Détection et évaluation de la douleur chez les équidés - Pratique Vétérinaire Equine n° 158 du 01/04/2008
Pratique Vétérinaire Equine n° 158 du 01/04/2008

Auteur(s) : Fran H. Regan

Fonctions : University of Bristol, Department Clinical
Veterinary Science, Langford House, Langford,
North Somerset, BS40 5DU, UK

La prise en charge de la douleur chez les équidés repose surtout sur l'évaluation de critères comportementaux.

L'intérêt scientifique pour la détection de la douleur chez l'animal s'est peu à peu développé. Cela se traduit par une demande d'informations sur le comportement lié à la douleur de plus en plus détaillées et spécifiques d'espèces, ainsi que par une préoccupation grandissante pour les questions d'éthique sur la place de l'analgésie dans les interventions réalisées en clinique, en élevage et dans les laboratoires.

Détection de la douleur en médecine vétérinaire

La définition de la douleur varie selon les auteurs, mais un consensus universel existe sur son caractère aversif et son impact délétère sur le bien-être animal (voir l'encadré “Définition de la douleur”). Le monde vétérinaire est en retard par rapport aux avancées de la médecine humaine dans le domaine de la détection et de l'évaluation de la douleur. Toutefois, certaines pièces du puzzle commencent à se mettre en place. Par exemple, la validation des modifications comportementales prédéfinies, spécifiques d'espèces, a permis d'élaborer une grille d'évaluation et d'échelle de la douleur pour les animaux de laboratoire, le bétail et les animaux de compagnie [4 15, 27].

Évolution de l'utilisation du cheval

Le rôle du cheval, d'abord essentiellement professionnel (agriculture, transport, armée), est devenu sportif et/ou de loisirs dans la société moderne occidentale. À la suite de cette évolution, la prévalence et l'incidence des affections douloureuses ont changé, reflétant la nature des sports de compétition, les types d'effort, l'influence des races et les mutations des pratiques d'élevage et de sélection. La majorité des syndromes de douleur aiguë rencontrés chez le cheval actuellement intéressent les membres (trauma) ou le tractus digestif. La douleur chronique provient en général de désordres dégénératifs s'exprimant, par exemple, par une boiterie modérée intermittente. Elle touche une large population pour laquelle l'étude des modifications comportementales à la suite de l'instauration d'un traitement analgésique et de soins palliatifs serait profitable. Une maladie à composante douloureuse a un effet préjudiciable sur le bien-être du cheval, sa qualité de vie physique et mentale, et aussi un impact important sur l'industrie équine sportive en raison de la réduction de la performance.

Particularités de l'âne

Presque 95 % de la population asine mondiale est localisée dans les pays en voie de développement. Les ânes y sont utilisés comme des bêtes de travail aidant les communautés les plus pauvres. Ils sont la force motrice pour l'agriculture, ainsi que pour le transport des marchandises et des personnes () [9]. Dans ces pays, l'âne s'est adapté à une végétation éparse et à des climats semi-arides et rudes. Dans les États occidentaux, il est plus souvent le compagnon d'autres équidés et animaux, ou bien il appartient à des particuliers comme un animal de compagnie et de loisirs. Le changement de climat, d'alimentation et d'intensité du travail infligé à ces bêtes élevées dans les pays développés a entraîné un allongement de l'espérance de vie, tout en les prédisposant à des troubles nutritionnels et physiques.

Des travaux de recherche récents de l'université de Bristol ont permis d'identifier une grande variété de troubles du bien-être chez les ânes travaillant en Inde, au Pakistan, en Égypte, en Jordanie et en Afghanistan () [22]. Des affections des membres, des lésions cutanées, une malnutrition, un épuisement et des mutilations comme le fendage des naseaux et l'application de feux sont fréquents. Les maladies les plus fréquentes chez les ânes nécessitant une composante analgésique dans leur prise en charge sont les suivantes :

- les traumatismes aigus comportant des dommages tissulaires ;

- les affections de l'appareil locomoteur et du squelette (fractures osseuses, maladies dégénératives comme l'arthrose, sepsis articulaires, tendinites, fourbures, abcès de pied) ;

- les maladies dentaires, oculaires et digestives ;

- les affections parasitaires internes et externes.

La recherche sur la douleur équine

La majorité des sujets de recherche équine dans le domaine de la douleur concernent deux thèmes principaux : la douleur orthopédique et la douleur abdominale, reflétant l'importante prévalence de ces deux catégories d'affections douloureuses chez le cheval.

La plupart des projets sont réalisés à partir de modèles expérimentaux tentant de recréer la situation clinique. Il existe peu d'études valables sur les maladies naturelles, qui se fondent sur une analyse détaillée d'observations comportementales directes. La reconnaissance du comportement normal et de ses variations est d'une grande utilité pour le praticien et pour le soigneur de l'animal. Taylor et coll. ont publié une synthèse actualisée du diagnostic et du traitement de la douleur chez le cheval [29]. Aucune synthèse équivalente n'existe pour l'âne en raison du peu d'études publiées valides, de la méconnaissance du comportement asin, du manque de financement et d'intérêt pour l'espèce. Ashley et coll. ont compilé les données scientifiques décrivant les indicateurs comportementaux d'une douleur provenant d'une source identifiée chez le cheval, et presque aucune information sur l'âne [1].

Par conséquent, en l'état actuel des connaissances, les indicateurs comportementaux de la douleur chez l'âne restent flous. Une des premières implications, et non des moindres, est la difficulté rencontrée pour évaluer la réponse de l'âne à une intervention analgésique médicamenteuse ou non.

Paramètres d'évaluation de la douleur chez le cheval et l'âne

L'évaluation de la douleur n'est jamais complètement objective car chaque individu observé vit une expérience douloureuse unique. Cependant, l'étude des paramètres cardiovasculaires, des dosages hormonaux, des allures naturelles et sur tapis roulant, des réponses à l'analgésie, le seuil nociceptif et des indicateurs comportementaux a été entreprise chez les équidés (voir le “Principales différences observées entre un cheval normal et un cheval présentant une douleur”). Ces approches ont pour objectif d'établir des valeurs quantifiables modifiées par la douleur et dont le changement est proportionnel à l'intensité de celle-ci. Le seuil de douleur chez l'âne n'a pas encore été étudié. L'analyse des allures ne peut pas être transposée chez l'âne qui n'est pas un sportif de haut niveau et qui a tendance à ne pas vouloir aller de l'avant.

Paramètres cardiovasculaires

• La fréquence cardiaque est le paramètre cardiovasculaire dont les études sur la douleur font le plus état, probablement parce qu'il est facile à mesurer et qu'il a été cité comme le premier critère utilisé par les vétérinaires pour évaluer la souffrance [20].

Les données scientifiques ont plus ou moins validé l'intérêt de ce paramètre. C'est une mesure qui ne peut être unique pour évaluer la douleur, car bien d'autres facteurs influent sur la fréquence cardiaque (stress, anxiété, anticipation, etc.). Pritchett et coll ont mesuré une fréquence cardiaque significativement plus élevée associée à un grade plus fort sur l'échelle de la douleur chez les chevaux en période postopératoire de cœliotomie par rapport au groupe de contrôle [23]. En revanche, Redua et coll. n'ont pas trouvé de différence entre le groupe douloureux et le groupe contrôle dans une étude sur la sensibilité des plaies [25].

D'autres essais aux résultats prometteurs indiquent qu'il est préférable d'évaluer conjointement la variabilité de la fréquence cardiaque et des indices comportementaux pour estimer la douleur lors de fourbure [26]. De même, il convient d'associer la fréquence cardiaque à la mesure de la pression artérielle et à un score douloureux (échelle composite) dans un modèle de douleur orthopédique (synovite tarso-crurale) [5].

• En ce qui concerne les ânes, il convient de connaître les valeurs normales (voir le “Comparaison des valeurs physiologiques normales chez l'âne et le cheval”). Taylor et Matthews [30] rapportent une fréquence cardiaque augmentée chez des ânes atteints de diverses affections douloureuses. Une utilisation anecdotique de ce paramètre chez des ânes au travail et atteints de troubles musculo-squelettiques montre une corrélation positive avec des indicateurs comportementaux de la douleur (observation personnelle de l'auteur), mais a aussi mis en évidence un effet anticipatoire de l'âne sur la mesure, ce qui réduit sa validité.

• Chez le cheval et l'âne, ni la fréquence cardiaque ni d'autres paramètres physiologiques n'ont été corrélés à la douleur chronique présente dans les affections courantes.

La mesure de la fréquence cardiaque est une composante du tableau clinique douloureux, et ne constitue en aucun cas un paramètre assez spécifique et sensible pour évaluer l'intensité de la douleur à lui seul.

Dosages hormonaux

Les dosages des catécholamines, des corticostéroïdes et des β-endorphines sont peu fiables dans l'évaluation de la douleur animale. Comme pour la fréquence cardiaque, les dosages hormonaux ne peuvent être interprétés seuls, en raison de l'influence du stress, de l'exercice ou du choc.

Ces mesures sont en général effectuées de façon rétrospective par analyse d'un échantillon de plasma, de salive ou de matières fécales, elles ne sont donc pas utiles à la prise de décision [5, 13, 14, 24]. McCarthy et coll. ont relevé des taux plasmatiques d'endorphines augmentés chez les chevaux qui présentent une douleur viscérale aiguë, mais pas chez des animaux qui boitent de façon chronique [13]. D'autres situations, non liées à la douleur, peuvent aussi entraîner une augmentation de la sécrétion d'endorphines, comme les voyages en avion, ce qui démontre le manque de spécificité de ce paramètre. Les β-endorphines ont aussi des propriétés analgésiques, et un taux élevé correspond probablement à un mécanisme de compensation de l'organisme face à une lésion tissulaire actuelle ou potentielle. Aucune donnée dans ce domaine n'est disponible dans l'espèce asine.

Indices comportementaux

L'expérience subjective de la douleur ne pourra jamais être directement mesurée. Un comportement donné constitue l'expression la plus fiable de l'expérience vécue par l'animal. Les attitudes comportementales englobent les postures corporelles, les actions, l'interaction sociale, le tempérament, certaines fonctions physiologiques, ainsi que les habitudes. La connaissance du comportement normal du cheval et de l'âne est donc essentielle à la détection de variations plus ou moins subtiles. Les comportements liés à la douleur comprennent la disparition ou l'absence d'une conduite et des actes anormaux.

Comportement du cheval face à la douleur

La propension du cheval à exprimer exagérément sa souffrance, aiguë ou chronique, est peut-être à l'origine des études contrôlées de ces 20 dernières années, principalement orientées sur les douleurs appendiculaires et abdominales. Pour trouver des critères objectifs de décision, les chercheurs ont utilisé des indices comportementaux dans des essais d'efficacité d'analgésiques et de mesure du seuil douloureux. Ils ont aussi comparé des examens orthopédiques réalisés par un observateur et analysés par un logiciel spécifique [19].

Alors que beaucoup d'études d'efficacité analgésique existent, en raison probablement de la disponibilité de financement, les analyses complètes des modifications comportementales rencontrées dans la phase précoce du développement de la douleur ou dans la phase chronique chez des chevaux naturellement atteints sont rares. La douleur et l'affection en cause sont plus difficiles à gérer, et avec moins de succès, quand un stade sévère est atteint et qu'une hyperalgie s'est développée (wind-up). Par conséquent, la faculté de pouvoir détecter précocement les indicateurs subtils d'une douleur régionale devrait permettre d'améliorer le bien-être de l'animal et le pronostic, d'où la nécessité d'études en ce sens. La plupart des échelles de douleur développées chez le cheval notent les comportements en pondérant les altérations légères avec un score faible et les manifestations expressives de la douleur avec un score plus haut [5]. La pondération reste très subjective (voir le “Critères comportementaux de la douleur chez le cheval”). Ils apparaissent lors d'épisodes de douleur aussi bien aiguë que chronique et prolongée. Jusqu'alors, il n'est pas possible de déterminer quels indicateurs sont corrélés positivement à la sévérité de la lésion tissulaire ou à l'intensité de la douleur ressentie. D'où l'importance de l'information apportée par le soigneur ou le propriétaire qui connaît bien la conduite de son cheval.

Comportement de l'âne face à la douleur

Une revue de la littérature suggère que l'âne, comparé au cheval, est beaucoup moins enclin à exprimer sa douleur et que, dans cette espèce, les modifications comportementales spécifiques de l'origine de la douleur sont moindres [1]. Les indicateurs majeurs pour une large variété d'affections sont l'indifférence, l'apathie, la dépression et le désintérêt pour la nourriture. Le manque de spécificité de ces conduites n'est d'aucune aide pour le diagnostic topographique de la douleur et d'une aide limitée dans l'évaluation de l'efficacité thérapeutique, en raison de sa subjectivité et de la variation du comportement de l'âne en fonction de l'observateur.

Une série d'études de terrain réalisée ces trois dernières années sur des ânes travaillant dans des pays en voie de développement nous a permis de mettre en évidence des signes non spécifiques et régionaux de la douleur [2, 3]. En analysant les postures et les actions, des variations comportementales ont été notées à la suite de l'administration d'un AINS, et des comportements douloureux prédéfinis ont pu être associés à des affections cliniques (données non publiées).

Beaucoup de ces ânes au travail présentent des atteintes multiples qui se surajoutent à la fatigue et à la déshydratation. Même si la population étudiée ne représente pas bien les ânes occidentaux, la prévalence des affections orthopédiques, abdominales, oculaires et dentaires chez les ânes dans les pays développés rend ces recherches pertinentes.

Signes non spécifiques de la douleur

L'impatience, l'agitation et l'anxiété sont des signes non spécifiques de la douleur sévère et/ou aiguë chez le cheval [28]. Elles ont une fiabilité limitée chez l'âne. Des rapports anecdotiques sur des ânes exprimant leur douleur par de l'agitation ont corrélé ce signe à des affections orthopédiques et abdominales, suggérant peut-être que les ânes ne parvenaient pas à trouver un position confortable (). Par ailleurs, des ânes atteints d'une affection musculo-squelettique ont vu leur comportement d'exploration et leur intérêt pour l'environnement augmenter après l'administration d'un AINS, comparativement à un placebo (données non publiées). Cela confirmerait le parallèle entre le cheval et l'âne en ce qui concerne l'observation d'une attitude figée et d'un refus de bouger comme indicateurs d'une douleur. Enfin, le port bas de la tête observé dans certaines affections douloureuses chez le cheval est difficile à évaluer chez l'âne dont l'encolure est naturellement à l'horizontale, voire plus basse [29]. Cependant l'âne douloureux semble avoir tendance à porter, fréquemment la tête très basse ().

Douleur abdominale

Les indicateurs comportementaux de la douleur abdominale chez le cheval ont été validés en induisant une lésion douloureuse, en étudiant rétrospectivement des séries de cas qui évaluent le pronostic ou en observant des cas cliniques pour caractériser les indicateurs comportementaux de la douleur postopératoire [12, 16, 23]. L'âne se roule et transpire rarement lors de douleur abdominale aiguë [31]. Si un âne exprime violemment une douleur abdominale, cela indique un stade très avancé ou terminal de la maladie [7]. Le coup d'œil vers le flanc est un signe utilisé couramment dans les modèles expérimentaux de douleur abdominale chez le cheval [16]. Ce comportement a été observé chez l'âne au travail et a disparu après une intervention thérapeutique. Des signes d'indifférence, d'inappétence et de dépression peuvent être l'expression d'une affection abdominale sévère [6].

Il serait intéressant de pouvoir quantifier les indices suivants : port baissé de la tête, orientations latérale ou caudale des oreilles, paupières à moitié ou complètement fermées, réduction des mouvements corporels comme les déplacements au pas et le manque d'interaction avec l'environnement incluant les autres ânes. Ne connaissant pas les signes précoces de la douleur et de la pathologie abdominales, toute modification perceptible du comportement de l'âne doit alerter le clinicien qui doit, dans ce cas, examiner l'animal et suivre l'évolution des signes pour prévenir la survenue d'une intervention d'urgence.

Douleur des membres

Les indices comportementaux de la douleur orthopédique ont été largement étudiés chez le cheval pour différentes affections : fourbure, arthroscopie, synovite tarso-crurale iatrogène, maladie naviculaire [5, 8, 21, 33]. Les signes spécifiques de la douleur des membres chez l'âne sont assez représentatifs de la région atteinte, quelle que soit sa nature (aiguë ou chronique). Initialement, les nombreuses postures anormales et les signes comportementaux dynamiques retrouvés chez le cheval étaient supposés ne pas exister chez l'âne, mais ils ont été récemment observés par l'auteur dans diverses populations d'ânes tout autour du monde [1]. L'impossibilité d'avoir un appui confortable et équilibré en raison d'une douleur située sur un ou plusieurs membres entraîne des nombreuses modifications de posture souvent dépendantes de la région affectée (pince, talons, etc.) ( et ). Lors d'une douleur assez intense pour empêcher partiellement ou complètement l'appui du pied au sol, les indices comportementaux dynamiques deviennent évidents. Certains comportements ont été observés chez l'âne atteint de maladies variées. Ils sont donc peu spécifiques de l'origine de la boiterie (voir le “Comportements indicateurs de l'existence d'une douleur podale ou appendiculaire chez le cheval et l'âne”). Une évaluation plus poussée de l'analyse comportementale des boiteries chez l'âne devrait permettre la détermination d'indices plus spécifiques et plus fiables surtout pour les affections chroniques les plus fréquentes comme la fourbure et l'arthrose.

Les méthodes d'analyse des allures du cheval avec le calcul d'un score de gravité sont nombreuses chez le cheval et ont largement été publiées (voir le “Échelles de gravité des boiteries utilisées dans le domaine de la recherche équine”). Pour l'âne, il n'existe pas de critères d'évaluation spécifique, même si une version modifiée des systèmes publiés est souvent utilisée par les praticiens. L'obstacle principal à l'examen de boiterie chez l'âne est sa réticence à aller de l'avant surtout dans un environnement non familier. Il n'a pas forcément l'habitude de marcher et trotter en main. Le système de Obel utilisé sur les chevaux fourbus a été utilisé chez les ânes au travail en raison de son bon potentiel à évaluer les boiteries multiples au pas [17].

Cet article regroupe l'information disponible sur la détection de la douleur chez les équidés avec un accent prononcé sur les indices comportementaux. La détection de différents stades d'une douleur modérée, intermittente et chronique reste difficile. La douleur chez le cheval commence à bien être caractérisée, ce qui n'est pas le cas chez l'âne. Il existe suffisamment de différences anatomiques, physiologiques et comportementales entre l'âne et le cheval pour dire qu'un âne n'est pas un petit cheval avec de grandes oreilles. Il est donc nécessaire de développer la recherche pour trouver des critères d'évaluation appropriés et traiter convenablement la douleur asine. Les avancées de la recherche humaine sur la douleur sont lentement transférées au monde vétérinaire. Cependant, sa caractérisation (intensité, fréquence, durée et qualité) est difficile à incorporer dans les protocoles d'évaluation chez les animaux. Il est important de prendre en compte et de respecter la dimension physique et mentale de la douleur jugée par des indices comportementaux lors de l'évaluation de considérations thérapeutiques et éthiques.

Note :

  • (1) Voir article “Prise en charge de la douleur chez l'âne”, de N. Matthews dans ce numéro.

  • Remerciements

    L'auteur remercie Nora Matthews pour ses commentaires sur le manuscrit.

Éléments à retenir

> Les recherches chez les équidés concernent principalement les deux formes de douleur les plus fréquentes : abdominale et orthopédique.

> Les paramètres cardiovasculaires utilisés seuls, ainsi que les dosages hormonaux ne sont pas des indicateurs fiables de l'intensité de la douleur.

> Les modifications comportementales sont des indicateurs fiables de la localisation et de l'intensité de la douleur chez le cheval, plus délicats à utiliser chez l'âne.

Définition de la douleur

Selon la définition de l'International Association for the Study of Pain (IASP), la douleur est : « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable liée à des lésions tissulaires réelles ou potentielles ou décrites en des termes évoquant de telles lésions ».

La douleur animale a été définie par Zimmerman comme « une expérience sensorielle aversive qui élicite une action motrice protectrice, occasionnant un apprentissage de comportement d'évitement et de fuite […] et qui peut modifier des traits comportementaux spécifiques d'espèces englobant les comportements sociaux » [34].

Références

  • 1 - Ashley FH, Waterman-Pearson AE, Whay HR. Behavioural assessment of pain in horses and donkeys : application to clinical practice and future studies. Equine Vet. J. 2005 ; 37 : 565-575.
  • 2 - Ashley FH, Waterman-Pearson AE, Whay HR. Development of an ethogram to record potential behavioural indicators of pain in working donkeys. Proceedings of the 5th International Colloquium on Working Equines. Addis Ababa, Ethiopia. 30th October-2th november 2006 : (In Press).
  • 3 - Ashley FH, Waterman-Pearson AE, Whay HR. Pain behaviour in working donkeys : Identifying consistent behaviours. Proceedings of the Association for the Study of Animal Behaviour Conference : Behaviour into Welfare. London. 30th November-1th December 2006 : 20-21.
  • 4 - Cambridge AJ, Tobias KM, Newberry RC, Sarkar DK. Subjective and objective measurements of post operative pain in cats. J. Am. Vet Med. Assoc. 2000 ; 217 : 685-690.
  • 5 - Bussieres G, Jacques C, Lainay O, Beauchamp G, Leblond A, Cadoré JL, Desmaizières LM, Cuvelliez SG, Troncy É. Development of a composite orthopaedic pain scale in horses. Res. Vet. Sci. 2007 : (In Press).
  • 6 - Crane M. Colic in the donkey. Proceedings of the BEVA 41st Congress. Glasgow. 11-14st September 2002 : 33-34.
  • 7 - Duffield HF, Bell N, Henson FMD. Factors associated with impactive colic in the donkey. In : Proceedings of the 7th International Equine Colic Research Symposium, Manchester, UK. 14th-16th July 2002 : 122.
  • 8 - Eager RA, Jones E, Waran NK, Price J, Mayhew IG, Fleetwood-Walker SM. (2007) Characterisation of objective behavioural indices for the assessment of chronic and acute pain states in horses. Proceedings of the 41st International Congress of the International Society for Applied Ethology. Merida, Mexico. July 30th-August 3rd 2007 : 133.
  • 9 - FAO. FAO statistical database website. Food and Agricultural Organisation of the United Nations. 2007 : available at : http://faostat.fao.org/
  • 10 - Fuller CJ, Bladon BM, Driver AJ, Barr ARS. The intra and inter- assessor reliability of measurement of functional outcome by lameness scoring in horses. Vet. J. 2004 ; 171 : 281-286.
  • 11 - Goodrich LR, Nixon AJ, Fubini SL, Ducharme NG, Forher LA, Warnick LD, Ludders JW. Epidural morphine and detomidine decreases postoperative hindlimb lameness in horses after bilateral arthroscopy. Vet Surg. 2002 ; 31 : 232-239.
  • 12 - Grulke S, Olle E, Detilleux J, Gangl M, Caudron I, Serteyn D. Determination of a gravity and shock score for prognosis in equine surgical colic. J. Am. Vet. Med. Assoc. 2001 ; 48 : 465-473.
  • 13 - McCarthy RN, Jeffcott LB, Clarke IJ. Preliminary studies on the use of plasma beta-endorphin in horses, as an indicator of stress and pain. J. Equine Vet. Sci. 1993 ; 13 : 216-219.
  • 14 - Merl S, Scherzer S, Palme R, Mostl E. Pain causes increased concentrations of gluco-corticoid metabolites in horse faeces. J. Equine Vet. Sci. 2000 ; 20 : 586-590.
  • 15 - Molony V, Kent JE. Assessment of acute pain in farm animals using behavioural and physiological measurements. J. Anim. Sci. 1997 ; 75 : 266-272.
  • 16 - Muir WW, Robertson JT. Visceral analgesia : effects of xylazine, butorphanol, meperidine and pentazocine in horses. Am. J. Vet. Res. 1985 ; 46 : 2081-2084.
  • 17 - Obel N. Studies on the histopathology of acute laminitis. In : Adams Lameness in Horses. 4th ed. Lea & Febiger, Philadelphia. 1948 : 490 p.
  • 18 - Owens JG, Kamerling SG, Stanton SR, Keowen ML. Effects of ketoprofen and phenylbutazone on chronic hoof pain and lameness in the horse. Equine Vet. J. 1995 ; 27 : 296-300.
  • 19 - Peham C, Licka T, Gurtler D, Scheidl M. Supporting forelimb lameness : clinical judgement versus computerised symmetry measurement. Equine Vet. J. 1999 ; 31 : 417-421.
  • 20 - Price J, Marques JM, Welsh EM, Waran NK. Pilot epidemiological study of attitudes towards pain in horses. Vet. Rec. 2002 ; 151 : 570-575.
  • 21 - Price J, Catriona S, Welsh EM, Waran NK. Preliminary evaluation of post-op pain in horses following arthroscopic surgery. Vet. Anaesth. Analg. 2003 ; 30 : 124-137.
  • 22 - Pritchard JC, Lindberg AC, Main DCJ, Whay HR. (2005) Assessment of the welfare of working horses, mules and donkeys, using health and behaviour parameters. Prev. Vet. Med. 2005 ; 69 : 265-283.
  • 23 - Pritchett LC, Ulibarri C, Roberts MC, Schneider RK, Sellon DC. Identification of potential physiological and behavioural indicators of post operative pain in horses after exploratory celiotomy for colic. Appl. Anim. Behav. Sci. 2003 ; 80 : 31-43.
  • 24 - Raekallio M, Taylor PM, Bloomfield M. A comparison of methods for evaluation of pain and distress after orthopaedic surgery in horses. J. Vet. Anaeth. 1997 ; 24 : 17-20.
  • 25 - Redua MA, Valadao CA, Duque JC, Balestrero LT. The pre-emptive effect of epidural ketamine on wound sensitivity in horses tested by Von Frey filaments. Vet. Anaesth. Analg. 2002 ; 29 : 200-206.
  • 26 - Rietmann TR, Stauffacher M, Bernasconi P, Auer JA, Weishaupt MA. (2004) The association between heart rate, heart rate variability, endocrine and behavioural pain measures in horses suffering from Laminitis. J. Am. Vet. Med. Assoc. 2004 ; 51 : 218-225.
  • 27 - Roughan JV and Flecknell PA. Evaluation of a short duration behaviour-based post operative pain scoring system in rats. European J. Pain. 2003 ; 7 : 397-406.
  • 28 - Sanford J, Ewbank R, Molony V, Tavernor WD, Uvarov O. Working Party of the Association of Veterinarians, Teachers and Research Workers : Guidelines for the Recognition and Assessment of Pain in Animals. Universities Federation of Animal Welfare (UFAW), Potters Bar, UK. 1989.
  • 29 - Taylor PM, Pascoe PJ, Mama KR. (2002) Diagnosing and treating pain in the horse, where are we today ? Vet. Clin. North Am Eq. Pract. 2002 ; 18 : 1-19.
  • 30 - Taylor TS, Matthews NS. Mammoth asses-selected behavioural considerations for the veterinarian. App. Anim. Behav. Sci. 1998 ; 60 : 283-289.
  • 31 - Trawford AF and Crane MA. Nursing care of the donkey. Equine Vet. Educ. 1995 ; 7 : 36-38.
  • 32 - Whitehead G, French J, Ikin P. Welfare and veterinary care of donkeys. In Pract. 1991 ; 13 : 62-68.
  • 33 - Wright IM. A study of 118 cases of navicular disease : clinical features. Equine Vet. J. 1993 ; 25 : 488-492.
  • 34 - Zimmerman M (1984) Ethical considerations in relation to pain in animal experimentation. In : Biomedical Research Involving Animals. Ed. Z. Bankowski and N. Howard-Jones. Council for International Organisations of Medical Sciences, Geneva. 1984 : 132-139.
Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter

Découvrez en avant-première chaque mois le sommaire du Pratique Vétérinaire Equine.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à Pratique Vétérinaire Equine, retrouvez votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr