Les tumeurs cutanées fréquentes chez les équidés - Ma revue n° 018 du 01/01/2018 - Le Point Vétérinaire.fr
Ma revue n° 018 du 01/01/2018

Cancérologie

Auteur(s) : Valérie Deniau*, Amélie Vitte-Rossignol**

Fonctions :
*Clinique vétérinaire
de Grosbois
Domaine de Grosbois
94470 Boissy-Saint-Léger

Même une boule ou une masse d’apparence bénigne mérite d’être considérée dès sa découverte, pour éviter une prise en charge tardive lorsqu’une tumeur est éventuellement diagnostiquée.

Site de développement de près de 50 % des néoplasies des chevaux adultes et jusqu’à 75 % de celles des ânes, la peau est l’organe le plus souvent atteint d’affections tumorales chez les équidés [1, 6]. Si la détection des lésions est relativement aisée, même pour les propriétaires, le diagnostic différentiel de celles-ci reste délicat et la décision thérapeutique est parfois reportée en raison de l’aspect superficiel et “non vital” de l’affection. Toutes les structures cellulaires du derme et de l’épiderme pouvant être impliquées, les aspects cliniques et épidémiologiques des tumeurs cutanées sont très variables, au même titre que leur évolution et leurs conséquences fonctionnelles ou esthétiques. Cet article synthétise les données actuelles sur les trois affections tumorales les plus fréquentes en dermatologie équine : les sarcoïdes, les carcinomes épidermoïdes et les tumeurs mélanocytaires.

Sarcoïdes

Épidémiologie, étiologie et présentation clinique

Les sarcoïdes, étymologiquement “semblables à la viande”, sont des tumeurs mésenchymateuses d’origine fibroblastique, localement invasives, de localisations variées. Elles représentent, selon les études, 35 à 90 % des néoplasies cutanées équines [1, 2, 14, 22, 26]. En moyenne, 1 cheval sur 10 serait porteur d’au moins une sarcoïde [2]. Les races quarter horse, appaloosa, paint horse et arabe sont les plus affectées tandis que les trotteurs et les lipizzans sont relativement moins touchés [9, 12, 26]. Les ânes, les zèbres, les mules et même certains ruminants sauvages peuvent aussi présenter des lésions similaires [6, 29]. Il n’existe aucune prédisposition de sexe ou d’âge clairement démontrée, mais la majorité des lésions apparaissent sur des chevaux de 3 à 6 ans [1, 2, 9, 12].

L’étiologie du développement des sarcoïdes est multifactorielle et inclut principalement :

- une prédisposition génétique établie, entre autres, sur certains allèles du système majeur d’histocompatibilité (CMH) leucocytaire [2, 11, 12] ;

- une infection de la peau par les virus papillomateux bovins (BPV) de type 1 ou 2 (encadré) ;

- une rupture de l’intégrité cutanée pouvant aller de la simple abrasion de frottement aux blessures plus profondes ou aux plaies chirurgicales.

L’aspect des sarcoïdes équines est communément classifié en six formes cliniques pouvant évoluer de l’une vers l’autre et parfois être mêlées les unes aux autres sur un même site lésionnel (tableau 1, photos 1 à 6).

Diagnostic

Une forte présomption de sarcoïde peut souvent être établie sur la base des constatations cliniques et de la nette prédominance de cette tumeur dans les masses cutanées verruqueuses ou charnues des équidés. La confirmation nécessite l’examen histopathologique d’un fragment ou de la pièce d’exérèse complète. Le traumatisme cutané étant un facteur favorisant la croissance ou l’évolution d’une sarcoïde vers une forme plus invasive, la réalisation d’une biopsie n’est indiquée que lorsqu’un plan de traitement ultérieur a été préalablement pensé. Moins traumatisante, l’aspiration à l’aiguille fine n’est cependant pas une technique de choix dans le cas de sarcoïdes en raison du caractère insuffisamment discriminant du prélèvement.

Le diagnostic histologique repose sur l’observation de fibroblastes atypiques, fusiformes, à noyau ovale à contour irrégulier avec de nombreux nucléoles (photo 7). Les cellules tumorales envahissent l’ensemble du derme. À la jonction dermo-épidermique, elles sont souvent organisées en faisceaux, perpendiculaires à la membrane basale. En profondeur, l’orientation de ces faisceaux est aléatoire. Les lésions de l’épiderme sont aussi variables que les formes macroscopiques et vont d’une hyperplasie modérée des kératinocytes à son remplacement par un tissu de granulation richement vascularisé. Les schwannomes - et, dans une moindre mesure, les fibromes - présentent des caractères histologiques parfois très similaires à ceux des sarcoïdes et le diagnostic différentiel peut être difficile, voire impossible, sur les prélèvements de petite taille, à moins d’utiliser des méthodes d’immunohistochimie [2, 12, 23]. La détection de BPV par polymerase chain reaction (PCR) sur échantillon tissulaire ou raclage cutané constitue aussi un élément de renforcement d’une suspicion de sarcoïde et surtout un facteur prédictif de récidive lorsqu’elle concerne des marges d’exérèse chirurgicale [2, 14].

Traitement

Du fait du taux élevé de récidives locales, le traitement des sarcoïdes est complexe et contraignant, et prend en considération la taille, la localisation, la forme clinique et la vitesse de croissance. Lorsqu’elle est nécessaire, l’exérèse chirurgicale requiert la maîtrise de gestes techniques atraumatiques et le respect de marges étendues. L’électrochimiothérapie et la radiothérapie intralésionnelle sont actuellement les techniques de choix adjuvantes ou alternatives à la chirurgie, elles imposent des contraintes logistiques assez lourdes. L’application locale ou intralésionnelle d’immunomodulateurs et la phytothérapie sont aussi décrites avec des résultats plus aléatoires (1).

Carcinome épidermoïde

Épidémiologie, étiologie et présentation clinique

Le carcinome épidermoïde, anciennement dénommé épithélioma spinocellulaire, est une tumeur maligne localement agressive et à potentiel métastatique, originaire des cellules épithéliales de l’épiderme et des muqueuses, qui peut toucher différents organes, dont principalement la peau, l’appareil génito-urinaire, les yeux, la sphère oropharyngée et l’estomac. Il s’agit de la deuxième tumeur la plus fréquente chez les équidés après le lymphome et de la deuxième cause de masses cutanées après les sarcoïdes [14, 22]. La peau du nez, des lèvres, de la région périnéale, les muqueuses oculaires et génitales et les jonctions cutanéo-muqueuses sont les sites de prédilection. Le carcinome est le plus souvent détecté sur des chevaux adultes, l’âge moyen étant proche de 12 ans [13]. Ce sont les chevaux à peau claire comme l’appaloosa, le paint horse et le pinto qui sont le plus souvent atteints par les formes cutanées. Dans le cas particulier des carcinomes périoculaires, les haflingers, les demi-sang belges et, au Royaume-Uni, les races shire et clydesdale sont aussi très représentés [13].

Les facteurs prédisposants identifiés sont :

- une exposition répétée aux ultraviolets de type B (correspondant aux rayons solaires), dont l’un des effets mutagènes les mieux connus est la formation de dimère de thymidine dans l’ADN des cellules cutanées ;

- la présence de blessures chroniques, de pyodermites ou de lésions parasitaires (habronèmes) ;

- l’infection par le papillomavirus équin de type 2, principalement des muqueuses génitales [13, 18].

Des lésions précancéreuses semblent constituer un terrain de développement favorable à l’apparition des carcinomes. Il s’agit sur la peau de zones d’hyperplasie et de dysplasie limitées à l’épiderme, qualifiées de carcinomes in situ, et sur les muqueuses de papillomes ou de plaques de dysplasie épithéliale blanchâtre [13]. Dans tous les cas, la transformation maligne est marquée par l’extension de la prolifération cellulaire au-delà de la membrane basale et par l’envahissement du derme.

L’oncogenèse des carcinomes épidermoïdes est complexe et fait intervenir, entre autres, une mutation photo-induite de la protéine p53, molécule impliquée dans la régulation de la multiplication cellulaire épidermique, et une augmentation de l’activité de la cyclo-oxygénase 2 (COX2) et de la synthèse consécutive de prostaglandines pro-inflammatoires [13]. Aucune donnée actuelle ne démontre cependant l’efficacité de l’utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens spécifiques de la COX2 dans le traitement des carcinomes épidermoïdes équins.

Macroscopiquement, les tumeurs localisées sur les muqueuses se présentent sous forme de proliférations rosées de taille variable, à surface granuleuse, mal délimitées, parfois ulcérées et assez souvent recouvertes d’exsudats. Les formes oculaires sont généralement accompagnées d’épiphora et, en cas d’envahissement du limbe, d’œdème cornéen et de douleur (photo 8). Les carcinomes péniens associent souvent une masse granuleuse volumineuse et de plus petites proliférations en croissance sur le reste de la verge (photo 9). Les tumeurs labiales et nasales sont ulcérées et nécrotiques.

Les carcinomes cutanés ont un aspect macroscopique moins spécifique et se manifestent sous forme de masses charnues uniques ou multiples, ulcérées plus ou moins bien délimitées et adhérentes aux tissus sous-cutanés (photo 10). Le diagnostic différentiel comprend principalement l’habronémose, la sarcoïde fibroblastique, le chéloïde ou le granulome à corps étranger. La progression tumorale peut être assez rapide localement. En revanche, la dissémination métastatique est peu fréquente (estimée entre 10 et 19 % des cas), tardive, et intéresse en premier lieu les nœuds lymphatiques locorégionaux [13, 27].

Diagnostic

L’histologie permet d’établir le diagnostic de certitude et, quand elle est possible, la biopsie de nœud lymphatique périphérique est souhaitable afin d’évaluer le degré d’extension locale. Le carcinome épidermoïde est caractérisé par la présence de multiples cordons de cellules basales atypiques polyédriques envahissant les différents plans cutanés (photos 11a et 11b). Un système de gradation a été suggéré pour décrire le degré de malignité, mais ne fait pas consensus dans les données publiées (tableau 2).

Traitement

Le traitement des carcinomes épidermoïdes suit les mêmes principes que celui de toutes les néoplasies cutanées : l’exérèse chirurgicale est préférable quand l’extension de la tumeur le permet. Dans les formes muqueuses, l’amputation totale ou partielle du pénis ou de la membrane nictitante, ou encore l’énucléation peuvent être à considérer. Les injections locales d’agents antimitotiques ont été utilisés avec succès, la radiothérapie in situ demeure le traitement adjuvant le plus décrit et le plus efficace (1).

Les tumeurs mélanocytaires (mélanomes et assimilés)

Épidémiologie, étiologie et présentation clinique

Les mélanomes sont des tumeurs d’origine ectodermique impliquant les mélanocytes - cellules dendritiques responsables de la synthèse et de la distribution de la mélanine -, qui sont physiologiquement présentes dans les couches basales de l’épiderme et dans la périphérie des follicules pileux. Les mélanomes représentent 6 à 15 % des tumeurs cutanées et 10 à 34 % de la totalité des néoplasies équines [14].

Les chevaux gris d’âge moyen et avancé sont très nettement prédisposés, en particulier les races arabe, lipizzan et Camargue [19, 25]. Environ 80 % des chevaux gris de plus de 12 ans sont porteurs d’au moins un mélanome [14]. Dans une étude menée en Autriche, 50 % des lipizzans de tout âge étaient affectés [24].

Une duplication d’un fragment du gène de la syntaxine-17, molécule impliquée dans le grisonnement naturel de la robe, est en relation avec l’évolution des mélanomes [21]. Les lipizzans homozygotes pour cette duplication présentent un grisonnement plus précoce et une prévalence supérieure de mélanomes périnéaux [19, 21].

Le terme générique de mélanome recouvre trois entités histologiquement distinctes ayant en commun la rétention dans les mélanocytes des pigments mélaniques, qui sont en temps normal distribués aux kératinocytes des follicules pileux et de l’épiderme (tableau 3). Les mélanomes dermiques sont les lésions les plus fréquemment observées, qu’ils soient isolés ou multiples (photo 12). Ils se présentent sous forme de masses à surface lisse ou plus rarement granuleuse, généralement dépilées et rarement ulcérées, localisés sur la base de la queue, la région périanale, le fourreau, les lèvres ou les paupières. Le terme de mélanomatose désigne un ensemble de mélanomes dermiques regroupés et coalescents (photo 13). La grande majorité des tumeurs sont bénignes au moment du diagnostic, mais environ 30 % subissent une transformation maligne avec potentiel métastatique au cours de leur évolution, généralement lente [14, 19].

Diagnostic

Une forte présomption diagnostique peut être émise sur un cheval gris présentant des masses dermiques dans les localisations de prédilection des mélanomes. L’aspect macroscopique d’une biopsie ou d’une aspiration à l’aiguille fine permet de confirmer la nature mélanocytaire de la tumeur, mais un examen histopathologique demeure nécessaire pour en estimer la malignité (photos 14a et 14b). Contrairement aux sarcoïdes, aucun effet d’un prélèvement partiel sur l’évolution des mélanomes n’est décrit [14].

La réalisation d’un bilan d’extension est souvent souhaitable, mais en pratique les moyens d’investigation sont limités et les signes cliniques non directement associés à la tumeur primaire (amaigrissement, raideurs, coliques, fièvre, etc.) sont à prendre en considération dans le choix des examens : la palpation et l’échographie transrectales permettent d’évaluer l’extension de mélanomes périnéaux dans la filière pelvienne et la présence possible de métastases lombaires. L’échographie abdominale peut mettre en évidence un envahissement du parenchyme hépatique, splénique, plus rarement rénal. L’endoscopie des poches gutturales est parfois révélatrice d’une extension sous-estimée cliniquement lors de mélanomes palpables en région parotidienne. La recherche des métastases thoraciques par radiographie et échographie est également envisageable mais la sensibilité de l’examen reste limitée, en particulier pour les masses de petite taille.

Traitement

De nombreux facteurs sont à prendre en considération dans la prise en charge thérapeutique des mélanomes : le nombre, la taille, la localisation des masses, leur extension dans les tissus adjacents, les conséquences fonctionnelles éventuelles (constipation pour les mélanomes périnéaux, ulcérations ou conjonctivites pour les lésions palpébrales, difficultés respiratoires lors d’atteinte nasale, etc.), le degré de malignité évalué en histologie, l’âge du cheval et les moyens financiers du propriétaire.

L’exérèse chirurgicale est généralement aisée et curative sur les nævus cutanés de petite taille. Les mélanomes périnéaux et caudaux sont plus délicats à exciser en raison des risques de déhiscence, de la proximité du sphincter anal et de la contamination fécale inévitable du site d’exérèse. Cependant, une évaluation de leur vitesse de croissance reste souhaitable pour pouvoir décider à temps d’une intervention avant que leur extension ne proscrive toute possibilité d’exérèse. Une amputation partielle ou totale de la base de la queue peut être indiquée pour les lésions envahissantes ou hémorragiques en région coccygienne distale.

La brachythérapie, la chimiothérapie intralésionnelle et la cryochirurgie sont également utilisables pour les lésions inaccessibles à un curetage chirurgical (1).

L’indication quant à l’administration de cimétidine par voie générale (2,5 mg/kg toutes les 8 heures) dans le contrôle des mélanomes équins est fondée, d’une part, sur l’inhibition des récepteurs H2 - impliqués dans les signaux de multiplication des cellules tumorales et dans l’inhibition des lymphocytes T suppresseurs antitumoraux - et, d’autre part, sur ses propriétés d’activation des cellules “natural killer” [19]. Des résultats encourageants ont été obtenus sur quelques cas, mais les études à plus grande échelle n’ont pas été concluantes [7, 15, 19]. Un début de réduction de la taille des mélanomes est à attendre en 3 à 4 semaines, au-delà desquelles la poursuite du traitement n’est indiquée qu’en cas d’effet thérapeutique et jusqu’à stabilisation de la taille des masses [14].

Une immunothérapie antitumorale plus spécifique a été testée avec l’utilisation de vaccins antityrosinase, enzyme spécifique des cellules mélanocytaires dont l’expression est majorée dans les mélanomes [16, 19]. Un effet significatif sur la taille des tumeurs a été observé, avec très peu d’effets secondaires (hyperthermie transitoire) [17, 19]. Le vaccin utilisé, un recombinant de tyrosinase humaine destiné aux petits animaux, n’est pas disponible en France.

Conclusion

Les degrés de malignité des tumeurs cutanées équines sont très variables et le risque de métastases à distance reste limité dans la majorité des cas, à l’exception des mélanomes anaplasiques. En revanche, l’envahissement local et locorégional, les conséquences fonctionnelles parfois incompatibles avec la survie dans des conditions éthiquement acceptables et les échecs thérapeutiques souvent associés à une prise en considération tardive constituent autant de motifs possibles d’euthanasie, ce dont beaucoup de propriétaires n’ont pas conscience lors de la découverte d’une masse ou d’une verrue d’apparence bénigne.

Si l’aspect macroscopique et le contexte épidémiologique sont souvent des indicateurs, la confirmation diagnostique et le choix des traitements à mettre en œuvre nécessitent la prise en compte de multiples facteurs cliniques, biologiques, pratiques et financiers, qui font de chaque cas une individualité à part entière.

  • (1) Voir les articles “Traitement médical des tumeurs cutanées des équidés” de Y. Tamzali et coll. et “Exérèse chirurgicale des tumeurs cutanées chez le cheval : guide pratique” de M. Haspeslagh et coll., dans ce numéro.

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CONFLIT D’INTÉRÊTS : AUCUN

Éléments à retenir

• Des fragments de virus papillomateux bovins sont retrouvés de façon très fréquente dans les tissus cutanés des chevaux atteints de sarcoïdes, même à distance des lésions.

• L’exposition répétée aux ultraviolets sur des zones de peau claire est un des principaux facteurs de développement des carcinomes épidermoïdes.

• Environ 30 % des mélanomes bénins au moment du diagnostic subissent ultérieurement une transformation maligne.

ENCADRÉ : PAPILLOMAVIRUS BOVIN ET TUMEURS CUTANÉES

La présence de matériel génétique de papillomavirus bovin (bovine papillomavirus, BPV) de type 1 ou 2 est relativement constante dans les sarcoïdes équines, alors qu’elle reste exceptionnelle dans les autres tumeurs cutanées des équidés. En fonction des études et des méthodes de conservation et d’analyse, 70 à 100 % des échantillons de sarcoïdes se révèlent positifs pour la recherche de génome viral. En revanche, les virions entiers ne sont pas observés [2, 4, 12, 30]. La quantité de matière virale détectable dans les tissus tumoraux serait corrélée au degré d’agressivité tumorale [8]. Le BPV a aussi été détecté avec une assez forte prévalence dans les lésions de pododermatite chronique proliférative dite canker et peut être mis en évidence dans les échantillons de peau saine de chevaux porteurs de sarcoïdes ou vivant à proximité de populations bovines [2, 3, 5].

Le BPV, de la famille des Papillomaviridae, est un virus à ADN, de petite taille, non enveloppé, relativement résistant dans l’environnement, qui affecte en premier lieu les bovidés, puis certains ruminants sauvages et les équidés [29]. La transmission des bovins aux chevaux survient principalement par inoculation lors de piqûres d’insectes ou par contact de vecteurs biologiques ou inertes avec des abrasions cutanées. La contagion entre équidés est peu probable au regard de l’absence de virions intacts dans leur lésions cutanées, mais elle a été suspectée dans une étude sur une population asine et ne peut être définitivement exclue selon certains auteurs qui recommandent une prévention des contacts cutanés directs ou indirects entre les chevaux indemnes et porteurs de sarcoïdes [12, 20].

Le virus infecte à la fois le derme et l’épiderme et induit une prolifération des kératinocytes et des fibroblastes à l’origine de la croissance tumorale [2]. Dans la peau non lésée, sa présence est détectée essentiellement dans l’épiderme. Les leucocytes mononucléés sont infectés avant le développement des lésions cutanées et constituent un réservoir potentiel d’infection latente [2, 10].

Les tentatives d’infection expérimentale de chevaux par le BPV donnent des résultats contrastés. L’application de broyats de cellules tumorales sur une peau scarifiée de cheval sain induit l’apparition de sarcoïdes [28]. En revanche, l’injection intradermique de suspension virale entraîne la formation de masses semblables à des sarcoïdes, mais qui présentent des caractères histologiques légèrement différents, régressent le plus souvent spontanément et sont associées au développement d’anticorps anti-BPV, ce qui est très rare avec les infections naturelles [2, 10].

Remerciements

À Virginie Théau (LAPV Amboise) pour sa contribution à l’iconographie de cet article.

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