Paralysie faciale à la suite d’un traumatisme chez un cheval de loisir  - Pratique Vétérinaire Equine n° 0216 du 09/12/2022
Pratique Vétérinaire Equine n° 0216 du 09/12/2022

Neurologie

CAHIER PRATIQUE

Quel est votre diagnostic ?

Auteur(s) : Charlène PIGÉ *, Mathieu SPRIET **

Fonctions :
*Surgical and Radiological Sciences 
**University of California, Davis (États-Unis)

Fracture du processus paracondylaire de l’os occipital avec atteinte du nerf facial

Présentation clinique

Une jument paint horse âgée de 3 ans est référée pour l’évaluation d’une plaie au niveau de la nuque, associée à une paralysie faciale gauche persistante survenue à la suite d’un accident 3 semaines auparavant. Elle avait alors été retrouvée la tête coincée sous la barrière de son paddock. À l’admission à l’hôpital, la jument présente une ptose palpébrale gauche, un épiphora de l’œil gauche et une déviation du museau vers la droite, ainsi qu’un affaissement de l’oreille gauche. Une plaie avec des sécrétions purulentes est présente sur le côté gauche de la partie craniale de l’encolure. Un examen radiographique de la région atlanto-occipitale est réalisé (photos 1a et 1b).

Diagnostic par imagerie

Les clichés radiographiques de la région atlanto-occipitale révèlent une fracture complète, transverse et comminutive du processus paracondylaire gauche de l’os occipital.

Afin d’évaluer de manière plus précise la configuration de la fracture ainsi que l’implication des tissus mous adjacents, un examen au scanner de la région atlanto-occipitale est effectué (photos 2a et 2b). Ce dernier confirme la présence d’une fracture comminutive de la base du processus paracondylaire gauche de l’os occipital, avec un déplacement ventral et médial du fragment le plus volumineux. Plusieurs fragments osseux de taille variable sont aussi identifiés juste caudalement au site de fracture, ventralement au foramen stylomastoïdien. L’examen permet de confirmer l’absence de fractures additionnelles, mais met en évidence une fistule associée au site de fracture.

Traitement et suivi

Un nettoyage et un débridement chirurgical de la fistule sont réalisés sous anesthésie générale, permettant le retrait de la majorité des fragments osseux identifiés lors de l’examen au scanner. Un traitement systémique (antibiotiques et anti-inflammatoires non stéroïdiens) ainsi que des soins locaux de la plaie sont mis en place et pousuivis à la sortie d’hospitalisation, qui a lieu 2 jours après l’intervention. L’application d’un collyre antibiotique dans l’œil gauche est également prescrite pour prévenir le développement de lésions cornéennes secondaires à la paralysie faciale.

Discussion

Les traumatismes crâniens, fréquents chez le cheval, surviennent à la suite d’une chute, d’un coup de la part d’un congénère, voire d’une collision contre un objet immobile [2]. Néanmoins, les fractures du processus paracondylaire de l’os occipital sont relativement rares et pas toujours associées à des signes cliniques. Lorsqu’elles impliquent la base du processus paracondylaire, elles sont susceptibles d’affecter le foramen stylomastoïdien, débouché du canal facial, entraînant ainsi une paralysie du nerf facial [1].

Comme une arthropathie temporo-hyoïdienne peut être à l’origine du même trouble nerveux, l’imagerie permet d’en identifier la cause. L’examen radiographique de la tête du cheval peut se révéler difficile en raison de l’anatomie complexe et de la superposition de plusieurs structures osseuses et des tissus mous. Des projections obliques sont nécessaires afin d’évaluer le processus paracondylaire et l’articulation temporo-hyoïdienne [1]. L’examen au scanner apparaît cependant supérieur à la radiographie pour la détection des fractures du processus paracondylaire et l’évaluation de l’articulation temporo-hyoïdienne. En effet, cette technique d’imagerie en coupe permet de s’affranchir de la superposition des formations anatomiques et d’obtenir une meilleure résolution de contraste pour les tissus mous.

Bien que rare, les fractures du processus paracondylaire de l’os occipital font partie du diagnostic différentiel lors d’une atteinte du nerf facial. Une approche multimodale est fondamentale pour établir un diagnostic précis et mettre en place le traitement adapté. La résolution de l’inflammation locale à la suite du retrait du fragment entraîne le plus souvent une régression de la paralysie faciale.

Références

1. Lischer CJ, Walliser U, Witzmann P et coll. Fracture of the paracondylar process in four horses: advantages of CT imaging. Equine Vet. J. 2005;37(5):483-487.

2. Ramirez O 3rd, Jorgensen JS, Thrall DE. Imaging basilar skull fractures in the horse: a review. Vet. Radiol. Ultrasound. 1998;39(5):391-395.

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