EDITO
Auteur(s) : Roland Perrin
L’examen locomoteur est courant en médecine équine de terrain.
Les boiteries sont fréquentes, qu’elles aient une origine traumatique ou neurologique, et leur diagnostic est souvent difficile à établir. Il est généralement recommandé de réaliser un examen clinique afin de localiser la région à l’origine de la boiterie puis, dans un second temps, d’identifier la lésion qui pourrait en être la cause. Un traitement est ensuite mis en place. Malheureusement, pour les atteintes de l’appareil locomoteur, il n’existe pas de traitement au sens strict, sauf dans certains cas l’option chirurgicale.
La meilleure manière de résoudre une boiterie est de stimuler les capacités de l’organisme à la réparer. L’inflammation, un élément clé de cette réparation, est suivie par une phase de remodelage du tissu atteint, qu’il soit osseux, tendineux, ligamentaire ou même nerveux. Pour cette raison, il est très utile de connaître le stade d’inflammation de la lésion (aigu, subaigu ou chronique), de savoir si elle est aiguë à proprement parler ou la récidive aiguë d’une lésion ancienne.
La radiographie, l’échographie ou la scintigraphie apportent des éléments de datation de l’évolution de la lésion, mais l’imagerie par résonance magnétique (IRM) est beaucoup plus performante.
Cette technique d’imagerie médicale permet de détecter une lésion, mais également de déterminer si elle est “active”, c’est-à-dire inflammatoire en voie de cicatrisation, “non active” chronique, ou “non active” cicatrisée. Dans certains cas, l’examen clinique ne révèle rien d’anormal, il n’y a plus de boiterie, pourtant la lésion est toujours active à l’examen d’IRM. Si le cheval est alors remis à l’exercice, une récidive est prévisible, parfois plus grave que la lésion initiale. L’examen d’IRM est donc nécessaire pour identifier la lésion, puis il doit être renouvelé pour suivre son évolution, afin d’obtenir un résultat clinique à long terme.
Les vétérinaires équins de terrain ont appris à lire des radiographies, des échographies, des scintigraphies, l’enjeu pour eux est maintenant de se former à l’interprétation des images d’IRM. En demandant au spécialiste en imagerie à voir l’examen complet, et pas seulement le rapport, ils pourront se faire leur propre opinion et aiguiseront leur esprit critique. Cela passera aussi par un apprentissage consistant à combiner l’IRM aux autres techniques d’imagerie, puis à confronter les différentes lectures des résultats à l’examen clinique. C’est ainsi qu’ils pourront mettre en place une stratégie thérapeutique raisonnée.
Je remercie tous les auteurs pour leurs articles, à la fois pratiques et didactiques. Ce numéro s’adresse aux praticiens équins de terrain, j’espère qu’il contribuera à "démythifier" l’IRM et la fera passer d’un examen complémentaire exceptionnel à un examen d’imagerie aussi courant que la radiographie.