MÉDECINES COMPLÉMENTAIRES ET INTÉGRATIVES
Cahier scientifique
Revue de presse
Auteur(s) : Fabrice FOSSE*, Ludmilla BUTZBACH**
Fonctions :
*36340 Cluis
**(fondateur Avetao, cert. EVSO)
***56220 Limerzel, podcast Puls’In Vet
****(cert. EVSO)
Lors d’instabilité de l’épaule, à la suite d’une atteinte du plexus brachial, la prise en charge classique conservatrice comprend un repos en box pendant 2 semaines à un an puis de la marche en main et un retour progressif au travail. Cet article, fondé sur un cas clinique, propose une approche thérapeutique multimodale.
Un poulain pur-sang, âgé de 16 mois, présente une boiterie avec suppression d’appui du membre antérieur droit à la suite d’un traumatisme au pré. L’examen clinique montre une instabilité de l’épaule et une incapacité de protraction de l’antérieur droit. Les examens d’imagerie radiographique et échographique de la région cervico-thoracique et du membre ont permis d’exclure une atteinte ostéo-articulaire et musculaire. Un diagnostic d’atteinte du plexus brachial droit est établi.
Le traitement combine quatre approches au cours de l’hospitalisation qui dure 26 jours. L’approche pharmacologique consiste en l’administration de gabapentine (à la dose de 15 mg/kg trois fois par jour) pendant 20 jours, de dexaméthasone (à raison de 0,1 mg/kg une fois par jour) pendant 5 jours, de phénylbutazone (à la dose de 2,2 mg/kg une fois par jour) pendant 12 jours et d’une mésothérapie (à base de NaCl et de lidocaïne) de la zone scapulo-humérale. L’approche kinésithérapeutique repose sur des massages et des mobilisations passives en flexion, extension, protraction et rétraction durant les 5 premiers jours. Dès le quatrième jour, des bandes de kinésiologie sont appliquées sur les muscles infra-épineux, supra-épineux et extenseur dorsal du carpe et des exercices de mise en charge du membre atteint sont entrepris. Puis, des exercices de mobilisation dynamique permettent la mise en jeu de la phase antérieure de la foulée, de la stabilité du tronc et de l’équilibre corporel général. L’approche physiothérapeutique privilégie l’application d’une stimulation neuromusculaire électrique (NMES) au niveau des muscles triceps brachial et extenseur dorsal du doigt visant une contraction musculaire visible sans créer d’inconfort chez le cheval. L’approche acupuncturale se concentre sur des points locaux et des points à visée neurale. Le poulain sort d’hospitalisation avec un protocole de marche en main et de mobilisation dynamique. Les premières améliorations cliniques sont apparues dès le cinquième jour. En 26 jours, le poulain a récupéré une autonomie fonctionnelle suffisante pour rentrer chez lui avec un programme d’exercices progressifs. Un suivi a confirmé son retour à une activité athlétique normale, avec une participation à 25 courses et des gains significatifs.
L’efficacité du traitement repose sur une prise en charge globale et précoce. Une intervention rapide permet de limiter les complications secondaires, comme la fourbure du membre controlatéral, et d’accélérer la réhabilitation fonctionnelle. L’utilisation précoce de bandes de kinésiologie favorise la stabilisation musculaire, tandis que les exercices excentriques visent la stimulation de la proprioception et préviennent la fonte musculaire. La NMES, quant à elle, optimise la réactivation musculaire en rétablissant la connectivité neuromusculaire. En complément, l’acupuncture apporte un soutien analgésique et neurostimulateur. Ces stratégies combinées ont permis de réduire les complications tout en assurant un rétablissement rapide. Elles soulignent l’importance d’une approche intégrée pour répondre aux besoins complexes des chevaux souffrant d’une neuropathie.
L’association de plusieurs approches thérapeutiques (médicamenteuse, physiothérapeutique et acupuncturale) permet de faciliter et d’accélérer la récupération d’une atteinte traumatique du plexus brachial. Cette étude apporte des perspectives concrètes pour les praticiens souhaitant optimiser la prise en charge des neuropathies équines.
Cette rubrique est réalisée en partenariat avec la commission Médecines complémentaires et intégratives de l’Association vétérinaire équine française.