ATAXIE DES MEMBRES PELVIENS CHEZ UN CHIEN - Le Point Vétérinaire n° 439 du 01/03/2023
Le Point Vétérinaire n° 439 du 01/03/2023

NEUROLOGIE

Quel est votre diagnostic ?

Auteur(s) : Pierre Guigo*, François Wauquier**, Jean-François Boursier***

Fonctions :
*(dipECVS, DESV de chirurgie)
Clinique TouraineVet
12 rue des Internautes
37210 Rochecorbon

PRÉSENTATION CLINIQUE

Un staffordshire bull terrier mâle entier, âgé de 5 ans, est présenté pour des pertes d’équilibre et des difficultés locomotrices au niveau des membres pelviens qui évoluent depuis deux mois. L’examen clinique général ne montre aucune anomalie. L’examen à distance du système nerveux révèle une ataxie proprioceptive et une parésie spastique ambulatoire des membres pelviens. L’examen rapproché du système nerveux met en évidence un retard du placer proprioceptif des membres pelviens. Les réflexes médullaires sont normaux et la sensibilité superficielle et profonde est conservée sur les membres thoraciques et pelviens. Aucune amyotrophie n’est présente et aucune anomalie n’est décelée lors de la palpation et de la manipulation du rachis. Les résultats de l’évaluation des nerfs crâniens sont normaux. L’examen neurologique est en faveur d’une lésion de type motoneurone central des membres pelviens et laisse suspecter une atteinte du segment médullaire T3-L3. Un scanner du rachis thoraco-lombaire est réalisé, avant et après l’injection de produit de contraste iodé par voie atlanto-occipitale. Les images du myéloscanner sont présentées en reconstruction sagittale et en coupe transversale à la hauteur de T10 (photos 1 et 2).

Description des clichés tomodensitométriques

Les corps vertébraux sont bien alignés et délimitent un canal vertébral au diamètre régulier. Le nombre de vertèbres par segment est normal et les espaces intervertébraux sont réguliers.

L’opacification de l’espace sous-arachnoïdien (myéloscanner) met en évidence un élargissement focal de l’espace sous-arachnoïdien dorsal en regard de la vertèbre T10, avec une rétention de produit de contraste en forme de goutte à ce niveau, qui occupe jusqu’à 60 % de la hauteur de la section du sac thécal. Cet élargissement de l’espace sous-arachnoïdien est associé à un aplatissement marqué de la moelle spinale adjacente dans le plan dorso-ventral.

Une moindre diffusion du produit de contraste est présente cauda­lement à cette lésion. Les lobes pulmonaires affichent des plages d’hyperatténuation dans la partie déclive, signant une atélectasie peranesthésique.

Interprétation des images

L’examen révèle la présence d’un diverticule sous-arachnoïdien dorsal en regard du corps vertébral de T10, à l’origine d’une compression médullaire intradurale et extramédullaire sévère.

DISCUSSION

Le diverticule sous-arachnoïdien correspond à un élargissement focal de l’espace sous-arachnoïdien avec une accumulation de liquide cérébrospinal au sein des méninges [1]. Cette accumulation, délimitée par une prolifération de cellules méningées venant de la pie-mère et de l’arachnoïde, est dépourvue d’un épithélium propre, ce qui rend le terme de kyste sous-arachnoïdien impropre [1]. Elle a pour conséquence une compression de la moelle en regard. Son origine peut être congénitale lors de malformations de l’espace sous-arachnoïdien au cours de l’embryogenèse, ou acquise notamment à la suite d’un traumatisme, de malformations vertébrales, d’une hernie discale chronique, d’une méningo-myélite, d’un processus néoplasique ou ischémique [2]. Sa localisation est le plus souvent thoracique caudale chez les chiens de petit format (bouledogue français, carlin) et cervicale craniale chez ceux de grande taille (rottweiler) [3]. Les signes cliniques les plus fréquents sont une ataxie qui peut évoluer en une parésie progressive, avec parfois une hypermétrie et une incontinence urinaire ou fécale, sans douleur associée [2].

Les examens d’imagerie en coupe (tomodensitométrie couplée à une myélographie ou imagerie par résonance magnétique) sont les examens complémentaires de choix pour le diagnostic de cette affection. Un traitement médical conservateur peut être mis en place en première intention (repos rachidien, physiothérapie, corticothérapie, voire analgésie lors de manifestations douloureuses). Le traitement chirurgical comprend plusieurs techniques, dont la fenestration du diverticule sous-arachnoïdien par une durotomie, la marsupialisation du diverticule sous-arachnoïdien par une durectomie, ou la mise en place d’un système de dérivation vers la cisterna magna [3].

Références

  • 1. Kerwin SC, Levine JM, Hicks DG. Thoracolumbar spine. In: Veterinary Surgery: Small Animal, 1st edition. Elsevier Saunders. 2011:449-475.
  • 2. Mauler DA, De Decker S, De Risio L et coll. Signalment, clinical presentation, and diagnostic findings in 122 dogs with spinal arachnoid diverticula. J. Vet. Intern. Med. 2014;28 (1):175-181.
  • 3. Smith CJ, Guevar J. Spinal subarachnoid diverticula in dogs: a review. Can. Vet. J. 2020:61 (11):1162-1169.

Conflit d’intérêts : Aucun

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