BIOSÉCURITÉ
Dossier
Auteur(s) : Audrey Palmero
Fonctions : (DE nouveaux animaux de compagnie)
Clinique Anidoc’
7 allée de la Dame Blanche
76550 Hautot-sur-Mer
L’hospitalisation d’un lapin atteint d’une maladie contagieuse suit un protocole précis afin de prévenir tout risque de transmission à d’autres animaux.
Les virus de la maladie virale hémorragique et de la myxomatose, extrêmement résistants dans l’environnement, sont très dangereux pour les lapins de compagnie et à l’origine d’un taux de mortalité élevé. Au sein d’une clinique vétérinaire, le risque de contamination est important. Il est donc primordial d’établir un plan de prise en charge qui respecte les cinq règles de biosécurité de Saegerman : l’agent pathogène n’entre pas dans la clinique, il n’y circule pas, il n’en sort pas, il n’infecte pas l’homme et ne persiste pas dans les locaux [1].
Le virus de la myxomatose se transmet par voie directe via les sécrétions oculaires, nasales et génitales, et par voie indirecte entre les animaux ou via un vecteur (insectes piqueurs et non piqueurs). Très résistant dans le milieu extérieur, il peut persister un an malgré le froid et la dessiccation [1].
Le virus de la maladie virale hémorragique se transmet par voie directe (orale et nasale) et indirecte (animaux, cadavres, eau et végétaux souillés par les urines et les fèces, fourrages, insectes, humains, etc.). Il peut résister jusqu’à cinq mois dans un milieu sec et survit plusieurs mois à la congélation [1].
Lors d’une suspicion de myxomatose ou de maladie virale hémorragique, les lapins ne sont pas dirigés vers la salle d’attente mais doivent être reçus dans une salle de consultation dédiée uniquement aux animaux contagieux, qui sera condamnée pour le reste de la journée, sans leurs propriétaires potentiellement porteurs du virus sous leurs chaussures, leurs vêtements, etc. Dans ce contexte, il est important d’expliquer au propriétaire, au préalable par téléphone, la façon dont va exceptionnellement se dérouler la visite médicale.
Si la salle de consultation dédiée aux animaux potentiellement contagieux s’ouvre sur l’extérieur, le vétérinaire réceptionne l’animal dans sa boîte de transport, réalise la consultation sans le propriétaire qui attend dehors (photo 1). Si la salle de consultation n’a pas d’accès à l’extérieur, l’option à privilégier est de réaliser la consultation dehors si le temps le permet, sur une table recouverte d’un champ jetable [1]. Le vétérinaire s’équipe d’une casaque, de gants et d’un masque jetable pour examiner le lapin, sans oublier le gel hydroalcoolique. L’idéal est de maintenir l’animal dans sa boîte ou sa cage pour l’examiner, dans la mesure du possible. Des projections de fèces, d’urine, de litière et de foin sont possibles.
Ensuite, pour hospitaliser l’animal, une sectorisation des locaux doit exister. Il est alors transféré avec sa boîte de transport dans la cage d’hospitalisation pour animaux contagieux en passant par l’extérieur de la clinique, ou en utilisant un circuit qui donne directement accès à la pièce qui leur est réservée.
Le vétérinaire doit être équipé d’une blouse, de gants, de surchaussures et d’un masque à usage unique. Tout le matériel utilisé pour l’examen clinique (blouse, gants, serviettes, stéthoscope, etc.) reste dans la salle de consultation, qui devra être désinfectée le plus rapidement possible.
Les calicivirus de la maladie virale hémorragique sont éliminés à l’aide d’un produit à base de 10 % d’hydroxyde de sodium, de 1 à 1,4 % de formaldéhyde et de 0,2 à 0,5 % de bêta-propriolactone. Ils sont aussi inactivés par les agents oxydants, les halogénés, et le mélange alcool-aldéhyde. Ces molécules, présentes dans de nombreux produits vétérinaires, sont tout aussi efficaces sur le virus de la myxomatose, mais il est important de respecter les temps de contact indiqués par les fabricants [1].
Après un nettoyage et une désinfection de la paillasse et du matériel avec les produits adaptés, le vétérinaire sort de la pièce en y laissant blouse, surchaussures, gants, masque et autre équipement. La désinfection de la salle par voie aérienne est réalisée à l’aide d’un diffuseur d’aérosol contenant du chlorure de didécyldiméthylammonium, du 2-phénoxyéthanol et du cinnamaldéhyde [1].
Si une hospitalisation est décidée, le lapin est transféré dans sa boîte de transport en zone contagieuse sans passer par d’autres salles de consultation, d’examen ou d’hospitalisation, afin de respecter la sectorisation des locaux (photos 2a et 2b). L’idéal est qu’une communication directe existe entre la salle de consultation dédiée aux animaux contagieux et le local d’hospitalisation qui leur est réservé.
À défaut, passer par l’extérieur de la clinique pour accéder à la zone d’hospitalisation pour animaux contagieux est également une bonne solution. Dans tous les cas, le lapin infecté ne doit pas transiter par les couloirs (photo 3).
Conflit d’intérêts : Aucun