DERMATOLOGIE
Dossier
Auteur(s) : Pauline Panzuti
Fonctions : CHV Languedocia
395 rue Maurice Béjart
34080 Montpelllier
Bien que le risque d’ototoxicité soit souvent cité par défaut dans les notices de ces produits, seules quelques molécules ont fait l’objet de recherches concernant cette complication chez le chien.
L’ototoxicité se traduit par des lésions de l’oreille interne qui conduisent à une altération des fonctions auditives et/ou vestibulaires à la suite de la prise d’un médicament (photo). L’atteinte peut concerner les cellules ciliées de la cochlée, le nerf auditif ou le vestibule. Elle peut être temporaire et cesser une fois le traitement terminé, ou être permanente [1-4].
Facilement identifiable et quantifiable chez l’humain, l’ototoxicité est plus difficile à évaluer chez le chien. Seuls des signes vestibulaires marqués ou une surdité importante seront notés par le propriétaire. Les atteintes plus discrètes, telles que les acouphènes ou les vertiges, sont difficiles à mettre en évidence chez l’animal et passent le plus souvent inaperçues.
Même si l’incidence exacte est inconnue, les cas d’ototoxicité avec des signes cliniques survenus à la suite de l’utilisation d’un topique auriculaire sont rares chez le chien. Les nombreux syndromes vestibulaires décrits après un nettoyage d’oreilles pourraient être dus à une surpression lors de l’instillation ou à l’emploi d’un topique trop froid. En cas d’otite moyenne avec une surinfection bactérienne, une ototoxicité due aux toxines bactériennes est possible.
Le risque d’ototoxicité est mentionné par défaut sur la majorité des notices ou résumés des caractéristiques du produit (RCP) des topiques auriculaires, nettoyants ou traitants. Trop peu d’études sont disponibles pour confirmer ou infirmer ce risque chez le chien, sauf pour les molécules qui ont fait l’objet de recherches [1-4].
Le propylène glycol est retrouvé dans de nombreux nettoyants. Des études expérimentales menées sur des rongeurs ont démontré son ototoxicité lorsqu’il est instillé directement dans la cavité tympanique. Aucune étude n’est disponible chez le chien lors d’une instillation dans le conduit auditif dans le cas d’une perforation tympanique. Néanmoins, certains nettoyants auriculaires qui en contiennent sont très bien tolérés, même lors de rupture tympanique chez le chien.
Parmi les céruminolytiques, seul le squalène est considéré comme non ototoxique lorsqu’il est instillé dans l’oreille moyenne chez le chien.
La chlorhexidine, bien que déconseillée chez l’humain, montre une absence d’ototoxicité chez le chien à une concentration de 0,15 à 0,2 %, selon plusieurs études. En revanche, elle est ototoxique chez le chat même diluée à 0,05 %.
Le Tris-EDTA, non ototoxique d’après plusieurs études, constitue la molécule de choix lors d’otite moyenne à Pseudomonas spp.
Les fluoroquinolones sont la seule famille d’antibiotiques dont l’absence de nocivité a été démontrée dans plusieurs études dans le cadre d’une utilisation en solution aqueuse concentrée à 0,85 % en association avec du Tris-EDTA [3].
Le potentiel ototoxique des aminosides chez le chien est extrapolé des résultats obtenus chez le cochon d’Inde. Néanmoins, différentes études démontrent que la gentamycine est le seul aminoside qui peut être employé dans l’oreille moyenne à des concentrations de 0,27 % dans du Tris-EDTA [3].
Conflit d’intérêts : Aucun