Le Respe sur le front de la rhinopneumonie équine - Pratique Vétérinaire Equine n° 209 du 01/01/2021
Pratique Vétérinaire Equine n° 209 du 01/01/2021

INFECTIOLOGIE

Cahier scientifique

Vu, lu, entendu…

Une épizootie de rhinopneumonie est en train de bouleverser une grande partie de la filière équine en Europe et dans le monde. Le Respe livre un petit mémorandum pour faire face à cette herpèsvirose.

Le Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine (Respe) suit et met à jour régulièrement l’évolution de la situation épidémiologique en France pour plusieurs maladies, dont la rhinopneumonie, notamment depuis qu’une épizootie a débuté en Espagne en février, à la faveur d’un concours hippique, et se répand dans le monde.

Cette herpèsvirose de type 1 est l’une des maladies les plus contagieuses chez les équidés et il est important d’en détecter les signes cliniques afin de prendre toutes les précautions nécessaires pour prévenir sa diffusion. La mise en place de gestes barrière ou de mesures de prévention est la meilleure lutte contre la transmission indirecte du virus. Les trois formes cliniques possibles (respiratoire, abortive et nerveuse) débutent par une hyperthermie après une période d’incubation de 2 à 10 jours. L’excrétion virale dure en moyenne 21 jours, moins longtemps si l’équidé est vacciné.

À la guérison du cheval, le virus reste dans l’organisme sous forme latente et peut se réactiver lors d’une baisse de l’immunité (stress, transport, traitement immunosuppresseur, maladie intercurrente). Un article de consensus sur le sujet considère que 60 % de la population équine est porteuse de l’herpèsvirus équin de type 1 à l’état latent (Lunn DP et coll. Equine herpesvirus-1 consensus statement J. Vet. Intern. Med. 2009;23 (3):450-461).

Comment dépister ?

Le choix du test est essentiel pour confirmer la présence du virus. La technique recommandée est actuellement une analyse par polymerase chain reaction (PCR). Les tests doivent avoir fait l’objet d’une validation rigoureuse et être employés de façon appropriée au cours de l’évolution de la maladie, pour prévenir des résultats faux négatifs. En effet, la quantité de virus retrouvée au “bout du nez” est moindre, en particulier au début et en fin de la maladie clinique, d’autant plus chez les chevaux vaccinés, et pour la forme nerveuse les charges virales détectées sont fréquemment très faibles. Pour dépister les formes nerveuse et respiratoire, un écouvillon nasopharyngé est recommandé, 24 à 48 heures après le pic d’hyperthermie et au plus tôt après l’apparition des signes cliniques. Ensuite, deux écouvillons, exécutés à 7 puis à 14 jours après le test de confirmation, permettent de suivre l’évolution et la négativation du cheval.

Un prélèvement de foie, de poumon et de placenta est en revanche privilégié lors d’un avortement.

Pourquoi vacciner ?

Même si des équidés correctement vaccinés ont pu montrer des signes cliniques, notamment nerveux, la vaccination reste une mesure efficace de lutte collective contre la rhinopneumonie : elle permet de limiter les symptômes, principalement pour les formes respiratoire et abortive, et la quantité de virus excrété, donc la diffusion de la maladie au sein des effectifs.

Quelle réglementation ?

La vaccination contre les herpèsvirus reste encore trop limitée dans la filière équine et n’est pas obligatoire dans les sports équestres, contrairement aux courses. Les herpèsviroses n’étant pas des maladies réglementées, les services de l’État ne peuvent pas imposer de mesures de gestion particulière, excepté l’interdiction des rassemblements. Il est donc de la responsabilité de chacun d’évaluer les risques.

La surveillance de ces maladies est assurée par le Respe et ses quelque 1 000 vétérinaires sentinelles. Dans l’intérêt de la filière équine et de ses acteurs, il est indispensable de déclarer toutes les suspicions, et de signaler les cas positifs. La cartographie la plus exhaustive possible des zones à risque qui en découle permet de maîtriser au mieux la situation en France.

Lorsque le détenteur ou le propriétaire d’un cheval ne veut pas déclarer un cas suspect ou positif, un rappel à la loi pourrait le faire changer d’avis. Selon l’article L. 228-3 du Code rural, « le fait de faire naître ou de contribuer volontairement à répandre une épizootie chez les vertébrés domestiques […] est puni d’un emprisonnement de 5 ans et d’une amende de 75 000 €. La tentative est punie comme le délit consommé. Le fait, par inobservation des règlements, de faire naître ou de contribuer à répandre involontairement une épizootie […] est puni d’une amende de 15 000 € et d’un emprisonnement de 2 ans ».

Qu’en est-il de la disponibilité des vaccins ?

Dans le contexte actuel européen et mondial (Qatar, Amérique du Sud et États-Unis ont également eu des cas), il existe un risque réel de tension sur la disponibilité des vaccins herpétiques. Il est donc nécessaire de mettre en place des mesures de vaccination raisonnées, dans le respect des protocoles vaccinaux et en privilégiant notamment les rappels des équidés déjà vaccinés.

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