UNE SEULE SANTÉ
Chirurgie
Auteur(s) : Michaella Igoho-Moradel
« Vaccination, immunité : l’approche “une seule santé” » était le thème de la rencontre du deuxième cycle annuel de conférences “One Health”, organisé par les rédactions de 1Health (dont fait partie Le Point Vétérinaire) et de L’Obs, le 15 juin dernier à l’hôtel de ville de Lyon. L’occasion d’aborder les atouts et les enjeux de la vaccination, et plus largement la question de l’immunité dans une approche globale.
Alors que l’Hexagone traverse l’une des épizooties d’influenza aviaire (IAHP) les plus dévastatrices de son histoire et que les autorités sanitaires misent sur une campagne vaccinale pour la contrer, une nouvelle conférence du cycle “une seule santé” s’est tenue en juin sur le thème de la vaccination. Elle s’est déroulée à Lyon, un terreau fertile à l’innovation et à la recherche. En matière de vaccination et d’immunité, l’approche globale n’est plus seulement un concept pour de nombreux acteurs de terrain.
Une première table ronde a permis de rappeler que, dans le domaine de la vaccination, une stratégie plus concertée est possible, via des partenariats public-privé, des collaborations entre les acteurs de la santé humaine et de la santé animale, un institut One Health, des formations transdisciplinaires, etc. Ainsi, c’est tout un écosystème d’excellence qui est dédié à la santé et aux maladies infectieuses, comme en témoignent plusieurs exemples dans la région Rhône-Alpes. Pour les vétérinaires, la démarche “une seule santé” n’est pas non plus récente. La profession compte en effet parmi ses illustres membres Pierre-Victor Galtier, le précurseur du vaccin antirabique.
La vaccination est un outil efficace pour faire face à la recrudescence de certaines maladies telles que les infections invasives à méningocoques (responsables des méningites) ou à l’augmentation des arboviroses. En santé animale, c’est la multiplication des foyers d’influenza aviaire hautement pathogène qui mobilise les autorités sanitaires. Dans ce contexte, la vaccination contribue à diminuer la charge virale.
Si la vaccination a fait ses preuves, elle fait aussi face à de nombreux défis, comme l’innovation ou la défiance de la population. Entre craintes et croyances, le collectif Immuniser Lyon, une initiative pionnière en France, tente de tordre le cou aux idées reçues sur la prévention vaccinale. Les participants à une seconde table ronde ont élargi cette approche globale en matière d’immunité à la question environnementale. Une problématique abordée dans une discipline encore récente, l’éco-immunologie, au carrefour de l’écologie, de la parasitologie, de l’épidémiologie et de la biologie évolutive. « Les pressions anthropiques (agriculture, élevage, etc.), sources de pollution physique ou chimique, peuvent dégrader les milieux naturels habités par les espèces. La pollution sonore ou lumineuse va ainsi avoir un impact sur la physiologie de ces dernières, et notamment sur leur immunité », a expliqué Louise Cheynel, postdoctorante à l’université Lyon qui s’intéresse à l’immunité environnementale. De son côté, Bruno Lina, virologue au Centre international de recherche en infectiologie de Lyon, a souligné que les connaissances sur l’impact de l’environnement sur l’immunité sont encore embryonnaires. Judith Mueller, directrice adjointe du Réseau doctoral en santé publique et professeure d’épidémiologie à l’École des hautes études en santé publique, a quant à elle sensibilisé le public au concept d’exposome, un ensemble de facteurs qui influencent la santé des individus et complètent l’effet du génome.
Bruno Lina, également chef de service aux Hospices civils de Lyon, a insisté sur l’importance de la prévention pour maîtriser les épidémies. « Face à une bouffée épidémiologique, seuls les vaccinés peuvent lutter contre l’infection et cette immunité peut durer longtemps. Elle est parfois acquise, soit parce qu’on a été infecté, soit parce qu’on a reçu un vaccin. (…) Sans une immunisation collective, on s’expose à une épidémie massive. Lorsqu’on veut sortir d’un risque d’émergence, il faut immuniser la population. […] C’est important d’avoir un mode de vie sain, mais tant que l’on n’a pas suivi un schéma vaccinal complet, qui protège contre l’ensemble du risque infectieux, cela ne suffit pas ! »