CONGRÈS
Cahier scientifique
Vu, lu, entendu…
Auteur(s) : Anne Couroucé
Fonctions : Oniris,
Unité de nutrition, physiopathologie
et pharmacologie (NP3)
Centre international de santé
du cheval d’Oniris (Cisco)
101, route de Gachet
44300 Nantes
Le 12e congrès de l’European College of Equine Internal Medicine (Eceim) s’est tenu à Valence, en Espagne, du 20 au 23 novembre 2019.
Jean-Pierre Lavoie (université de Saint-Hyacinthe, Canada) a ouvert le congrès par une revue sur l’asthme équin et les nouveautés en matière de corticoïdes pour le traitement de cette affection. L’accent a été mis sur la nouvelle nomenclature en relation avec l’ancienne, notamment concernant les termes de maladie inflammatoire et maladie obstructive des voies respiratoires profondes. Il convient désormais de parler d’asthme équin modéré (anciennement appelé MIVRP ou IAD) et d’asthme équin sévère (auparavant MOVRP, pousse ou RAO).
Le conférencier a également fait un point sur les corticostéroïdes utilisés en médecine équine, en particulier les traitements par voie d’inhalation avec des molécules comme la béclométhasone, la fluticasone et plus récemment le budésonide et le ciclésonide.
En cas d’asthme équin sévère, il est démontré qu’il existe des changements structurels au niveau des voies respiratoires profondes qui peuvent contribuer au caractère incurable de la maladie. Ce remodelage persistant des voies respiratoires met en évidence l’intérêt d’établir un diagnostic précoce chez les chevaux atteints, ainsi que de mettre en place une thérapie médicale et des mesures environnementales afin de limiter la progression de cette affection.
Deux ateliers ont également eu lieu, l’un sur l’oncologie et l’autre sur l’herpèsvirus équin de type 1 (EHV-1). Le premier a réuni deux expertes : Janine Brunner du centre d’oncologie pour animaux Equinox Healthcare GmbH (Allemagne) et Anna Hollis de l’Animal Health Trust (Royaume-Uni). L’utilisation d’un accélérateur linéaire pour la réalisation d’une téléthérapie a notamment été présentée. Le cas d’un cheval de 9 ans, traité pour un carcinome épidermoïde localisé ventralement à la cornée et résolu après douze semaines de traitement, a illustré cette présentation. Une période d’observation de deux ans après le traitement n’a pas permis de mettre en évidence d’effets secondaires. De son côté, l’atelier sur l’EHV-1 a regroupé trois experts : Julia Kydd (université de Nottingham, Royaume-Uni), Lutz Goerhing (université de Munich, Allemagne) et Romain Paillot (Labéo, France). Le dernier workshop de la fondation Havemeyer, qui s’est tenu en 2019 sur le sujet, a fait l’objet d’un compte rendu, en insistant sur l’immunopathogenèse et les potentielles réponses protectrices immunitaires, mais aussi sur les facteurs de risque d’EHV-1, les méthodes diagnostiques et le traitement. Ce bilan s’est appuyé sur des exemples concrets permettant d’illustrer les différents cas de figure. La discussion a abordé les mesures de biosécurité à prendre, le rapport des épizooties, la vaccination face à l’apparition de cas neurologiques dus au EHV-1 et les traitements, notamment à l’aide d’antiviraux, d’anticoagulants et d’anti-inflammatoires.
Une conférence sur l’émergence d’infections virales, présentée par Jessika Cavalleri (université de Vienne, Autriche), a fait le point sur les arbovirus, qui provoquent des encéphalites chez le cheval (West Nile), mais aussi sur des virus plus “exotiques” qui touchent les États-Unis et/ou les pays asiatiques. Elle a également abordé les virus associés à des hépatites, comme l’equine hepacivirus A, généralement asymptomatique mais néanmoins à l’origine de cas sévères chez le cheval. Un virus plus récemment découvert, l’equine parvovirus-hepatitis (EqPV-H), provoque également des hépatites. L’equine coronavirus, un autre virus émergent, est associé à des signes cliniques tels qu’une hyperthermie, une léthargie, une perte d’appétit et des troubles gastro-intestinaux. Des cas sont rapportés depuis 2010 aux États-Unis, au Japon et en Europe. Selon la conférencière, ces nouveaux virus menacent non seulement la santé humaine, mais aussi la santé équine, en Europe et dans le monde. Elle a insisté sur l’importance d’une approche de type “One health”, avec des programmes de surveillance communs aux deux médecines afin de prévenir la transmission chez l’animal et de protéger l’homme.
Un certain nombre de présentations orales ou posters ont également été réalisées sur des sujets aussi variés que l’endocrinologie, la cardiologie, la pathologie respiratoire, etc. Le Luis Monreal award 2019 a récompensé le travail de deux résidentes :
– Lisa de Lange (equine cardioteam de l’université de Gand, Belgique) pour sa présentation « First succesful applications of closed loop stimulation pacemakers with remote monitoring in two syncopal miniature donkeys » ;
– Francesca Worsman (université d’Édimbourg, Écosse) pour sa présentation « Assessment and intra-observer variability of equine left atrium volume using 4D Manual LVQ algorithm (GE healthcare) ».
Toutes deux seront invitées au Forum de l’American College of Veterinary Internal Medicine (Acvim) à Baltimore, en juin 2020, pour y présenter leurs travaux de recherche.