Les infections cutanées bactériennes staphylococciques et la dermatophilose chez le cheval - Ma revue n° 018 du 01/01/2018 - Le Point Vétérinaire.fr
Ma revue n° 018 du 01/01/2018

Maladies infectieuses

Auteur(s) : Vincent Bruet

Fonctions : Unité DPMA, Oniris
Site de la Chantrerie
Route de Gachet
44307 Nantes
vincent.bruet@oniris-nantes.fr

Les conditions d’hygiène sont le premier élément à explorer lors d’atteinte cutanée d’origine bactérienne. La prise en charge est adaptée selon les lésions et présume un suivi clinique, ainsi que cytologique.

Les maladies infectieuses cutanées sont extrêmement fréquentes chez les chevaux. Elles sont parmi les diagnostics les plus classiques. Dans la préface de Equine Dermatology, les auteurs rapportent que, sur 900 chevaux consultés, la folliculite bactérienne était le premier diagnostic et la dermatophilose le quatrième, après la dermatophytose et la dermatite estivale récidivante. Si plusieurs bactéries appartenant à différents genres sont rencontrées lors de pyodermites équines, les quatre genres principaux sont les staphylocoques à coagulase positive (SCP), les streptocoques (Streptococcus equi, S. zooepidemicus, S. equisimilis), Corynebacterium pseudotuberculosis et Dermatophilus congolensis [12]. Dans cet article, les staphylocoques et Dermatophilus congolensis, agents majeurs, seront abordés. Il est important de connaître et de savoir reconnaître ces entités, car elles sont souvent, à tort, non explorées et empiriquement attribuées à la dermatophytose.

Infections cutanées à staphylocoques

Les folliculites à SCP sont extrêmement fréquentes, mais largement sous-diagnostiquées (diagnostic erroné de dermatophytose ou de dermatophilose). Les staphylocoques sont des composants communs du microbiote de la peau et des muqueuses. Une grande variété d’espèces de staphylocoques peut être trouvée sur des chevaux en bonne santé. Les staphylocoques les plus présents sont à coagulase négative (SCN) (par exemple : S. epidermidis, S. warneri, S. xylosus). Les SCN n’ont aucun rôle majeur connu dans les infections staphylococciques [18].

Les espèces SCP sont également présentes sur la peau d’animaux sains, mais en quantité nettement moindre. Le SCP le plus observé est Staphylococcus aureus chez le cheval. S. aureus peut être isolé sur la peau d’un animal sain [18]. Il est tout autant possible de l’isoler sur la peau d’un animal atteint de dermatose sans que S. aureus en soit l’agent causal. Cette remarque se traduit cliniquement par le fait que la présence de S. aureus ne saurait être interprétée qu’à la lumière des observations cliniques. Un isolement bactérien positif à S. aureus seul, même chez un animal à affection cutanée, ne signifie strictement rien. D’autres SCP ont été isolés lors de folliculite bactérienne chez le cheval, mais beaucoup plus sporadiquement : S. delphini, S. pseudintermedius, S. hyicus [14].

Les staphylocoques sont des agents pathogènes opportunistes, et les folliculites sont donc souvent secondaires à une cause sous-jacente : hypersensibilités, ectoparasitoses, traumatismes, dysmétabolisme (troubles nutritionnels, maladies endocriniennes) et, surtout, conditions d’entretien du cheval inadéquates [10]. Plusieurs individus pouvant être soumis aux mêmes conditions d’entretien, l’affection peut prendre un aspect pseudo-contagieux. Aucune prédisposition de sexe, d’âge ou de race n’existe.

Antibiorésistance

La présence d’antibiorésistance est majoritairement décrite chez S. aureus. Parmi les autres espèces de SCP chez le cheval, seuls de rares cas d’antibiorésistance ont été sporadiquement rapportés chez S. pseudintermedius [18]. L’intérêt et l’observation d’antibiorésistance chez S. aureus (S. aureus résistant à la méticilline [Sarm]) va grandissant en médecine vétérinaire, y compris chez les chevaux. Cette résistance est due à l’anomalie d’une protéine de liaison (penicillin binding protein [PBP]) encodée par le gène mecA. La majorité des Sarm sont également multirésistants, rendant la lutte contre ces infections difficile. La colonisation et l’infection chez le cheval par des Sarm sont des complications croissantes. Isolée pour la première fois en 1989 au Japon, l’épidémiologie du Sarm chez le cheval inclut plusieurs souches, dont les plus rencontrées sont le complexe clonal (CC) 8, CC398 et CC5 [13, 16, 17]. Certaines de ces souches sont également isolées chez l’homme, comme le CC8 [15-17]. La présence de Sarm lors d’infections bactériennes chez le cheval en France serait de 6 % [5]. Les données sur la prévalence de Sarm dans la population équine saine (portage nasal) sont variables suivant les enquêtes et les pays : 0 % au Canada et en France, 0,6 % en Angleterre, 1,7 % en Irlande, 2,2 % en Suisse, 9 % en Hollande [1-3, 7-9]. La prévalence en milieu hospitalier est plus importante. Plusieurs études montrent l’aspect nosocomial de ces bactéries avec l’acquisition d’un portage de Sarm au cours de l’hospitalisation [11]. Le passage aux personnels en contact est avéré et participerait à cette transmission nosocomiale. Chez le cheval, les situations cliniques impliquant un Sarm sont majoritairement associées à des plaies postchirurgicales, à des abcès, puis à des causes d’origines diverses (arthrite, endométrite, conjonctivite, pneumonie, etc.). Des cas d’infections bactériennes cutanées à Sarm de type folliculite ou furonculose n’ont jamais été clairement décrites dans les publications chez le cheval. Plaies et abcès mis à part, le risque d’infection par un Sarm en dermatologie des équidés, reste actuellement faible.

Signes cliniques

Une forte proportion des cas est observée au printemps et au début de l’été [12]. Certains événements pourraient être impliqués dans la saisonnalité des folliculites bactériennes : mues, périodes de tonte, de travail, de monte, élévation des températures, augmentation de la population d’insectes. Les animaux mal entretenus sont typiquement plus sensibles aux folliculites bactériennes [6, 12].

Les lésions sont majoritairement observées sur les zones de contact (selle, tapis de selle, sangles, etc.) [12, 19]. Les autres zones atteintes sont le cou, la croupe, l’épaule, la queue (notamment lors de dermatite estivale, gale psoroptique, phtiriose, oxyurose, etc.) et le paturon [19].

Les lésions sont très souvent des papules, des croûtes, un squamosis, une alopécie (aspect mité du pelage) et rarement des pustules ou des collerettes épidermiques (photos 1 et 2). La présence de papules en zone velue donne un aspect ébouriffé au pelage, des touffes de poils prenant des orientations différentes du reste du pelage. Des démangeaisons peuvent être observées lors de folliculite, d’intensité variable [10].

En l’absence de recherche des facteurs sous-jacents, les récidives sont quasiment de règle. De plus, la non-prise en charge de la cause sous-jacente et la chronicité font le lit d’une évolution péjorative du trouble avec destruction de la paroi du follicule pileux et passage dans le derme : la folliculite devient furonculose [19]. Les furonculoses sont très majoritairement secondaires à des folliculites non diagnostiquées, non traitées ou mal prises en charge. Les lésions sont alors des nodules, des fistules, des ulcères et des croûtes. Néanmoins, elles sont plus rares que les folliculites (photo 3 et encadré 1) [19].

Diagnostic

Le diagnostic différentiel lors de folliculite à staphylocoques doit être fait avec les dermatophytoses, la dermatophilose, les infections à Corynebacterium sp., Streptococcus sp., le pemphigus superficiel et la dermatose à Pelodera sp. [12].

Lors d’atteinte des paturons, il est large et comprend, entre autres, dermatophytoses, dermatophilose, gale chorioptique, vascularite, pemphigus superficiel, photosensibilisation et dermatite de contact [12].

Les examens complémentaires pour renforcer l’hypothèse diagnostique sont les examens cytologique et histopathologique, ainsi que l’isolement bactérien. L’examen cytologique reste l’analyse prioritaire à réaliser à chaque consultation lors de suspicion de pyodermite [6, 10].

• Pour la cytologie de surface, quatre types de prélèvement sont fréquemment réalisés : calque par apposition, broyat de croûtes, test au ruban adhésif coloré, écouvillonnage (photos 5a à 5c). Pour la recherche de staphylocoques, l’utilisation de coloration rapide suffit. Lors d’atteinte superficielle, les trois éléments à observer au microscope pour conclure sont des polynucléaires neutrophiles dégénérés, les bactéries et des images de phagocytose (photo 6). Lors d’atteinte profonde, l’examen cytologique permet, dans la plupart des cas, de conclure seulement à une réaction pyogranulomateuse avec l’observation de macrophages et de polynucléaires neutrophiles. Il est plus difficile d’observer des bactéries et des images de phagocytose.

• L’examen histopathologique de biopsies cutanées, bien qu’assez spécifique, est d’une utilité très limitée, car les examens complémentaires immédiats permettent de conclure dans la majorité des cas. Lors de diagnostic différentiel délicat, il peut cependant trouver sa place.

• L’isolement bactérien et l’antibiogramme ne sont pas indispensables lors de folliculite. En effet, les cas de Sarm ne sont quasiment pas décrits lors de folliculite.

En revanche, sur toute lésion profonde (furonculose, cellulite), il est recommandé de réaliser un isolement bactérien, soit par écouvillon stérile, soit par biopsie. Dans ce cas, la biopsie (au trépan ou en côte de melon) est effectuée, à l’inverse d’un prélèvement pour examen histopathologique, après désinfection chirurgicale de la zone à prélever. Les bactéries étant censées être dans le derme ou l’hypoderme, pour limiter la contamination par les bactéries de surface, il est préférable de retirer l’épiderme à l’aide d’une lame de scalpel stérile avant de placer le prélèvement dans du liquide physiologique pour envoi au laboratoire.

Traitement

Le traitement varie en fonction de la gravité, de la profondeur, de la chronicité de la dermatose, mais également selon le propriétaire et l’animal.

La prise en charge de la cause sous-jacente est primordiale pour accélérer la guérison et limiter au minimum les récidives [19]. La monte devrait être interrompue jusqu’à disparition des lésions. La tonte est préconisée pour éliminer tous les éléments contenant les bactéries (poils, croûtes, etc.) et faciliter l’application des topiques [6, 12, 18]. L’emploi de corticoïdes n’a aucune justification, il est même contre-indiqué. L’équipement complet de l’animal doit être désinfecté de façon drastique et répétée.

Les infections superficielles, peu intenses, sur des animaux globalement en bonne santé peuvent évoluer favorablement sans traitement. Les infections superficielles et relativement localisées peuvent être gérées uniquement par des applications d’antiseptique : chlorhexidine, povidone iodée tous les jours pendant 1 semaine, puis deux à trois fois par semaine, et cela 1 semaine après la guérison clinique [6, 12, 18]. Ainsi, il est impératif de réaliser des suivis pour estimer l’évolution clinique, cytologique et adapter le traitement selon l’évolution clinique.

Les topiques antibiotiques (acide fusidique ou sulfadiazine d’argent) sont utilisables en cas de lésions peu étendues (par exemple, atteinte des paturons). L’acide fusidique a un spectre limité aux bactéries Gram+ [19].

Les pyodermites superficielles très étendues et les pyodermites profondes nécessitent l’utilisation d’antibiotiques systémiques. Le choix de l’antibiotique est déterminé le plus souvent de manière empirique lors de folliculite et d’après les résultats de la culture bactérienne lors d’atteinte profonde. L’antibiotique le plus souvent utilisé et préconisé dans les données publiées est l’association triméthoprime-sulfaméthoxypyridazine (TMS) [6, 12, 19, 18]. D’autres antibiotiques peuvent, toutefois, être employés selon les règles de bonne pratique de l’antibiothérapie (1) : association pénicilline-streptomycine (2), céphalosporines, érythromycine (2), enrofloxacine (2), gentamicine (2). Chez le cheval, le traitement doit être poursuivi pendant 2 semaines après guérison lors de pyodermites superficielles et 3 à 4 semaines lors de pyodermites profondes. Les antibiotiques systémiques sont généralement mis en place sur des périodes de 3 semaines lors de pyodermites superficielles et de 6 à 8 semaines lors de pyodermites profondes. Un suivi clinique et cytologique est donc essentiel pour estimer la nécessité de poursuivre ou non le traitement antibiotique. Le sous-dosage volontaire ou par mésestimation du poids est fréquent chez le cheval. Un traitement antibiotique prescrit avec une molécule active mais mal dosée ou sur une trop courte période sera inefficace ou suivi de récidive et peut favoriser le développement de résistances bactériennes. Un traitement antibiotique prescrit avec une molécule active bien dosée sur une période suffisamment longue, mais avec une mauvaise observance du traitement par le propriétaire, est tout aussi inefficace.

Infections cutanées à Dermatophilus congolensis

L’agent en cause de la dermatophilose est Dermatophilus congolensis, actinomycète Gram+, anaérobie facultatif. La bactérie se présente sous deux formes : une forme filamenteuse en culture et coccoïde correspondant à la forme active. La dermatophilose concerne de nombreuses espèces mais surtout les ruminants, les porcs et les chevaux (rares cas décrits chez le chat, le chien et l’homme). En France métropolitaine, le cheval est une des espèces les plus atteintes [12, 18].

Facteurs favorisants

L’infection se développe en présence de trois facteurs concomitants : une source d’infection, l’humidité et des abrasions cutanées. L’humidité favorise la libération de la forme infectieuse de la bactérie : zoospores mobiles. Celles-ci s’attachent à la peau puis se multiplient par bourgeonnement. Des filaments sont produits et envahissent l’épiderme vivant et la gaine des poils en pénétrant dans des brèches cutanées. Ainsi, tout facteur entraînant une altération de la barrière cutanée peut favoriser le développement d’une dermatophilose : arthropodes piqueurs, végétation vulnérante, humidité, etc.

L’habitat naturel de la bactérie est mal connu. Les essais pour l’isoler à partir du sol ont toujours été infructueux. Elle ne semble pas survivre dans le milieu extérieur, mais le sol pourrait jouer un rôle de réservoir temporaire. La bactérie, en revanche, demeure longuement dans les croûtes (jusqu’à 3 ans et demi) [12, 19]. Des chevaux porteurs ou infectés asymptomatiques contribueraient également à la propagation de l’infection. La bactérie serait quiescente dans l’attente de conditions climatiques adéquates pour se développer. Une prédisposition individuelle existe. La contagiosité est variable au sein d’un effectif, de même que l’intensité des lésions. Les deux facteurs les plus importants dans le développement d’une dermatophilose restent l’humidité et la présence de lésions cutanées [6, 12, 19, 18]. Les animaux débilités (syndrome de Cushing, dénutrition, parasitisme intestinal, lymphome, etc.) sont également plus sensibles.

L’infection est cosmopolite, mais la prévalence est nettement plus élevée dans les pays à climat tropical ou subtropical [12]. Aucune prédisposition d’âge, de sexe ni de race n’est rapportée. La dermatophilose se manifeste, dans les pays tempérés, principalement à l’automne et en hiver, en cas de pluie, mais aussi, parfois, par l’humidité créée par la sueur sous la couverture et la selle et ses conséquences lors de défaut d’entretien [19, 18]. Les lésions cutanées peuvent être d’origines diverses : ectoparasites, piqûres d’insectes, microtraumatismes dus à la végétation, présence d’autres dermatoses. Il s’agit d’une zoonose rare.

Signes cliniques

L’incubation est d’environ 2 semaines en conditions expérimentales. Au départ, l’infection est souvent plus palpable que visible. Des croûtes épaisses sont senties sous les poils. Les lésions initiales sont des papules, folliculaires et non folliculaires, surmontées de poils hérissés [19]. Par extension ou coalescence, des lésions nummulaires sont observées avec une croûte emprisonnant les poils et recouvrant une érosion couverte d’un pus crémeux, épais, jaune-verdâtre (photo 7). Ce pus est retrouvé également à la face inférieure de la croûte, qui est concave et où font saillie les racines pilaires (aspect dit en pinceau brosse) (photos 8a et 8b) [6, 12, 18]. Ces lésions sont souvent douloureuses. Elles ne sont pas, en revanche, prurigineuses. Une phase chronique, au cours de laquelle l’infection évolue à bas bruit, peut exister et se traduit par des croûtes, un squamosis et des dépilations.

Les lésions sont situées sur les zones les plus exposées à la pluie : le dos, la croupe, le garrot, l’encolure et les paturons [19]. Très rarement, des formes graves avec généralisation et répercussion sur l’état général peuvent être observées [12]. Dans l’immense majorité des cas, l’infection est limitée à la peau voire au tissu sous-cutané. De rares cas se traduisent par une inflammation pyogranulomateuse dans d’autres tissus (nœuds lymphatiques, rein, foie). Les lésions de dermatophilose localisées sur le pelage blanc (balzane, liste, etc.) peuvent se compliquer de photosensibilisation (érythème, squamosis). Cela est donc surtout observé au museau ou aux paturons [12, 18].

Diagnostic

Le diagnostic différentiel majeur comprend : dermatophytose, folliculite bactérienne, pemphigus foliacé.

• Le diagnostic passe principalement par la mise en évidence à l’examen cytologique d’éléments coccoïdes en chaînettes sur un ou plusieurs rangs et plus ou moins ramifiés (aspect en “rails de chemin de fer”) (photos 9a et 9b) [19]. L’examen cytologique peut être réalisé soit en appliquant une lame sur la face inférieure d’une croûte, soit directement sur l’érosion (après retrait de la croûte), ou encore en étalant sur une lame le produit d’un raclage cutané ou d’un broyat de croûtes.

• L’examen histopathologique de biopsies cutanées peut être utile dans les cas chroniques ou très peu exsudatifs. Il est recommandé de joindre les croûtes au prélèvement, car les bactéries sont souvent identifiées au sein de ces croûtes stratifiées.

• La culture est possible (environnement microaérophile enrichi en dioxyde de carbone, 37 °C, gélose au sang). Cependant, l’isolement de D. congolensis est difficile, car souvent les contaminants bactériens croissent plus vite que le dermatophile. Il n’existe pas de technique sérologique. Une étude utilisant la polymerase chain reaction (PCR) a montré une bonne spécificité et une meilleure sensibilité que la cytologie [4]. Le nombre d’animaux inclus dans cette étude était limité, mais cette technique pourrait devenir utile et utilisable dans le futur si des résultats similaires venaient corroborer ces premières données (3).

Pronostic et traitement

Le pronostic est bon si les conditions de vie peuvent être améliorées. L’immunité est très courte et des récidives sont possibles. En l’absence de traitement, une rémission peut survenir, suivie par une récidive lorsque les conditions extérieures sont à nouveau favorables à la bactérie [18].

Le traitement passe, avant tout, par la correction des facteurs favorisants (encadré 2). Il est important de garder l’animal au sec en le rentrant et en évitant les couvertures. La majorité des cas modérés connaissent une rémission spontanée après correction des facteurs sous-jacents. Les croûtes doivent être enlevées (tonte, shampooing) et récupérées pour être détruites [10, 12, 19]. Le retrait des croûtes peut être douloureux et une tranquillisation nécessaire. Un traitement topique doit également être mis en place à l’aide d’un produit antiseptique (chlorhexidine, povidone iodée). En cas d’infection sévère, généralisée ou chronique, une antibiothérapie systémique peut être mise en place pendant une quinzaine de jours : pénicillines sur le court terme, TMS sur du long terme [19]. Le traitement est poursuivi jusqu’à l’arrêt de la phase active (nouvelles lésions, lésions présentes suppurées), c’est-à-dire environ 2 semaines. L’arrêt de l’antibiothérapie est évalué lors d’une consultation de suivi.

Conclusion

Les infections bactériennes à staphylocoques et à Dermatophilus sont extrêmement fréquentes chez les chevaux. Le praticien doit savoir les suspecter par la clinique, les reconnaître par la cytologie et les traiter de façon adaptée. Faire comprendre aux propriétaires qu’une cause sous-jacente est à rechercher lors de lésions chroniques ou récidivantes est primordial. Très majoritairement, les conditions de vie et d’hygiène sont les premiers éléments à explorer. Une large proportion des infections bactériennes peut être gérée par des soins antiseptiques. Cependant, lors de lésions profondes ou étendues, une antibiothérapie raisonnée peut être mise en place. Enfin, la prise en charge comprend nécessairement le suivi clinique et cytologique.

  • (1) Depuis le décret de mars 2016, les céphalosporines de 3e et 4e générations, ainsi que les fluoroquinolones sont interdites à l’utilisation, sauf mise en évidence, après antibiogramme, de résistances aux antibiotiques de première intention.

  • (2) Utilisation hors résumé des caractéristiques du produit (RCP).

  • (3) La haute sensibilité de la méthode PCR mise en parallèle au portage asymptomatique suspecté de Dermatophilus congolensis doit faire interpréter une positivité (dermatophilose clinique) uniquement lors de signes cliniques évocateurs.

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CONFLIT D’INTÉRÊTS : AUCUN

Éléments à retenir

• Les dermatoses bactériennes sont très fréquentes.

• Les examens complémentaires immédiats sont nécessaires au diagnostic.

• Il convient toujours de rechercher une cause sous-jacente en priorité : des défauts d’entretien et d’hygiène notamment.

• Un suivi clinique et cytologique est nécessaire.

ENCADRÉ 1 : INFECTION BACTÉRIENNE DES PATURONS

Les atteintes des paturons sont très largement intégrées, avec d’autres affections des pieds, sous le nom de “gale de boue”. Ce terme est à éviter, car utilisé à tort comme une entité précise. Or, il est sémiologiquement flou et étiologiquement vaste. Il est donc préférable de le remplacer par un vocable plus en relation avec la zone atteinte, comme pododermatite, coronite, etc., ou avec la cause réelle.

Lors d’atteintes du paturon, les infections bactériennes font partie du diagnostic différentiel avec d’autres hypothèses. De plus, elles peuvent se surajouter à ces autres atteintes. Les lésions observées sont des agglomérations de poils, des croûtes, des dépilations, un érythème (photo 4).

ENCADRÉ 2 : CORRECTION DES FACTEURS FAVORISANT LA DERMATOPHILOSE

- Améliorer l’hygiène

- Améliorer l’alimentation

- Limiter l’humidité : mettre à l’abri pendant les périodes humides, limiter la sudation en été (couverture, selle, etc.)

- Lutter contre les arthropodes

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