Quelles interventions réaliser sur l'appareil génital du mâle et avec quel pronostic ? - Pratique Vétérinaire Equine n° 157 du 01/01/2008
Pratique Vétérinaire Equine n° 157 du 01/01/2008

Auteur(s) : Anne-Cécile Lefranc

Fonctions : ENV de Lyon
Unité de pathologie de la reproduction
1, avenue Bourgelat
69280 Marcy-L'Étoile

Cet article présente les différentes interventions chirurgicales dont peut faire l'objet l'appareil reproducteur de l'étalon, la castration étant la plus courante.

Dans la première partie de cet article sont décrites les interventions d'urgence (hernie inguinale, torsion du cordon spermatique) et celles du testicule : la castration (intervention chirurgicale la plus fréquente chez l'étalon), le traitement de la cryptorchidie et des affections testiculaires (hydrocèle, hématocèle, néoplasies). Dans la seconde partie, les opérations du pénis et du prépuce sont énumérées, avec les différentes techniques préconisées (ablation superficielle, rétraction caudale du pénis, amputation du pénis) selon l'affection rencontrée.

Chirurgie testiculaire

Castration

La castration consiste à sectionner le cordon spermatique le plus près possible de l'anneau inguinal superficiel pour réaliser l'exérèse du testicule. Elle est indiquée pour supprimer le comportement sexuel de l'étalon, lors de tumeur testiculaire ou de lésions irréversibles du testicule. Avant d'entreprendre une castration, un examen clinique général doit être réalisé et le scrotum palpé pour vérifier l'absence de hernie inguinale et la présence des deux testicules. Une tranquillisation préalable peut être nécessaire [3].

Castration sur cheval debout

Elle est réservée aux étalons faciles à manipuler et ayant les deux testicules aisément palpables en position scrotale. Une tranquillisation par voie générale est réalisée à l'aide de xylazine ou d'acépromazine. Une infiltration locale de 10 à 15 ml de lidocaïne 2 % est administrée dans le tissu sous-cutané, de part et d'autre du raphé scrotal, ainsi que dans chacun des cordons spermatiques. Il est également possible d'injecter 15 à 30 ml d'anesthésique local directement dans le parenchyme de chaque testicule en laissant un temps de diffusion suffisant pour que le produit atteigne les cordons spermatiques ().

La castration debout évite les risques d'une anesthésie générale, permet une réduction des coûts et nécessite un délai d'intervention court. De plus, comme les cordons spermatiques et le scrotum sont sous une anesthésie locale, il est possible d'intervenir après l'opération lors de complications postchirurgicales sans réaliser d'anesthésie générale. Cependant, les risques pris par le chirurgien sont plus importants, d'où la nécessité de réserver cette méthode aux étalons calmes [1, 3].

Castration sur cheval couché

Lorsque l'étalon n'est pas suffisamment docile pour pouvoir palper le scrotum sans danger, ou que les testicules ne sont pas en position scrotale, il convient de réaliser une anesthésie générale et de pratiquer la castration sur animal en décubitus.

Cette technique est préférée, pour des raisons de sécurité et de praticité, pour la castration d'ânes, de mules et de poneys de petite taille. L'étalon est placé en décubitus latéral et le membre postérieur supérieur est étendu vers l'épaule à l'aide d'une corde () [3].

Techniques chirurgicales

Une palpation scrotale doit être réalisée pour vérifier la présence ou non des testicules et l'absence de hernie inguinale ou scrotale. Il existe différentes techniques [1, 3] :

- la castration fermée (ou à testicule couvert). La tunique vaginale n'est pas incisée et est donc retirée en même temps que son contenu (testicule, épididyme, cordon spermatique) et le muscle crémaster qui y est attaché, après détachement manuel du fascia scrotal ;

- la castration ouverte (ou à testicule découvert). La partie ventrale du scrotum est incisée. La tunique pariétale du testicule est incisée et le ligament de la queue de l'épididyme est ligaturé puis réséqué. L'ensemble testicule, épididyme et partie distale du cordon spermatique sont retirés de la tunique pariétale, qui est donc laissée en place ;

- la castration semi-fermée : la tunique vaginale est incisée sur 3 à 4 cm de long au niveau du cordon spermatique situé de façon proximale à la cavité vaginale. Le testicule et une partie du cordon spermatique sont passés à travers l'incision par pression. La tunique pariétale est ainsi inversée et suit le testicule à travers l'incision en raison de son attachement au testicule par le ligament de la queue de l'épididyme.

L'incision scrotale est en général non suturée pour permettre un drainage naturel. Il est aussi possible de suturer le plan cutané pour obtenir une cicatrisation en première intention, à condition que l'intervention ait été réalisée dans des conditions d'asepsie strictes.

Toutes les techniques peuvent être utilisées sur un cheval en décubitus ou debout. Les castrations fermée et semi-fermée impliquent de retirer la tunique vaginale, ce qui diminue les complications postopératoires, comme la funiculite septique ou l'hydrocèle. Elles sont indiquées lorsque la tunique pariétale est impliquée (néoplasie, orchite). Elles nécessitent cependant un temps de dissection plus important que la technique ouverte, ce qui peut être contraignant pour les étalons impatients lorsque l'intervention est réalisée en position debout [1, 3].

La castration peut également être réalisée par laparoscopie, sur cheval debout ou en décubitus, afin de permettre une convalescence rapide et le minimum de complications. L'anneau vaginal est sectionné afin de retirer le testicule de l'abdomen par traction, puis resuturé. Une électrocautérisation ou une ligature des vaisseaux sanguins peut aussi être entreprise, afin de provoquer la nécrose du parenchyme testiculaire. Le testicule est alors laissé in situ [1, 3].

• Précautions postchirurgicales

L'étalon castré doit être placé au repos dans un box pendant 24 heures, puis mis à l'exercice pendant 15 minutes, deux fois par jour, pour éviter la formation excessive d'œdème dans les régions scrotale et préputiale. Il doit être isolé des juments pendant une semaine après la castration (les contractions abdominales lors de la saillie pouvant provoquer un passage des viscères dans l'anneau vaginal) [3].

• Complications de la castration

Les principales complications de la castration sont une hémorragie, une infection du cordon spermatique (funiculite septique), une hydrocèle, une éviscération (souvent fatale) et/ou une péritonite (rare). La complication la plus courante est l'hémorragie, due à une pression insuffisante de l'émasculateur par mauvais positionnement ou un fonctionnement déficient (si la peau du scrotum est insérée accidentellement dans les mâchoires de l'émasculateur ou si le cordon spermatique est très large). Un œdème du prépuce et du scrotum est souvent rencontré en phase postchirurgicale et ne pose en général pas de difficulté. L'étalon doit alors être mis à l'exercice, avec éventuellement un massage local. Lors d'infection du cordon spermatique (funiculite septique), un œdème scrotal accompagné d'une douleur locale et de fièvre est également observé. Une hydrocèle peut survenir à la suite d'une castration ouverte, car la tunique vaginale est alors maintenue dans le scrotum. Cela peut être constaté plusieurs mois après la castration. Une éviscération postcastration est possible, ce qui est beaucoup plus rare. Elle s'observe le plus souvent chez des chevaux avec une hernie inguinale non détectée en phase préopératoire et peut survenir jusqu'à une semaine après l'intervention [1].

• Pronostic de la castration

Certains étalons manifestent des comportements de mâle après la castration. Ces manifestations sont attribuées à un comportement acquis et il n'est pas rare de les observer chez des chevaux âgés et expérimentés. Lorsque la castration concerne un animal jeune, aucune influence du moment de sa réalisation par rapport à la puberté n'a été rapportée. Il s'agirait plutôt d'interactions sociales entre chevaux et ce comportement pourrait être indépendant de la présence des testicules.

Cryptorchidie

Pendant la période fœtale, les testicules migrent dans le canal inguinal entre 270 et 300 jours de gestation. Durant les premières semaines de vie du poulain, les anneaux vaginaux se rétractent pour atteindre un diamètre de 1 cm et le testicule ne peut alors plus revenir en position initiale. Si cette descente est incomplète ou absente, le testicule ne peut atteindre la bourse scrotale, ce qui caractérise la condition de cryptorchidie [3].

La cryptorchidie est une anomalie de position des testicules : l'un des testicules au moins ne descend pas complètement à travers l'anneau inguinal dans le scrotum.

Selon la position où se trouvent le ou les testicules, elle est qualifiée de :

- cryptorchidie inguinale (le testicule est maintenu dans le canal inguinal) ;

- cryptorchidie abdominale partielle (l'épididyme est descendu dans le canal inguinal, mais le testicule est maintenu dans la cavité abdominale) ;

- cryptorchidie abdominale complète (le testicule et l'épididyme sont retenus dans la cavité abdominale).

Les étalons cryptorchides unilatéraux sont en général fertiles, avec une production réduite en spermatozoïdes, alors que lors de cryptorchidie bilatérale, l'étalon est stérile. Les cellules de Leydig du testicule ectopique sont le plus souvent fonctionnelles et produisent de la testostérone en forte concentration, ce qui entraîne un comportement sexuel. En raison de la température intratesticulaire élevée du testicule ectopique, la spermatogenèse étant inhibée, le testicule apparaît le plus souvent atrophié (). Comme la descente testiculaire incomplète est considérée comme héréditaire, les étalons cryptorchides doivent être écartés de la reproduction [1, 3].

Une palpation transrectale des anneaux vaginaux peut être utile pour vérifier si le testicule a traversé l'anneau inguinal ou pas. Cependant, la palpation d'un testicule abdominal est difficile car il est alors mou et petit, et peut être localisé n'importe où. La non-palpation d'un testicule en position abdominale ne signifie pas son absence. L'anneau inguinal ne peut être senti chez les étalons qui présentent une rétention complète des testicules. Mais la palpation de l'anneau inguinal indique que le testicule, ou au moins l'épididyme, est descendu à travers l'anneau dans le canal inguinal. Un dosage hormonal peut aussi être entrepris pour confirmer le diagnostic. Ainsi, une augmentation de la concentration en testostérone en réponse à une stimulation par l'hCG (human chorionic gonadotrophin) permet de détecter une cryptorchidie. L'hCG augmente en effet la synthèse et la sécrétion de testostérone par les cellules de Leydig.

L'exérèse du testicule ectopique peut être réalisée par voie inguinale (scrotale), para-inguinale, paramédiane ou par le flanc. Les techniques paramédiane ou par le flanc permettent de retirer les testicules ectopiques présents dans la cavité abdominale. Elles entraînent une incision de taille importante, ce qui prolonge le temps opératoire et la convalescence, et augmente les risques d'éviscération postopératoire et de hernie.

Les techniques inguinale et para-inguinale permettent de retirer les testicules en position abdominale ou inguinale. Lorsque le testicule est en position abdominale, une incision de petite taille est pratiquée, ce qui permet une chirurgie rapide et une convalescence courte.

Dans tous les cas, le testicule ectopique doit être retiré avant le testicule présent en position scrotale [3].

Hydrocèle et hématocèle

• L'hydrocèle, ou accumulation pathologique de liquide séreux, sécrété par la tunique vaginale, entre la couche pariétale et la couche viscérale, se caractérise par une augmentation indolore de volume du scrotum. L'accumulation sérique peut être uni- ou bilatérale et intervenir de façon brutale ou progressive. Le fluide accumulé forme une couche isolante qui peut affecter la température scrotale et ainsi perturber la spermatogenèse, d'où une baisse possible de la qualité du sperme [2, 3].

• L'hématocèle, ou accumulation de liquide hémorragique dans la cavité vaginale, est douloureuse à la palpation et résulte le plus souvent d'un traumatisme scrotal. La formation locale de fibrine et de caillots sanguins peut résulter en des adhésions entre les tuniques. Il est ainsi conseillé de vidanger le contenu hémorragique de la cavité vaginale [1, 2].

• Un examen échographique du scrotum (présence de liquide plus ou moins anéchogène autour du testicule) permet d'établir un diagnostic différentiel. Une ponction aseptique de la cavité scrotale (contenu séreux lors d'hydrocèle et sanguinolent lors d'hématocèle) permet de confirmer le diagnostic [1].

• En présence d'hydrocèle ou d'hématocèle unilatérale marquée, une hémi-castration peut être recommandée afin d'éviter que la spermatogenèse de l'autre testicule ne soit affectée. Étant donné que les cavités péritonéales et vaginales communiquent, une hydrocèle ou une hématocèle peuvent faire suite au passage de liquide depuis la cavité abdominale à travers l'anneau inguinal [3].

Hernie inguinale

La hernie inguinale intervient lorsqu'une partie de l'intestin, en général l'ilium ou la partie distale du jéjunum, pénètre dans la cavité vaginale, via l'anneau inguinal. La plupart des hernies sont congénitales et héréditaires chez le poulain (anneau inguinal trop large de façon uni- ou bilatérale). Il arrive, plus rarement, que la partie intestinale qui a fait hernie traverse la cavité vaginale pour se retrouver dans le tissu sous-cutané testiculaire. Cela se produit notamment chez les poulains nouveau-nés lors d'une pression abdominale trop importante au moment de la parturition. Chez l'étalon adulte, la hernie inguinale s'observe le plus souvent au travers de l'anneau vaginal gauche, dont l'ouverture est trop importante de façon congénitale. Les signes cliniques sont une augmentation conséquente de la taille du scrotum. À la palpation, il est possible de sentir le péristaltisme de l'anse intestinale insérée, ainsi qu'une sensation de crépitement. Chez le poulain, il est en général facile de réintroduire l'anse intestinale de façon manuelle. Lorsque cette dernière est difficile à replacer, que le scrotum est froid et œdémateux, ou que la hernie s'accompagne de signes de coliques, il convient de suspecter une rupture. La hernie inguinale acquise chez l'étalon se traduit par des signes de coliques importants, conséquence de la strangulation de l'intestin introduit dans l'anneau vaginal.

La réalisation d'une palpation transrectale permet de sentir la présence intestinale dans les anneaux inguinaux. Une correction chirurgicale doit être entreprise de façon urgente chez l'étalon. Celui-ci est placé en décubitus dorsal, et une cœliotomie est entreprise. La cavité vaginale est incisée pour exposer le testicule, le cordon spermatique et l'intestin qui a fait hernie. Un agrandissement de l'ouverture de l'anneau vaginal est souvent nécessaire pour réintroduire l'intestin dans la cavité abdominale. La partie dévitalisée de l'intestin peut être ensuite réséquée et le testicule est retiré [1, 2, 3].

Torsion du cordon spermatique

La torsion du cordon spermatique intervient quand une portion de celui-ci fait une rotation autour de son axe vertical. Lorsque la torsion est inférieure à 180°, aucun signe d'inconfort n'est en général visible, mais lorsque la torsion est supérieure à 180°, un flux rétrograde de sang peut avoir lieu, avec des effets négatifs sur le testicule. Une torsion de 360° entraîne une occlusion veineuse et artérielle sévère et exige une correction chirurgicale d'urgence pour éviter une gangrène du testicule et du cordon spermatique distal.

Les signes cliniques sont un gonflement scrotal et des signes de colique. De façon physiologique, la tête de l'épididyme est cranial et la queue est caudale. Lors d'une torsion à 180°, la queue de l'épididyme se retrouve en position craniale. Lors d'une torsion à 360°, la tête et la queue de l'épididyme sont en position physiologique, mais le scrotum et son contenu sont en général gonflés, rendant la palpation de l'épididyme parfois impossible. Lors d'une torsion à 360°, il convient de retirer le testicule. Une orchiopexie est préconisée, si le testicule peut être préservé, en plaçant une autre en partie craniale et une autre en partie caudale de celui-ci, puis en faisant passer le fil à travers le dartos, les tuniques vaginale et albuginée. Cette opération permet de fixer le testicule dans sa position. Il est alors recommandé de réaliser la même opération sur l'autre testicule, qui est en général aussi sujet à une torsion du cordon spermatique [1, 2, 3, 5].

Néoplasies testiculaires

Le signe clinique principal rencontré lors de néoplasie testiculaire, lorsque le testicule est en position scrotale, est une augmentation de taille. Lors de la palpation, la surface du testicule peut être irrégulière et la consistance plus dure, ou, dans de plus rares cas, plus molle. Le testicule est en général indolore lors de compression forte de l'organe.

Les différentes tumeurs testiculaires rencontrées chez l'étalon sont les séminomes, les tumeurs des cellules de Sertoli ou des cellules de Leydig, les tératomes ou les tératocarcinomes. Les plus courantes sont les séminomes, qui se rencontrent plus fréquemment chez les étalons cryptorchides et qui doivent être considérées comme potentiellement malignes. Viennent ensuite les tératomes, avec la même fréquence chez les étalons entiers et cryptorchides, qui sont bénins. Le traitement consiste en l'exérèse du testicule atteint, souvent accompagné du testicule controlatéral. Le développement de métastases est plutôt rare lors de tumeur testiculaire chez l'étalon, mais lorsqu'elles sont présentes, il est également possible de sentir les nœuds lymphatiques sous-lombaires de taille augmentée. L'étalon peut alors aussi être présenté à la consultation pour perte de poids ou dyspnée [3].

Chirurgies du pénis et du prépuce

Techniques chirurgicales

Posthectomie segmentaire

La posthectomie segmentaire est la résection d'un segment circonférentiel de la lame interne du prépuce (reefing, circoncision). Elle est indiquée dans le cas de néoplasmes préputiaux, de granulomes ou de plaies étendues, à condition que la tunique albuginée ne soit pas atteinte. Elle évite ainsi une amputation du pénis. Des incisions parallèles proximale et distale à la lésion sont réalisées et ensuite reliées par une incision longitudinale, afin de retirer l'épithélium correspondant. L'étalon doit alors être isolé des juments pendant deux à quatre semaines (voir la “Posthectomie segmentaire”) [4].

Phallopexie : rétraction chirurgicale du pénis

La phallopexie consiste à rétracter de façon permanente un pénis paralysé dans la cavité préputiale. Elle doit être réalisée uniquement chez des étalons ne pouvant plus avoir d'érection, dont le pénis n'est pas trop endommagé et qui peut être totalement rétracté dans la cavité préputiale. Elle permet d'éviter une phallectomie et est notamment indiquée dans le cas de paraphimosis. Il convient de castrer l'étalon, si possible plusieurs semaines avant l'intervention, et de ne pas l'exposer à la présence de juments pendant la période postopératoire. Le corps du pénis est rétracté à l'intérieur de la lame interne du prépuce en plaçant des points de suture au travers de l'anneau préputial et en les fixant en arrière dans la zone du scrotum (voir la “Phallopexie”). Même si le pénis est replié de façon importante, le pronostic est en général bon, à condition que l'irrigation sanguine soit maintenue et que la miction soit rendue possible [4].

Phallectomie : amputation du pénis

La phallectomie consiste à pratiquer une amputation du pénis (). Elle est réalisée lors de lésions irréparables du pénis, lors de paraphimosis ou de carcinome épidermoïde. L'étalon doit être castré trois à quatre semaines avant la phallectomie pour éviter une érection postchirurgicale. Plusieurs modes opératoires ont été décrits. La technique de Vinsot, très simple à réaliser, consiste à sectionner un triangle sur la partie ventrale proximale du pénis, dont l'apex est localisé proximalement au site de transsection (voir la “Phallectomie : technique de Vinsot”). La technique de Scott consiste en une incision circonférentielle du corps du pénis jusqu'à l'urètre, en laissant une partie de l'urètre proéminante à son extrémité (voir la “Phallectomie : technique de Scott”). La technique de William consiste en une incision triangulaire sur la face ventrale du pénis de façon proximale au site d'amputation. La résection en bloc est prescrite lors de néoplasies avec atteinte des nœuds lymphatiques. Elle consiste à amputer le pénis et à retirer les nœuds lymphatiques, avant de retourner et de faire ressortir le moignon au niveau d'une incision sous-ischiale (voir la “Phallectomie : résection en bloc”). Il est fréquent d'observer une hémorragie postopératoire, qui est aggravée au moment de la miction. Cela peut entraîner une déhiscence locale, à surveiller pour éviter une déhiscence urétrale qui s'accompagne alors, en général, d'une sténose cicatricielle [4].

Conduite à tenir

Lésions du pénis et du prépuce

Les lésions du pénis et du prépuce sont souvent consécutives à un coup et se manifestent essentiellement par des lacérations ou des hématomes (). Il est important de les traiter rapidement pour éviter de graves séquelles sur le pénis.

Une lacération provoque un processus inflammatoire local qui peut être responsable d'œdème et de prolapsus du pénis, donc d'une paralysie de cet organe. Un revêtement huileux antimicrobien peut alors être appliqué de façon répétée sur les lésions. Le pénis est si possible repositionné dans la cavité préputiale. Sinon, un élément de support est mis en place pour limiter la formation d'œdème à la suite de la pendaison de l'organe.

Un repos sexuel d'au minimum 30 jours est alors recommandé. Les lacérations récentes sont suturées, alors qu'une cicatrisation en seconde intention est préférée lors de lésions infectées. En cas d'hématome, il convient de vérifier que la tunique albuginée n'est pas déchirée et de réparer les lacérations éventuelles. Il est alors important de vérifier l'absence de lacération transversale qui pourrait léser l'urètre et entraîner une sténose cicatricielle [1].

Habronémose cutanée

La migration sous-cutanée de larves d'habronèmes entraîne la formation de plaies prurigineuses et granulomateuses. Elles apparaissent l'été et peuvent se localiser dans la totalité de l'organisme. Le processus urétral et l'anneau préputial sont des sites de prédilection de cette maladie lors d'extériorisation fréquente du pénis. Les lésions de petite taille peuvent être retirées par des incisions en côte de melon, alors qu'une posthectomie segmentaire est souvent requise lors de lésions plus étendues [1].

Sarcoïde

La sarcoïde, tumeur cutanée la plus fréquente chez les équidés, peut se développer sur le scrotum d'étalons atteints de sarcoïdes à d'autres localisations (). Elle se rencontre également plus souvent sur le prépuce que sur le pénis. La plupart des lésions sont nodulaires, mais certaines ont une apparence proliférative. Le traitement consiste en une exérèse et les récidives sont fréquentes [5].

Carcinome épidermoïde

Le carcinome épidermoïde est le néoplasme le plus courant au niveau du pénis. Il est localement invasif et des métastases peuvent être retrouvées dans les nœuds lymphatiques locaux (la prolifération à d'autres organes restant rare). Il atteint généralement l'extrémité du pénis, à savoir l'orifice urétral, le gland et le prépuce (). Il se caractérise par un smegma (sécrétion sébacée des cellules épithéliales) et un aspect prolifératif donnant des lésions caractéristiques en forme de chou-fleur ().

Le traitement consiste en une cryochirurgie, une excision locale, une posthectomie segmentaire ou une phallectomie.

Paraphimosis

Le paraphimosis (incapacité de rétraction du pénis extériorisé) est souvent consécutif à une blessure, à un hématome du prépuce, à l'administration de certains tranquillisants (dérivés de la phénothiazine) ou à la formation d'œdème préputial. Le traitement consiste à repositionner le pénis manuellement dans la cavité préputiale. En cas d'échec, il convient de compresser le pénis contre l'abdomen à l'aide de bandages pour réduire l'œdème. Une lubrification répétée du pénis et du prépuce à l'aide d'une solution antimicrobienne est recommandée. L'anneau préputial peut être sectionné longitudinalement, s'il bloque la rétraction du pénis, en laissant la cicatrisation s'effectuer par seconde intention [3].

Phimosis

Le phimosis, ou incapacité de l'étalon à extérioriser totalement son pénis de la cavité préputiale, se rencontre lors de rétrécissement de l'orifice externe du prépuce ou lors de la présence d'un obstacle sur le prépuce (tumeur, adhésions consécutives à une lésion). L'étalon a alors tendance à uriner au sein de sa cavité préputiale, ce qui crée un environnement inflammatoire persistant.

L'exérèse d'un triangle de tissu de la lame externe, dont la base est sur l'orifice préputial, permet en général de diminuer la striction. Une posthectomie segmentaire de l'anneau de constriction peut également être efficace.

Cette affection est aussi présente chez les poulains, chez lesquels la lame préputiale interne est attachée de façon physiologique à la partie libre du pénis pendant le premier mois de vie [3].

Priaprisme

Le priaprisme, ou érection persistante, survivent lorsqu'aucune détumescence du corps caverneux engorgé ne se produit, à la suite des pertubations des flux artériels et veineux. C'est un trouble rare mais sévère, car il requiert le plus souvent une phallectomie. Le priaprisme peut être induit par l'administration de dérivés de la phénothiazine (acépromazine). Une érection prolongée provoque des dommages du tissu érectile (fibrose des trabécules du tissu caverneux et perte de la capacité d'érection), ainsi qu'une compression des nerfs par le poids du pénis extériorisé. Un bloquant cholinergique peut être administré par voie générale et une formulation sympathomimétique peut être injectée dans le corps caverneux du pénis. Ces médicaments ne doivent être administrés que chez des chevaux ne présentant pas de pression artérielle élevée ou de tachycadie ventriculaire. En cas d'échec, une irrigation du corps caverneux est réalisée à l'aide d'une solution héparinée pour évacuer le sang coagulé [3].

Les interventions chirurgicales chez l'étalon sont variées. Pour les testicules, la procédure la plus courante consiste à en faire l'exérèse bilatérale (castration) pour supprimer les manifestations comportementales du mâle. Lors de non-descente de l'un ou des testicules (cryptorchidie), il convient de retirer les deux organes, le testicule ectopique étant atrophié et pouvant se trouver en région inguinale ou abdominale. Certaines maladies locales peuvent survenir et nécessiter une intervention chirurgicale : hématocèle, hydrocèle, hernie inguinale, torsion du cordon spermatique, néoplasie testiculaire.

Concernant le pénis et le prépuce, de nombreuses techniques chirurgicales ont été développées pour offrir un traitement approprié à la maladie. Elles consistent en des ablations locales (posthectomie segmentaire), des rétractions caudales du pénis (phallopexie) ou des amputations partielles ou totales (phallectomie). Un suivi postopératoire est alors indispensable pour éviter des lésions de l'urètre responsables de sténose cicatricielle qui compromettrait la miction de l'animal.

Éléments à retenir

> La castration est l'intervention chirurgicale la plus fréquente de l'appareil reproducteur de l'étalon. Son indication principale est la suppression des manifestations comportementales mâles.

> La castration chez un animal debout doit être réservée uniquement aux étalons dociles dont les deux testicules sont palpables en position scrotale.

> Il est recommandé de réaliser une castration plusieurs semaines avant certaines interventions chirurgicales du pénis pour éviter des érections en phase postopératoire qui pourraient altérer le pronostic.

> Lors d'interventions chirurgicales du pénis, un suivi postopératoire attentif est indispensable pour prévenir une sténose cicatricielle de l'urètre à la suite de lésions locales.

Références

  • 1 - Blanchard TL, Varner DD, Schumacher JS, Love CC, Brinsko SP, Rigby SL. Surgery of the stallion reproductive tract. In : Manual of Equine reproduction. 2nd ed. Mosby, St-Louis. 1998 : 193-218.
  • 2 - Lopate, C, Leblanc M, Knottenbelt D. The stallion. In : Equine stud farm medicine and surgery. WB Saunders, Philadelphia. 2003 : 42-112.
  • 3 - Schumacher J. The testis and associated structures. In : Equine Surgery. 2nd ed. WB Saunders, Philadelphia. 1999 : 515-539.
  • 4 - Schumacher J. The penis and prepuce. In : Equine Surgery. 2nd ed. WB Saunders, Philadelphia. 1999 : 540-557.
  • 5 - Varner DD, Schumacher J, Blanchard TL et coll. Diseases and management of breeding stallions. Mosby. 1991 ; 140-340.
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