REPRODUCTION
Thérapeutique
Auteur(s) : Anne Gogny*, Yassine Mallem**
Fonctions :
*Reproduction des animaux de compagnie
Chuv d’Oniris
**Unité de pharmacologie et toxicologie d’Oniris
101 route de Gachet
44300 Nantes
Bien qu’il ne dispose pas d’une autorisation de mise sur le marché dans l’espèce féline, Suprelorin® peut permettre de contrôler la reproduction et les comportements indésirables du chat mâle de façon réversible.
Les implants de desloréline visent à contrôler la reproduction et les comportements indésirables des chats sans altérer leur potentiel reproducteur. En France, l’autorisation de mise sur le marché (AMM) de l’unique spécialité disponible (Suprelorin®) ne concerne que la castration des chiens et des furets mâles. Cependant, pour le dosage à 4,7 mg, le produit a obtenu en mai 2022 un avis positif du Committee for Veterinary Medicinal Products (CVMP) de l’Agence européenne du médicament afin d’élargir ses indications. Chez le chat, cela concerne l’induction d’une stérilité temporaire et la suppression de certains comportements indésirables chez le mâle entier de plus de 3 mois [1].
La desloréline est un agoniste plein des récepteurs de la gonadolibérine (GnRH), qui contrôle la sécrétion de l’hormone lutéinisante (LH) et de l’hormone folliculo-stimulante (FSH). Administrée sous la forme d’un implant sous-cutané dosé à 4,7 mg ou à 9,4 mg, elle est libérée en continu et à dose faible pendant quelques mois (photo). Au cours des jours qui suivent la pose de l’implant, la desloréline stimule la libération de LH et de FSH, ce qui augmente la sécrétion des hormones gonadiques. Dans un second temps, le traitement provoque une inhibition de la production d’ARN codant les sous-unités bêta des gonatrophines LH et FSH [11]. Il en résulte une inhibition progressive de la production des hormones gonadotropes et gonadiques, qui dure plusieurs mois à quelques années suivant l’espèce et le dosage utilisé.
Le délai avant l’inhibition de la fonction testiculaire est très variable selon les individus, mais n’est pas influencé par le poids du chat [7]. Chez l’adulte, un effet de stimulation initiale conduit à une augmentation de la testostéronémie et du nombre de spermatozoïdes au cours des 20 à 25 jours qui suivent l’injection [5, 7, 15]. Puis la testostéronémie diminue, sa valeur la plus basse étant atteinte en 3 à 11 semaines [1, 5, 12, 13, 14, 15]. En parallèle, le volume testiculaire diminue de moitié, le marquage urinaire disparaît et 80 % des chats présentent une inhibition de la libido et une disparition des spicules péniens [5, 13, 14]. Ces phénomènes sont valables pour les deux dosages de Suprelorin®, avec certainement des nuances en matière de délais, mais qui n’apparaissent pas dans les études en raison de l’énorme variabilité individuelle de la réponse au traitement. Chez le chat traité à l’âge de 3 mois, l’administration d’un implant dosé à 4,7 mg est suivie d’une absence de développement des comportements sexuels et des testicules pendant au moins 48 semaines [10].
La durée d’efficacité du traitement montre de très fortes variations individuelles : après l’administration d’un implant de Suprelorin® dosé à 4,7 mg, elle est de 8 à 27 mois pour la majorité des animaux, avec une durée moyenne qui fluctue de 13 à 24 mois selon les études, mais qui peut atteindre trois ans, voire quatre chez certains chats [4, 5, 6, 7, 8].
Lorsque le traitement ne fait plus effet, ce qui arrive dans un délai variable, la testostéronémie augmente et les spicules péniens, le marquage urinaire et la libido réapparaissent.
Avec le dosage à 4,7 mg, la spermatogenèse revient à son niveau initial 5 à 6 mois après la fin de la période d’efficacité du produit [5, 6]. Quand l’implant est retiré chirurgicalement 3 à 9 mois après l’injection, la testostéronémie revient à son niveau initial en environ 3 semaines [3]. Avec l’implant dosé à 9,4 mg, la restauration de la testostéronémie et la réapparition des spicules péniens sont observées 805 jours en moyenne après l’injection initiale [14]. Le taux de fécondité après le traitement par un implant dosé à 4,7 mg est de 100 % [4, 6]. Des gestations sont rapportées 9 à 20 mois après la pose de l’implant, et la taille de la portée n’est pas influencée par le traitement [4, 6]. Cependant, chez certains chats, la restauration effective de la fertilité est différée d’un à deux mois après la reprise des comportements sexuels [4].
Un prurit temporaire au niveau du site d’injection est décrit chez quelques animaux. Une augmentation de l’appétit et un gain de poids, réversibles à l’arrêt du traitement, sont observés dans environ 20 % des cas [4, 5]. Chez l’animal impubère, compte tenu du rôle des hormones sexuelles dans le contrôle de la fermeture des cartilages de croissance, les effets du traitement restent à évaluer. Par ailleurs, comme des récepteurs à la GnRH ont été identifiés dans la mamelle, l’appareil génital et la vessie, des effets secondaires sont possibles sur ces organes [9].
Conflit d’intérêts : Aucun
Chez le chat adulte en bonne santé, le traitement montre des effets indésirables mineurs et aucune répercussion délétère sur la fertilité ultérieure. Cependant, le moment où les animaux peuvent effectivement être considérés comme stériles est extrêmement variable selon les individus, de même que la durée d’efficacité de l’implant.