BOITERIE THORACIQUE RÉCIDIVANTE CHEZ UN CHIEN ÂGÉ - Le Point Vétérinaire n° 424 du 01/12/2021
Le Point Vétérinaire n° 424 du 01/12/2021

IMAGERIE

Quel est votre diagnostic ?

Auteur(s) : Julien Sapet*, Maureen Lazard**, Nora Bouhsina***, Marion Fusellier-Tesson****

Fonctions :
*Service d’imagerie médicale
Chuv d’Oniris
119, route de Gachet
44300 Nantes

PRÉSENTATION CLINIQUE

Une chienne retriever à poil plat stérilisée, âgée de 12 ans, est référée pour une boiterie du membre thoracique droit évoluant depuis trois mois, à caractère récidivant à chaque arrêt des anti-inflammatoires non stéroïdiens et ne répondant que partiellement aux analgésiques (Tramadol®). Son état clinique général est bon. L’examen orthopédique révèle une boiterie de grade 3 sur 5, associée à une amyotrophie du membre. Une tuméfaction et une zone de chaleur dans la région proximale de l’humérus droit sont notées, ainsi qu’une douleur à la palpation au niveau de l’origine du tendon bicipital et lors de la flexion de l’articulation scapulo-humérale. Des radiographies de l’épaule et une échographie de l’articulation scapulo-humérale sont réalisées (photos 1 et 2).

Qualité des images

→ Les images radiographiques et échographiques sont de bonne qualité diagnostique.

Description des images

→ Les examens d’imagerie médicale mettent en évidence une masse hypoéchogène hétérogène entourant l’origine du tendon bicipital, associée à une lésion hypoéchogène au sein du tendon bicipital. Un discret ostéophyte est observé sur la tête humérale.

Interprétation et prise en charge thérapeutique

→ Considérant l’anamnèse et les examens d’imagerie médicale, le diagnostic différentiel de la lésion qui entoure l’origine du tendon bicipital inclut en premier lieu un processus néoplasique ou, moins probablement, une lésion bénigne (hématome, abcès). Une rupture tendineuse partielle du tendon bicipital et un début d’arthrose de l’épaule très discret sont également notés. Afin d’établir le diagnostic, une cytoponction échoguidée de la lésion qui entoure le tendon bicipital est réalisée à l’aiguille fine (22G). L’analyse cytologique conclut à un sarcome histiocytaire périarticulaire.

Un bilan d’extension thoracique et abdominal via un examen tomodensitométrique, suivi d’une amputation du membre thoracique droit associée à la mise en place d’une chimiothérapie, sont proposés mais déclinés par le propriétaire. Une chimiothérapie métronomique (cyclophosphamide à la dose de 10 mg/m2 une fois par jour pendant trois mois) est alors décidée, couplée à un traitement analgésique (Tramadol®).

Références

  • 1. Cogar SM, Cook CR, Curry SL et coll. Prospective evaluation of techniques for differentiating shoulder pathology as a source of forelimb lameness in medium and large breed dogs. Vet. Surg. 2008;37:132-141.
  • 2. Craig LE, Julian ME, Ferracone JD. The diagnosis and prognosis of synovial tumors in dogs: 35 cases. Vet. Pathol. 2002;39:66-73.
  • 3. Fidel J, Schiller I, Hauser B et coll. Histiocytic sarcomas in flat-coated retrievers: a summary of 37 cases. Vet. Comp. Oncol. 2006;4:63-74.
  • 4. Mullin C, Cliff ord CA. Histiocytic sarcoma and hemangiosarcoma update. Vet. Clin. North Am. Small Anim. Pract. 2019;49:855-879.
  • 5. Skorupski KA, Rodriguez CO, Krick EL et coll. Long-term survival in dogs with localized histiocytic sarcoma treated with CCNU as an adjuvant to local therapy. Vet. Comp. Oncol. 2009;7:139-144.

Conflit d’intérêts : Aucun

DISCUSSION

Il existe trois types distincts de sarcome histiocytaire (localisé, disséminé et hémophagocytaire), avec une prédisposition particulière observée chez le retriever à poil plat (36 % des tumeurs chez cette race) [3, 4]. Le diagnostic final repose sur la cytologie, mais une immunohistochimie ou des biopsies sont parfois nécessaires afin de conclure de manière définitive [4]. Dans le cas présenté, la bonne différenciation cellulaire de la lésion a permis d’établir un diagnostic par la cytologie uniquement.

Le sarcome histiocytaire localisé bénéficie d’un meilleur pronostic que les autres formes de sarcome histiocytaire, malgré un fort taux métastatique et des résurgences locales [2, 3]. Un traitement agressif localement (exérèse large en marge saine jusqu’à l’amputation ou radiothérapie), associé à une chimiothérapie, est le traitement de choix en cas d’absence de métastases au bilan d’extension réalisé de préférence par un examen tomodensitométrique [2, 4, 5].

Ces dernières années, l’échographie des tissus mous, qui est principalement utilisée en médecines humaine et équine, se développe dans l’espèce canine et montre de bonnes spécificité et sensibilité, notamment pour les affections de l’épaule [1]. L’échographie permet notamment de localiser et de réaliser des cytoponctions ou des biopsies échoguidées des lésions visualisées, comme dans ce cas, afin d’obtenir un diagnostic définitif.

Bien que l’imagerie en coupe reste la référence pour les affections de l’articulation scapulo-humérale, les différents avantages de l’échographie (diminution du risque anesthésique, temps d’examen et coût) et sa disponibilité dans la plupart des structures vétérinaires en font un examen qui peut être réalisé en première, voire en seconde intention lors d’atteinte aiguë ou chronique de l’épaule chez le chien.

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