Évaluation histologique de la cicatrisation de lésions de desmite de branche du ligament suspenseur du boulet après un traitement au laser - Pratique Vétérinaire Equine n° 0215 du 09/09/2022
Pratique Vétérinaire Equine n° 0215 du 09/09/2022

PHYSIOTHÉRAPIE

CAHIER SCIENTIFIQUE

Revue de presse

Auteur(s) : Marthe THIROUIN *, Virginie COUDRY (DESV de pathologie locomotrice équine, cert. Iselp, DACVSMR, DECVSMR) **, Sandrine JACQUET-GUIBON (DESV de pathologie locomotrice équine, cert. Iselp, DACVSMR, DECVSMR)***

Fonctions :
*Cirale-ENVA, USC Inrae 957 BPLC
**14430 Goustranville

Les lésions tendineuses et ligamentaires sont fréquentes chez le cheval et associées à un risque assez élevé de récidive. Elles nécessitent une convalescence longue, ce qui motive encore actuellement le développement de nouvelles thérapies pour l’amélioration de leur prise en charge. Dans ce cadre, le laser à haute puissance (classe 4), étudié depuis des décennies chez l’homme, gagne en popularité chez le cheval bien que peu d’études d’efficacité aient été réalisées à ce jour. L’objectif de cet article est d’évaluer l’effet d’un traitement au laser de classe 4 à l’échelle tissulaire sur des desmites de branche du ligament suspenseur du boulet (LSB) induites chirurgicalement.

MATÉRIELS ET MÉTHODES

Des lésions standardisées sont créées sur les 4 branches latérales des LSB de 12 chevaux sains répartis aléatoirement entre deux groupes, l’un évalué à 4 semaines et l’autre à 6 mois. Un traitement au laser de classe 4 est réalisé sur 2 des 4 lésions induites (bipède diagonal) de chaque cheval, une fois par jour pendant 4 semaines, dès le premier jour après l’intervention, parallèlement à une reprise de l’exercice. Après l’euthanasie (à 4 semaines ou à 6 mois), une analyse histologique est réalisée sur chaque branche latérale du LSB chez 9 des 12 chevaux (6 avec un suivi à court terme et 3 à long terme) afin d’analyser plusieurs paramètres : degré de vascularisation, forme et densité des noyaux cellulaires, alignement et structure des fibres, pourcentage de fibres ordonnées régulièrement et dosage du collagène de types 1 et 3.

RÉSULTATS

À court terme, le traitement au laser permet une amélioration significative de la forme des noyaux, un meilleur alignement et une meilleure structure des fibres, moins de variations de la densité des noyaux, moins d’expression du collagène de type 3. À court et à long termes, la forme des noyaux est améliorée et la taille des lésions réduite. Enfin, à long terme, les effets significatifs du traitement sont une plus grande densité des noyaux cellulaires et une taille significativement moindre de la lésion.

DISCUSSION DES AUTEURS

Sur ce modèle de lésion de branche du LSB induite chirurgicalement, le traitement au laser améliore favorablement la densité, la forme des noyaux cellulaires, la taille des lésions, ainsi que la structure et l’alignement des fibres ligamentaires. Ces paramètres sont des indicateurs histologiques de la cicatrisation ligamentaire, et ces résultats sont cohérents avec ce qui a déjà été établi dans d’autres espèces. Cette première étude standardisée sur l’effet du laser de classe 4 à l’échelle tissulaire chez le cheval révèle des effets bénéfiques significatifs sur la cicatrisation ligamentaire. Les lésions induites étant davantage comparables à des lésions traumatiques qu’aux atteintes spontanées à forte composante inflammatoire, un protocole d’exercice a été entrepris dès le premier jour après l’intervention afin d’amplifier la réponse inflammatoire. Les résultats de cette étude suggèrent qu’un traitement au laser de classe de 4 permet une meilleure cicatrisation tissulaire qu’un traitement conservateur seul.

Pertinence clinique

D’après les résultats de cette étude, le traitement au laser de classe 4 a un effet positif sur la cicatrisation des lésions de desmite de la branche latérale du ligament suspenseur du boulet. Cependant, ce résultat est à nuancer puisque l’efficacité a été estimée sur une lésion chirurgicalement induite, qui ne reproduit pas vraiment le mécanisme physiopathologique de la lésion spontanée, même si les chevaux ont été remis en activité précocement. D’autre part, l’évaluation n’a été réalisée que sur des critères histologiques qui ne reflètent que partiellement les propriétés biomécaniques du ligament, donc le risque de récidive qui reste le critère essentiel du succès du traitement. Néanmoins, ces résultats restent encourageants, montrant l’intérêt de l’utilisation du laser de classe 4 dans la prise en charge des lésions ligamentaires. Idéalement, il conviendrait de mener ce même type d’étude sur des lésions spontanées. Cependant, la réalisation de lots homogènes quant à la sévérité de la lésion, le type de chevaux (discipline, race) et leur environnement (activité, ferrure, sols) reste très difficile à mettre en œuvre.

Référence

Pluim M, Heier A, Plomp S et coll. Histological tissue healing following high-power laser treatment in a model of suspensory ligament branch injury. Equine Vet. J. 2022;00:1-9. doi.org/10.1111/evj.13556.

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