RÈGLES D’ÉCRITURE
Cahier scientifique
Médecine factuelle
Auteur(s) : Jean-Michel Vandeweerd
Fonctions : Université de Namur (UNamur)
Urvi-Narilis (unité de recherche vétérinaire intégrée-Namur
Research Institute for Life Sciences)
Rue de Bruxelles, 61, 5000 Namur,
18, rue des Champs, La Brosse
78470 Saint-Lambert-des-Bois
Au terme de l’introduction, le lecteur doit être convaincu de l’intérêt du sujet et de l’objectif de l’auteur. Concision du texte et exhaustivité des références citées en définissent la qualité.
La participation du praticien à l’information scientifique est essentielle. En effet, il apporte des informations, liées à son expérience, qui peuvent se révéler très utiles [3]. Néanmoins, une rigueur dans la rédaction des articles est requise.
Depuis plusieurs années, Pratique Vétérinaire Équine publie des articles éducatifs sur les concepts de médecine factuelle. Ceux-ci devraient permettre d’interpréter avec un esprit critique les données scientifiques publiées, mais aussi de concevoir un travail de recherche et d’en publier les résultats. Le présent article vise à expliquer comment initier un travail de publication.
En effet, l’application scrupuleuse des principes fondamentaux pour écrire l’introduction du texte permet à tout futur praticien-auteur d’entreprendre plus facilement la rédaction, afin de concevoir ensuite un travail pertinent et intéressant.
« Mon expérience est-elle intéressante à publier ? » Telle est souvent la première question que se pose le praticien. En général, c’est parce qu’il a le sentiment que ses observations ou les résultats de ses traitements sont source d’informations, en l’absence de données sur le sujet dans les travaux scientifiques publiés ou même sur Internet.
Il convient avant tout de vérifier la pertinence de ce sentiment en consultant rapidement d’abord, puis de façon plus approfondie les publications existantes. Le plus simple est d’utiliser la base de données bibliographiques PubMed (Medline).
Cette dernière présente l’avantage d’être accessible gratuitement et donne accès aux résumés des articles édités dans la majorité des périodiques de médecine vétérinaire et de médecine humaine. Bien que les articles complets soient rarement disponibles, à ce stade de la démarche, l’accès aux résumés est suffisant.
Les articles sont classés selon des critères adaptés à la médecine humaine. En conséquence, l’utilisation du thésaurus via MeSH (Medical Subject Headings) et d’équations de recherche manipulant les opérateurs booléens (AND, OR, NOT) n’est pas toujours efficace. Il est plus simple, dans un premier temps, d’employer une méthode de recherche libre en plaçant simplement des mots clés dans le moteur de recherche. Par exemple, si le futur auteur souhaite décrire une nouvelle technique d’injection de la bourse naviculaire, les mots clés “navicular”, “bursa” et “horses” pourraient être recherchés ensemble.
Comme avec un journal, il est possible dans un premier temps de se contenter de lire les titres. Certains articles sont délibérément hors sujet. Ensuite, il convient de vérifier que le contenu a bien trait au sujet recherché. La copie (par les fonctions de copy-paste) du résumé et du titre est utile, afin de constituer un document rassemblant l’ensemble de ces informations préliminaires. Déjà, à ce stade, il est pratique de collecter les références bibliographiques (auteurs, titre, date de publication, nom du périodique et pages) à la fin du document créé. Cette première lecture est très rapide et superficielle. S’il s’avère que le sujet est peu traité, d’autres mots clés (descripteurs) sont utilisés dans la base de données pour le confirmer. Une fois les titres d’articles utiles identifiés, les textes complets doivent être obtenus. Il peut alors être intéressant de demander l’aide de collègues qui ont un accès libre, soit parce qu’ils sont abonnés au périodique en question, soit parce qu’ils travaillent dans une université ou une école vétérinaire.
Pour de nombreux francophones, l’utilisation de la langue anglaise aux fins d’écriture peut constituer un frein. Leur premier réflexe serait donc de rédiger dans un premier temps en français, puis de traduire le document final, ou de le faire traduire. Cette approche est déconseillée lorsque le journal dans lequel l’auteur aspire à publier est en anglais. Elle prendrait en effet beaucoup de temps. De plus, la langue anglaise permet la concision et est particulièrement adaptée aux disciplines scientifiques. Enfin, se forcer à l’utiliser d’emblée favorise son apprentissage.
Néanmoins, comme il reste difficile de respecter parfaitement l’orthographe et la grammaire d’une seconde langue, une parade s’impose. Laquelle consiste à utiliser dans un premier temps des éléments recopiés (copy-paste) du résumé ou de l’article lui-même pour rédiger le texte. Bien sûr, celui-ci ne pourra pas rester en l’état, au risque de constituer un plagiat. Cependant, comme il n’en est qu’au début d’un long processus d’écriture fait de plusieurs phases de changement, de restructuration et de correction, ce danger est souvent très faible. En revanche, il est fondamental d’associer son origine à chaque élément introduit dans le texte, en la référençant.
Le travail de recherche bibliographique va permettre d’initier le projet d’écriture et de rassembler les éléments de la section “Introduction” du futur article. L’objectif de l’introduction est, d’une part, de montrer l’intérêt d’écrire sur un sujet et, d’autre part, de faire le point sur les informations déjà existantes. Il est, par exemple, peu pertinent de publier la description d’un cas si cela a déjà été réalisé sur un plus grand nombre d’individus. A contrario, cela peut rester intéressant si le cas à décrire présente des particularités dans sa présentation ou sa gestion par rapport aux autres publications.
La qualité d’une introduction réside dans la concision du texte et l’exhaustivité des références bibliographiques. En d’autres termes, l’auteur doit montrer qu’il a consulté les publications existantes sur le même sujet et en proposer un résumé utile. L’introduction se termine en général par l’objectif de l’article.
Une introduction bien écrite doit respecter certains principes d’écriture. Elle part de concepts généraux pour circonscrire de plus en plus le sujet traité. Au terme de l’introduction, le lecteur doit être convaincu de l’intérêt du thème et de l’objectif de l’auteur.
Les concepts généraux ne requièrent pas une large documentation bibliographique. À l’inverse, plus le sujet se précise, plus la bibliographie doit être approfondie afin de démontrer l’exhaustivité de la recherche documentaire par rapport au thème traité. Il est donc possible d’imaginer une introduction comme un “entonnoir” d’informations, générales et moins documentées au début (la base de l’entonnoir), puis de plus en plus fouillées (son sommet), débouchant sur la question de recherche (sa sortie) [1].
Ce principe est valable pour n’importe quel sujet. Prenons deux exemples de descriptions de cas : l’une portant sur une nouvelle technique chirurgicale du conflit de processus épineux et l’autre sur une étude ex vivo (réalisée sur des membres détachés) de la communication de la bourse naviculaire avec l’articulation interphalangienne distale (AIPD) (photos 1 et 2) [2].
L’introduction rappelle d’abord brièvement le contexte. Deux ou trois phrases suffisent. Elles permettent de lancer le texte : il s’agit, toujours en restant assez général, de s’approcher du sujet, d’une part, le traitement chirurgical du conflit de processus épineux et, d’autre part, la communication entre la bourse naviculaire et l’AIPD. De nombreux articles sur le sujet, ou des livres, existent. Une ou deux références, idéalement récentes, sont suffisantes (figure).
C’est ensuite que l’entonnoir se resserre. Étant à présent dans le sujet, toutes les techniques existantes doivent être mentionnées, ou, dans le second exemple, toutes les données connues et publiées relatives à la communication entre les deux structures synoviales. Il convient donc d’appeler dans l’article autant de références qu’il y a d’études afin d’être précis et exhaustif.
Enfin, le futur auteur justifie l’intérêt de son travail en citant les carences des travaux déjà réalisés ou les questions restant en suspens. À ce stade, il s’agit de présenter le texte, en le référençant de façon adéquate, pour que l’objectif de l’article coule de source et que le lecteur n’ait qu’une seule envie, celle de le lire.
L’introduction se construit comme un texte qui plonge dans un entonnoir. En arrivant à son terme, le lecteur doit se réjouir de découvrir soit la description des cas, soit les matériels et méthodes proposés, c’est-à-dire la suite de l’article.
CONFLIT D’INTÉRÊTS : AUCUN
• L’intérêt des études d’observation et de celles de description de cas est indéniable. Il est utile d’aider les praticiens à les réaliser et à les publier.
• La langue anglaise ne doit pas être un frein. Des parades existent.
• L’écriture d’une introduction doit respecter certains principes : elle part de concepts généraux pour circonscrire de plus en plus le sujet traité.
• La qualité d’une introduction réside dans la concision du texte et l’exhaustivité des références bibliographiques.
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