Est-il encore possible d’effectuer une chimiothérapie ? - Le Point Vétérinaire n° 292 du 01/01/2009
Le Point Vétérinaire n° 292 du 01/01/2009

Question de lecteur

Auteur(s) : Cécile Soyer

Fonctions : Centre de chimiothérapie et de radiothérapie
ENV d’Alfort, 7, avenue du Général-de-Gaulle, 94704 Maisons-Alfort

Les vétérinaires sont actuellement confrontés à deux difficultés : s’approvisionner en certaines molécules de chimiothérapie devenues inaccessibles en France et administrer ces spécialités cytotoxiques sans qu’aucune réglementation n’encadre cette pratique.

L’approvisionnement a été restreint à l’usage hospitalier, dans le cadre du “plan cancer”, pour certaines molécules devenues inaccessibles aux vétérinaires. C’est le cas de l’adriamycine ou doxorubicine (Adriblastine®), et des dérivés du platine, dont le carboplatine (Carboplatine® ou Paraplatine®). À ce jour, le seul moyen est de demander aux propriétaires de se procurer la chimiothérapie de leur animal dans les pays frontaliers où les molécules sont encore disponibles en officine : Belgique, Allemagne, Suisse, Espagne. En France, la L-asparaginase(1) (Kidrolase®), la vincristine (Oncovin®), la vinblastine (Velbe®) et le cyclophosphamide (Endoxan®) sont encore disponibles directement en officine. La lomustine ou le CCNU (Belustine®) est également accessible aux vétérinaires français via un circuit direct mis en place par le laboratoire producteur(2). Ainsi, actuellement, les lymphomes et les mastocytomes peuvent encore être traités.

L’administration est le second aspect à considérer lors de la mise en place d’une chimiothérapie chez l’animal de compagnie. L’injection ou l’administration orale d’un cytotoxique s’effectue sous la responsabilité du praticien, sans qu’aucun cadre réglementaire ne soit à ce jour défini. Un cahier des charges est actuellement soumis au ministère afin qu’un texte de loi encadre au plus vite la manipulation de ces produits par les vétérinaires. Cependant, des règles simples permettent de réaliser une chimiothérapie sans risque :

- pour le manipulateur. Le port de gants, d’un masque et d’une blouse à manches longues est requis, ainsi que la préparation au calme sur un plan de travail recouvert d’une surface absorbante et près d’un point d’eau pour rincer en cas de projection. C’est le vétérinaire qui administre les cytotoxiques, et en aucun cas une ASV. Les déchets et excreta sont éliminés dans les containers spécifiques ;

- pour l’animal. Les intraveineuses sont réalisées après la pose d’un cathéter, la présence d’un retour veineux est vérifiée avant chaque injection, et la chimiothérapie est administrée progressivement, à intervalles réguliers, sous forme de bolus dans la tubulure de perfusion et sous surveillance, et non via une poche de perfusion chez un animal laissé seul en cage ;

- pour les propriétaires. Il convient d’informer sans dramatiser (pas de chimiothérapie si la propriétaire est enceinte, surtout dans les trois premiers mois de grossesse), et d’administrer les comprimés ou les gélules à la clinique, avec des gants.

Ainsi, quelques mesures simples de bon sens permettent de s’affranchir des dangers liés à la manipulation des cytotoxiques. Les textes officiels sont attendus pour 2009.

  • (1) Le pharmacien doit passer par un des deux grossistes suivants : Cerp ou Phenix Pharma, ou directement par le laboratoire OPI au 04 37 49 85 85.

  • (2) Les commandes s’effectuent en faxant une ordonnance au laboratoire Prostrakan au 01 55 39 14 31. Les gélules de chimiothérapie ne sont jamais fractionnées. Si nécessaire, elles sont reconditionnées par un pharmacien.

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