REPRODUCTION
Cahier pratique
Fiche pratique
Auteur(s) : Jean-Marc BETSCH
Fonctions : Clinique équine de Méheudin (MB Vet)
61150 Écouché
Geste simple, rapide et peu invasif, la biopsie endométriale permet d’établir un diagnostic, puis d’émettre un pronostic sur l’avenir reproducteur de la jument. Son interprétation doit toujours tenir compte du contexte clinique.
La biopsie de l’endomètre est un examen complémentaire de base, relativement facile à réaliser par tout praticien sur une jument debout. Elle permet d’évaluer l’état de l’utérus et de préciser la gravité et l’étendue d’éventuelles lésions. Lorsqu’elle est correctement réalisée et accompagnée de commémoratifs précis, l’étendue des lésions endométriales est bien corrélée au pronostic reproducteur de la jument.
La biopsie endométriale est indiquée pour établir le diagnostic des causes d’infertilité chez une jument vide depuis plus d’un an et pour évaluer l’évolution d’une endométrite chronique. Elle peut également être demandée dans le cadre de la visite d’achat d’une jument destinée à la reproduction ou en amont d’une intervention chirurgicale vestibulaire ou cervicale. L’examen poursuit deux objectifs principaux. D’une part, il permet d’identifier les lésions de l’endomètre susceptibles d’expliquer une subfertilité [1]. Cinq types de lésions majeures sont classiquement recherchés : l’endométrite, la fibrose, la dilatation glandulaire, les lacunes lymphatiques et l’hypoplasie ou l’atrophie endométriale [3]. D’autre part, la biopsie fournit un pronostic reproducteur, essentiel pour orienter la prise en charge de la jument [4]. Le moment du cycle influence peu l’interprétation des résultats et la seule contre-indication est la gestation. Il est tout de même préférable de réaliser cet examen en fin de saison de reproduction (septembre ou octobre) afin qu’un traitement éventuellement jugé nécessaire puisse être mis en place et que la jument soit prête pour la saison suivante.
La réalisation d’une biopsie endométriale requiert un équipement spécifique afin d’obtenir un échantillon représentatif des lésions éventuelles :
– une pince à biopsie utérine de 70 cm de long avec un panier d’au moins 15 × 5 × 5 mm (photos 1 et 2) ;
– un flacon contenant du liquide de Bouin ou du formol à 10 % pour la fixation du prélèvement, le premier offrant une meilleure qualité histologique, le second entraînant davantage d’artefacts de coupe ;
– une barre de contention, ainsi que du matériel pour assurer une manipulation aseptique (bande de queue, gants de fouille stériles et gel lubrifiant).
Chez une jument calme, une sédation n’est pas nécessaire et le placement dans un travail suffit pour la contention. L’acte est indolore, car l’endomètre ne contient pas de fibres nerveuses, et seule la traversée du col peut être inconfortable pour certaines juments. En cas de doute, il est préférable de sédater l’animal. Une palpation et un examen échographique par voie transrectale sont réalisés avant la biopsie pour mettre en évidence des lésions macroscopiques du tractus génital. En effet, il convient d’identifier une éventuelle anomalie utérine (kyste, liquide, zone hyperéchogène, etc.) pour cibler la corne atteinte. En l’absence d’asymétrie ou de lésion focale, le prélèvement peut être effectué indifféremment à gauche ou à droite. Une préparation rigoureuse est essentielle. Une bande de queue est posée, le rectum est vidangé, et la vulve ainsi que le périnée sont soigneusement désinfectés à l’aide de trois savonnages à la povidone iodée, chacun suivi d’un rinçage à l’eau claire. Si une cytologie ou une bactériologie sont souhaitées, il est préférable de réaliser les prélèvements respectifs avant la biopsie [5].
La biopsie s’effectue selon la technique du double gant : le praticien enfile un gant stérile, prend dans la main l’extrémité de la pince fermée et recouvre le tout avec un deuxième gant stérile, dont l’extrémité est coupée aux ciseaux. La main doublement gantée est ainsi introduite dans le vagin, le second gant retiré au passage de l’anneau vestibulaire, puis l’extrémité de la pince, toujours fermée, est poussée à travers le col dans l’utérus, jusqu’à ce que la main extérieure arrive au ras des fesses de la jument (photos 3a et 3b, vidéo en ligne). Ce contact doit être maintenu à tout moment afin que l’extrémité de la pince reste à la base de la corne utérine et ne recule pas [2]. La main retirée du col utérin est ensuite introduite dans le rectum pour repérer l’extrémité de la pince fermée et la diriger à l’endroit du prélèvement par voie transrectale, tout en gardant la main extérieure toujours contre la jument (photos 4a et 4b). La pince est alors ouverte verticalement, l’index et le majeur de la main intérieure maintenus de chaque côté de son extrémité (figure). L’opérateur pousse la muqueuse utérine dans le panier, puis ferme la pince d’un coup sec. Cette étape est cruciale : si la muqueuse n’est pas correctement poussée, elle va glisser au moment de la section et le panier ne sera pas rempli correctement. La pince est retirée par une traction rapide, au cas où la pince n’aurait pas sectionné nettement le fragment (photo 5). Une fois en dehors de la jument, les mors de la pince sont ouverts et l’échantillon est ensuite délicatement saisi à l’aide d’une aiguille et déposé dans le liquide de fixation (photo 6).
La seule complication rarissime décrite est une hémorragie utérine de quelques décilitres qui rétrocède spontanément.
Aucun