Le praticien à l’interface de la bonne santé de la filière équine - Pratique Vétérinaire Equine n° 0215 du 09/09/2022
Pratique Vétérinaire Equine n° 0215 du 09/09/2022

EDITO

Auteur(s) :

Jean-Yves GAUCHOT, président fondateur de l’association Respe (Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine), président de la Fédération des syndicats vétérinaires de France, 

Jean-Luc CADORÉ, professeur de médecine interne à VetAgro Sup, membre de la commission Médecine interne de l’Association vétérinaire équine française, 

Guillaume FORTIER, directeur général de Labéo

La fièvre est une augmentation de la température corporelle consécutive à un dérèglement du thermostat hypothalamique dû à des substances pyrétogènes. Elle est dite isolée lorsqu’aucun autre signe clinique n’est décelable. Après avoir éliminé l’hyperthermie sans lien avec un dysfonctionnement hypothalamique, trois questions se posent au clinicien confronté à un premier accès fébrile : s’agit-il d’un épisode autorésolutif ? Est-ce la période d’incubation d’une maladie infectieuse dont l’expression clinique sera plus ou moins décalée ? Est-ce un premier épisode susceptible de récidiver, associé à des signes cliniques variables dans le temps et/ou selon le nombre de récidives d’une maladie infectieuse, inflammatoire ou néoplasique ? Le vétérinaire doit garder en mémoire que la fièvre représente un mécanisme de défense naturel, physiologique des phénomènes infectieux, et qu’il est souhaitable de la laisser agir dans un premier temps. L’étiologie infectieuse doit toujours être considérée selon le contexte épidémiologique et clinique, et en raisonnant le choix des investigations biologiques, l’interprétation de leurs résultats et la mise en place des traitements. En cas de fièvre isolée, le rôle clé du praticien au sein de la filière équine (horse industry, comme les Anglo-Saxons la dénomment pour souligner son caractère à multiples facettes) sera d’envisager qu’il s’agit du premier cas d’une maladie infectieuse potentiellement contagieuse pouvant constituer un danger sanitaire, et de prendre en conséquence les mesures adaptées.

Avec plus de 1 000 vétérinaires sentinelles qui assurent la veille des maladies au sein du cheptel équin en France, le Respe est un formidable outil dont la gouvernance sanitaire est partagée entre les socioprofessionnels de la filière et des vétérinaires impliqués et représentant la profession. Ce réseau au format associatif porte les actions sanitaires collectives décidées par la gouvernance professionnelle. Il est le support de programmes collectifs volontaires, notamment autour des maladies non réglementées (herpèsvirose, grippe, gourme, piroplasmose), mais aussi un outil de veille pour des maladies réglementées. À l’aube de la mise en place de la loi européenne de santé animale et de la déclassification de certaines maladies, telles que l’anémie infectieuse équine, le Respe doit conserver son leadership européen en matière d’épidémiosurveillance équine. Les Irlandais l’ont bien compris et sont désormais dans une phase de rapprochement pour construire un Irish Respe. La transparence consubstantielle à l’efficacité d’un tel outil de surveillance et de biosécurité rassure nos homologues des pays voisins : le fait de déclarer tous les épisodes sanitaires, les épizooties et leur gestion sécurise les organisateurs de compétitions et de rassemblements, tant au niveau national que pour les échanges économiques internationaux.

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