Usage de la phytothérapie et risque de dopage chez le cheval de sport - Pratique Vétérinaire Equine n° 206 du 01/04/2020
Pratique Vétérinaire Equine n° 206 du 01/04/2020

THÉRAPEUTIQUE

Cahier scientifique

Article original

Auteur(s) : Sophie Desforges*, Céline Robert**, Sébastien Perrot***, Claude Faivre****

Fonctions :
*30, rue de Naples
75008 Paris
**ENV d’Alfort
7, avenue du Général de Gaulle
94700 Maisons-Alfort
***ENV d’Alfort
7, avenue du Général de Gaulle
94700 Maisons-Alfort
****Laboratoire Wamine
1 ZI du Taillis Champtoceaux
49270 Orée D’Anjou

Pour évaluer le risque de contrôle positif lié à l’usage de la phytothérapie chez les chevaux de compétition, une étude de terrain a testé 28 extraits de plantes fraîches standardisés (EPS).

La phytothérapie est de plus en plus plébiscitée en médecine vétérinaire, que ce soit par les éleveurs, les propriétaires ou les prescripteurs. Cet engouement peut s’expliquer par l’absence d’effets secondaires aux doses couramment préconisées pour les plantes de la liste A, une individualisation possible du traitement à chaque cas clinique et des principes actifs plus faciles à éliminer par l’organisme en raison de leur formule stéréochimique lévogyre [10, 13]. La liste A inclut 442 « plantes médicinales utilisées traditionnellement », parmi lesquelles 148 sont « d’usage thérapeutique non exclusif, libérées du monopole pharmaceutique si elles sont vendues en l’état »(1). Il s’agit de plantes destinées à un usage alimentaire, aromatique ou condimentaire. D’un point de vue réglementaire, un traitement phytothérapeutique est défini comme « tout médicament dont les substances actives sont exclusivement une ou plusieurs substances végétales ou préparations à base de plantes, ou une association de plusieurs substances végétales ou préparations à base de plantes »(2).

Un traitement peut se présenter sous différentes formes :

- une spécialité pharmaceutique, préparée à l’avance, présentée sous un conditionnement particulier et caractérisée par une dénomination spéciale ;

- une préparation pharmaceutique magistrale ou officinale ;

- des drogues végétales, délivrées en vrac, en l’état ou sous la forme de préparations (extraits ou huiles essentielles) [9].

L’administration d’extraits de plantes, tout comme celle de traitements allopathiques utilisés en médecine vétérinaire équine, peut conduire à la présence dans le sang et/ou les urines de molécules dites prohibées et positivant les contrôles de médication réalisés lors de compétitions équestres.

Pour les courses en France, il existe plusieurs catégories de substances interdites : les interdictions permanentes (stéroïdes anabolisants, facteurs de croissance, substances agissant sur l’érythropoïèse, transporteurs d’oxygène synthétiques, substances ayant des propriétés analogues aux produits ci-dessus), les substances autorisées en période d’entraînement et interdites en période de course et les substances à valeur seuil (acide salicylique, arsenic, boldenone, diméthylsulfoxyde, dioxyde de carbone libre, estranediol, hydrocortisone, méthoxytyramine, testostérone, théobromine). Les substances interdites en période de course sont classées selon leur action pharmacologique. Ce sont celles susceptibles d’agir à tout moment sur un ou plusieurs des systèmes corporels des mammifères ci-après : nerveux, cardio-vasculaire, respiratoire, digestif, urinaire, reproducteur, musculo-squelettique, hémolymphatique et de la circulation sanguine, immunitaire (à l’exception des substances présentes dans les vaccins agréés pour la lutte contre les agents infectieux) et endocrinien. Les sécrétions endocrines et leurs homologues synthétiques et les agents masquants sont également interdits [12]. Sont également interdits les substances antipyrétiques, analgésiques, anti-inflammatoires, cytotoxiques et les agents masquants.

Toute nouvelle molécule mise sur le marché ayant une action sur un système de cette liste est, de fait, interdite.

Du côté de la Fédération équestre internationale (FEI), il existe une liste positive des substances prohibées : elle cite 1 244 substances au total, dont 998 interdites en toutes circonstances et 246 substances contrôlées qui peuvent être administrées sous certaines conditions pour leur intérêt thérapeutique. Cette liste est mise à jour annuellement. Les molécules ayant le même effet biologique ou chimique qu’une de ces molécules est de fait également interdite même si elle n’apparaît pas explicitement dans la liste.

Entre janvier 2017 et avril 2018, les produits à base de plantes ont représenté 3 % des cas de dopage identifiés par la FEI (figure 1) [9, 11].

Principe de l’étude

Les extraits de plantes administrés au cours de cette étude sont des extraits fluides de plantes fraîches standardisés et glycérinés (EPS) obtenus par lixiviation hydroalcoolique, évaporation des solvants, puis stabilisation et standardisation par l’ajout de glycérine d’origine végétale. La lixiviation à degré croissant d’alcool, une étape essentielle du procédé d’extraction breveté Phytostandard®, permet d’extraire le maximum de molécules présentes dans la plante sans dégrader les actifs dans les extraits [10]. Ces EPS sont reconnus par la pharmacopée comme des matières premières à usage pharmaceutique (MPUP) permettant la réalisation d’une préparation extemporanée.

Une première étude, conduite par le laboratoire Wamine en partenariat avec l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) et avec le concours du Laboratoire des courses hippiques (LCH), a permis de montrer que 27 EPS (tableau 1), associés en mélanges trois par trois, n’entraînent pas de positivité aux contrôles chez des chevaux de 450 à 550 kg traités pendant sept jours, à plus de cinq fois la dose normale couramment administrée, recommandée par le fabricant [17].

La présente étude expose les résultats des tests de 28 autres EPS.

Matériel et méthode

Animaux inclus

L’étude est réalisée à l’IFCE (site du Cadre noir de Saumur, Maine-et-Loire) et inclut 32 chevaux d’instruction, de races selle français, cheval de sport belge, zangersheide, hanovrien ou anglo-arabe, âgés de 7 à 14 ans, travaillés régulièrement tout au long de l’année et sortis en concours de saut d’obstacles, de dressage ou de concours complet.

Comme la recherche de substances prohibées est effectuée dans le sang et l’urine, seules des juments sont sélectionnées, car le sondage urinaire est plus facile à réaliser que chez les mâles, et permet d’obtenir un prélèvement d’urine en l’absence de miction spontanée dans un délai raisonnable. En effet, lors de la première étude, les prélèvements n’avaient pu être obtenus que pour 33 à 50 % des chevaux [17]. Or l’objectif est de disposer de prélèvements d’urine issus d’un maximum d’individus.

Les juments sont réparties en groupes de six, chaque lot étant utilisé pour tester un mélange d’EPS. Certaines sont choisies pour tester plusieurs mélanges, les périodes de test (sessions 1, 2 et 3) étant alors espacées d’au moins six mois pour éviter les éventuelles interférences entre les mélanges. Toutes sont en bonne santé et travaillées quotidiennement lors de leur inclusion dans l’étude.

Protocole

Les EPS testés sont associés en mélanges de trois plantes (tableau 3). La dose d’EPS habituellement conseillée en pratique courante est de 15 ml de préparation magistrale pour un cheval de 450 kg [18].

Pour se placer dans des conditions se situant bien au-delà des doses recommandées, une quantité entre 4,4 et 5,3 fois supérieure est testée au cours de cette étude, soit 80 ml de préparation administrée quotidiennement par voie orale pendant sept jours pour des juments pesant entre 450 et 550 kg (photo 1).

Le premier jour, un prélèvement de sang de 40 ml est effectué dans un tube héparine de lithium, chez chaque jument, afin de :

- réaliser un bilan de santé complet, biochimique (urée, créatinine, phosphatases alcalines, alanine aminotransférases, aspartate aminotransférases, sérum amyloïde A) et numération formule sanguine (sessions 1, 2 et 3) ;

- conserver 20 ml de plasma (sessions 2 et 3), obtenu après la centrifugation du sang pendant cinq minutes à 5 000 tours/min, en cas de nécessité d’analyses ultérieures.

À compter de ce jour, les chevaux reçoivent le traitement d’EPS à distance des repas pendant sept jours, ce qui correspond à une durée de traitement réaliste pour obtenir un effet thérapeutique, et compatible avec le budget accordé à cette étude.

Des prélèvements d’urine (120 ml) et de sang (40 ml) sont réalisés le lendemain de la dernière administration d’EPS, afin d’établir un bilan de santé final. Les prises de sang, effectuées par ponction de la veine jugulaire, permettent aussi de récupérer le plasma avec absence d’hémolyse, après une centrifugation à 5 000 tours/min pendant cinq minutes, à destination du laboratoire. Les prises d’urine sont majoritairement obtenues par un sondage vésical et rarement par une miction naturelle.

Les prélèvements sont placés dans des tubes secs pour le plasma et des pots stériles pour l’urine, chacun identifié par les trois premières lettres du nom de la jument prélevée, suivies de son numéro d’inclusion dans l’étude et de la date du prélèvement.

Avant leur acheminement vers le LCH, les échantillons sont conservés à 4 °C et dans l’obscurité immédiatement après leur prélèvement, la clinique équine de l’IFCE étant sur le site même où sont hébergées les juments de l’étude.

Le transport des échantillons vers le laboratoire est assuré par un transporteur agréé, avec une température contrôlée entre 2 et 8 °C.

La recherche de substances interdites est effectuée selon les protocoles standardisés en vigueur au LCH (techniques de dosage et appareillages non communiqués) (figure 2) [15].

Analyses hémato-biochimiques

Les analyses sanguines pratiquées en début de protocole montrent des résultats dans les valeurs usuelles du laboratoire pour l’ensemble des variables mesurées. Toutes les juments choisies ont pu être conservées dans l’étude. Les résultats individuels sont présentés dans la thèse [9]. À la fin du traitement (J7), les numérations formules sanguines sont normales chez toutes les juments, excepté dans deux groupes :

- pour le mélange 8, contenant de la canneberge, de la busserole et de l’ortie racine, le taux d’hémoglobine, le nombre de globules rouges et l’hématocrite ont augmenté par rapport au prélèvement initial et sont supérieurs aux normes chez les six juments traitées (tableau 2). Notons que, étant donné le faible effectif, il n’a pas été possible d’effectuer d’analyse statistique sur ces résultats ;

- pour le mélange 3, contenant du plantain lancéolé, du ginseng et de la sauge sclarée, les taux de polynucléaires neutrophiles à J7 sont augmentés pour les six juments et dépassent les normes pour quatre d’entre elles (tableau 2).

Les résultats des bilans biochimiques sont normaux chez tous les chevaux. Cependant, pour le mélange 2 (avec de la guarana, de la vigne rouge et du pissenlit), le mélange 5 (contenant de la bardane, de l’astragale et de l’olivier) et le mélange 7 (à base d’hamamélis, de vigne rouge et de pissenlit), le taux de créatinine à J7 est en baisse chez les six juments traitées (tableau 2).

Recherche de substances dopantes

Toutes les juments traitées avec les mélanges 1, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 10 se révèlent négatives à la recherche dans le sang et l’urine de substances prohibées (tableau 3).

Les juments traitées avec le mélange 2 (guarana, vigne rouge et pissenlit) se révèlent positives aux tests. De la caféine et de la théophylline sont en effet retrouvées dans leur plasma et dans leur urine après sept jours de traitement.

Discussion

Méthode

Le choix du nombre de chevaux pour tester chaque mélange est un compromis entre le coût de l’étude et la validité de celle-ci. La plupart des temps de détection des molécules sont déterminés avec des groupes de trois à six chevaux [1]. Le protocole a été validé par le Laboratoire des courses hippiques.

La posologie choisie visait à s’assurer que les chevaux absorberaient plus de 15 ml de mélange par voie orale, la dose thérapeutique recommandée par le fabricant. Cette étude permet donc de rassurer les utilisateurs d’EPS dans des conditions normales. En revanche, elle ne permet pas de conclure que des doses plus fortes ou des durées d’administration prolongées ne rendraient pas les chevaux positifs.

Une jument a souffert d’un abcès dentaire pendant l’étude et a été traitée pendant six jours avec de la phénylbutazone à 4,4 mg/kg en une prise le premier jour, puis 2,2 mg/kg par jour les jours suivants. Elle a quand même reçu l’intégralité du traitement EPS et a été utilisée comme témoin positif. Il n’était pas possible de l’anticiper comme un critère d’exclusion, car l’abcès a été diagnostiqué alors que le traitement phytothérapeutique était déjà mis en place. La phénylbutazone et ses métabolites ont bien été détectés par le LCH dans ses prélèvements. Ainsi, cela a permis de montrer que les conditions de prélèvement et de transport étaient compatibles avec leur analyse et permettaient a priori de détecter la présence de substances prohibées.

Il n’a pas été possible de prouver que chaque extrait, utilisé séparément, n’entraînait pas de positivité. L’étude aurait été trop coûteuse et les extraits de plantes sont le plus souvent prescrits en préparation magistrale, donc en mélange de deux à quatre plantes.

Selon certaines matières médicales, les plantes potentiellement à risque pour le contrôle de médication seraient les suivantes : la guarana (photo 2) qui contient de la caféine et de la théophylline, le mucuna qui renferme de la nicotine et du diméthyltryptamine, et le marron d’Inde, la piloselle et l’avoine composés de coumarines [4].

Les juments qui ont reçu le mélange contenant la guarana étaient positives au contrôle de médication réalisé 24 heures après la dernière administration. La guarana était testée avec la vigne rouge et le pissenlit. Ces deux plantes, testées avec de l’hamamélis à la place de la guarana, n’ont pas rendu les chevaux positifs. La vigne rouge et le pissenlit ne sont donc pas à l’origine de la positivité des tests.

Pour les autres plantes, il est très probable que les EPS ne contenaient pas ou très peu des molécules citées ci-dessus.

Le mucuna a été testé avec l’eschscholtzia et le millepertuis, qui n’ont a priori pas d’action sur les organes d’élimination, le rein et le foie, et auraient pu influencer les résultats par une élimination anormalement rapide de la nicotine ou du diméthyltryptamine [4].

Le marron d’Inde et la piloselle ont été testés ensemble dans le même mélange. Or la piloselle possède une action diurétique, notamment chez l’homme, due aux flavonoïdes qu’elle contient [2, 4]. Il est donc possible de se demander si cette action diurétique aurait pu accélérer l’élimination des coumarines, ce qui expliquerait qu’elles n’aient pas été détectées chez les chevaux ayant reçu le mélange. Il semble que la formule stéréochimique des coumarines issues des plantes soit différente de celle des coumarines de synthèse, ce qui pourrait expliquer qu’elles n’aient pas été détectées (la piloselle contient de l’ombelliférone et le marron d’Inde de l’esculétol) [4].

L’avoine a été testée avec l’alfalfa, qui a une faible activité diurétique et éliminatrice chez l’homme [3]. Même si cela est peu probable, cette action diurétique est susceptible d’expliquer l’absence de coumarines dans le sang et l’urine des chevaux ayant reçu ce mélange.

Résultats

Il aurait été intéressant de déterminer le temps de détection de l’extrait de guarana. La caféine est métabolisée chez le cheval dans le foie par le système enzymatique cytochrome P450 en trois isomères de la diméthylxanthine : la paraxanthine (84 %), la théobromine (12 %) et la théophylline (4 %) [8]. Les substances détectées étaient la théophylline et la caféine. Selon le guide 2016 de l’agence canadienne du pari mutuel, la théophylline est éliminée en 96 heures.

L’étude de Greene et ses coauteurs (1983) montre que, pour une dose de 4 mg/kg administrée oralement, la caféine n’est plus détectable au-delà de six jours dans le sang et au-delà de huit jours dans l’urine pour le dernier cheval positif. La caféine est toujours détectée dans l’urine si elle est détectée dans le sang [13].

Dans notre étude, les juments ont reçu 80 ml par jour de mélange de trois EPS pendant sept jours, soit 26,6 ml de guarana par jour pendant une semaine. Il y a 20 mg de caféine pour 5 ml d’EPS de guarana, ce qui fait 104 mg de caféine par jour pour des chevaux d’un poids moyen de 550 kg, soit 0,18 mg/kg par jour [18]. Cette posologie est vingt-deux fois inférieure à celle de l’étude de Greene (1983).

Variations de paramètres

Des variations hémato-biochimiques ont été observées en lien avec les propriétés pharmacologiques des mélanges.

Pour le mélange 3, contenant les extraits de plantain lancéolé, de ginseng et de sauge sclarée, la hausse du taux de polynucléaires neutrophiles pourrait s’expliquer par l’action immunomodulante du ginseng, déjà constatée chez l’homme lors de bronchite chronique [7]. Le plantain lancéolé a des propriétés anti-inflammatoires et antibactériennes, décrites chez l’homme et la souris [6]. La sauge a des effets anti-inflammatoires, étudiés chez le rat [7, 14].

Pour le mélange 8, contenant les extraits de canneberge, de busserole et d’ortie racine, l’augmentation du taux d’hémoglobine, du nombre de globules rouges et de l’hématocrite pourrait s’expliquer par l’action anti-oxydante de la canneberge, explorée chez l’homme [16].

L’exercice physique induit une série de changements défavorables, tels qu’une oxydation, une hyperthermie, une acidose métabolique, une hypoglycémie et une hémoconcentration qui peuvent contribuer à une diminution de la résistance osmotique des érythrocytes et les rendre plus sensibles à l’hémolyse. Les proanthocyanidines de la canneberge semblent limiter cet effet.

Pour le mélange 5, contenant de la bardane, de l’astragale et de l’olivier, la baisse du taux de créatinine pourrait s’expliquer par l’action détoxifiante de la bardane, étudiée chez la souris [5].

Pour le mélange 2 (avec de la guarana, de la vigne rouge et du pissenlit) et le mélange 7 (à base d’hamamélis, de vigne rouge et de pissenlit), la baisse du taux de créatinine pourrait résulter de l’action diurétique du pissenlit, étudiée chez le rat, qui est présent dans les deux mélanges [20].

Le niveau d’effort physique des chevaux est également susceptible d’expliquer la variation de ces paramètres, mais selon les cavaliers interrogés, aucun changement dans le niveau d’activité n’a été observé sur la période d’étude.

En raison des nombreux paramètres explorés, aucun test ne permettait d’étudier statistiquement la différence avant et après le traitement. Il serait intéressant de réitérer des études avec un suivi spécifique des paramètres qui ont été modifiés lors de l’utilisation de ces mélanges afin d’apporter davantage de preuves de l’efficacité de la phytothérapie.

Notons que l’administration de préparations extemporanées à base de produits ne disposant pas de limites maximales de résidus (LMR) implique d’exclure le cheval de la filière bouchère.

Conclusion

Des juments traitées avec des mélanges d’EPS n’ont pas présenté, jusqu’à ce jour, de résultats positifs au contrôle de médication sur le sang et l’urine, après sept jours de traitement à cinq fois la dose thérapeutique. Ces mélanges contenaient des extraits de gattilier, de griffonia, de houblon, de vigne rouge, de pissenlit, de plantain lancéolé, de ginseng, de sauge, d’alfalfa, de tribulus, de bardane, d’astragale, d’olivier, d’artichaut, d’hamamélis, de busserole, de canneberge, d’ortie racine, d’eschscholtzia, de millepertuis, de pensée sauvage, de caralluma et de grande camomille.

L’extrait de guarana contient de la caféine, dont l’un des métabolites est la théophylline. Ces deux molécules ont été détectées dans l’urine et le sang des six juments traitées. Les délais vis-à-vis du contrôle antidopage ne sont donc pas connus en cas d’administration d’extraits contenant de la guarana à des chevaux participant à des compétitions.

Les contraintes réglementaires, dans le cadre des compétitions, impliquent pour le vétérinaire de bien connaître les molécules présentes dans le mélange qu’il prescrit. Il est donc nécessaire de se renseigner sur les monographies des plantes, mais aussi sur le procédé d’extraction et la qualité du produit fini pour identifier les molécules prohibées qu’il pourrait potentiellement contenir. Un autre aspect à prendre en compte concerne l’administration de préparations extemporanées à base de produits sans LMR, qui implique d’exclure le cheval traité de l’alimentation humaine. La base de données en ligne de la FEI(3) permet de vérifier si une substance fait partie d’une des deux listes de produits interdits.

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  • 6. Committee on Herbal Medicinal Products. Assessment report on Plantago lanceolata L., folium. HMPC. 2011:24p.
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CONFLIT D’INTÉRÊTS : Claude Faivre est directeur du laboratoire Wamine.

ÉLÉMENTS À RETENIR

• À l’exception de la guarana, tous les extraits de plantes fraîches standardisés (EPS) administrés à cinq fois la dose thérapeutique pendant sept jours conduisent à un contrôle de médication négatif.

• L’administration d’un mélange contenant de l’EPS de guarana aboutit à un test positif à la caféine et à la théophylline.

• Quelques mélanges d’EPS modifient certains paramètres hémato-biochimiques chez les chevaux traités entre J0 et J7.

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