USAGE DES ANTIBIOTIQUES DANS LE TRAITEMENT DE LA DIARRHÉE AIGUË DU CHIEN - Le Point Vétérinaire n° 413 du 01/01/2021
Le Point Vétérinaire n° 413 du 01/01/2021

MÉDECINE INTERNE

Article de synthèse

Auteur(s) : Laëtitia Lucarelli

Fonctions : (Master 2 recherche)
Clinique VetHorizon
Centre médical La Palunette n° 4456, RD 568
13220 Châteauneuf-lès-Martigues

En cas de diarrhée aiguë chez le chien, l’utilisation des antibiotiques ne doit pas être automatique. En effet, elle n’est pas sans conséquence sur le microbiote intestinal et le développement de l’antibiorésistance.

La diarrhée aiguë est une affection fréquente en médecine vétérinaire (tableau 1). Chez le chien, différentes causes peuvent en être à l’origine, mais elles ne sont, en général, pas recherchées. Dans la majorité des cas, ces affections sont peu sévères et se résolvent d’elles-mêmes, en quelques jours. Parfois, le pronostic vital peut être engagé, par exemple lors de diarrhée hémorragique sévère ou de parvo virose. Une étude épidémiologique rétrospective sur les pratiques des vétérinaires révèle que près de la moitié des chiens présentés pour une diarrhée aiguë sont traités par une antibiothérapie en première intention [23].

La prescription d’antibiotiques pour le traitement des diarrhées aiguës non compliquées chez le chien doit faire l’objet d’une attention particulière quant à son intérêt clinique et à son impact sur le microbiote (1). La menace croissante de l’émergence de souches bactériennes résistantes est à considérer très sérieusement.

ASPECT CLINIQUE

1. Causes des diarrhées aiguës

La diarrhée aiguë se définit comme une diminution de la consistance des fèces, qui peut s’accompagner d’une augmentation de volume et/ou de la fréquence de défécation. Elle évolue depuis moins de quatorze jours [4]. Les causes sont variées et, dans la majorité des cas, l’agent causal n’est pas identifié (tableau 2).

Diarrhées aiguës induites par l’alimentation, les médicaments, les toxiques

Les diarrhées aiguës autolimitantes sont souvent secondaires à un changement alimentaire trop rapide, une intolérance ou une indiscrétion (2) alimentaire, une intoxication, ou encore un événement stressant [4]. Certains médicaments, en particulier les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et les antibiotiques, peuvent également être à l’origine d’une diarrhée, voire de vomissements. Le recueil des commémoratifs et de l’anamnèse permet d’émettre des hypothèses mais, fréquemment, la cause exacte n’est pas déterminée. Le pronostic est le plus souvent excellent.

Syndrome de diarrhée hémorragique aiguë

Ce syndrome se caractérise par une diarrhée aiguë sévère avec la présence de sang. Il est précédé, dans environ 80 % des cas, de vomissements, d’une atteinte de l’état général et s’accompagne souvent d’une hémoconcentration marquée. Les races de petite taille sont plus fréquemment atteintes, ainsi que les jeunes animaux ou ceux d’âge moyen. L’étiologie n’est pas connue. Une réaction d’hypersensibilité de type 1 à un composant alimentaire ou à une endotoxine bactérienne, voire des souches entérotoxiques du genre Clostridium pourraient être à l’origine de ce syndrome [4, 15].

Diarrhées infectieuses

Les diarrhées aiguës d’origine infectieuse concernent surtout les jeunes animaux, immunologiquement naïfs ou immunodéprimés, qui vivent en collectivité ou sont entretenus dans de mauvaises conditions sanitaires [4]. Les parvovirus, les giardias, les salmonelles, les Campylobacter spp. et certains helminthes sont autant d’agents susceptibles d’être impliqués lors de diarrhée aiguë chez le chien.

La majorité des entérites virales sont souvent autolimitantes, bien que, dans certains cas, les signes cliniques puissent être sévères et l’issue fatale (lors de parvovirose notamment).

Les bactéries pathogènes à l’origine d’entérocolites et de diarrhée les plus fréquemment retrouvées sont Clostridium perfringens ou C. difficile, Campylobacter spp., des souches d’Escherichia coli et Salmonella spp. La prévalence réelle des diarrhées infectieuses provoquées par ces bactéries est complexe à déterminer, car beaucoup d’entre elles font partie de la flore intestinale normale. La diarrhée associée à une perturbation du microbiote intestinal peut résulter d’une prolifération microbienne, de la production d’entérotoxines et/ou de l’invasion de la muqueuse digestive par ces bactéries.

Les données qui concernent la pathogenèse des diarrhées à C. perfringens sont limitées, mais le mécanisme pathogénique implique probablement des souches commensales entérotoxiques. L’administration d’antibiotiques et de médicaments immunosuppresseurs est identifiée comme un facteur de risque d’une colonisation intestinale par C. difficile lors de l’hospitalisation. Les infections à Campylobacter jejuni sont favorisées par une forte densité des populations et de mauvaises conditions sanitaires. La production de cytotoxines et de toxines thermolabiles entraîne une inflammation de la muqueuse et une sécrétion de fluides dans la lumière digestive. En outre, de nombreuses interrogations persistent à propos du rôle d’Helicobacter spp. dans les gastrites chroniques du chien et du chat. Enfin, certains helminthes et protozoaires peuvent provoquer des diarrhées chez le chien. Toxocara canis est un vers rond qui parasite fréquemment le tube digestif du chien. Le chiot peut être contaminé dès la naissance par sa mère (passage via le placenta ou le lait).

Chez les jeunes animaux, les vers ronds sont à l’origine de diarrhées, d’une perte de poids, voire d’un retard de croissance. Lors d’infestations sévères, une occlusion intestinale peut aussi survenir. T. canis constitue également un problème de santé publique, avec des phénomènes de larva migrans viscérale et oculaire après une contamination chez l’homme. Les ankylostomes (Ancylostoma caninum et Uncinaria stenocephala) sont une autre cause de diarrhée chez le chien. Ancylostoma caninum entraîne une entérite hémorragique et une anémie sévère chez le chiot. Les trichures qui résident dans le cæcum et le gros intestin du chien peuvent engendrer une diarrhée ou la présence de sang dans les fèces. Enfin, Strongyloides stercoralis est un petit nématode qui provoque parfois une entérite hémorragique chez les jeunes chiots.

Quant aux diarrhées causées par des protozoaires, elles sont principalement dues à des coccidies ou à des Giardia. Plusieurs espèces de coccidies infestent l’intestin du chien. Les plus fréquentes appartiennent au genre Isospora spp. Les chiots élevés dans de mauvaises conditions sanitaires ou les animaux immunodéprimés peuvent développer de fortes infestations qui s’accompagnent de diarrhées mucoïdes, voire hémorragiques. Les Giardia sont des protozoaires flagellés qui infectent l’intestin de nombreuses espèces. La prévalence des infections par des Giardia est plus importante dans les collectivités (chenils, élevages).

Les chiens se contaminent par la voie oro-fécale. Les animaux infectés peuvent être peu ou pas symptomatiques, présenter une diarrhée aiguë sévère ou développer plus tard une maladie inflammatoire intestinale chronique associée à une perte de poids. Un traitement à base de fenbendazole (à la posologie de 50 mg/kg par jour pendant cinq jours), combiné à l’administration orale de métronidazole (à la dose de 25 mg/kg/jour pendant cinq jours), est classiquement prescrit. Le pronostic est généralement bon, mais certains chiens nécessitent plusieurs traitements, car les recontaminations sont fréquentes.

2. Traitement des diarrhées aiguës

Diète et alimentation

Le traitement initial de la diarrhée canine aiguë sans critère de gravité assure, avant tout, un support symptomatique. Une réévaluation de l’animal et de sa réponse au traitement est conseillée, par exemple via un suivi téléphonique.

Une diète d’environ vingt-quatre heures, avec un apport d’eau en petite quantité plusieurs fois par jour, est recommandée [4]. Une réalimentation progressive avec un aliment hyperdigestible délivré en petites portions est ensuite mise en place pendant trois à cinq jours. Les aliments commerciaux vétérinaires à visée gastro-intestinale sont adaptés. Une ration ménagère à base de blanc de poulet bouilli ou de poisson blanc, de fromage blanc (à 0 % de matière grasse) et de riz bouilli bien cuit peut également être envisagée.

Probiotiques et prébiotiques

Les probiotiques sont des microorganismes vivants qui, lorsqu’ils sont ingérés en nombre suffisant, se révèlent bénéfiques pour la santé. Lactobacilli et Bifidobacteria sont les plus utilisés chez l’homme. Les bactéries probiotiques contribuent ainsi à renforcer la barrière digestive et à moduler le système immunitaire de l’hôte, de même que son microbiote intestinal [6].

Des publications rapportent un effet bénéfique de certaines souches probiotiques lors de diarrhée aiguë sans complications chez le chien. En effet, une résolution plus rapide de la diarrhée (3,9 jours +/- 2,3 versus 6,6 jours +/- 2,7) et une réduction du recours aux antibiotiques sont démontrées chez les chiens ayant reçu des souches de Bifidobacterium animalis AHC7 par rapport à ceux ayant reçu un placebo [9]. De plus, une normalisation plus rapide du microbiome (3) est constatée chez les animaux traités avec des probiotiques lors de diarrhée hémorragique aiguë [31].

De leur côté, les prébiotiques sont des glucides alimentaires non digestibles tels que le lactosucrose, les fructo-oligosaccharides ou le psyllium. Ils stimulent la croissance et le métabolisme des bactéries digestives protectrices. Les effets bénéfiques sont également liés à la production d’acides gras à chaîne courte par les bactéries du côlon. Les données sur leur efficacité clinique demeurent limitées.

Traitement symptomatique

Un pansement digestif (phosphate d’aluminium, sucralfate, smectite, kaolin, montmorillonite, etc.) est administré par voie orale trois fois par jour afin d’adsorber les bactéries et leurs toxines et de protéger la muqueuse intestinale. Son administration doit être décalée a minima de trente minutes par rapport à celle des autres médicaments, afin de limiter les défauts d’absorption intestinale de ces derniers.

En cas de vomissements, un antiémétique peut être prescrit (citrate de maropitant à raison de 1 mg/kg/jour par voie sous-cutanée).

Un vermifuge à large spectre peut aussi être ajouté au traitement symptomatique (fenbendazole à la dose de 50 mg/kg/jour par voie orale pendant trois à cinq jours consécutifs).

La fluidothérapie est réservée aux animaux qui présentent un abattement important, des signes de déshydratation ou des vomissements non contrôlés.

Microbiote fécal

La transplantation de microbiote fécal est une technique qui vise à transférer le microbiote d’un donneur sain dans le tube digestif d’un receveur malade afin de rééquilibrer la flore intestinale altérée. En médecine humaine, les infections à C. difficile, et notamment celles réfractaires à un traitement antibiotique conventionnel, sont des indications validées de la transplantation fécale. Le recours à cette méthode pour d’autres affections constitue un traitement prometteur [28]. En médecine vétérinaire, quelques données relatives au traitement de la parvovirose, des infections à C. difficile ou des entéropathies chroniques commencent à émerger [17, 19, 25].

3. Place des antibiotiques dans le traitement de la diarrhée aiguë canine

Raisons d’utilisation des antibiotiques

La prescription d’antibiotiques est rapportée dans 45 à 70 % des cas de diarrhée chez le chien. La mise en place d’une antibiothérapie repose souvent sur une appréciation subjective qui suggère que l’état de l’animal s’améliorera plus rapidement avec un tel traitement. La recherche d’un agent infectieux lors de diarrhée aiguë concerne seulement une minorité de cas (3,2 %), l’étiologie est rarement identifiée et le diagnostic demeure incertain. Ainsi, la crainte d’une détérioration de l’état de l’animal, l’attente pressante des propriétaires, l’emploi “traditionnel” des antibiotiques ou l’idée d’une capacité de modulation du microbiote sont autant de raisons qui motivent l’usage des antibiotiques [24].

L’objectivation d’une diarrhée hémorragique est l’une des conditions cliniques les plus fréquemment citées par les vétérinaires pour justifier le recours aux antimicrobiens [24] (encadré 1). Dans le cas d’un syndrome de diarrhée hémorragique aiguë, la barrière intestinale est susceptible d’être altérée en raison de la nécrose de la muqueuse digestive et de l’hypovolémie. De plus, le nombre important de bactéries adhérentes à la muqueuse nécrotique fragilisée pourrait favoriser le risque de translocation bactérienne, donc de sepsis. C’est pourquoi un traitement antibiotique est souvent instauré [4, 18, 26]. Or, la prévalence des hémocultures positives chez les chiens qui présentent un syndrome de diarrhée hémorragique aiguë est faible (16 %) et sans différence significative par rapport aux résultats des chiens sains. De plus, aucune différence significative n’est observée concernant la sévérité des signes cliniques, la durée d’hospitalisation ou la mortalité entre un groupe constitué de chiens malades avec présence d’une bactériémie, et un lot constitué de chiens malades avec une hémoculture négative [27].

Antibiotiques de premier choix

Le métronidazole et l’association amoxicilline-acide clavulanique sont les antibiotiques les plus largement prescrits lors de diarrhée [4]. L’association amoxicilline-acide clavulanique est un choix intéressant pour son spectre d’action étendu contre la plupart des bactéries Gram positif, certaines bactéries Gram négatif, et les bactéries anaérobies, dont certains organismes entéropathogènes (Clostridium spp., E. coli, Salmonella spp.).

Par ailleurs, le métronidazole possède une activité contre Clostridium spp. et Giardia spp. et aurait des propriétés immunomodulatrices et anti-inflammatoires.

Recommandations actuelles

Les antibiotiques sont indiqués si l’animal présente une diarrhée d’origine bactérienne ou protozoaire, ainsi que s’il existe un risque de sepsis [4, 12] (encadré 2). En revanche, ces molécules ne montrent pas d’intérêt clinique chez les chiens souffrant d’une diarrhée aiguë non compliquée [10, 12, 23, 30]. Une étude récente révèle que l’utilisation d’amoxicilline en association avec l’acide clavulanique (à raison de 12,5 à 25 mg/kg deux fois par jour) ne permet pas une résolution plus rapide de la diarrhée chez le chien. La durée médiane de résolution de la diarrhée chez les chiens traités avec un antibiotique est de deux jours, au lieu de 1,6 jour chez ceux qui reçoivent un placebo [30]. Dans une autre étude menée sur 60 cas de diarrhée aiguë non compliquée, quel que soit le traitement (probiotique, métronidazole à raison de 125 mg deux fois par jour pour les chiens pesant entre 4 et 10 kg, 250 mg entre 10,1 et 20 kg et 400 mg entre 20,1 et 45 kg, ou placebo) pendant dix jours, aucune différence significative n’est observée sur le temps de résolution de la diarrhée (les durées médianes respectives étant de 3,5 jours, 4,6 jours et 4,8 jours) [23].

En outre, un traitement antibiotique n’est pas recommandé lors de syndrome de diarrhée hémorragique aiguë en l’absence de signes de sepsis (tableau 3). La mise en place rapide d’un traitement symptomatique, d’une fluidothérapie agressive et, dans certains cas, d’une transfusion de plasma permet une amélioration clinique rapide [18, 26]. Dans une étude menée chez 53 chiens présentant une diarrhée hémorragique aiguë aseptique, aucune différence significative n’est observée au niveau de la sévérité des signes cliniques, de la durée d’hospitalisation et du taux de mortalité entre le groupe traité avec de l’amoxicilline-acide clavulanique (à la dose de 12,5 mg/kg deux fois par jour par voie orale) et le groupe contrôle. De même, l’existence d’une bactériémie n’influence pas l’évolution clinique, ni la survie. Elle ne doit donc pas justifier l’instauration systématique d’un traitement antibiotique pour prévenir un sepsis [26, 27].

Enfin, l’usage d’antibiotiques peut être associé à des effets indésirables (vomissements, diarrhée ou anorexie). Dans une publication qui étudie l’impact du métronidazole (à la posologie de 15 mg/kg deux fois par jour par voie orale pendant quinze jours) sur le microbiome fécal chez des chiens sains, 56 % des chiens traités (9 sur 16) avec cette molécule ont développé une diarrhée [20].

EFFETS DES ANTIBIOTIQUES SUR LE MICROBIOTE

1. Définition du microbiote du chien

Le microbiote intestinal correspond à l’ensemble des microorganismes (bactéries, champignons, protozoaires et virus) qui peuplent le tractus digestif. Il se compose d’environ 1014 microorganismes et représente un écosystème complexe dont la composition et les interactions avec l’hôte jouent un rôle significatif sur sa santé, chez le chien comme chez le chat. Le microbiote intervient dans les fonctions digestives, métaboliques, immunitaires et neurologiques de l’hôte [7].

Des altérations qualitatives ou quantitatives de sa composition sont associées à certaines maladies chez l’homme et chez les animaux (entéropathies chroniques, obésité, diabète sucré, maladies cardiovasculaires, etc.).

Les progrès en matière de séquençage de l’ARN 16S(4) ont permis de décrire précisément le microbiome, c’est-à-dire l’ensemble des gènes des bactéries constituant le microbiote intestinal. De surcroît, l’étude des métabolites fécaux permet d’évaluer les changements fonctionnels du microbiote. Les principaux phyla bactériens composant le microbiote intestinal du chien sont désormais identifiés : il s’agit des Firmicutes, Bacteroidetes, Proteobacteria, Fusobacteria et Actinobacteria. Plusieurs affections gastro-intestinales canines sont associées à des altérations du microbiote digestif. Des entéropathogènes spécifiques ont également été mis en évidence (Campylobacter jejuni, Clostridium difficile, C. perfringens, et Salmonella spp.), mais leur rôle dans la pathogenèse des maladies digestives est mal compris, car la plupart d’entre eux sont retrouvés, avec la même fréquence, chez des animaux sains.

2. Modifications de la composition du microbiote

L’usage des antibiotiques entraîne une dysbiose intestinale prolongée et conduit à des changements dans les voies du métabolisme bactérien, chez l’homme comme chez l’animal.

Les données en médecine humaine suggèrent que la dysbiose secondaire à la prise d’antibiotiques est associée à une augmentation du risque de développement de l’asthme, de l’obésité, du syndrome de l’intestin irritable et des entéropathies chroniques comme la maladie de Crohn. L’altération du microbiote due à la prise d’antibiotiques peut également conduire à des infections graves à Clostridium difficile. De plus, ces molécules peuvent perturber le microbiome intestinal à long terme : chez l’homme, 30 % des taxa bactériens restent affectés plus de six mois après la prise des antibiotiques [8]. Les résultats des études réalisées chez le chien sont similaires. La composition du microbiote chez le chien sain, après quinze jours de traitement avec du métronidazole (à la dose de 15 mg/kg deux fois par jour par voie orale), est significativement modifiée par rapport aux chiens non traités. Une diminution de la diversité et de l’abondance des Fusobacteria et des Bacteroidetes est observée, ainsi qu’une augmentation de la quantité des Proteobacteria et des Actinobacteria. Après l’arrêt des antibiotiques, la diversité augmente à nouveau. Cependant, un mois plus tard, l’abondance des Fusobacteria n’est pas totalement restaurée. La dysbiose, évaluée par un index, augmente chez les chiens sains qui reçoivent du métronidazole (encadré 3) [20].

L’utilisation de la tylosine chez des chiens sains entraîne également des perturbations au sein du microbiote semblables à celles observées avec le métronidazole. Après une semaine de traitement avec de la tylosine (à raison de 20 mg/kg par voie orale deux fois par jour), une diminution de la diversité du microbiote et des modifications de sa composition sont notées (déclin des familles Fusobacteriaceae et Veillonellaceae) (figure 1) [11].

3. Altération de la production des métabolites

La dysbiose secondaire à une prise d’antibiotiques s’accompagne d’une détérioration de la production de certains métabolites, semblable à celle observée lors de maladies gastro-intestinales.

La diminution du nombre de bactéries productrices d’acides gras à chaîne courte entraîne une réduction de ces derniers. Ces acides représentent une source d’énergie pour les cellules épithéliales intestinales, régulent la perméabilité membranaire et contribuent au maintien de l’homéostasie intestinale. Chez les chiens souffrant d’une entéropathie chronique, la dysbiose est caractérisée par une baisse de la diversité des bactéries et des concentrations en acides gras à chaîne courte diminuées [14].

L’augmentation de l’ordre des Lactobacilliales (phylum Firmicutes) producteurs d’acide lactique est probablement à l’origine d’un accroissement des lactates sériques et fécaux. Or, une hausse des lactates fécaux est rapportée lors des entéropathies chroniques et des insuffisances pancréatiques exocrines chez le chien [2].

La diminution de l’abondance de Faecalibacterium prausnitzii et de Clostridium hiranonis au sein du phylum des Firmicutes est associée à un dysfonctionnement du métabolisme des acides biliaires, chez l’homme et le chien [3, 8, 12, 20]. Ces bactéries jouent un rôle important dans la conversion des acides biliaires primaires en acides biliaires secondaires (figure 2). Leur métabolisme constitue une fonction essentielle de la santé digestive, certains acides biliaires secondaires ayant notamment des propriétés anti-inflammatoires.

En médecine humaine, la production d’acides biliaires secondaires est altérée après un traitement antibiotique ou lors de maladie digestive chronique. Les infections à C. difficile induites par les antibiotiques sont associées à une augmentation des acides biliaires primaires et à une diminution des acides biliaires secondaires. La transplantation fécale, une option thérapeutique efficace chez ces patients, permet de restaurer le niveau physiologique des acides biliaires [8, 12].

L’emploi d’un antibiotique chez le chien sain est associé, comme chez l’homme, à un dysfonctionnement du métabolisme des acides biliaires [11, 20]. L’administration de métronidazole (à la posologie de 15 mg/kg deux fois par jour par voie orale pendant quinze jours) à des chiens sains a ainsi engendré une augmentation des acides biliaires primaires et une diminution des acides biliaires secondaires dont le niveau n’a pas été complètement rétabli jusqu’à quatre semaines après l’arrêt du traitement chez certains animaux [20].

4. Impact des antibiotiques

Les études réalisées chez le chien sain ont donc démontré les effets délétères des antibiotiques sur la composition du microbiote et sur ses fonctions. Peu de données sont disponibles sur la capacité des antibiotiques à normaliser le microbiote des chiens présentant une atteinte digestive, bien que ce soit l’une des raisons de leur usage lors de diarrhée aiguë.

Une étude récente, incluant 18 chiens souffrant d’une diarrhée aiguë sans complications, compare l’efficacité et l’impact de la transplantation fécale sur le microbiote versus un traitement à base de métronidazole d’une durée d’une semaine (à raison de 15 mg/kg deux fois par jour par voie orale) [3]. Un groupe contrôle de chiens sains, sans aucun traitement, est également inclus. Les chiens avec une diarrhée aiguë ont, à J0, un index de dysbiose supérieur à celui des chiens sains (- 4,6 ; index médian 4,1), associé à une diminution de la diversité et à des changements de composition du microbiote. Les profils métabolomiques, en particulier le métabolisme des acides biliaires, du cholestérol, des lipides et du tryptophane, sont altérés chez les chiens souffrant de diarrhée par rapport au groupe non traité. Une augmentation des acides biliaires primaires et une diminution des acides biliaires secondaires est rapportée chez les chiens malades.

Chez les animaux traités par transplantation fécale, l’index de dysbiose diminue, la diversité augmente et, au fil du temps, le microbiote de ces chiens se rapproche de la composition de celui des chiens sains. À l’inverse, les chiens du groupe métronidazole présentent une augmentation de l’index de dysbiose, une diminution de la diversité et des différences significatives dans la composition du microbiote à J7 et même à J28, par comparaison avec les chiens traités par transplantation fécale ou aux chiens sains. De la même façon, les profils métabolomiques des chiens ayant subi une transplantation fécale se normalisent à J28, contrairement aux chiens qui ont reçu du métronidazole. La transplantation fécale entraîne une diminution du pourcentage d’acides biliaires primaires au cours du temps, à la différence du traitement antibiotique. Elle permet de repeupler le côlon avec des bactéries impliquées dans la conversion des acides biliaires, et pourrait ainsi contribuer à restaurer la composition fécale en acides biliaires. À l’inverse, le métronidazole détruirait des bactéries, comme C. hiranonis qui joue un rôle dans la conversion des acides biliaires, ce qui engendrerait des anomalies dans le métabolisme des acides biliaires.

EFFETS DES ANTIBIOTIQUES SUR L’APPARITION DE BACTÉRIES RÉSISTANTES

1. Sélection de bactéries résistantes

Chez l’homme, la prise d’un traitement antibiotique est un facteur de risque de portage de bactéries digestives résistantes, en particulier d’entérobactéries productrices de β-lactamases à spectre étendu [22]. Une bactérie est considérée comme résistante lorsqu’elle tolère des concentrations en antibiotiques très supérieures à celles d’une majorité de souches de la même espèce. La détermination de la concentration minimale inhibitrice (CMI) en milieu liquide et en milieu gélosé (antibiogramme) permet d’évaluer la résistance d’une bactérie à des molécules données (figures 3 et 4). L’antibiotique exerce essentiellement une pression de sélection sur les populations de bactéries et favorise le développement de celles qui ont mis en place des mécanismes de résistance (figure 5). La croissance des bactéries sensibles à l’antibiotique s’arrête, induisant une diminution de la compétition entre bactéries, et permettant ainsi aux colonies résistantes de se multiplier et de proliférer.

Plusieurs études chez le chien montrent que l’administration d’antibiotiques augmente le portage d’E. coli résistants dans les fèces [29, 30]. Dans l’étude de Werner et son équipe, avant de débuter le traitement à base d’amoxicilline-acide clavulanique (à raison de 12,5 à 25 mg/kg deux fois par jour), le pourcentage médian d’E. coli résistants à l’ampicilline est faible : 0,2 % chez les chiens du groupe traité (0-4) et 0,1 % (0-9) chez ceux du groupe placebo [30]. Au sixième jour de traitement, tous les chiens traités avec l’antibiotique développent significativement plus de colonies résistantes à l’ampicilline (100 %, 35-100), par rapport aux chiens du groupe placebo (0,2 %, 0-10). L’arrêt du traitement antibiotique ne garantit pas la disparition de la résistance. Dans cette même étude, trois semaines après l’arrêt de l’antibiothérapie, le pourcentage d’E. coli résistants est toujours plus élevé chez les animaux traités que chez les témoins, avec une médiane à 10 % (2-67) versus 0 % (0-4).

La durée de la persistance des bactéries résistantes est très différente selon les germes et les antibiotiques. Elle peut ainsi disparaître en quelques semaines après l’arrêt du traitement ou se maintenir durant plusieurs années, même en l’absence de pression de sélection [8].

2. Diffusion des bactéries résistantes dans l’environnement

Les souches de bactéries résistantes hébergées par les chiens et les chats peuvent se disséminer dans leur environnement. Une étude menée chez 230 personnes volontaires révèle que le contact avec des animaux domestiques multiplie par sept le risque d’être colonisé par des E. coli résistants aux β-lactamines [13]. Un voyage à l’étranger, une hospitalisation et la prise récente d’antibiotiques sont également identifiés comme des facteurs de risque du portage de bactéries résistantes [13, 22]. Une étude réalisée en Suisse montre, via les écouvillons rectaux prélevés chez 49 chiens et 25 chats hospitalisés dans le service des soins intensifs, une colonisation de 24 % des chiens et 20 % des chats par des E. coli producteurs de β-lactamases. L’un des deux chiens suivis après leur retour au domicile restera colonisé pendant 77 jours, et les propriétaires de ces animaux seront porteurs de souches d’E. coli antibiorésistantes appartenant au même groupe. Plusieurs surfaces, au sein des habitats de ces chiens, ont également été colonisées [21].

Les résultats de cette étude démontrent qu’une transmission des souches de bactéries résistantes est possible du chien à son environnement, aux autres animaux du foyer et à ses propriétaires.

3. Conséquences de la colonisation des chiens par des bactéries résistantes

Des précautions doivent être prises vis-à-vis des animaux porteurs de bactéries résistantes aux antibiotiques, surtout lorsqu’ils appartiennent à des familles qui hébergent des personnes âgées, immunodéprimées, ou de jeunes enfants. Les sujets fragiles pourraient développer une infection, avec un risque d’échec thérapeutique susceptible d’engager alors le pronostic vital. Une tentative d’éradication de ces bactéries à l’aide d’un traitement antibiotique chez un animal asymptomatique ou paucisymptomatique sans critère de gravité apparaît inutile et peut même être contre-productive, en induisant un état de portage chronique (photo).

  • (1) Le microbiote intestinal est l’ensemble des microorganismes (bactéries, champignons, protozoaires et virus) qui vivent dans le tube digestif. Il est composé de 1014 microorganismes environ et représente un écosystème complexe dont la composition et les interactions avec l’hôte jouent un rôle significatif sur sa santé.

  • (2) L’indiscrétion alimentaire chez le chien inclut l’ingestion de nourriture avariée, d’éléments non alimentaires (poubelles, litière pour chats, plantes, crottes d’autres animaux, etc.) ou encore d’aliments inhabituels comme les restes de table.

  • (3) Le microbiome intestinal correspond à l’ensemble des gènes des bactéries constituant le microbiote intestinal.

  • (4) L’ARN 16S est un composant des ribosomes des bactéries. Les ribosomes constituent la machinerie de synthèse des protéines. Le gène qui code pour cet ARN 16S contient des régions identiques chez toutes les bactéries, mais aussi des régions variables qui sont spécifiques d’une espèce donnée. Les techniques de séquençage permettent de “lire” ce gène codant pour l’ARN 16S afin de déterminer de quelle bactérie il s’agit.

Références

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Conflit d’intérêts : Aucun

Points clés

• Dans la plupart des cas de diarrhée aiguë chez le chien, un traitement symptomatique suffit.

• Si l’animal ne présente pas de signe de sepsis et qu’il ne s’agit pas d’une diarrhée d’origine bactérienne, les antibiotiques n’ont aucun effet clinique bénéfique.

• Une surveillance clinique particulière est recommandée chez les animaux qui sont présentés avec une faible température corporelle, une douleur abdominale ou une hémoconcentration marquée lors de syndrome de diarrhée hémorragique aiguë.

• L’antibiothérapie altère le microbiote intestinal du chien de façon durable.

• Les antibiotiques exercent une pression de sélection sur les bactéries digestives résistantes. Ces dernières prolifèrent dans le tube digestif et peuvent contaminer l’environnement des animaux.

• Les personnes fragiles porteuses de bactéries résistantes sont davantage susceptibles de développer une infection grave associée à un risque d’échec thérapeutique.

Encadré 1 : RAISONS DE LA PRESCRIPTION D’ANTIBIOTIQUES LORS DE DIARRHÉE AIGUË

• Présence de sang dans les fèces.

• Signes cliniques modérés à sévères.

• Température corporelle au-delà de 39 °C.

• Âge supérieur à 7 ans.

D’après [24].

Encadré 2 : CRITÈRES DE GRAVITÉ LORS DE DIARRHÉE AIGUË

Des examens complémentaires et une hospitalisation peuvent se révéler nécessaires si l’animal présente les signes cliniques suivants :

- un abattement marqué, une hyperthermie supérieure à 39,5 °C, une déshydratation, une tachycardie ou bradycardie, des muqueuses grisâtres ou violacées, une hypotension ;

- un méléna, une hématémèse, une hématochézie importante, une anorexie depuis plus de 48 heures ou des vomissements fréquents ;

- des anomalies à la palpation abdominale (masses intestinales, épaississement des anses intestinales), un inconfort ou une douleur abdominale.

D’après [24].

Encadré 3 : INDEX DE DYSBIOSE

L’index de dysbiose est un outil fondé sur la méthode par réaction de polymérisation en chaîne (PCR) qui permet d’évaluer la composition normale ou anormale du microbiote chez le chien.

D’après [1].

CONCLUSION

La majorité des diarrhées aiguës du chien se résolvent en quelques jours à l’aide un traitement symptomatique. Les antibiotiques sont réservés aux animaux qui présentent un risque de sepsis ou souffrent d’une diarrhée d’origine bactérienne. L’évolution clinique est à surveiller, en particulier chez les individus âgés et ceux présentant un syndrome de diarrhée hémorragique aiguë. L’utilisation de scores cliniques est un outil intéressant pour décider de la pertinence d’une antibiothérapie. En effet, l’usage des antibiotiques provoque des modifications durables du microbiote et favorise l’émergence de souches résistantes. Une utilisation raisonnée de ces molécules est essentielle chez les chiens avec une diarrhée aiguë, en particulier s’ils vivent aux côtés de personnes fragiles. L’emploi de probiotiques ou la réalisation d’une transplantation fécale sont des stratégies thérapeutiques à encourager, permettant de pallier le recours systématique aux antibiotiques.

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