ICEEP 2018 : la médecine sportive connectée à l’honneur - Pratique Vétérinaire Equine n° 200 du 01/10/2018
Pratique Vétérinaire Equine n° 200 du 01/10/2018

MÉDECINE SPORTIVE ET PHYSIOLOGIE

Cahier scientifique

Vu, lu, entendu…

La 10e édition de l’ICEEP s’est tenue cette année à Lorne, Victoria, en Australie. Parmi les thèmes abordés, les objets connectés et le bien-être animal ont été mis en avant.

L’International Conference on Equine Exercise Physiology (ICEEP), qui a lieu une fois tous les 4 ans, s’est déroulée du 11 au 16 novembre en Australie et a abordé plusieurs sujets inhérents à la médecine sportive du cheval.

Le comité d’organisation et les 18 bénévoles ont travaillé pendant plusieurs mois pour organiser cet événement regroupant 300 vétérinaires de 24 nationalités différentes. Les 4 jours de conférences ont été entrecoupés d’une journée proposant de multiples activités, du surf à la randonnée dans le bush ou à la découverte des mythiques Twelve Apostles. Les soirées ont mis l’Australie à l’honneur, avec de la musique (le fameux didgeridoo) et des films locaux.

Quand la médecine vétérinaire rencontre la médecine humaine

Le programme des conférences a été riche et s’est décliné en plusieurs sous-thèmes avec des intervenants à la pointe de leur spécialité, comme Emmanuelle van Erck-Westergren (Equine Sports Medicine Practice, Belgique), Anna Jansson (université d’Uppsala, Suède) ou Chris Whitton (université de Melbourne, Australie).

La spécificité de ces conférences provient de leur intrication très forte avec la recherche. Plusieurs médecins et chercheurs ont été invités à partager leurs connaissances en cardiologie, en locomotion, en génétique ou en préparation des sportifs de haut niveau. Cette très forte transversalité nourrira sans aucun doute l’inspiration des vétérinaires présents.

Les chercheurs, les cliniciens et plusieurs élèves ont eu la possibilité de présenter brièvement leurs travaux à l’occasion d’une session de posters et de courtes communications de 3 minutes. La France était représentée par Anne Couroucé (Oniris ; récemment élue à la tête du Collège européen de médecine interne équine [ECEIM]), Agnès Benamou-Smith (VetAgro Sup) et Claire Leleu (Equi-Test) pour les thèmes relatifs à la cardiologie, à l’endurance et à la nutrition.

Objets connectés et big data

La start-up française Arioneo a présenté son capteur connecté adapté aux chevaux de course (en particulier aux galopeurs, et un dispositif pour le harnais des trotteurs sera sur le marché d’ici quelques mois), aux côtés d’autres sociétés comme Equitronics ou Nortev. De nombreuses études sur l’analyse des allures du cheval à l’aide d’outils et de logiciels (Lameness Locator®, QHorse®) ont été présentées, dont certaines ont pointé du doigt la question qui divise les orthopédistes : à partir de quel degré d’asymétrie le clinicien doit-il considérer qu’il est face à une boiterie ? Les objets connectés et d’autres intelligences artificielles arrivent en force pour épauler les vétérinaires, reste à trouver le bon équilibre.

“Social licence to operate”, ou quand l’opinion publique fait évoluer les habitudes

Racing Victoria, organisme de régulation des courses dans l’État du Victoria et principal sponsor de l’événement, a tenu à rappeler, par l’intervention de Grace Forbes, que l’opinion publique est un facteur très important à prendre en compte dans le milieu des courses. En effet, des associations telles que L214 parviennent à faire changer les points de vue et la législation. La perception des courses par un public plus ou moins averti passe par l’intégrité de ce sport (règles antidopage) et la mise en évidence que le bien-être de l’athlète équin est respecté (ce qui est difficile à promouvoir dans un monde médiatique friand de buzz). Pour y arriver, la filière doit être pro-active, anticiper les besoins et développer des stratégies et des initiatives pour maintenir et augmenter cette “social licence to operate”. La survie de la filière du cheval de course en France dépend, entre autres, de la perception de cet univers par le public non averti, elle doit changer leurs a priori sur la façon dont les trotteurs et les galopeurs sont traités. D’un point de vue financier, il convient d’encourager le public à revenir sur les hippodromes et d’adapter les courses au nouveau profil des parieurs(1).

What’s next ?

Le gala de clôture a vu la nomination d’Erika McKenzie (université de l’Oregon, États-Unis) au poste de présidente du comité international, à la suite de René van Weeren (université d’Utrecht, Pays-Bas).

La prochaine édition européenne de l’ICEEP se déroulera en 2020 à Pise, en Italie, en marge de l’organisation des championnats du monde d’endurance et, dans 4 ans, son pendant international aura lieu à Uppsala.

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