MÉDECINE GÉNÉRALE
Cahier pratique
Fiche technique
Auteur(s) : Lauriane Lucas*, Anna Lopez Codoni**, Pauline Venture***, Jean-Luc Cadoré****
Fonctions :
*Université de Lyon, VetAgro Sup
Campus vétérinaire de Lyon
Département hippique
69280 Marcy-l’Étoile
L’examen clinique général d’un cheval comprend l’auscultation des bruits digestifs. Cette auscultation est d’autant plus importante que le cheval est présenté pour une affection digestive (dont des coliques) et qu’une évaluation de la motilité intestinale est indispensable.
L’objectif de cet examen est de déterminer pour chacun des quadrants si les bruits digestifs sont normaux, augmentés, diminués ou bien absents.
L’auscultation abdominale doit être réalisée dans un endroit calme et isolé des bruits extérieurs. L’examen peut demander du temps, afin que chaque zone soit examinée avec attention.
Quatre régions doivent être systématiquement auscultées : les quadrants dorsaux et ventraux des deux côtés de l’abdomen (figure). Un cinquième quadrant, ventral et médian, peut également être examiné.
→ L’auscultation du quadrant dorsal gauche se réalise en plaçant le stéthoscope dans le creux du flanc, en regard du côlon descendant.
→ Pour l’auscultation du quadrant ventral gauche, le stéthoscope est positionné dans le fuyant du flanc, en regard du côlon ventral gauche (photo 1) [1].
→ L’auscultation du quadrant dorsal droit est effectuée en plaçant le stéthoscope dans le creux du flanc, en regard de la partie dorsale du corps du cæcum (photo 2).
→ Pour l’auscultation du quadrant ventral droit, le stéthoscope est positionné dans le fuyant du flanc, en regard de la partie ventrale du corps du cæcum [1].
L’auscultation du quadrant ventral médian se réalise en plaçant le stéthoscope juste en arrière de l’appendice xyphoïde (photo 3). En regard de cette aire d’auscultation se trouvent le côlon ventral et le corps du cæcum. Parfois, des anses du jéjunum et du côlon descendant viennent se positionner entre le corps du cæcum et le côlon ventral gauche au contact de la paroi abdominale [1, 6].
Différents types de bruits sont audibles selon l’aire abdominale auscultée et la circonstance clinique (tableau) [4, 5].
→ Les bruits mixtes associent des sons gazeux et liquidiens. Ils résultent du brassage des aliments dans le côlon ascendant. Ils sont physiologiques et audibles à intervalles réguliers, deux à cinq fois par minute pendant 2 à 5 secondes.
→ Les bruits propulsifs/rétropulsifs (borborygmes) traduisent la progression des aliments dans le cæcum et le côlon, ainsi que les mouvements aboraux et oraux de ces segments intestinaux (ondes péristaltiques). Ils se manifestent une fois toutes les 2 à 4 minutes, lorsque le cheval est à jeun. Lors de la prise de nourriture, les borborygmes deviennent progressivement plus intenses et fréquents (toutes les 20 à 30 secondes), sur une durée de 15 à 30 secondes.
→ Les bruits métalliques sont le résultat de l’éclatement de bulles à la surface du contenu liquide d’un segment intestinal distendu, comme le cæcum. Il est aussi possible de réaliser une auscultation-percussion de l’abdomen qui révèle un tintement lors de distension gazeuse.
→ L’absence prolongée de bruits digestifs est évocatrice d’une affection grave nécessitant une surveillance du cheval et éventuellement son hospitalisation.
Les bruits peuvent varier d’un individu à l’autre, mais également selon le moment de l’auscultation. Une diminution de l’intensité des bruits intestinaux lors de la mise à jeun et leur retour dès la réalimentation peuvent être notés [5].
Les bruits digestifs peuvent aussi fluctuer en fonction de l’activité physique du cheval.
Lors de l’auscultation abdominale pendant le suivi postopératoire de coliques, il n’existe pas vraiment de corrélation entre les bruits audibles et l’état réel du transit.
Certaines molécules modifient l’auscultation abdominale en raison d’un effet sur la motilité intestinale : la xylazine et l’atropine sulfate diminuent le péristaltisme, donc les bruits audibles de la courbure pelvienne, alors que la néostigmine augmente progressivement la motilité [7]. D’autres molécules ont également été étudiées : la buprénorphine (morphinique), par exemple, provoque une diminution des bruits digestifs pendant 4 heures après une administration intraveineuse [2].
Enfin, un facteur subjectif existe, l’appréciation des bruits digestifs pouvant être différente selon le clinicien qui réalise l’auscultation [3].
→ Quadrant dorsal gauche : des borborygmes provenant du gros intestin (notamment de la courbure pelvienne) sont surtout perçus. Ils sont parfois couverts partiellement par la rate.
→ Quadrants ventraux gauche et droit : il est possible d’entendre principalement des borborygmes de l’intestin grêle et du gros intestin.
→ Quadrant dorsal droit : un bruit d’eau s’écoulant dans un tuyau (de type “chasse d’eau”) est audible une à trois fois par minute. Il indique l’ouverture de la valve iléo-cæcale.
→ Quadrant ventral médian : des borborygmes du gros intestin sont entendus, ainsi que les bruits de “vague” pathognomoniques des coliques dues à une surcharge en sable.
CONFLIT D’INTÉRÊTS : AUCUN