Un œil critique sur les nouvelles thérapies biologiques

L’objectif des nouvelles thérapies biologiques consiste à utiliser le potentiel de guérison des produits d’origine biologique pour permettre de régénérer des tissus endommagés. Même si la preuve scientifique que ces nouveaux traitements présentent un caractère régénératif, ou tout simplement un effet positif, fait encore largement défaut, il n’en reste pas moins qu’ils sont devenus très populaires au cours des 5 à 10 dernières années dans le milieu vétérinaire équin. Malgré la crise économique mondiale et leurs prix parfois élevés, ces thérapies semblent persister dans la tourmente.

Le pronostic athlétique réservé avec les traitements conventionnels de certaines affections telles que les tendinites, les desmites et l’ostéoarthrose, et la pression commerciale aidant, un grand nombre d’entre nous se sont laissés séduire par ces nouvelles thérapies biologiques. Elles bénéficient d’un caractère inédit qui se révèle très porteur quand la pression des propriétaires/entraîneurs de chevaux, toujours prêts à dépasser les barrières imposées par la communauté scientifique, est importante lorsqu’il s’agit de restaurer les performances athlétiques d’un individu. De plus, le caractère autologue et la facilité d’obtenir le matériel biologique nécessaire à la thérapie sont attractifs. Enfin et non sans importance, un grand nombre d’entre elles bénéficient d’une certaine tolérance de la part des institutions législatives de nombreux pays car ces produits biologiques et autologues ne peuvent pas être considérés comme des médicaments au sens strict et par conséquence ils n’ont pas l’obligation d’être testés comme tout autre produit pharmaceutique mis sur le marché.

Les nouvelles thérapies biologiques abordées ici sont les thérapies cellulaires reposant sur les cellules souches, les thérapies sanguines comme le plasma riche en plaquettes et sérum autologue conditionné et finalement le génie tissulaire. Le traitement des tendinopathies équines avec des cellules souches mésenchymateuses est commercialement disponible et représente un bon exemple de thérapie biologique dite régénérative. Cependant, ces produits sont tellement individuels et personnalisés de par leur caractère biologique et autologue qu’il est difficile de comparer de façon scientifique et rigoureuse les résultats.

De nombreuses études sont en cours dans ce domaine en constante ébullition et beaucoup de temps et d’efforts doivent être mis en place afin de développer des traitements efficaces. Il convient de bien différencier la compréhension de nos limitations du désir de progresser car garder un œil critique en comparant les résultats obtenus est essentiel, puisqu’il existe une importante variabilité. Pour n’en citer que quelques-uns, le type d’animal, son âge et son état de santé ou de stress au moment du prélèvement, la source de cellules souches, le véhicule qui sert de diluant à l’aliquot cellulaire, la technique de prélèvement ou de préparation/de concentration du ou des facteurs de croissance, ou la variété de la trame utilisée en génie tissulaire sont autant de facteurs qui contribuent à cette gigantesque source de variations.

Afin de vous éclairer sur ce monde passionnant qu’est la médecine régénérative, vous allez trouver dans ce numéro une introduction sur les divers types de thérapies biologiques, les données existantes en ce qui concerne leur application en médecine équine avec pour objectif les applications cliniques. Si ces données sont inexistantes, ou insuffisantes chez le cheval, des informations concernant d’autres espèces sont alors utilisées pour complément d’informations mais leur extrapolation est à effectuer avec la plus grande précaution. Enfin, des fiches techniques vont vous permettre de découvrir en détail comment prélever certains types de tissus en vue de l’isolement et de la culture de cellules souches.

Bonne lecture à toutes et à tous.