PATHOLOGIE LOCOMOTRICE
Cahier pratique
Fiche pratique
Auteur(s) : Matthieu Cousty*, Guillaume Manneveau**
Fonctions :
*Centre hospitalier
vétérinaire équin de Livet
Cour Samson
14140 Saint-Michel-de-Livet
**Oniris
Campus vétérinaire
101, route de Gachet
44300 Nantes
Clinique équine
de Provence
Haras de la Trevaresse
715, chemin des Fourches1
3760 Saint-Cannat
Les suros sont des exostoses des métacarpiens/métatarsiens accessoires médial ou latéral (MC/MT 2 ou 4). Leur formation est due à trois causes principales :
- un traumatisme direct fermé qui provoque une hémorragie sous-périostée, puis une élévation du périoste ;
- un traumatisme direct ouvert qui entraîne une ostéite septique, éventuellement en association avec la formation d’un séquestre ;
- une surcharge qui conduit à une instabilité entre le métacarpien/métatarsien principal et le métacarpien/métatarsien accessoire, engendrant une réaction inflammatoire localisée. Dans ce cas, les suros se développent plus fréquemment dans le tiers proximal du métacarpien/métatarsien. Ils se situent plus fréquemment sur le métacarpien médial, en particulier chez les chevaux avec des genoux “offset”.
Les lésions de surcharge sont souvent présentes chez les jeunes chevaux, mais peuvent aussi concerner des chevaux plus âgés.
Les suros peuvent provoquer une boiterie ou être complètement asymptomatiques. Lorsqu’une boiterie est présente, celle-ci apparaît de manière soudaine et tend à s’aggraver avec le travail. Elle est en général plus prononcée sur un sol dur [2, 4].
Localement, il est possible de palper un engorgement qui comprend l’exostose et parfois une réaction œdémateuse pouvant être associée à de la chaleur et de la douleur à la pression [2, 4].
Les objectifs du diagnostic sont :
- d’évaluer l’étendue de la réaction osseuse ;
- de mettre en évidence une éventuelle interaction avec le ligament suspenseur du boulet.
Une anesthésie diagnostique locale (2 ml de lidocaïne à 2 %) peut être réalisée, en retenant que celle-ci peut diffuser sur le nerf métacarpien/métatarsien ipsilatéral, voire sur le nerf digital commun palmaire/plantaire ipsilatéral, créant des faux positifs si une autre lésion ipsilatérale est présente plus distalement.
L’examen radiographique permet d’évaluer l’extension et l’activité de l’exostose (photo 1). Trois vues sont nécessaires dans la majorité des cas (face, profil, oblique à 20°). Il convient de rechercher d’éventuelles lignes de fracture pouvant être secondaires à un traumatisme. Néanmoins, les fractures ne sont pas toujours visibles radiographiquement. La périphérie de l’exostose est évaluée pour rechercher les réactions actives. En revanche, la radiographie ne permet pas d’évaluer convenablement l’extension axiale de l’exostose [4].
Lors de lésions d’ostéite/ostéomyélite chronique secondaire à un traumatisme ouvert, une prolifération osseuse caractéristique peut être observée avec les éléments suivants :
- un involucrum défini par la prolifération osseuse périphérique ;
- un cloaca caractérisé par la communication créée au sein de l’involucrum ;
- éventuellement, un sequestrum (séquestre) identifié par un fragment osseux dévitalisé (photos 2 et 3).
L’examen échographique est essentiel pour rechercher une interaction éventuelle de l’exostose avec le ligament suspenseur du boulet (photo 4). L’identification d’un tissu échogène partant de l’exostose se prolongeant vers le ligament suspenseur du boulet est possible. Ces extensions sont plus facilement visibles en décalant la sonde pour obtenir une vue oblique de la surface axiale de l’exostose.
Pour une petite proportion de chevaux, un examen d’imagerie par résonance magnétique (IRM) permet de mettre en évidence des adhérences éventuelles entre la surface axiale de l’exostose et le ligament suspenseur du boulet (photos 5a et 5b). Le volume de l’exostose est plus difficile à évaluer [5].
Le scanner est l’examen de choix pour objectiver la prolifération axiale de l’exostose (photo 6). La réalisation des coupes transversales permet de bien évaluer le volume de l’exostose. L’inconvénient, pour la majorité des appareils, est que cette localisation nécessite une anesthésie générale.
Une activité osseuse augmentée peut être objectivée lors de l’examen scintigraphique (photo 7). En revanche, même une activité osseuse augmentée n’est pas nécessairement liée à une gêne locomotrice.
L’association des différentes techniques d’imagerie permet d’évaluer l’extension de l’exostose. Les techniques conventionnelles (radiographie, échographie) présentent l’inconvénient d’évaluer difficilement une éventuelle extension axiale de la prolifération. Les techniques avancées par coupe (IRM, scanner) permettent de compenser ce défaut.
Le traitement dépend des caractéristiques de l’exostose. Une prolifération palmaire et/ou abaxiale oriente vers un traitement conservateur, une prolifération axiale, vers un traitement chirurgical [1].
CONFLIT D’INTÉRÊTS : AUCUN