VaDia, un nouvel outil pour les mesures dynamiques pendant la traite - Le Point Vétérinaire expert rural n° 336 du 01/06/2013
Le Point Vétérinaire expert rural n° 336 du 01/06/2013

PRÉVENTION DES MAMMITES EN ÉLEVAGE BOVIN

Article original

Auteur(s) : Ellen Schmitt-van de Leemput*, Pierre Billon**, Frédérique Matignon***

Fonctions :
*Clinique vétérinaire Haute-Mayenne,
1, rue Pasteur, 53700 Villaines-la-Juhel
Ellen.vandeleemput@wanadoo.fr
**PMA Consult, 35160 Talensac
***Clinique vétérinaire Haute-Mayenne,
1, rue Pasteur, 53700 Villaines-la-Juhel
Ellen.vandeleemput@wanadoo.fr

L’outil VaDia peut aider le vétérinaire à appréhender des anomalies suspectées de la traite, optimisant par là même sa communication avec le client.

La conception et le réglage de la machine à traire ont un rôle important pour la qualité du lait et la santé des mamelles des vaches dans un élevage laitier. Il existe deux types de tests pour vérifier le bon fonctionnement de la machine à traire :

– les uns, dits statiques, s’effectuent en dehors de la traite (exemple : ceux proposés par Optitraite(r) [5]) ;

– les autres, dynamiques, sont réalisés pendant la traite et requièrent des enregistreurs de niveau de vide tels que le PT V [6].

Les deux méthodes sont complémentaires.

Récemment, un nouvel équipement pour la réalisation de tests dynamiques est arrivé sur le marché : Le VaDia (distribué en France par Agrion, société basée à Rouen) [3].

DESCRIPTION DU NOUVEL ENREGISTREUR

1. Principe et fonctionnement

VaDia est l’abréviation de Vacuum Diagnostics (évaluations du niveau de vide). Il permet l’enregistrement en continu, pendant la traite, du niveau de vide en quatre points différents du faisceau trayeur (figure 1).

Les connexions sont réalisées par l’introduction dans le caoutchouc aux points 1, 2, 3 et 4, après perçage avec une aiguille spécifique, de petits tuyaux en plastique dont l’extrémité ne dépasse pas la paroi de la chambre afin de ne pas provoquer des turbulences artificielles du vide, sources d’erreurs de mesure et d’interprétation. Cette procédure n’abîme pas le caoutchouc. Ces petits tuyaux sont ensuite connectés au boîtier par l’intermédiaire de tuyaux cristal. Le VaDia II peut rester branché pendant la traite chez plusieurs vaches à la fois.

Les enregistrements s’effectuent de façon automatique. Les mesures commencent au moment où le niveau de vide dépasse 2,5 kilopascals (kPa). Dès que le vide de traite se coupe, le VaDia se met en veille (standby) afin d’économiser la pile (rechargeable, autonomie de 10 heures environ ou pile standard du commerce).

2. Transfert et traitement des données

Un mode Bluetooth est prévu, qui permet de visualiser les mesures en temps réel sur un ordinateur pendant la traite, ou bien, après l’enregistrement, le dispositif est branché à l’ordinateur.

Deux programmes sont livrés avec l’équipement : VaDia Manager et VaDia Viewer. Le premier sert à récupérer les données du boîtier sur un ordinateur. Le second permet de les visualiser et de les analyser. Pour agrémenter l’utilisation, les données peuvent être affichées de plusieurs façons (figures, tableaux, etc.). Il est possible de zoomer sur certains éléments, canal par canal(1).

La traite n’est représentative que si les mesures sont effectuées en nombre suffisant. Dix à 20 vaches doivent être évaluées avec VaDia (pour un cheptel de 50 à 150 animaux).

INTERPRÉTATION DES MESURES

Avec VaDia, l’évolution du niveau de vide est mesurée en quatre points du faisceau trayeur, pendant toute la traite d’une vache. Le temps de traite par bovin est enregistré automatiquement. Les données peuvent être interprétées manuellement, mais aussi avec le logiciel inclus (VaDia Viewer). Celui-ci utilise des méthodes de calcul formulées par des experts travaillant au sein d’un groupe spécialisé de la Fédération internationale du lait (FIL ou IDF en anglais)(2).

1. Vide sous le trayon (canal 3)

Le point de mesure se situe dans le tuyau court à lait. À cet endroit, le niveau de vide est théoriquement égal au niveau de vide de travail. Il peut néanmoins être influencé par trois types de perturbations : les variations de vide “lentes”, cycliques et irrégulières (encadré).

VaDia enregistre le niveau de vide sous le trayon pendant toute la traite. Le logiciel associé affiche l’évolution du vide sous le trayon d’une vache sous la forme d’une courbe (figure 2). Le vide moyen sous le trayon pendant la phase de débit maximal est calculé pour une vache, mais aussi pour l’ensemble des mesures d’une session (figure 3). La norme ISO 5707 recommande un niveau de vide sous le trayon au débit maximal entre 32 et 42 kPa selon les configurations.

VaDia Viewer calcule les variations cycliques comme la différence entre le vide moyen sous le trayon et la moyenne des vides les plus bas (variations “en dessous”) et la moyenne des vides les plus hauts (variations “au-dessus”). Les valeurs maximales recommandées sont de +/– 5 kPa en pulsation simultanée et +/– 10 kPa en pulsation alternée.

De même, VaDia Viewer indique le nombre de variations irrégulières pour chaque traite de vache. Une variation de vide est considérée comme irrégulière si la chute de vide est supérieure à 14 kPa et à une vitesse de plus de 56 kPa/s. Il est recommandé que ce phénomène n’apparaisse pas plus de deux fois au cours de la traite d’une vache.

Les variations de vide totales (lentes + cycliques) sont les plus élevées au moment où le débit du lait qui sort de la mamelle de la vache est maximal. Inversement, lorsque celui-ci s’affaiblit, le niveau de vide sous le trayon se rapproche du niveau du vide de travail. Les variations de vide sont alors les plus faibles.

2. Vide dans la chambre d’embouchure du manchon (canaux 1 [arrière] et 4 [avant])

Un niveau de vide adapté dans la chambre d’embouchure du manchon (CEM) est essentiel pour une position stable du gobelet trayeur sur le trayon. Un niveau de vide trop bas de la CEM augmente le risque de glissement du manchon, alors qu’un vide trop élevé peut être la cause de traumatismes et d’une remontée précoce du manchon sur le trayon. Le niveau de vide dans la CEM dépend de la taille des trayons et du modèle du manchon. Pour ces raisons, le niveau de vide dans la CEM ne peut pas être identique pour toutes les vaches dans un troupeau.

De plus, le niveau de vide dans la CEM n’est pas constant pendant la traite : au début, il est relativement bas, puis il augmente quand la traite avance car le trayon s’allonge et entre plus profondément dans le manchon. L’augmentation la plus forte du niveau de vide dans la CEM se produit au moment où la période de débit maximal se termine (figures 4 et 5).

Avec VaDia Viewer, les vides dans la CEM sont indiqués dans les rapports individuels.

Actuellement, un niveau de vide dans la CEM situé entre 5 et 25 kPa est recommandé pour au moins 60 % des vaches d’un troupeau au moment où le débit du lait est maximal [4].

3. Vide dans le tuyau court à air (canal 2)

Ce point de mesure est placé dans la chambre de pulsation qui est formée par la paroi extérieure du manchon et la paroi intérieure du gobelet trayeur. Les enregistrements du niveau de vide dans le temps vont constituer les courbes de pulsation (figure 6). Un logiciel (VPT, www.biocontrol.no) est disponible pour analyser les courbes. Avec le même logiciel, les analyses automatiques pour les tests “chute de faisceau” d’Optitraite(r) peuvent également être réalisées.

4. Détection automatique des phases de la traite

→ Le logiciel VaDia Viewer possède une fonction qui permet d’identifier les quatre phases de la traite en utilisant cinq points de repère. Des algorithmes sont utilisés par le logiciel (tableau). Le bon déroulement de chaque phase est important pour la réussite de la traite, et chacune doit être analysée en détail.

→ Pour la phase de débit maximal, le niveau et la variation de vide sous le trayon semblent être les paramètres les plus intéressants à évaluer (normes : vide entre 32 et 42 kPa, variation de vide cyclique inférieure à 5 kPa ou à 10 kPa selon le type de pulsation).

→ La phase de la surtraite est estimée débuter lorsque le niveau de vide dans la CEM augmente de manière importante, c’est-à-dire en fin de période de débit maximal alors que le trayon s’allonge à l’intérieur du manchon. La phase de la surtraite se termine au moment de la dépose du faisceau trayeur (automatique ou non). Elle ne devrait pas dépasser une durée de 60 secondes.

UTILISATION DU DISPOSITIF PAR LE VÉTÉRINAIRE

Bien que VaDia soit capable de fonctionner seul en parfaite autonomie, la présence du vétérinaire est nécessaire. En effet, la collecte d’informations visuelles reste indispensable pendant la traite.

Toute l’attention du vétérinaire doit être disponible pour observer le ou les trayeurs, les vaches et la machine. Des prélèvements de lait peuvent être effectués simultanément si nécessaire, le praticien gardant les mains libres.

VaDia se distingue d’autres systèmes actuellement sur le marché par sa conception orientée vers la facilité d’utilisation. Les traites sont enregistrées dans leur intégralité, alors que, par exemple, le PT V ne recueille que des périodes de 10 secondes. Avec ce dispositif plus ancien, la majorité des mesures était réalisée pendant la phase de débit maximal de la traite de chaque vache car cette période est facile à identifier par l’observation de l’écoulement du lait. En revanche, il est presque impossible d’effectuer des mesures en période de surtraite avec le PT V car le début de cette phase n’est pas identifiable par la simple observation de l’écoulement du lait.

Les logiciels de VaDia ont aussi été optimisés en termes d’utilisation et l’analyse des données proposée permet une interprétation standardisée des résultats.

Conclusion

VaDia facilite ainsi les mesures dynamiques pendant la traite. Il donne surtout des renseignements et des mesures du fonctionnement du faisceau trayeur, ainsi que de la pulsation par son extension logicielle VPT. Les résultats sont visualisés grâce à une interface plutôt ludique, sous forme de courbes et de tableaux synthétiques. La comparaison s’effectue par rapport à des recommandations proposées par un groupe d’experts internationaux travaillant au sein de la FIL.

Les tests dynamiques, quels qu’ils soient, ne remplacent pas les tests “à sec” (hors traite) tels que ceux proposés en France par Optitraite(r). Ceux-ci donnent, entre autres, des valeurs chiffrées de la capacité de la pompe à vide et de la réserve réelle, des consommations en air des différents éléments de la machine. Ils renseignent de façon précise sur le fonctionnement du régulateur.

Les enregistrements réalisés avec VaDia permettront sans doute de mieux comprendre la traite et de trouver des pistes nouvelles d’amélioration.

  • (1) Voir le document “Comprendre les enregistrements de VaDia” sur le site : www.biocontrol.no

  • (2) Dans la notice disponible en ligne (www.biocontrol.no/vadia), les recommandations disponibles sont indiquées pour chaque paramètre mesuré.

Références

  • 1. Committee on farm management milking time test methodology and interpretation of results. International Dairy Federation Standing, Rennes, avril 2013.
  • 2. National mastitis council. Procedure for evaluating vacuum levels and air flow in milking systems. 2nd ed. Ed. NMC Verona, États-Unis. 2004:15p.
  • 3. Postma E. New technology for milking vacuum diagnostics helps advisors better understand and manage udder health programs. British Mastitis Conference, Worcester, United Kingdom. 2012:Poster.
  • 4. Rasmussen MD, Rønningen O, Bjerring M. Milking time tests: Interpretation of results. National Mastitis Council NMC Annual Meeting Proceedings. 2008:182-183.
  • 5. Sauve O. Optitraite(r) : la méthode de contrôle pour les installations de traite mécanique. 3e éd. Institut de l’élevage, Paris. 2005:64p.
  • 6. Schmitt van de Leemput E, Savary Ph, Laplace C et coll. Fonctionnement de la machine à traire : le contrôle dynamique. Point Vét. 2010;309:48-52.

Conflit d’intérêts

Aucun.

ENCADRÉ
Différentes formes possibles des perturbations du vide pendant la traite

Variations de vide “lentes”

Le vide sous le trayon se différencie lentement du vide de travail. C’est la résultante des pertes de charges dues au transport du lait entre le gobelet trayeur, la griffe et le lactoduc. Peuvent être mis en cause : la présence de fluxmètres dans l’installation, ou de vannes de coupure de vide, un diamètre trop petit des tuyaux à lait (courts et longs), une pente insuffisante du lactoduc, une réserve réelle trop faible ou des fuites d’air.

Variations de vide cycliques

Elles ont pour origines l’ouverture et la fermeture du manchon créées par la pulsation. Leur amplitude dépend en particulier de paramètres du faisceau trayeur tels que le diamètre du tuyau court à lait, le volume et la forme de la griffe, le diamètre et la souplesse de la lèvre d’embouchure du manchon, voire le diamètre du tuyau long à lait.

Variations de vide irrégulières

Elles ont pour origine une entrée d’air soudaine et imprévue due, par exemple, au glissement du manchon sur le trayon dans le faisceau trayeur en test, ou bien à la pose, à la dépose ou à la chute d’autres faisceaux trayeurs adjacents. Le branchement d’un pot trayeur sur le lactoduc sans précautions peut aussi être en cause, ou l’engorgement du lactoduc et un défaut de régulation du vide.

Points forts

→ 10 à 20 vaches doivent être évaluées avec VaDia (pour un cheptel de 50 à 150 animaux).

→ Pendant la traite, toute l’attention du vétérinaire est disponible pour observer le ou les trayeurs, les vaches, la machine, ou collecter des prélèvements.

→ Les mesures sont effectuées pendant toute la traite.

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