ACTUALITÉS SUR LA PARVOVIROSE DU CHIEN ET DU CHAT - Le Point Vétérinaire n° 423 du 01/11/2021
Le Point Vétérinaire n° 423 du 01/11/2021

MÉDECINE INFECTIEUSE

Article de synthèse

Auteur(s) : Michel Pépin*, Ludovic Freyburger**

Fonctions :
*VetAgro Sup
Campus vétérinaire de Lyon
1, avenue Bourgelat
69280 Marcy-l’Étoile
michel.pepin@vetagro-sup.fr
**VetAgro Sup
Campus vétérinaire de Lyon
1, avenue Bourgelat
69280 Marcy-l’Étoile
VetOne
50, rue de Paradis
75010 Paris

La parvovirose chez le chien et le chat reste d’actualité malgré une vaccination efficace. Les données récentes permettent un ajustement des protocoles afin d’améliorer la couverture vaccinale et de prévenir les échecs.

La parvovirose du chat (également appelée panleucopénie féline ou typhus) et la parvovirose du chien figurent aujourd’hui parmi les maladies infectieuses les plus importantes et hautement contagieuses, notamment chez les jeunes animaux. Si le virus de la panleucopénie du chat est connu depuis son identification par le Pr J. Verge à l’ENV d’Alfort en 1928, le virus de la parvovirose canine a quant à lui émergé au début des années 1970, à partir d’un parvovirus proche du virus félin et ayant acquis la capacité de se lier au récepteur canin de type 1 pour la transferrine, après une adaptation chez des carnivores sauvages [22].

Depuis son introduction, la vaccination a permis de réduire considérablement l’impact de ces viroses, mais il convient de rester vigilant compte tenu de la grande résistance de ces virus dans l’environnement (jusqu’à un an en milieu organique), du portage souvent asymptomatique chez les carnivores sauvages susceptibles de (re) contaminer les chiens et les chats domestiques et de la capacité de ces virus à évoluer au cours du temps [1, 33, 34].

LES PARVOVIRUS DES CARNIVORES DOMESTIQUES (PROTOPARVOVIRUS)

Les parvovirus du chien (canine parvovirus type 2 ou CPV-2) et du chat (feline panleukopenia virus ou FPV) sont de petits virus (parvo en latin signifie petit ; 25 nm de diamètre) à ADN simple brin et non enveloppés (figure 1).

Ces deux virus ont été récemment reclassés dans le genre Protoparvovirus, sous-famille des Parvovirinae.

L’espèce Carnivore protoparvovirus 1, outre le CPV-2 du chien et le FPV du chat, regroupe deux autres virus, un parvovirus du vison (mink enteritis virus ou MEV) et un parvovirus du raton laveur (raccoon parvovirus ou RaPV) : ces quatre virus sont considérés comme les variants d’hôtes d’une espèce virale unique, avec une forte homologie génomique et antigénique (tableau et encadré).

VARIATIONS DES PARVOVIRUS

Les parvovirus du chien et du chat sont des virus nus (d’où leur grande résistance) avec une capside composée de soixante répétitions des protéines virales VP1 et VP2. Le génome fait d’ADN est constitué de deux gènes majeurs codant l’un pour des protéines non structurales impliquées dans la réplication virale, l’autre pour les deux protéines VP1 et VP2 de la capside. La proportion de VP2 versus VP1 est de 90 %, ce qui confère à VP2 les principales caractéristiques de ces parvovirus, comme l’attachement aux récepteurs cellulaires, les propriétés antigéniques et la stabilité dans l’environnement, notamment via la présence de boucles externes exposées au niveau de la capside.

Il est admis que l’ADN des parvovirus, et du CPV-2 en particulier, subit des variations du même ordre de grandeur que l’ARN des virus à ARN, donc d’environ 10-4 substitutions par an et par site [33].

Ces mutations au niveau de la VP2 ont permis, à partir d’un ancêtre commun, de différencier le FPV puis le CPV-2 qui restent toutefois très proches puisque les deux virus ne différaient que de six ou sept acides aminés au niveau de la VP2 lors de l’émergence du CPV-2 en 1978. Cette différence était cependant critique pour la liaison ou non au récepteur de la transferrine canine (TfR) (figure 2). Si le parvovirus félin a montré quelques variations mineures, le CPV-2 a évolué de façon plus significative avec l’apparition des variants (ou sous-types) 2a et 2b au début des années 1980 (et conjointement la quasi-disparition du CPV-2 original), puis du variant 2c en 2000 en Italie [9].

Les trois variants du CPV-2, qui se distinguent par l’acide aminé en position 426 (asparagine, aspartic acid et glutamic acid respectivement pour 2a, 2b et 2c), sont maintenant quasi répartis mondialement, avec cependant des différences notables entre les pays et les régions, voire entre des études pour un même pays [3, 15]. À titre d’exemple, en Italie, une étude de 2018 a permis de montrer la prédominance du variant CPV-2a (60 % des cas) sur l’ensemble du pays sans mettre en évidence de vraies différences régionales, alors que d’autres études avaient identifié une surreprésentation du variant 2c en Sicile ou du variant 2b en Sardaigne [37].

En France, la situation épidémiologique est mal connue faute d’étude exhaustive. En 2012, une étude italienne avait, sur seize souches françaises, identifié neuf 2b, sept 2c et aucun 2a [9].

À ces variations de sous-type s’ajoutent, pour les deux parvovirus FPV et CPV-2, toujours au niveau de la VP2, d’autres mutations silencieuses (dites synonymes, c’est-à-dire sans modification de l’acide aminé) ou non (dites non synonymes, avec modification de l’acide aminé), qui peuvent être qualifiées de mineures et à l’origine de différents lignages ou clades [38].

Ces modifications, qui n’ont pas d’impact majeur sur l’antigénicité des souches, peuvent permettre d’identifier l’origine géographique d’un isolat, mais doivent conduire à s’interroger régulièrement sur l’adéquation entre les souches vaccinales et les souches circulantes sur le terrain, notamment en cas de parvovirose avérée chez des chiens ou des chats vaccinés [26, 36].

TROPISME ET PATHOGENÈSE

Lors de l’infection directe ou indirecte (via des supports contaminés) du chien ou du chat par un parvovirus, par voie orale ou aérienne (intranasale), le virus se réplique quelques heures dans l’oropharynx (figure 3). Une virémie de durée variable (deux à sept jours) permet la dissémination du virus à l’ensemble de l’organisme. Pour une réplication virale efficace, le virus doit alors utiliser les ADN polymérases cellulaires afin de synthétiser le brin d’ADN complémentaire à partir du simple brin d’ADN viral. Pour cela, la réplication virale a lieu dans le noyau des cellules en division en phase S. Cette particularité explique le tropisme des parvovirus pour le système nerveux central des foetus lorsque l’infection a lieu au cours de la gestation, ou pour les organes lymphoïdes (incluant la moelle osseuse) et les cellules des cryptes de la muqueuse intestinale chez les chiens et chats jeunes et adultes [9]. L’infection des cellules du foetus lors de la gestation est à l’origine des troubles de la reproduction, particulièrement chez la chatte, avec un avortement, une momification ou une naissance à terme de chatons avec des malformations congénitales (ataxie cérébelleuse notamment).

Chez le très jeune chiot (moins de 1 semaine d’âge), en l’absence d’anticorps maternels, l’infection du myocarde est à l’origine de morts subites et de cardiomyopathies vers l’âge de 4 à 8 semaines. Chez les jeunes chiens ou chats, ou chez les adultes dans une moindre mesure, l’infection se traduit par une destruction des villosités intestinales associée à une diarrhée hémorragique (présente chez 58 des 71 cas de parvovirose canine, soit 82 % selon une étude récente) et par une panleucopénie avec une immunosuppression concomitante [15]. Le nombre de leucocytes circulants diminue drastiquement en raison de la destruction des cellules souches au niveau de la moelle osseuse, de la migration des lymphocytes dans les tissus et les organes, et de la lyse des cellules infectées par l’action des lymphocytes T cytotoxiques.

Une fois le chien ou le chat infecté, le virus est excrété en grande quantité, notamment dans les fèces (jusqu’à 109 particules virales par gramme de fèces), mais aussi dans l’urine (FPV), à l’origine d’une large contamination de l’environnement. Si l’animal survit, une virémie peut persister pendant deux mois avec une excrétion fécale certes diminuée, mais susceptible de durer cinquante jours chez le chien ou six semaines chez le chat [4, 10, 12].

LA PARVOVIROSE CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT

Chez le chat, la panleucopénie est due dans un peu plus de neuf cas sur dix au virus félin, et dans les autres cas aux variants du CPV-2, voire plus rarement encore à des co-infections du FPV et du CPV-2. Il est important de rappeler que le CPV-2 original n’infectait pas les chats, à la différence des variants récents. À côté des infections avec des signes cliniques plus ou moins prononcés, il existe des infections persistantes induites par les deux virus, à tel point que les chats porteurs asymptomatiques peuvent être considérés comme des réservoirs potentiels pour les autres carnivores (photo 1) [34].

Si le jeune chat est très sensible au FPV en l’absence d’anticorps maternels, le chat adulte non vacciné peut également développer une panleucopénie. La sévérité des signes cliniques varie ainsi selon l’âge (la parvovirose est plus sévère et plus souvent fatale chez les jeunes chats), le statut immunitaire et les surinfections. Fièvre, état de sidération – le terme typhus, dérivé de tuphos en grec, désigne cet état de stupeur – et anorexie sont les signes cliniques les plus fréquents chez le chat, accompagnés de manière inconstante de vomissements et d’une diarrhée hémorragique moins fréquente que chez le chien. Le chat FPV+ meurt de complications liées au choc septique associé à une septicémie (par translocation des bactéries de l’intestin), une déshydratation et une coagulation intravasculaire disséminée (CIVD). Si le chat survit plus de cinq jours, il a de fortes chances de recouvrer un état sain au bout de plusieurs jours ou semaines de convalescence [34]. Chez le chien, le tableau clinique et les complications sont assez similaires, avec toutefois davantage d’épisodes de vomissements et de diarrhée hémorragique que chez le chat. Comme les chatons, les chiots sont particulièrement sensibles et la mortalité peut atteindre 70 %, alors que, si l’infection chez les chiens adultes non vaccinés n’est pas rare, la mortalité est dans ce cas bien moindre (inférieure à 1 %), avec des formes fréquemment subcliniques ou inapparentes [9]. La présence ou non et la concentration des anticorps maternels chez le chiot infecté par le CPV-2 déterminent largement le devenir de l’infection. Si le débat reste ouvert quant à de vraies différences de virulence entre les variants, le consensus actuel va davantage dans le sens d’une relative similarité, la différence résidant dans des facteurs liés à l’hôte et aux conditions environnementales [2]. Les variants du CPV-2 ont une pathogénicité accrue par rapport au CPV-2 original et, pendant un temps, le CPV-2c a été associé à des signes cliniques plus sévères, sans que cela ait été réellement confirmé par la suite [9].

Cependant, une étude plus récente semble faire état de différences de sévérité de la parvovirose en relation avec des clades identifiés au sein des variants 2a, 2b et 2c [16]. Une différence de sévérité a également été suggérée chez le chien, liée à la race, notamment pour le rottweiler, le berger allemand ou le labrador retriever. Toutefois, l’absence de données de prévalence au sein de la population canine en général rend problématique ces priorisations de troubles de santé au sein d’une race, et doit inciter à la prudence [19].

DIAGNOSTIC DE LABORATOIRE

Chez le chiot comme chez le chaton, la confirmation d’une suspicion d’infection par les parvovirus est très importante, d’une part pour mettre en place rapidement un traitement symptomatique en l’absence de thérapeutique antivirale spécifique, et d’autre part pour prévenir la transmission de la maladie en isolant l’animal malade et en mettant en œuvre sans attendre les mesures pertinentes de biosécurité (photo 2).

Il existe des tests rapides (point-of-care tests) qui permettent d’identifier, au chevet de l’animal, les antigènes du parvovirus dans les fèces des animaux malades. Ces tests reposent sur une méthodologie de type enzyme linked immunosorbent assay (Elisa) ou immunochromatographie. Leurs sensibilité et spécificité sont acceptables par comparaison avec des méthodes de référence comme la polymerase chain reaction (PCR), l’isolement viral, etc. En cas de signes cliniques, si le test est positif, le chien ou le chat peut être considéré comme infecté par le parvovirus. Dans ce cas, la confirmation par un test PCR n’est a priori pas nécessaire. Si le test est négatif malgré un tableau clinique évocateur de parvovirose, il est indispensable de procéder à un second test avec l’envoi de prélèvements (fèces ou sang total en l’absence de selles) au laboratoire de diagnostic pour une PCR, le plus souvent en temps réel désormais, ce qui permet d’avoir une appréciation relative de la charge virale. Notons que la PCR peut être positive chez un chien ou un chat vacciné, jusqu’à trois semaines après la vaccination, mais pas les tests rapides compte tenu de leur sensibilité moindre. Cela est la conséquence d’une excrétion virale avec l’utilisation des vaccins disponibles réplicatifs (dits aussi vivants). À titre d’exemple, dans une étude récente, il est montré que 23 % des chiens excrètent le CPV-2, le plus souvent de façon intermittente, jusqu’à vingt-huit jours au minimum après la vaccination pour certains d’entre eux [17].

Pour établir le diagnostic, la recherche des anticorps dirigés contre les antigènes de la capside du parvovirus ne présente que peu d’intérêt, car la séroconversion est retardée par rapport à l’apparition des premiers signes cliniques et de nombreux chiens et chats ont été vaccinés et/ou infectés subcliniques auparavant. En outre, les immunités naturelle et vaccinale sont très persistantes.

Les tests hématologiques et biochimiques peuvent être utiles pour suivre l’évolution de la maladie et établir un pronostic : une leucopénie, une thrombocytopénie et/ou une hypoalbuminémie sont associées à une évolution défavorable de la parvovirose [4]. De nombreux autres marqueurs inflammatoires sont proposés pour prédire l’évolution de la maladie, avec toutefois un intérêt limité [25].

PRÉVENTION VACCINALE

La vaccination contre la parvovirose chez le chien et le chat est considérée comme essentielle. Ce point est rappelé dans toutes les recommandations internationales depuis leur mise en place, et devrait avoir pour corollaire une vaccination systématique de tous les chiens et chats. En réalité, la couverture vaccinale est loin de 100 % d’animaux vaccinés, avec des variations entre pays très importantes. En France, selon le premier observatoire sur la vaccination du Syndicat de l’industrie du médicament et diagnostic vétérinaires (SIMV) publié en juillet 2019, 41 % des chiens et 23 % des chats ont été vaccinés en 2017 contre la parvovirose (chiffres issus du nombre de doses vaccinales vendues par rapport aux populations de chiens et de chats publiées par la Fédération des fabricants d’aliments pour chiens, chats, oiseaux et autres animaux familiers sur la même période de référence).

La protection contre les parvovirus repose essentiellement sur la présence d’anticorps neutralisants, c’est-à-dire capables de bloquer l’entrée du virus dans les cellules cibles, d’où l’intérêt des vaccins réplicatifs pour induire ces anticorps. Selon la World Small Animal Veterinary Association (WSAVA), la présence d’anticorps antiparvovirus chez un chien ou un chat de plus de 20 semaines vacciné suffit à elle seule, quel que soit le titre, à garantir la protection de l’animal. Si la protection résultant de la survie à un épisode infectieux naturel semble être acquise à vie, la protection vaccinale est également de longue durée et décrite comme étant supérieure à sept ans [31].

1. Recommandations vaccinales en 2020

Les recommandations diffèrent des informations réglementaires fournies dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP) du dossier d’autorisation de mise sur le marché (AMM). Exposées en détail par Pépin et Moignard, elles viennent d’être mises à jour dans la publication récente de Freyburger [18, 30].

Selon l’âge de l’animal, les recommandations actuelles sont les suivantes : une injection tous les mois jusqu’à l’âge de 16 semaines inclus – le nombre d’injections dépend donc de l’âge au début du protocole de vaccination –, suivie d’une injection entre l’âge de 26 semaines (6 mois) et de 52 semaines (1 an), le plus près possible des 26 semaines, puis un rappel tous les trois ans. Le protocole vaccinal est le même pour le chat et le chien, excepté la date de début qui peut être avancée à 4 semaines chez le chien en cas de pression infectieuse avérée, au lieu de 6 à 8 semaines en situation usuelle (figure 4).

L’objectif de ces protocoles, notamment pour la période des quatre premiers mois de vie, est de circonvenir au mieux la période dite critique due à l’action ambivalente des anticorps maternels [18, 20]. En effet, outre l’effet inhibiteur sur la réponse immunitaire propre au chiot, les anticorps maternels peuvent, selon leur taux, inhiber la réponse vaccinale, sauf si les vaccins sont administrés par voie intranasale ou orale (non disponibles actuellement en France) [8]. Il est admis que les anticorps maternels peuvent persister au-delà de 16 semaines d’âge chez certains chiots et chatons, d’où l’importance des injections à 16 et 26-52 semaines [11, 21].

Chez le chien ou le chat adulte jamais vacciné, c’est-à-dire âgé de plus de 6 mois, une seule injection est nécessaire pour induire une immunité durable pendant au moins trois ans [31].

En milieu à risque ou infecté, ou en l’absence supposée d’anticorps maternels, la première injection de primovaccination peut être avancée à 6 semaines (avec des vaccins monovalents surtitrés), voire à 4 semaines chez le chiot avec les tout derniers vaccins mis sur le marché [7].

2. Vaccins disponibles en 2021

Chez le chien

En France, de nombreuses spécialités vaccinales contenant la valence “parvovirus canin” (P), dont cinq vaccins monovalents, sont disponibles. Les spécialités multivalentes sont des associations avec le virus de la maladie de Carré (C ou D), le virus de l’hépatite infectieuse canine (H ou A2) ou avec les autres valences vaccinales disponibles chez le chien : leptospirose (L), virus parainfluenza canin (Pi) et virus rabique (R). Selon les RCP des dossiers d’AMM, les vaccins monovalents s’administrent soit à partir de la 8e semaine d’âge, soit à compter de la 6e semaine en milieu infecté [6]. Les autres spécialités multivalentes sont préconisées pour une utilisation dès 8 semaines, à l’exception du tout nouveau vaccin DP (pour “distemper/ parvovirus”) qui est préconisé pour une utilisation à partir de la 4e semaine chez des chiots dépourvus d’anticorps maternels (photo 3).

Chez le chat

Il existe une dizaine de spécialités vaccinales disponibles contenant la valence “parvovirus félin” (P). La valence P est toujours associée aux valences calicivirus félin (C) et herpèsvirus félin (R), voire avec les autres valences chlamydiose (Ch), leucose féline (L) ou virus rabique (R). Les valences RCP sont considérées comme essentielles par tous les experts. Les vaccins contre la panleucopénie féline sont des vaccins réplicatifs, à l’exception d’une spécialité incluant exclusivement des valences à germes inactivés, recommandée notamment pour les chats positifs à la leucose (FeLV) et/ou à l’immunodéficience (FIV) félines.

Différences entre les informations réglementaires (RCP) et les recommandations scientifiques

Pour toutes ces spécialités, malgré une similitude concernant l’antigène utilisé – tous les vaccins canins contiennent une souche réplicative (vivante atténuée) de CPV, sauf une gamme qui utilise une souche de CPV-2b –, les informations fournies dans les RCP diffèrent en ce qui concerne les protocoles vaccinaux, le délai de mise en place de l’immunité (de trois jours pour le vaccin mis sur le marché récemment à huit jours ou trois semaines… lorsque ce délai est précisé) ou encore la durée d’immunité après la primovaccination (un, deux, trois, voire au moins trois ans… lorsque cette durée est mentionnée) [35].

Ces disparités s’expliquent essentiellement par des raisons réglementaires, selon les règles en vigueur au moment de la date de mise sur le marché de la spécialité vaccinale.

3. Le titrage des anticorps vaccinaux

Compte tenu de la bonne protection induite par l’immunité humorale après la vaccination, il est désormais possible d’avoir recours à des tests rapides pour évaluer la présence des anticorps antiparvovirus chez le chien et le chat lorsque la durée du rappel de trois ans est atteinte.

Si le chien ou le chat affiche un titre positif, le vétérinaire peut proposer au propriétaire de décaler d’un an (et ainsi de suite) la date du rappel, afin de se conformer à la recommandation générale visant à “vacciner juste”, c’est-à-dire ni trop ni pas assez [23]. Les avantages et les limites de cette approche ont été exposés et synthétisés dans deux revues récentes [5, 29].

4. Les échecs vaccinaux

Les (rares) échecs vaccinaux enregistrés avec la vaccination contre la parvovirose chez le chien et le chat sont, pour la plupart, dus à une mauvaise appréciation de la période critique, avec une inhibition de la réponse vaccinale liée à la persistance des anticorps maternels [2]. Les autres causes possibles, hormis une mauvaise administration ou conservation des vaccins, sont liées à l’absence de réponse vaccinale (animal “non répondeur”) chez certains chiens ou chats dont la fréquence est estimée à un sur cinq mille, d’où l’importance de vacciner un pourcentage important d’individus dans la population, ainsi qu’à l’éventuelle divergence entre la souche vaccinale et les souches circulantes [11, 27].

Références

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Conflit d’intérêts : Aucun

Encadré :
LES AUTRES PARVOVIRUS DU CHIEN ET DU CHAT

D’autres parvovirus sont décrits chez le chien et le chat avec un pouvoir pathogène faible ou indéterminé. Ainsi, il existe un “canine minute virus” ou “minute virus of canine” (MVC) désigné auparavant par CPV-1 et qui a été reclassé parmi le genre Bocaparvovirus car il est proche des bocavirus isolés chez les bovins [32]. Un bocavirus a également été identifié chez le chat ainsi que des protoparvovirus chez le chat et le chien, clairement distincts du CPV-2 et du FPV, mais proches des bufavirus isolés chez l’homme [24]. Dans l’espèce féline, ces bufavirus sont présents chez plus de neuf chats sur dix sans être associés à une maladie, sauf peut-être lors de certaines infections respiratoires [14]. Le constat est le même pour les chaphamaparvovirus décrits récemment chez le chien (CaChPV-1) et chez le chat (FeChPV) [13, 28].

Points clés

• La parvovirose du chien et du chat est toujours d’actualité.

• Les parvovirus du chien (CPV-2a, 2b, 2c) et du chat (FPV) sont des virus très résistants dans l’environnement.

• La vaccination avec des vaccins réplicatifs reste le meilleur moyen de prévention de la parvovirose du chien et du chat.

• Les rares échecs vaccinaux sont essentiellement le fait des anticorps maternels persistants, d’où la nécessité d’appliquer scrupuleusement les recommandations vaccinales internationales.

CONCLUSION

Si la parvovirose canine et féline reste d’actualité, la vaccination demeure le moyen le plus sûr de protéger les chiens et les chats contre cette maladie. À la condition toutefois de bien respecter les recommandations vaccinales, notamment relatives à la primovaccination, et de rester vigilant sur l’évolution des souches circulantes compte tenu du caractère variable, limité certes, mais réel des parvovirus canins et félins.