UROLOGIE CANINE ET FÉLINE
ÉTUDE
Auteur(s) : Adèle Savoye*, Tarek Bouzouraa**
Fonctions :
*(dipl. Ecvim-CA internal medicine)
Service de médecine interne
Clinique Armonia
37, rue Serge Mauroit
38090 Villefontaine
Trois types de glomérulopathie peuvent être distingués à l’analyse histopathologique, notamment par la recherche d’un dépôt de complexes immuns ou d’une substance amyloïde à l’examen en microscopie électronique.
Trois principaux groupes de maladies glomérulaires sont décrits. Il s’agit des glomérulonéphrites avec un dépôt de complexes immuns (immune-complex glomerulonephritis, ou ICGN), des amyloïdoses, et des glomérulopathies sans dépôt de complexe immun (NICGN) [4, 6].
Les glomérulonéphrites à médiation immune, les atteintes glomérulaires les plus fréquentes chez le chien, représentent 40,6 à 50,6 % des cas [3, 8, 14]. Elles sont la conséquence d’un dépôt de complexes immuns solubles dans le glomérule, à l’origine d’une hypercellularité glomérulaire et/ou d’un remodelage de la membrane basale glomérulaire [5, 6, 14].
Trois principaux types d’ICGN sont distingués :
– la glomérulonéphrite membraneuse, qui est la plus représentée chez le chat et pour laquelle, chez le chien, la race dobermann est surreprésentée ;
– la glomérulonéphrite proliférative ;
– la glomérulonéphrite membrano-proliférative.
Ces deux dernières formes sont les plus fréquentes chez le chien [6, 12].
Une étude portant sur 501 chiens a montré que, dans 27,4 % des cas, la microscopie électronique était indispensable au diagnostic de glomérulonéphrite à médiation immune [14]. Cet examen révèle la présence des complexes immuns sous la forme d’amas denses, tandis que l’immunofluorescence peut mettre en évidence des anticorps en amas granulaires, de type immunoglobulines (IgG, IgM, IgA) et compléments (C1q et C3) (photos 1a à 1c) [2, 6, 15].
Dans les études réalisées à partir de données anatomopathologiques, l’amyloïdose rénale représente environ 12 à 15 % des glomérulopathies canines [6, 8, 14]. Les glomérules sont les sites de dépôts les plus fréquents de la substance amyloïde chez le chien et le chat. Cependant, celle-ci peut se déposer dans la médulla pour certaines formes familiales (chez l’abyssin et le shar-pei, notamment).
À l’examen histologique, la substance amyloïde apparaît amorphe, acellulaire et éosinophile (photo 2) [4, 11, 13, 16]. Elle prend une teinte rouge brique biréfringente à la lumière polarisée après une coloration au rouge Congo [6, 11, 16].
Les NICGN comprennent la glomérulosclérose, la lipidose glomérulaire et les autres glomérulonéphropathies familiales [4, 7, 10]. La glomérulosclérose, globale ou segmentaire et focale, est caractérisée par un remaniement fibrotique prenant place au sein du glomérule rénal et entraînant irréversiblement sa dégénérescence [5, 6]. La glomérulosclérose est primaire ou secondaire à une néphropathie chronique, probablement une dysendocrinie, ou une hypertension artérielle [1, 6, 12, 17]. Le mécanisme d’apparition d’une glomérulosclérose primitive est peu connu, et la maladie, bien que fréquente (environ 18 à 28 % des atteintes glomérulaires canines), reste sous-estimée [6, 8, 14]. L’analyse histologique révèle souvent une diminution de la taille des glomérules, une augmentation de la quantité de tissu conjonctif et une fibrose périglomérulaire (photo 3) [5, 6]. La lipidose glomérulaire est rare (3,8 % d’après les études), souvent une découverte fortuite et, dans la plupart des cas, associée à d’autres lésions glomérulaires (glomérulosclérose, amyloïdose ou ICGN). Son étiologie demeure inconnue et probablement associée à une dyslipidémie [9, 10]. Elle correspond à une dilatation des capillaires glomérulaires par l’accumulation de macrophages riches en lipides [10].
Conflit d’intérêts : Aucun
L’ajout des techniques de microscopie électronique et d’immunofluorescence à la microscopie optique conventionnelle permet d’améliorer les capacités diagnostiques et de faire une distinction précise entre les différents types de maladies glomérulaires. La microscopie optique seule, bien que moins onéreuse, ne révèle notamment pas la présence des complexes immuns lors d’ICGN.