Le parage physiologique - Pratique Vétérinaire Equine n° 179 du 01/07/2013
Pratique Vétérinaire Equine n° 179 du 01/07/2013

Maréchalerie

Dossier

Le pied : parage et maréchalerie

Auteur(s) : Denis Leveillard

Fonctions : 6, rue Dolmens-Changé
28130 Saint-Piat

Le parage est primordial dans l’entretien des pieds. Cette étape ne doit pas être négligée car elle détermine l’équilibre du pied et toute erreur de parage se répercute sur le membre entier.

Le parage est l’action qui consiste à tailler la corne en la coupant, en la râpant et en la limant sur les faces solaire et pariétale du sabot. En pince, il raccourcit les bras de levier antérieurs de la surface d’appui, et, en talon, il en rallonge les bras de leviers postérieurs. S’il modifie l’angle de la surface d’appui, il modifie la répartition de la charge.

Le parage physiologique est celui qui permet au cheval d’être confortable et performant tout en limitant le risque de lésions dues aux contraintes imposées aux articulations, aux tendons et aux ligaments du membre, ainsi qu’au sabot et à son contenu.

Effet du parage

La phalange distale (P3) étant solidaire du sabot, toute modification des angles d’incidence de celui-ci par rapport au sol entraîne les mêmes corrections au niveau de la phalange (tableaux 1 et 2 complémentaires sur www.WK-Vet.fr ). Lorsqu’un sabot est davantage paré d’un côté que de l’autre, la charge s’en trouve diminuée sur le quartier le plus paré et augmentée sur l’autre. Lorsque cette rectification de l’aplomb se produit dans le plan frontal (médio-latéral), la répercussion intra-articulaire qui s’ensuit est directe. Lorsqu’elle survient dans le plan sagittal (antéro-postérieur), elle a une incidence sur les tendons et les ligaments.

Parage latéral

Lorsque la partie médiale du sabot est “descendue” (parée davantage), la charge qu’elle supporte s’en trouve diminuée. En revanche, elle est augmentée sur sa partie latérale. Il en est de même au sein des articulations interphalangiennes et métacarpo-phalangiennes (ou métatarso-phalangiennes) : la charge diminue sur les surfaces articulaires médiales (la tension sur le ligament collatéral correspondant est accrue) et augmente sur les surfaces articulaires latérales (la tension baisse sur le ligament collatéral correspondant). Les effets sont inversés lorsque la partie latérale du sabot est descendue [2, 7].

Parage en pince

Lorsque le parage est effectué majoritairement en pince, la paroi dorsale se verticalise, son angle s’ouvre. La tension du tendon extenseur dorsal du doigt (TEDD) est augmentée dans sa partie distale, en raison des brides du ligament suspenseur du boulet qui se comportent alors comme des ligaments accessoires de l’extenseur. La tension du tendon fléchisseur profond du doigt (TFPD) s’en trouve diminuée, ainsi que celle de son ligament accessoire (la bride carpienne). Ces modifications de tension font que la charge est diminuée en pince et augmentée pour les talons [2]. Cela a pour conséquence une accélération de l’avalure (pousse de la corne) à l’avant du pied et un ralentissement à l’arrière, ce qui tend à lui redonner son angle de départ. La pince retrouve généralement son angle originel le temps de la ferrure. Les talons surchargés risquent de se rouler, de s’affaisser et de fuir vers le milieu de la sole si le cheval est ferré. Se rapprochant du centre de pression et se trouvant alors davantage exposés aux surcharges, ils s’usent plus rapidement si l’animal n’est pas ferré, ce qui concourt au rétablissement de l’angle initial. Des sabots ainsi parés présentent souvent, de profil, des lignes de pousse qui convergent vers le talon puisque la diminution de la charge en pince y favorise la pousse de la corne. Ce type de parage s’applique en général à des pieds très obliques dont la paroi est convexe en pince (photo 1).

Parage en talons

À l’inverse, les sabots à la conformation droite, qui présentent des talons hauts, sont souvent parés davantage dans cette région. Ce parage a pour objectif de fermer l’angle de la pince. Il augmente les tensions sur l’appareil fléchisseur profond du doigt, notamment sur le tendon du muscle fléchisseur profond du doigt (FPDD) et la bride carpienne. Cette tension est appliquée à la phalange distale, l’incitant à basculer en tirant sur le podophylle dorsal. Dans certains cas, l’avant de la phalange comprime le chorion solaire, affaiblissant et déformant la sole. La fermeture de l’angle de la pince s’annule, en général, d’autant plus vite que le cheval, pour des raisons de confort, s’appuie moins volontiers sur les talons, qui repoussent plus rapidement. De tels parages peuvent générer, sur le sabot, des lignes de pousse qui convergent vers l’avant (photo 2). Chez des chevaux non ferrés, la pince s’use plus vite, avec le risque aussi d’un amincissement de la sole, jusqu’à la rendre sensible. La paroi en pince montre alors une concavité due à la pousse plus rapide des talons par rapport à la pince.

Évaluation

Avant toute intervention, il est primordial d’évaluer les besoins du cheval.

Examen statique

Posture

Le cheval est tout d’abord observé à l’arrêt. Sa posture fait l’objet d’une grande attention. En effet, si elle est antalgique, cela peut laisser soupçonner que l’animal n’est pas sain.

Conformation des membres

L’intervenant analyse ensuite la conformation des membres du cheval en tenant compte des trois niveaux de référence que sont les plans sagittal, horizontal et frontal (figure 1) [3]. Cette référence à des plans de conformation est très importante car une grande confusion est régulièrement rencontrée, notamment entre les plans horizontal et frontal. Des chevaux sont parfois qualifiés de panards alors qu’ils ont les pieds de travers en dehors (dans le plan frontal) en raison d’un valgus ou d’une conformation dite “ouverte du bas”, la panardise étant une rotation horizontale divergente par rapport au plan sagittal de l’animal. D’autres individus sont dits cagneux pour avoir des pieds de travers en dedans (plan frontal), la cagnosité étant une rotation horizontale convergente (figure 2 complémentaire sur www.WK-Vet.fr). Afin que l’observation soit la plus précise possible, il convient d’examiner le cheval non seulement de face, de profil et de derrière, mais aussi en vue plongeante sur la face dorsale du membre et sur son versant palmaire (ou plantaire) (photos 3 et 4). Cet angle de vue permet de faire la différence entre les types de déviations frontale et horizontale. Une déviation horizontale se concrétise par une articulation dont l’axe virtuel est tourné vers l’extérieur (panardise) ou l’intérieur (cagnosité) (et non perpendiculaire à l’axe longitudinal du cheval). Une déviation frontale est un angle dans l’alignement des rayons osseux, lequel est ouvert médialement si le cheval est en valgus ou latéralement si l’animal est en varus. La vue plongeant sur les glomes permet de voir leur direction, donc de déterminer si le pied est panard ou cagneux.

Sabots

Les sabots font l’objet d’une attention toute particulière, les marques sur la corne apportent des renseignements précieux sur la répartition de la charge. Des lignes de stress peuvent apparaître sur les parties surchargées. Ce sont des irrégularités de la corne sous forme d’ondulations parallèles à la couronne et limitées localement (photo 5). Une surcharge asymétrique du pied est susceptible d’engendrer sur le sabot d’autres déformations, comme des irrégularités de la couronne. Celle-ci peut “remonter” au regard des régions où la contrainte est trop importante. Si la surcharge asymétrique se trouve dans les parties postérieures, le talon peut remonter par rapport à l’autre, il devient alors un “talon chevauchant” (photo 6). L’examen des sabots se réalise pied posé, mais aussi pied levé. L’observation du sabot sur un sol dur, plan, horizontal et dégagé offre un point de vue qui permet l’évaluation de la forme de la couronne et de l’état de la paroi. L’examinateur peut aussi se faire une idée de l’aplomb et des éventuelles corrections à y apporter. L’observation de la face solaire du sabot, pied levé, donne des informations sur l’état de la fourchette (sa forme, son volume, sa direction, etc.), de la sole et de la ligne blanche, sur la coupe de la paroi et sa structure. Tous ces éléments fournissent souvent des indications de parage à effectuer.

Examen dynamique

Dans le cadre d’un parage non orthopédique, l’observation du cheval en locomotion se fait au pas, de face, de derrière et de profil. Elle nous renseigne sur son confort, sur la façon dont les pieds se posent et se lèvent, le paturon descend sur l’arrière du pied entre les cartilages unguéaux et la couronne se déforme à l’appui, révélant d’éventuelles surcharges. Contrairement aux idées reçues, le poser du pied en un temps et à plat ne correspond pas à la normalité. Les sabots antérieurs de la grande majorité des chevaux de selle abordent le sol tout d’abord latéralement, alors que les sabots postérieurs se posent ainsi dans 98 % des cas [6]. Les pieds panards l’attaquent naturellement par le talon ou leur quartier latéral, et la bascule du pied en fin d’appui est plus médiale par comparaison avec des pieds sans déviation horizontale. À l’inverse, les pieds cagneux se posent naturellement à plat, ou par leur talon ou leur quartier médial. En fin d’appui, la bascule du pied s’effectue très latérale. Il s’agit de façons de poser le pied naturelles, consécutives à une conformation particulière, et ce serait une erreur de chercher à les corriger par un parage dans le plan frontal.

Parer au degré voulu

“Parer au degré voulu” signifie enlever un éventuel excédent de corne. La plupart des chevaux présentent une sole qui se desquame naturellement, dont le parage est donc exceptionnel.

L’amincissement de la sole est source d’inconfort et d’exposition aux blessures. Parer la pince au degré voulu se résume, en général, à tailler la paroi jusqu’à la sole sans l’affaiblir.

Le degré voulu en talon est estimé selon les objectifs. S’il s’agit de redresser l’angle de la pince sur des pieds présentant une conformation estimée trop oblique, dans le cas où les talons ne sont pas fuyants, ils sont parés au minimum, c’est-à-dire jusqu’à ce que la corne soit de bonne qualité. En revanche, si les talons sont fuyants, ils sont parés de façon à en reculer l’appui vers les glomes, afin de diminuer le porte-à-faux qui les fait fuir.

S’il s’agit de refermer l’angle de la pince sur des pieds dont la conformation est trop droite, les talons sont parés au maximum.

Les barres sont taillées et nettoyées de façon qu’elles conservent un maximum de force. Elles ne doivent pas pour autant engendrer des pressions, ni former avec la paroi un angle creux propre à l’accumulation d’impuretés, ce qui arrive si elles dépassent de la sole. Les barres font partie de la paroi. À ce titre, il convient qu’elles conservent leur intégrité pour remplir le rôle de soutien qui leur incombe. Laissées trop longues, elles risquent de se coucher sur les “ailes” de la sole et de comprimer les tissus mous sous-jacents. En revanche, si elles sont trop parées, les arcs-boutants sont affaiblis, les rendant moins efficaces dans le soutien des parties postérieures.

Il est recommandé de conserver son angle à la pince, toute modification entraînant un report des charges sur les parties du sabot que le professionnel aimerait généralement voir pousser. Pour ce faire, il convient d’enlever autant de hauteur de corne en pince qu’en talon. Chercher à rendre les deux pieds antérieurs égaux par le parage n’est jamais une priorité. Il s’agit avant tout de rendre le cheval confortable sur chacun de ses pieds en respectant son angle de pince naturel.

Toilettage de la sole et de la fourchette

Le toilettage de la sole est l’action qui la débarrasse de sa corne morte. Il permet aussi de contrôler son état, et notamment l’absence de traces suspectes telles que les bleimes, les seimes (en barre ou en sole) ou des débuts de fourmilières. Il doit se faire sans excès de manière à laisser à la sole toute son épaisseur. La ligne blanche est nettoyée dans les parties postérieures afin de prévenir le développement des agents pathogènes responsables de certaines affections de l’ongle. Le toilettage de la fourchette doit laisser à celle-ci un maximum de volume. L’objectif de cette opération est de dégager les lacunes pour éviter que des impuretés n’y stagnent, qui risquent, en fermentant, de générer des échauffements (pourrissements). Il est plus important pour les chevaux ferrés car les fers facilitent l’accumulation et la rétention de matières. De plus, il permet un contrôle de l’état de santé de la fourchette.

Aplomb médio-latéral (frontal)

Un aplomb inadéquat dans le plan frontal peut avoir des effets dévastateurs sur les articulations (en charnières imparfaites) du membre distal. C’est la raison pour laquelle l’alignement osseux de référence est aussi observé avec le pied levé, alors qu’il n’existe aucune contrainte articulaire. Il est donc considéré comme l’alignement optimal et physiologique de ce membre. Le parage ne doit pas affecter l’alignement osseux physiologique lorsque le membre est à l’appui (en appui bipodal), l’alignement de référence restant la norme [3, 5].

Certains auteurs recommandent un parage à 90° par rapport au canon ou au paturon. Il s’agit là d’une idée subjective très répandue dans les publications spécialisées. Cependant, elle n’a aucune base logique ni scientifique, et encore moins physiologique : un tel parage ne conviendrait qu’à des chevaux dont les membres seraient parfaitement verticaux, et ne présentant pas de déviation frontale, ni en valgus ni en varus. De même, certains conseillent de chercher, par le parage, à faire poser le pied à plat et en un temps. Il s’agit là aussi d’une idée reçue, sans fondement, sachant que cette manière de faire est naturellement rare, que la plupart des chevaux ont un poser de pied asymétrique en fonction de leur conformation [3, 6].

L’observation de l’alignement osseux de référence peut s’effectuer à l’œil nu, en regardant le membre de face, tenu en l’air par la pince (les postérieurs sont maintenus le plus bas possible pour limiter la flexion du boulet due à l’appareil réciproque, en prenant garde de ne pas se faire écraser les doigts) (photo 7a). L’observateur note la conformation individuelle du membre, l’alignement osseux pouvant présenter des valgus ou des varus du doigt. Il est ensuite comparé à l’aplomb à l’appui de façon à évaluer le besoin éventuel de parage du sabot. Il est souvent plus facile d’observer les membres antérieurs en les regardant par l’arrière, le membre levé et fléchi. L’appréciation de l’alignement de référence ne peut se faire par l’arrière sur les postérieurs, la flexion du boulet imposée par l’appareil réciproque faussant celui-ci (photos 7b et 7c).

Il est parfois difficile de faire cette évaluation à l’œil nu, ce qui demande un sens aigu de l’observation et beaucoup d’expérience. Un T ajustable spécialement conçu, appelé TDL, peut alors se révéler fort utile. Inspiré dans sa mise en œuvre du “T square” des Anglo-Saxons, il en diffère fondamentalement dans le principe car ce dernier est fixe et suggère un parage à 90° quelle que soit la conformation du cheval. L’alignement de référence est modifié à l’appui si la surface solaire du sabot forme avec le canon un angle différent de celui que le canon constitue avec le sol. Il est donc procédé à une mesure de cet angle canonsol en plaçant la petite barre du TDL sur le sol (dur, plan, horizontal et dégagé) et la longue barre alignée sur l’os du canon (photo 8). L’angle obtenu sert alors de référence pour vérifier ou ajuster le parage à la conformation propre du membre. Puis la longue barre du TDL est à nouveau alignée sur l’os du canon du membre antérieur tenu fléchi et l’observateur peut voir si la surface d’appui du pied est ou non parallèle à la petite barre du TDL (photo 9). Si la surface d’appui est parallèle à la petite barre du TDL, cela signifie que l’aplomb correspond à la conformation des membres, et le centre de pression se trouve alors sur l’axe longitudinal de la fourchette (environ à 1 cm en arrière de sa pointe) [2]. Si la surface d’appui n’est pas parallèle, le parage est réalisé alors de façon qu’elle le devienne ou, tout au moins, s’en rapproche. Cette expérience ne peut être effectuée que sur les membres antérieurs, car les phalanges forment avec le canon un alignement lors du lever proche de celui qui est observé à l’appui. Alors que les phalanges des membres postérieurs sont en flexion au lever. Si le pied n’est pas d’aplomb, l’alignement P3-paturon est modifié, et l’espace entre les cartilages unguéaux et le paturon aussi. Un autre moyen de contrôle du bon aplomb consiste à comparer par palpation l’intervalle entre les cartilages et le paturon lors du lever et du poser. L’observateur évalue la conformation de ces points en plaçant ses doigts de part et d’autre du paturon au sommet des cartilages unguéaux alors que le membre est tenu en l’air le pied laissé libre. Cette évaluation peut se pratiquer par la face dorsale ou l’arrière (photo 10). Elle est renouvelée pied à l’appui (photo 11). Lorsque le pied est d’aplomb, la topographie de ces points est inchangée. Si le pied n’est pas d’aplomb, le cartilage du côté insuffisamment paré semble remonté et repoussé vers l’extérieur par des os du paturon, alors que l’autre versant paraît plus libre et présente comme une dépression de la peau en regard de son bord proximal.

La radiographie peut apporter des informations intéressantes sur la position de la phalange distale dans le sabot, l’angle que celle-ci forme avec le sol, l’épaisseur de la sole ou sur la distance entre la face dorsale de la phalange et celle du sabot. Cependant, elle est loin d’être un outil fiable pour l’évaluation du parage [1, 4]. La raison en est qu’une image en 2D est utilisée pour décrire des tissus en 3D et que la rotation est source de difficultés. Les apparentes différences d’épaisseur médio-latérale des espaces intra-articulaires ne permettent pas de conclure entre une compression et une disparité d’épaisseur cartilagineuse, d’autant plus que ces images dépendent beaucoup de l’angle d’incidence du rayon X, mais aussi de la position du cheval au moment du cliché.

Aplomb antéro-postérieur

Les conséquences d’un parage antéro-postérieur inapproprié sont moindres comparativement à celles d’un parage médio-latéral incorrect en raison de la nature des articulations du doigt (en charnière imparfaite) conçues pour les mouvements de flexion et d’extension. Elles se répercutent surtout sur le sabot et son avalure. Un redressement de la pince entraîne un abaissement du paturon et un abaissement des talons son redressement. Ces phénomènes amplifient le réalignement.

Le principe visant à réaligner le sabot sur le paturon par le parage semble découler d’une idée subjective. La rectitude parfaite du doigt est décrite comme une conformation idéale permettant de décrire celle des animaux dont le doigt est en flexion ou en extension [3]. Lorsqu’il ne s’agit pas de sa conformation, le doigt peut être en extension à cause du redressement d’un boulet déchargé pour des raisons antalgiques. À l’inverse, une flexion est parfois provoquée par une surcharge pondérale sur le membre.

La fermeture de l’angle de la pince souvent observée au cours de l’intervalle entre deux ferrages ne serait pas due à une usure des talons (surtout chez les chevaux ferrés), mais serait la conséquence de l’ouverture dudit angle provoquée par un parage cherchant à réaligner les phalanges de chevaux qui présentent une conformation interphalangienne en extension [6].

L’équilibre antéro-postérieur devrait être conservé par le parage chez les chevaux sains [3].

Râpage pariétal

Le parage pariétal, généralement appelé "râpage pariétal", est très important car il permet de gérer les bras de levier du sabot et la forme de la surface d’appui en général. Le maréchal-ferrant doit râper la paroi afin de faire disparaître les évasements, et ce sans l’affaiblir (encadré). Sont considérés comme des évasements les inflexions vers l’extérieur de la partie distale des tubules. Il convient d’éviter de râper la paroi sur plus de son tiers distal, les évasements étant normalement inexistants dans les deux tiers proximaux. Aucune régénération de la paroi ne se produisant, les râpages cumulés de parage en parage risquent de conduire à un affaiblissement notable de la paroi si celle-ci se trouve râpée trop souvent au même endroit. Le râpage doit être effectué de façon à redessiner la surface d’appui, donnant au bord distal de la paroi une épaisseur constante sur l’avant. Le rattrapage en arrondi du bord distal de la paroi permet de raccourcir un petit peu plus les bras de levier dans les parties antérieures.

Parage en vue du ferrage et parage des pieds nus

Le parage d’un pied destiné à rester nu est légèrement différent de celui d’un pied qui doit être ferré. Dans le premier cas, la corne de la sole est ménagée et le bord distal de la paroi est arrondi en fonction de la dureté du terrain sur lequel évolue l’animal.

Si le terrain est souple, le bord distal est arrondi au minimum de façon à laisser au pied une surface d’appui importante, limitant ainsi son enfoncement dans un sol pénétrable. Seule la fourchette est toilettée pour en réduire les échauffements, la sole n’ayant généralement pas besoin de l’être. Si le terrain est dur, rocailleux et abrasif, le bord distal est largement arrondi afin d’éviter les éclats que pourraient provoquer les aspérités du sol. Un tel parage diminue les bras de levier antérieurs, donc les contraintes articulaires parfois excessives sur un tel terrain. La sole n’est que très légèrement toilettée afin qu’elle garde un maximum de force et d’épaisseur.

Lorsque le pied doit être ferré, seul un léger biseau sur le bord distal de la paroi est réalisé pour prévenir le risque de se couper.

Une erreur de parage sur un pied non ferré peut se corriger de façon naturelle, surtout si le terrain est dur, alors qu’est fixée par la ferrure. Ses conséquences sont donc plus graves si le cheval est ferré.

Conclusion

Cet article n’aborde pas les thèmes du parage, ni des ferrures kinésithérapiques ou orthopédiques. Il est fondé sur une longue expérience de terrain consolidée par des échanges permanents avec des collègues maréchaux-ferrants et des vétérinaires, ainsi que par un grand nombre d’observations pratiques (non scientifiques) visant à démontrer les affirmations qui sont faites. Si ces dernières sont notre intime conviction, peu d’entre elles, en revanche, ont fait l’objet d’études scientifiques. N’ayant par conséquent pas force de loi, elles restent ouvertes à la discussion. Et il en est de même du parage et de la ferrure lorsqu’ils sont orthopédiques.

Les techniques proposées, notamment pour l’évaluation, sont simples, rapides, économiques et faciles à réaliser. Leur fiabilité dépend énormément de leur mise en œuvre par l’opérateur. La plupart des autres méthodes publiées en maréchalerie, traitant de l’évaluation de l’aplomb du parage, sont applicables uniquement aux chevaux dont la conformation est proche de l’idéal. En revanche, la vocation de celles que décrit cet article est de convenir à presque tous les types de constitution.

  • 1. Denoix JM. Communications personnelles.
  • 2. Leveillard D. The static center of pressure. Anvil Magazine. 2001;26 (6):18-21.
  • 3. Leveillard D, Vessiller B, Amelineau L et coll. Manuel du maréchal-ferrant du xxie siècle. 2008:191p.
  • 4. Perrin R. Communications personnelles.
  • 5. Tasset J, Carel F. Traité pratique de maréchalerie. Éd. Baillière. 1926:104.
  • 6. Van Heel M. Dynamic pressure measurements for the detailed study of hoof balance: the effect of trimming. Equine Vet. J. 2004;36 (8):778-782.
  • 7. Wilson AM, Seelig TJ, Shield RA, Silverman WB. The effect imbalance on foot application in the horse. Equine Vet. J. 1998;30 (6):540-545.

CONFLIT D’INTÉRÊTS : AUCUN

Éléments à retenir

→ Le parage physiologique doit être conservateur. il ne s’agit pas de tenter de rapprocher de l’idéal la conformation d’un cheval qui ne l’est pas.

→ Le parage physiologique doit être modéré et respectueux des alignements afin de conserver à l’animal tout son confort.

→ Le râpage pariétal n’est pas à négliger car il influe sur la longueur des bras de levier antérieurs et sur le maintien de la forme du sabot.

→ Toute modification de l’angle d’incidence de la troisième phalange par rapport au sol a des répercussions sur les charges et les tensions intra-articulaires.

ENCADRÉ : OUTILS DE PARAGE LES PLUS COURANTS

→ Rogne-pied : couteau sur lequel le maréchal-ferrant frappe avec une mailloche (marteau en nylon ou en cuir) et servant à couper la corne.

→ Pinces à parer : pinces coupantes à long manche destinées au parage des sabot.

→ Rainette ou couteau anglais : couteau à lame courbe, replié à son extrémité. Le maréchal se sert de la rainette pour toiletter la sole et la fourchette.

→ Râpe de maréchal : de grande taille, cet outil présente, sur une face, de grosses dents pointues qui font office de râpe. il dégrossit le parage solaire comme pariétal.

Sur l’autre face, les dents sont beaucoup plus fines : c’est la lime, qui sert à terminer le parage, bien plan sur la face solaire et sans marques sur la face pariétale.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter

Découvrez en avant-première chaque mois le sommaire du Pratique Vétérinaire Equine.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à Pratique Vétérinaire Equine, retrouvez votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr