Dossier
Point de vue
Auteur(s) : Maxime COLLARD
Fonctions : cavalière de l’équipe de France de dressage
Tout dépend du cheval. Je fixe généralement un objectif pour chaque cheval et prévois le planning de concours selon cet objectif, ce qui me donne une trame pour la saison. Néanmoins, cette trame n’est pas figée, je peux m’en écarter pour emprunter des “contre-allées”. Je fonctionne beaucoup au feeling, j’ai besoin de flexibilité, cela a toujours été ma façon de travailler.
J’ai une petite structure et je m’occupe beaucoup de mes chevaux moi-même. Je les connais par cœur, particulièrement les plus âgés. Je ne veux d’ailleurs pas en avoir davantage pour pouvoir conserver ce lien avec eux. Si j’ai le moindre doute lors de la préparation ou dans mon ressenti à cheval, j’appelle rapidement mon vétérinaire pour en discuter. C’est le même depuis longtemps et il connaît aussi très bien mes chevaux. Il a un bon “feeling cheval”, il est très ouvert et travaille dans le respect total de l’animal. J’attends de lui qu’il recherche l’origine du problème et non qu’il se contente d’en soigner les symptômes. La transparence est extrêmement importante pour moi. Je veux comprendre ce qui se passe et prendre les décisions en connaissance de cause. C’est toujours moi qui emmène les chevaux à la clinique, je veux être là pour comprendre le problème et discuter des options de traitement. Mon vétérinaire m’a aussi guidée dans la préparation physique de Cupido avant les jeux Olympiques de Tokyo, car le staff nous avait prévenus des difficultés liées au climat chaud et humide.
Pour préparer les Jeux de Rio, la fédération nous avait fourni des sangles connectées (1) afin de suivre les paramètres cardiaques des chevaux au travail. Mais Cupido étant assez particulier pour le sanglage, je n’ai pas pu utiliser la sangle aussi régulièrement que je l’aurais voulu. De manière générale, je travaille beaucoup au feeling, mais cela m’intéresserait d’inclure un suivi cardio dans ma préparation. Cela nécessiterait que je me forme à l’utilisation de ces outils et que j’apprenne à interpréter les données. Je suis très intéressée par le fonctionnement du cheval et preneuse de ce que les vétérinaires peuvent nous apprendre dans le suivi au quotidien. Je suis également persuadée qu’il existe souvent une origine médicale ou une douleur lors d’un comportement anormal. Mon compagnon, qui fait de la rééducation de chevaux dits rétifs, a remarqué que dans 90 % des cas, une cause douloureuse sous-jacente justifie le comportement indésirable.
Le maréchal-ferrant fait partie intégrante de l’équipe. J’insiste pour qu’il communique beaucoup avec mon vétérinaire, même s’ils ne sont pas toujours d’accord ! Là encore, la transparence est de mise. Je fais également intervenir un ostéopathe, un masseur et un acupuncteur au besoin, et pas pour tous les chevaux. Dans ces domaines-là aussi, je fonctionne beaucoup au feeling. L’acupuncture est une pratique plus récente, car je suis très cartésienne. Il y a quelques années, j’ai subi un grave accident (coup de pied dans la tête) et l’acupuncteur que l’on m’a convaincue de consulter a eu un effet incroyable pour me sortir du stress post-traumatique qui a suivi. J’ai alors commencé à montrer certains chevaux, mais je respecte la sensibilité des propriétaires qui ne souhaitent pas tous utiliser ces méthodes sur leur cheval.
Elle est différente pour plusieurs raisons : le staff fédéral est omniprésent, certains concours sont des passages obligés, et la pression est énorme. Cependant, le travail du cheval au jour le jour est sensiblement le même. Le haut niveau n’est pas une fin en soi et je privilégierai toujours le bien-être de mes chevaux.