CHIRURGIE ABDOMINALE
Cahier scientifique
Revue de presse
Auteur(s) : Karine PADER
Fonctions : (DipACVS-LA, DipECVS)Département des sciences cliniques
Faculté de médecine vétérinaire
Université de Montréal
3200 Rue Sicotte
J2S 2M2 Saint-Hyacinthe, Québec (Canada)
Impact du traitement chirurgical des coliques sur les performances des chevaux de saut d’obstacles
Outre l’aspect financier, le retour à l’activité sportive est un paramètre important pour les propriétaires de chevaux de sport lorsqu’il s’agit d’opter ou non pour un traitement chirurgical en cas de coliques. Plusieurs études chez le cheval de course montrent que 75 à 90 % des chevaux retournent à leur niveau de performance antérieur après l’intervention.
L’objectif de cette étude est d’évaluer le pronostic sportif postchirurgical chez des chevaux de saut d’obstacles, ainsi que le taux de retours à l’exercice, afin d’éclairer les propriétaires dans leur choix thérapeutique.
Les dossiers médicaux des chevaux ayant subi une intervention chirurgicale pour des coliques entre 2017 et 2021 ont été analysés, puis les données relatives aux chevaux de saut d’obstacles ont été recueillies (groupe 1). Le suivi a été assuré via des appels téléphoniques aux propriétaires ainsi que par l’analyse des performances lors des compétitions nationales. Ces performances ont ensuite été comparées à celles d’un groupe de chevaux sélectionnés aléatoirement (groupe 2), participant aux mêmes événements sportifs. Le pronostic à court terme correspond à un cheval vivant à la sortie de l’hospitalisation, alors que le pronostic à long terme correspond à un cheval vivant au minimum 2 ans après (exprimé en nombre d’années après l’acte chirurgical).
Sur 252 interventions réalisées entre 2017 et 2021, 96 concernaient des chevaux de saut d’obstacles. Quatre chevaux ont été euthanasiés durant l’opération à cause d’une rupture intestinale ou d’une quantité excessive d’intestins non viables. Vingt-cinq chevaux (27,2 %) ont subi une intervention plus complexe de type résection ou anastomose. Le pronostic à court terme était de 85,4 % et la médiane de survie à long terme de 2,73 années (0,01 à 6,14 années). Sur les 82 chevaux sortis de l’hôpital, 59 étaient en compétition au moment de l’intervention et 78 % y sont retournés à une médiane de 8,8 mois après (3,5 à 33,3 mois). Au total, 41 chevaux (89,1 %) ont retrouvé le même niveau de performance, voire ont concouru dans des épreuves supérieures, alors que 5 chevaux (10,9 %) sont retournés en compétition à un niveau inférieur. Aucune différence n’a été mise en évidence entre les groupes 1 et 2, ce qui démontre que le traitement chirurgical des coliques n’a pas d’influence sur la longueur de la carrière d’un cheval ni sur ses performances en compétition. D’autre part, la complexité de la chirurgie n’a pas eu d’effet sur l’activité des chevaux de saut d’obstacles. Environ un tiers de ceux qui sont retournés en concours avaient subi une résection ou une anastomose intestinale. Lors du suivi à 2 ans après l’intervention, 63,6 % des chevaux de saut d’obstacles étaient vivants. Les complications postopératoires, comme les infections de plaie, les hernies ou les coliques, étaient les principales raisons d’un retour en compétition retardé.
Cette rubrique est réalisée en partenariat avec la commission Chirurgie de l’Association vétérinaire équine française.
Cette étude montre que les chevaux de saut d’obstacles peuvent revenir en compétition au même niveau, voire à un meilleur niveau après une intervention chirurgicale pour des coliques. Elle permet d’éclairer le propriétaire sur le pronostic sportif associé à cet acte chirurgical. Peu importe la complexité de l’intervention, le cheval peut retourner en compétition moyennant une période de convalescence dont la médiane est d’environ 9 mois. Les facteurs qui retardent le retour au travail du cheval sont les complications postopératoires telles que l’infection du site opératoire, les hernies incisionnelles ou les récidives de coliques.