’ombilic ou de sa rupture à la naissance. En revanche, aucune différence significative n’a été mise en évidence selon les méthodes de désinfection. Un traitement médical a permis la guérison dans 70 % des cas, et une intervention chirurgicale s’est révélée nécessaire chez 30 % des poulains, ce qui est en accord avec les études précédentes.

PERTINENCE CLINIQUE

Bien que la définition de la maladie ombilicale ne soit pas clairement précisée et que le traitement statistique des données soit contestable, cet article apporte des informations intéressantes sur la prévalence et les facteurs associés à ce type d’affection, majoritairement d’origine infectieuse. L’échographie ombilicale permet la détection d’infections précoces qui peuvent passer inaperçues cliniquement, mais évoluer vers des complications plus graves comme des arthrites septiques. Cependant, l’utilisation systématique de cet outil ne devrait pas conduire à un recours excessif à l’antibiothérapie. D’autre part, si le traitement médical consiste en une antibiothérapie de longue durée, le traitement chirurgical par exérèse des vestiges ombilicaux doit également être envisagé.

Cette rubrique est réalisée en partenariat avec la commission Médecine interne de l’Association vétérinaire équine française.