Sport et reproduction - Pratique Vétérinaire Equine n° 206 du 01/04/2020
Pratique Vétérinaire Equine n° 206 du 01/04/2020

Edito

Auteur(s) : Jean-François Bruyas

Si vous tapez sport and reproduction dans le moteur de recherche de PubMed, près de 4 500 références sortiront, pratiquement toutes dédiées à notre espèce humaine. Faites le même exercice en ajoutant and mares ou and stallions ou and equine et vous n’obtiendrez que 45 références, dont 5 seulement réellement pertinentes… Le dossier proposé dans ce numéro fait donc preuve d’originalité et aborde un terrain à peine défriché. Un constat surprenant, alors que la base même de la sélection en élevage équin repose sur les performances sportives des reproducteurs !

L’Avef a bien tenté quelques approches dans le domaine. En juin 2001, lors de la journée des commissions, une enquête prospective avait été lancée pour caractériser le syndrome appelé, faute d’un terme plus approprié, syndrome de la jument “pisseuse”. Un après-midi entier avait été nécessaire pour que les commissions “comportement”, “orthopédie” et “élevage et reproduction” arrivent à définir les signes cliniques d’inclusion que devaient présenter les juments considérées comme “pisseuses”. Lors des journées annuelles de l’Avef à Pau, en 2014, une demi-journée a également été dévolue à cette thématique. Les intervenants ont alors posé plus de questions qu’apporté de certitudes sur le sujet…

Sur le terrain, les interrogations des clients sont nombreuses et il n’est pas toujours aisé d’y répondre : « Les ovaires de ma jument expliquent-ils les difficultés de gestion de son comportement sous la selle ou ses contre-performances ? Sera-t-elle plus facile après une ovariectomie ? Mon cheval deviendra-t-il plus performant une fois castré ? Ma jument montre une légère boiterie, ou des irrégularités d’allure, ne présente-t-elle pas des douleurs ovariennes ? Mon cheval boite ou est irrégulier, est-ce que cela ne pourrait pas être dû à des tensions douloureuses sur les cordons testiculaires ? J’envisage pour mon cheval entier, superperformant en compétition, de lui faire mener de front une carrière de reproducteur, est-ce que l’entraînement et les épreuves ne risquent pas d’avoir un effet délétère sur sa fertilité ? Ou, à l’inverse, est-ce que les prélèvements de sperme ne peuvent pas avoir un effet délétère sur ses performances sportives, en modifiant son comportement ou en le surmenant physiquement ? Je veux faire produire des embryons à la jument de tête de mon piquet de concours, est-ce que l’activité sportive risque de réduire les chances d’avoir des poulains par transfert d’embryons ? Ou, à l’inverse, est-ce que son utilisation comme donneuse d’embryons ne risque pas d’avoir une influence négative sur ses performances sportives »

Après la longue pause forcée des activités sportives équestres et hippiques, toutes ces questions vont resurgir dans votre quotidien. En la matière, le vieil adage « celui qui courre deux lièvres à la fois n’en prend aucun », attribué à Érasme, peut-il tenir lieu de conseil avisé ?

Le sujet est ardu, multidisciplinaire. Ce dossier a nécessité une longue maturation, il aborde quelques-uns de ces cas de figure et appellera certainement des compléments qui viendront, nous l’espérons, au fil des numéros suivants.

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