Dentisterie
CAHIER SCIENTIFIQUE
Revue de presse
Auteur(s) : Knut NOTTROTT *, **
Fonctions :
** Equine Dental Vet France
**63350 Saint-Laure
***** Université de Lyon, VetAgro Sup, campus universitaire de Lyon, Pôle équin,
****69280 Marcy-l’Étoile
Référence
Albers L, Bienert-Zeit A, Staszyk C. Equine incisor lesions: histologic confirmation of radiographic, macroscopic, and micro-computed tomographic findings. Vet. Sci. 2022;9(7):348.
Le syndrome de résorption odontoclastique et d’hypercémentose (equine odontoclastic tooth resorption and hypercementosis, EOTRH), progressif et douloureux, atteint de façon prédominante les incisives et provoque la destruction des dents et des tissus parodontaux. Aucun traitement curatif n’existe et les soins palliatifs, comme le brossage des dents, l’irrigation orale, les modifications d’alimentation, le limage des exubérances des incisives, l’administration d’anti-inflammatoires et d’antibiotiques, ainsi que les débridements et les curetages chirurgicaux, montrent des résultats très limités. L’extraction des dents atteintes est souvent recommandée.
Au stade initial du syndrome, la présence de cellules inflammatoires laisse supposer qu’un traitement anti-inflammatoire pourrait se révéler bénéfique. Pour cela, il est fondamental de pouvoir détecter de façon fiable les lésions précoces et subtiles de l’EOTRH et de les différencier d’autres types d’atteintes. Le microscanner étant capable de mettre en évidence des éléments non identifiables macroscopiquement ou lors de l’examen radiographique, une étude a été menée sur des cadavres pour comparer les différentes observations (macroscopique, radiographique et au microscanner) avec les caractéristiques histopathologique des lésions.
Les dents incisives de 20 chevaux, âgés de 9 à 27 ans et euthanasiés pour d’autres raisons que celles de l’étude, sont évaluées lors d’une inspection macroscopique in situ, puis via un examen radiographique intraoral. Ensuite, elles sont extraites et plusieurs paramètres sont appréciés au microscanner. Les analyses sont interprétées de façon randomisée et à l’aveugle et, pour chaque type d’observation, les lésions caractéristiques de l’EOTRH sont classées selon leur gravité en cinq catégories. Une comparaison avec l’examen histopathologique d’une sélection de lésions dentaires observées complète l’étude, visant à différencier les lésions d’EORTH de celles d’autres affections.
Il s’agit de la première étude qui évalue et valide, par un examen histopathologique, les lésions de résorption précoces, survenant notamment sur la surface palatine ou linguale dans le tiers apical de la dent, et les modifications structurelles des tissus durs des dents incisives équines détectées au microscanner. Face à un désaccord important entre les diagnostics radiographique et au microscanner, l’histopathologie sert ainsi de référence. Bien que la quasi-totalité des dents présentent des altérations histologiques (résorption initiale ou superficielle, ciment irrégulier, tissu de granulation, infiltrations leucocytaires), toutes les lésions ne peuvent pas être considérées comme cliniquement significatives. Des atteintes superficielles réparées entrent dans les normes physiologiques. En revanche, des incisives sans anomalies radiologiques peuvent montrer des signes associés à l’EOTRH.
Bien que la présence de cellules inflammatoires soit confirmée par l’observation histologique, d’après l’expérience des auteurs, le traitement du syndrome d’EOTRH à l’aide d’anti-inflammatoires non stéroïdiens n’est généralement pas efficace, étant donné la détection difficile des lésions débutantes avec les examens clinique et radiographique, et l’évolution aléatoire. Si un suivi au microscanner serait bénéfique in vivo pour détecter des changements subtils de la surface dentaire, il n’est pas envisageable en pratique.
Les lésions précoces de résorption, visibles au microscanner et à l’examen histopathologique, débutent notamment dans les régions palatine et linguale des racines des incisives. D’après les résultats de cette étude, l’examen radiographique est insuffisant pour les identifier, en raison des multiples superpositions. Si certaines peuvent se limiter à des résorptions superficielles externes cliniquement non significatives, d’autres progressent en tant que syndrome de résorption odontoclastique et d’hypercémentose plus avancé, nécessitant alors une prise en charge thérapeutique par le vétérinaire équin. Le traitement de choix reste l’extraction des dents sévèrement atteintes.