La nutrition du poulain nouveau-né et le protocole d’adoption - Pratique Vétérinaire Equine n° 209 du 01/01/2021
Pratique Vétérinaire Equine n° 209 du 01/01/2021

Néonatalogie

Dossier

La prise en charge du poulain faible

Auteur(s) : Elsa Autard

Fonctions : Clinique équine
de Méheudin
61150 Écouché-les-Vallées

Un poulain sain tète et dort plusieurs fois par heure. S’il est incapable de se nourrir seul à la mamelle, des solutions sont envisageables, chacune avec des avantages et des inconvénients dont il convient de tenir compte.

La gestion pratique de la nutrition du poulain sur le terrain est un défi pour le vétérinaire, car les propriétaires, qu’ils soient particuliers ou même professionnels, sont souvent démunis devant un poulain malade. La jument possède une placentation épithéliochoriale, ce qui rend le transfert de l’immunité passive impossible avant la naissance. La prise colostrale est alors essentielle et vitale pour le poulain nouveau-né. Il est fondamental de la surveiller et de complémenter le poulain lorsqu’il n’est pas en mesure de téter. Si, en revanche, c’est la jument qui ne produit pas assez de lait ou rejette son poulain, des protocoles de stimulation de la lactation ou de “réadoption” existent pour y remédier.

Colostrum

Le colostrum est une sécrétion complexe, constituée d’électrolytes, de glucides et de protéines (immunoglobulines G et A, protecteurs locaux de la muqueuse, facteurs de complément, lactoferrine, etc.). Les IgG stockées lors des 2 à 3 dernières semaines de gestation proviennent de la circulation sanguine, alors que les IgA sont synthétisées par les cellules mammaires. Le colostrum, essentiel pour le transfert de l’immunité passive, apporte les nutriments nécessaires au poulain (afin de prévenir sa déshydratation ou une hypoglycémie), protège la muqueuse digestive et stimule l’expulsion du méconium (grâce à ses effets laxatifs). La prise de colostrum, même de faible qualité, est donc importante pour procurer tous ces bénéfices pendant les 24 premières heures de vie du poulain. Le colostrum est ensuite remplacé par le lait.

Chez les juments multipares, le volume moyen de colostrum produit est de 300 ml par heure (avec un total de 3 à 7 litres sur les 24 heures) [13]. Les pertes de colostrum avant le poulinage mènent à une diminution du transfert d’anticorps au poulain.

Le colostrum est absorbé par pinocytose au niveau de la muqueuse de l’intestin grêle du poulain [9]. Ce phénomène est transitoire, et diminue fortement au cours des 12 premières heures de vie. En effet, il est montré que le taux d’absorption du colostrum, qui est de seulement 62 % après la naissance, décroît rapidement à 33 % après 9 heures de vie, et à 28 % après 12 heures [4, 15]. Ce taux d’absorption dépend peu de la qualité du colostrum ingéré. Ce mécanisme étant également peu spécifique, des translocations bactériennes peuvent se produire, avec une plus forte probabilité que chez l’adulte, provoquant des septicémies. L’hygiène des mains et de la mamelle est donc primordiale pendant cette période pour limiter le risque d’infection. Après 12 heures post-partum, le colostrum perd naturellement plus de la moitié de sa concentration basale en IgG. Les IgG sont détectables dans le sang du poulain dès 6 heures après l’ingestion, mais des résultats sous-estimés peuvent être obtenus, si le poulain n’a pas encore bu tout le colostrum, ou si les IgG n’ont pas encore atteint le système sanguin. L’intérêt de tester les IgG sanguines avant 12 à 24 heures doit donc être réfléchi, mais ce test précoce permet de complémenter le poulain par voie orale ou nasogastrique tant que le phénomène de pinocytose existe encore. Du colostrum (frais ou commercial) peut alors être administré à ce moment-là.

La quantité de colostrum qu’un poulain doit boire dépend de sa qualité et un calcul simple permet de la déterminer (encadré 1). Si une complémentation est nécessaire, il est recommandé d’administrer 250 ml en une prise et d’attendre 1 à 2 heures entre les prises, en laissant le poulain téter naturellement entre-temps.

Lors d’un défaut d’absorption du colostrum détecté une fois les 24 heures de vie passées (poulain ayant peu tété, ou test d’IgG sanguin montrant un défaut de transfert d’immunité), l’administration de plasma hyperimmun est indiquée, à raison de 1 litre sur 30 minutes par voie intraveineuse lente. L’administration orale de plasma n’est pas préconisée car, après 24 heures de vie, la pinocytose n’est plus active, aussi bien pour le colostrum que pour le plasma hyperimmun commercial.

Nutrition physiologique

Un poulain en bonne santé peut téter jusqu’à sept à huit fois par heure pendant les premiers jours de vie, avec des repas de 80 ml en moyenne. Ces tétées diminuent progressivement pendant les premiers 6 mois jusqu’à une tétée par heure, d’une durée d’environ une minute [3].

La croissance moyenne quotidienne d’un poulain de 50 kg est de 1 à 2 kg de poids vif. Pour couvrir ses besoins énergétiques et permettre sa croissance et son gain de poids, le poulain doit boire une quantité de lait qui lui apporte 200 kcal/ kg/jour, c’est-à-dire l’équivalent de 15 à 25 % de son poids vif (soit 7,5 à 12,5 litres par jour).

Nutrition artificielle

Le poulain naît avec des réserves minimales de glycogène, et montre peu de tolérance pour la sous-nutrition et la déshydratation. En effet, le nouveau-né possède 75 à 79 % de poids vif en eau, alors que chez l’adulte ce taux est de 60 à 69 %, selon les auteurs. Lors de prématurité, ce pourcentage est encore plus élevé, atteignant 83 % du poids vif [2].

Pour établir un plan nutritionnel approprié, il faut s’assurer que le poulain ait suffisamment d’énergie et de nutriments pour son métabolisme basal, pour sa fonction immunitaire et idéalement pour sa croissance.

Il n’existe pas de consensus sur le système le plus adapté à mettre en place pour la nutrition du nouveau-né. Les options les plus utilisées sont le nourrissage via une sonde nasogastrique, à l’aide d’un biberon, et au seau. Le choix dépend essentiellement de l’examen du poulain et des moyens à disposition.

Nutrition via une sonde nasogastrique

Les avantages de l’emploi d’une sonde nasogastrique sont nombreux : une fois en place, les risques d’aspiration sont minimes si la sonde est bien utilisée, le nourrissage est pratique et rapide, même en l’absence du réflexe de succion, et la quantité administrée au poulain est très précise (photo 1). De plus, si elle est bien placée, la sonde n’empêche pas le poulain d’aller téter s’il le souhaite (photo 2). Cette méthode doit être choisie lors d’hypoxies néonatales légères qui entraînent un défaut du réflexe de succion ou un mauvais réflexe de déglutition sans atteindre l’état général du poulain. Lorsque le réflexe de la déglutition, qui engage jusqu’à cinq nerfs crâniens, n’est pas suffisamment efficace, il est important de nourrir le poulain par sonde pendant quelques heures, voire plusieurs jours, jusqu’à ce que ce réflexe soit fonctionnel, afin de prévenir une pneumonie (photo 3) [2].

Les inconvénients comprennent la survenue d’œsophagites et de laryngites (bien que les sondes adaptées au poulain nouveau-né soient souples et souvent bien tolérées) et, en cas de mauvais placement de la sonde, de pneumonies par aspiration (encadré 2, photos 4 et 5).

Nutrition à l’aide du biberon

Concernant l’utilisation du biberon, la technique est simple et rapide (photo 6). Néanmoins, les quantités données sont difficiles à évaluer, car des pertes importantes de lait sont possibles. De plus, les risques d’aspiration sont extrêmement élevés, surtout en cas de réflexe de succion conservé mais d’immaturité de la déglutition, un cas très fréquent chez les nouveau-nés atteints d’une forme légère d’hypoxie-ischémie, ou par manque d’expérience de la personne qui nourrit au biberon. Former le personnel ou les clients aux gestes du biberonnage est donc important : il convient de mettre le poulain debout ou en position sternale, de s’assurer qu’il déglutit correctement, et de maintenir les naseaux au-dessous de la ligne des yeux.

Nutrition au seau

Les poulains peuvent être nourris au seau ou à la bassine, en aspirant le lait (photo 7). Cette technique est destinée principalement aux orphelins ou à ceux dont la mère ne produit pas assez de lait. Cependant, certains poulains dysphagiques peuvent également en bénéficier. En effet, le bout du nez se situant toujours en dessous du pharynx, le risque d’aspiration est faible. La nutrition au seau est plus rapide que celle au biberon, et engendre moins de troubles comportementaux chez les orphelins, car le seau peut être accroché dans le box sans que le poulain associe systématiquement l’homme au repas. Bien que moins “physiologique” que la nutrition au biberon, cette technique est vite apprise par les poulains et présente donc des avantages non négligeables.

Quantité et fréquence d’administration

Chez le poulain sain

La quantité et la fréquence d’administration doivent se rapprocher le plus possible des tétées naturelles. Cependant, en dépit de la bonne volonté des propriétaires ou des gestionnaires de l’animal, ces conditions ne sont pas faciles à reproduire dans la pratique de terrain. Les deux premiers jours de vie, le poulain doit être nourri toutes les 1,5 à 2 heures, pour un minimum de 10 % de poids vif, soit 4 ml/kg par heure. Le nombre de tétés doit ensuite diminuer progressivement pour se stabiliser à 5 tétées quotidiennes à l’âge de 3 semaines. Le volume de lait atteint alors 10 ml/kg/heure, soit 12 litres par jour pour un poulain de 50 kg et environ 1,5 à 3 litres par repas selon ce qu’il tolère.

Chez le nouveau-né malade

Les besoins énergétiques d’un poulain nouveau-né malade sont moindres par rapport à ceux d’un poulain sain, car le premier passe plus de temps couché. La nutrition entérale du poulain faible peut être initiée si sa température est supérieure à 37 °C et s’il ne présente pas de reflux ou de distension intestinale. L’objectif à atteindre, afin de limiter le catabolisme et d’assurer l’hydratation, correspond alors à environ 10 % du poids vif sur 24 heures [11]. Le protocole qui peut être mis en place consiste à commencer par de petites prises, par exemple de 50 à 100 ml toutes les heures, puis à augmenter les quantités en allongeant les intervalles, toutes les 2 heures selon la tolérance du poulain (colique, ballonnement, mauvaise vidange de l’estomac, etc.). Par exemple, un poulain de 50 kg doit boire 5 litres en 24 heures, soit environ 200 ml par heure ou 400 ml toutes les 2 heures.

Une attention particulière doit être portée à la prévention d’une surnutrition, qui est aussi délétère pour le système digestif et immunitaire que la sous-nutrition [1]. En cas d’intolérance alimentaire, il est possible de continuer à administrer de toutes petites quantités de lait (par exemple, 30 ml toutes les 2 heures), un procédé appelé “nutrition trophique”. Les besoins caloriques sont apportés par voie parentérale, mais le maintien d’une petite quantité de lait (inférieure à 10 ml/kg par jour) pourrait permettre le maintien de la fonction intestinale et limiter la translocation bactérienne [7].

Type de lait

Le lait le plus accessible, bon marché et le plus adapté au poulain est celui de sa mère ou d’une autre jument saine. À défaut, du lait maternisé spécifiquement formulé pour le poulain peut être utilisé, soit en complément du lait maternel, soit en remplacement total. En l’absence de ces possibilités, du lait de chèvre peut aussi convenir. Les granulés lactés sont à réserver aux poulains plus âgés (à partir de 2 semaines).

Les diarrhées sont fréquentes chez les poulains nourris uniquement au lait maternisé.

L’administration de 6 000 unités de lactases trois fois par jour, dissous dans le lait, peut aider à sa digestion [14].

Nutrition parentérale

En cas d’atteinte digestive primaire ou de septicémie, le poulain peut présenter un reflux ou des coliques. Dans ces cas, la nutrition entérale n’est pas indiquée et une nutrition parentérale peut être entreprise. Celle-ci est à mettre en place à la clinique uniquement, en raison de la surveillance qu’elle requiert. En effet, le taux de complications rapporté est supérieur à 60 % (hyperglycémie, phlébite, hyperlipémie, élévation des paramètres hépatiques, etc.) et un suivi constant de la glycémie du poulain, ainsi qu’une hygiène irréprochable sont indispensables [12].

Stimulation de la lactation

Souvent, les propriétaires remarquent que leur jument ne produit pas assez de lait pour son poulain (lorsque celui-ci est toujours debout à chercher la mamelle ou ne prend pas de poids), sans qu’il existe nécessairement un rejet par la mère (mère primipare ou malade). Une stimulation de la lactation se révèle alors nécessaire.

Les molécules antagonistes D2 de la dopamine sont utilisées. La dompéridone (à la dose de 1,1 mg/kg une à deux fois par jour per os) ou le sulpiride (à raison de 1 mg/kg deux fois par jour per os) peuvent être prescrits indifféremment, car ils induisent une augmentation très nette et équivalente des concentrations plasmatiques en prolactine [1, 5, 16]. Aucune différence n’est montrée entre les deux molécules dans les protocoles sur la production de lait.

La dompéridone fait partie de la liste des substances essentielles pour le traitement des équidés, dont l’administration entraîne une exclusion de la filière bouchère pendant 6 mois. En revanche, le sulpiride implique une exclusion de la filière bouchère à vie. De plus, sa formulation injectable n’existe plus en France, seule la voie orale étant encore disponible. Concernant le coût, il convient de considérer un montant de 6,60 € TTC par jour pour le sulpiride pour une jument de 500 kg et de 3,97 € TTC pour une dose journalière de dompéridone.

L’ocytocine déclenche aussi une augmentation de l’éjection du lait, quelques minutes après son injection. Des doses de 20 à 50 UI sont décrites dans les données publiées [6]. Selon notre expérience, ces doses étant parfois associées à des douleurs abdominales prononcées, l’administration de 10 UI par voie intramusculaire (IM) quatre fois par jour du poulinage à 36 heures post-partum puis de 20 UI IM conduit à des résultats cliniques similaires. Comme l’effet est très bref (une vingtaine de minutes), il est possible de l’utiliser pour aider à la traite d’une jument peu productrice, mais cela ne permet pas d’augmenter sa production de lait. De l’acépromazine peut également être administrée à la jument, car elle permet une tranquillisation, mais aussi une vasodilatation au niveau mammaire, à l’origine d’une augmentation de l’éjection de lait.

L’induction de la lactation est parfois également nécessaire lors d’une adoption.

L’adoption

L’adoption du poulain est à considérer dans deux circonstances :

– la mort de la mère pendant le poulinage ou au cours des mois suivants ;

– le rejet du poulain à la naissance.

Si les laits de remplacement disponibles actuellement sur le marché garantissent une bonne croissance du poulain, sans carences, le développement social est néanmoins de moindre qualité. Dans certaines régions, des élevages proposent des mères nourricières pendant la saison de poulinage, mais dans les cas où cette solution n’est pas envisagée, il convient de trouver une jument nourricière et de déclencher une lactation (encadré 3). Comme pour une jument allaitante, une complémentation en concentrés doit alors être mise en place pendant le traitement d’induction de la lactation.

Si la jument est cyclée normalement, plusieurs études montrent que l’administration seule de sulpiride ou de dompéridone suffit à déclencher la lactation. Les juments non cyclées doivent recevoir en complément un traitement à base d’œstrogènes et de progestérone. S’il existe un doute sur la cyclicité de la jument, il est préférable de prescrire un traitement d’œstrogènes et de progestérone [5].

Selon le protocole, le premier jour, une dose (pour 500 kg) de 50 mg d’œstradiol-benzoate est administrée IM et un traitement à l’altrenogest (Regumate®), à raison de 22 mg/kg per os, est entrepris. La dompéridone (ou le sulpiride) est également administrée dès le premier jour.

La traite (à la main ou à la pompe manuelle) débute lorsque la mamelle prend du volume, ou qu’une goutte de lait perle, vers le 5e à 7e jour. Dès que la traite a commencé, il est important d’entretenir la lactation en trayant la jument 5 à 7 fois par jour. De l’ocytocine (20 UI en IM) et/ ou de l’acépromazine peuvent être ajoutés pour faciliter la traite.

La jument est prête à allaiter un poulain après 3 à 4 jours de traite (donc vers le 8e à 11e jour). Le traitement à base de sulpiride ou de dompéridone peut être maintenu jusqu’à 1 semaine après l’introduction du poulain auprès de la jument, pour stimuler la lactation. De même, le poulain doit souvent être complémenté en lait après son adoption, le temps que la lactation soit en adéquation avec ses besoins. L’administration d’altrenogest est interrompue au moment de l’adoption du poulain [5].

Dans tous les cas, une production de colostrum n’est que très rarement observée lors du déclenchement de la lactation. La qualité du lait postinduction est équivalente à celle du lait produit naturellement après un poulinage.

Rejet par la mère

En cas de rejet du nouveau-né par sa mère, il est possible de procéder à un protocole de “réadoption” (encadré 4) [8].

Le phénomène du rejet est plus fréquemment décrit chez les primipares et les pur-sang arabes [10]. Jusqu’à 20 % des poulains rejetés par leur mère meurent dans les premiers jours de vie, à cause des coups reçus ou par déshydratation. Il est alors indispensable de procéder à un examen clinique de la jument, afin de détecter une éventuelle douleur, due par exemple à une mammite ou à une plaie, ou des troubles comportementaux lors de la tétée. Le cas échéant, il convient de traiter en priorité ces anomalies, avant de mettre en place le protocole de réadoption.

Conclusion

Le poulain nouveau-né possède une physiologie bien différente du cheval adulte, ce qui fait que son immunité et sa nutrition restent des défis pour le vétérinaire. Une bonne prise en charge du poulain dès la naissance permet de prévenir de nombreuses complications, le plus souvent complexes ou irréversibles. Une surveillance de la prise du colostrum au début, puis d’un déroulement physiologique et régulier des tétées est nécessaire. L’évolution du poids peut également être suivie, notamment chez les poulains prématurés ou faibles. De multiples solutions existent pour faire face aux défauts de lactation. Une adoption peut quelquefois être envisagée

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CONFLIT D’INTÉRÊTS : AUCUN

Éléments à retenir

→ La prise colostrale est primordiale et doit être surveillée et vérifiée.

→ Si le poulain ne tète pas, la décision de le complémenter doit être prise rapidement.

→ Un poulain qui ne dort pas entre les tétées est un poulain sous-nourri ou atteint d’une affection digestive.

→ Une stimulation de la lactation est possible et simple à mettre en place en cas de défaut de celle-ci.

ENCADRÉ 1 : CALCUL SIMPLIFIÉ DE L A QUANTITÉ DE COLOSTRUM NÉCESSAIRE POUR UN POULAIN

La concentration sanguine en immunoglobulines G (IgG) à atteindre chez le poulain est au minimum de 10 g/l de volume circulant. Si un poulain de 50 kg possède environ 10 % de son poids vif (PV) en volume circulant, le volume sanguin est de 5 litres, donc le taux d’IgG à atteindre est de 50 g.

La qualité du colostrum est notamment déterminée par sa teneur en IgG. Un colostrum d’une qualité moyenne contient 60 g/l d’IgG, un poulain doit donc en boire environ 800 ml (50 g/l / 60 g/l d’IgG). Un colostrum d’excellente qualité peut contenir 110 g/l d’IgG, une quantité inférieure sera donc suffisante (450 ml).

Attention, ce calcul simplifié ne tient pas compte du taux d’absorption des IgG, qui évolue au cours du temps.

ENCADRÉ 2 : MISE EN PLACE ET UTILISATION DE LA SONDE NASOGASTRIQUE

→ Le matériel nécessaire comprend :

– une sonde nasogastrique adaptée aux poulains nouveau-nés (14 fr × 125 cm, avec guide métallique) ;

– un abaisse-langue ;

– du sparadrap d’environ 15 mm de large ;

– une bande adhésive élastique de 6 cm de haut.

Pour faciliter la manipulation du guide pendant la mise en place de la sonde, ce dernier peut être retiré avant de commencer, pour rincer l’intérieur de la sonde avec de l’eau stérile, et réintroduit ensuite.

→ Deux opérateurs sont requis pour la mise en place, et le poulain doit être maintenu soit debout, soit en position sternale. L’aide tient la tête du poulain dans l’axe de son corps et l’empêche de reculer.

L’opérateur introduit la sonde avec le guide dans le méat ventral d’un naseau, puis dans l’œsophage, positionnant idéalement son extrémité au niveau du cardia. Le poulain ne possédant pas de réflexe de toux marqué, il existe d’autres moyens que chez l’adulte pour vérifier le positionnement de la sonde : elle peut être palpée à l’entrée du thorax à gauche, ou un cliché radiographique du thorax peut être effectué une fois la sonde en place (elle forme une ligne radio-opaque visible) pour constater sa localisation. enfin, son placement peut être vérifié avec un endoscope.

Une fois positionnée, le guide est retiré et la sonde est attachée à l’aile du nez à l’aide de l’abaisse-langue et de la bande adhésive pour la garder en place.

→ Pour le nourrissage, le poulain doit être maintenu en position sternale ou debout.

Avec une seringue propre raccordée à la sonde, une aspiration permet de vérifier l’éventuelle présence de reflux spontané. Toujours avec cette même seringue, 10 ml d’eau propre sont injectés dans la sonde puis réaspirés pour vérifier l’existence d’un reflux et confirmer que la sonde est perméable et en place.

Si aucun reflux n’est constaté, le lait est administré par gravité via la sonde à l’aide d’une poche de nutrition ou d’une seringue drogueuse de 50 ml (pour un volume inférieur à 100 ml).

Le nourrissage terminé, l’intérieur de la sonde est rincé avec 10 ml d’eau propre pour éviter la coagulation du lait. Il convient de veiller à bien refermer le bouchon de la sonde de nutrition, car l’air pourrait y pénétrer et provoquer une distension abdominale à l’origine de coliques.

Une éventuelle distension abdominale, due à une maldigestion du lait, peut être constatée en mesurant régulièrement le périmètre abdominal du poulain.

ENCADRÉ 3 : CRITÈRES DE CHOIX D’UNE JUMENT EN VUE D’UNE ADOPTION

→ La jument doit déjà avoir présenté au moins une lactation naturelle dans sa vie. Plus la jument a eu de poulains, plus la glande mammaire est développée et plus elle est susceptible de produire du lait en quantité suffisante.

→ Elle doit être facile à manipuler pour simplifier les traites manuelles.

→ Elle doit avoir un caractère calme avec ses congénères.

ENCADRÉ 4 : PROTOCOLE DE RÉADOPTION

→ Le poulain et sa mère sont séparés physiquement (dans deux boxes distincts ne permettant aucun contact) pendant plusieurs heures (jusqu’à 12 heures). Après 4 heures de séparation, le poulain est nourri artificiellement.

→ Une dose de 1 g de cloprosténol est injectée par voie intramusculaire à la jument.

→ Lorsqu’elle montre les effets de l’injection de cloprosténol (sudation), une serviette est frottée sur les zones en sueur de la jument, puis est utilisée pour frotter également le poulain afin de l’imprégner de l’odeur de sa mère.

→ Le poulain est ensuite remis avec précaution avec la jument, selon son caractère.

→ En cas de troubles comportementaux chez la jument (appréhension à la tétée, peur du poulain), un cas clinique rapporte l’utilisation d’alprazolam(1) (Xanax®), à la dose de 0,035 mg/kg per os toutes les 8 heures, avec de bons résultats [17].

(1) Médicament à usage humain.

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