Boiterie postérieure bilatérale chez un cheval de dressage - Pratique Vétérinaire Equine n° 0213 du 11/03/2022
Pratique Vétérinaire Equine n° 0213 du 11/03/2022

Quel est votre diagnostic ? Pathologie locomotrice

CAHIER PRATIQUE

Quel est votre diagnostic ?

Auteur(s) : Émilie SÉGARD-WEISSE (dipl. ECVDI), Aurélie THOMAS-CANCIAN (dipl. ECVDI),Michael SCHRAMME (dipl. ECVDI et ECVS)

Fonctions :
*VetAgro Sup, campus vétérinaire de Lyon Service d’imagerie 1 avenue Bourgelat,69280 Marcy-l’Étoile
**Conflit d’intérêtsAucun

chez un cheval de dressage

Présentation clinique

Un hongre de race oldenburg âgé de 12 ans, utilisé en dressage de haut niveau, est présenté en consultation de pathologie locomotrice pour l’évaluation d’une boiterie postérieure bilatérale qui évolue depuis un mois. À l’admission, seule une boiterie du membre postérieur droit, de grade 2 sur 5, est observée. Le test de flexion globale des membres postérieurs est positif. Les anesthésies locorégionales réalisées sur le membre postérieur droit localisent la boiterie au niveau du tarse. Un examen radiographique des deux tarses est alors mis en œuvre, constitué des quatre incidences classiques, soit les vues latéro-médiale (LM), dorso-plantaire (DP), dorso-latérale plantaro-médiale (DLPM) et dorso-médiale plantaro-latérale (DMPL) obliques, et d'une vue supplémentaire dorsale 15° médiale plantaro-latérale (D15°MPL) oblique (photos 1a à 1c).

Diagnostic radiographique

Ces images radiographiques, de bonne qualité, permettent de visualiser une sclérose marquée de la partie dorso-médiale de l’os central du tarse droit, ainsi qu’une petite production osseuse de type dégénératif à l’extrémité dorso-proximo-médiale de cet os. Du côté gauche, une sclérose de la partie médiale de l’os central du tarse est également visible, associée à un trait radiotransparent d’orientation verticale dans la plaque osseuse sous-chondrale proximale de cet os. Une petite dépression est aussi remarquée dans l’os sous-chondral de la surface articulaire distale de l’os central du tarse, à l’aplomb du trait radiotransparent précédemment décrit dans sa partie proximale. Ces éléments sont en faveur d’une fracture de l’os central du tarse gauche. Une fracture du même type est alors suspectée en raison de la présence de sclérose dans l’os central du tarse droit, mais non identifiée à l’examen radiographique. Un examen d’imagerie par résonance magnétique à bas champ debout des deux tarses confirme la suspicion diagnostique (photos 2a et 2b).

Traitement et suivi

La boiterie n'étant pas résolue après une mise au repos de 3 mois, la pose de vis corticales en compression dans l’os central des deux tarses est effectué sous contrôle fluoroscopique intra-opératoire, permettant le retour à l’exercice au même niveau 6 mois plus tard.

Discussion

Les fractures de l’os central du tarse sont rares chez les chevaux de sport. Leur configuration est répétable, et différente de celle observée chez les galopeurs, qui sont la plupart du temps dans un plan frontal [4]. Chez les chevaux de sport, il s’agit généralement de fractures verticales biarticulaires complètes, non déplacées, suivant une orientation de dorso-médial vers plantaro-latéral dans l’os central du tarse [1, 2, 3]. Parfois, ces fractures n’entreprennent que la partie proximale de l’os, comme dans le tarse droit du cheval présenté. Une sclérose importante de l’os en périphérie de ces fractures est toujours présente, témoignant des remodelages osseux chroniques typiques [1, 3]. La visualisation de cette sclérose isolée dans l’os central du tarse constitue d’ailleurs un signe d’appel qui permet de suspecter ce type de lésions à l’examen radiographique. En effet, le diagnostic radiographique de ces fractures est difficile, et les vues DMPL obliques, en réalisant plusieurs incidences d’angulations différentes, sont les plus utiles pour mettre en évidence le trait de fracture [3]. L’imagerie en coupe est souvent nécessaire pour confirmer le diagnostic et caractériser précisément la fracture [1, 3]. Le pronostic sportif associé à ces lésions est généralement bon après le traitement chirurgical [1].

Références

1. Gunst S, Del Chicca F, Fürst AE et coll. Central tarsal bone fractures in horses not used for racing: computed tomographic configuration and long‐term outcome of lag screw fixation. Equine Vet. J. 2016;48:585-589.

2. Kelleher ME, Charles EM, Werpy NM. What is your diagnosis? J. Am. Vet. Med. Assoc. 2011;238:977-978.

3. Knuchell JA, Spriet M, Galuppo LD et coll. Fracture of the central tarsal bone in nonracehorses: four cases. Vet. Radiol. Ultrasound. 2016;57:403-409.

4. Steel CM, Collins VL, Hance SR et coll. Prevalence, radiographic resolution and outcomes of slab fractures of the third and central tarsal bones in juvenile Thoroughbred horses. Aust. Vet. J. 2019;9:108-115.

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