CANNABIS ET DOULEUR - Le Point Vétérinaire n° 413 du 01/01/2021
Le Point Vétérinaire n° 413 du 01/01/2021

FICHE DE SYNTHÈSE

Dossier

CHANVRE, CANNABIS, CANNABINOÏDES : DONNÉES PHARMACOLOGIQUES

Thierry Poitte

→ Les graines de chanvre à fibres produisent des huiles de chanvre de qualité, riches en oméga 3, alors que les fleurs de chanvre à résine sécrètent des cannabinoïdes au sein d’un phytocomplexe.

→ La pharmacocinétique des phytocannabinoïdes est caractérisée par une (très) faible biodisponibilité par voie orale et une forte liposolubilité à l’origine d’une large distribution dans les tissus richement vascularisés, puis d’une accumulation dans les graisses.

→ La pharmacodynamie des endocannabinoïdes et des phytocannabinoïdes est particulièrement complexe, en relation avec la régulation de nombreux processus tels que la douleur, l’inflammation, l’immunité, la cognition, etc.

PERSPECTIVES D’INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES EN ANALGÉSIE

Thierry Poitte

→ En médecine humaine, l’efficacité du cannabis thérapeutique est confirmée pour le traitement de la douleur et de la spasticité associées à la sclérose en plaques. D’autres études sont nécessaires pour justifier son intérêt dans la prise en charge des douleurs neuropathiques et cancéreuses.

→ Trois études vétérinaires récentes ouvrent des perspectives thérapeutiques intéressantes pour le traitement complémentaire des douleurs arthrosiques.

→ La toxicité du cannabis chez le chien, en relation avec le tétrahydrocannabinol et une surexpression des récepteurs CB1, est réelle : les cas d’intoxication se multiplient en France (ingestion accidentelle de résine ou de gâteau récréatif, autoprescription et approvisionnement sur certains sites internet, etc.).

PREMIÈRES OBSERVATIONS CLINIQUES AUTOUR DU CANNABIS ET DE LA PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR

Thierry Poitte

→ Les premières observations cliniques sont évaluées avec le système de gradation client specific outcome measures (CSOM) qui permet d’estimer le handicap fonctionnel et le mal-être associés aux douleurs chroniques. La version digitale de cette grille partagée avec le propriétaire permet un suivi sur le long terme de “l’animal douloureux”.

→ La composante émotionnelle des douleurs arthrosiques semble améliorée chez les premiers cas cliniques observés. Des observations de terrain sur un vaste échantillonnage, évaluées selon la même méthode CSOM, sont toutefois nécessaires pour confirmer ces résultats encourageants.

→ La qualité de vie des animaux sujets à des douleurs chroniques, lors de souffrances réfractaires aux traitements conventionnels ou en situation de fin de vie, peut devenir acceptable avec une prescription raisonnée de cannabidiol (titration et démarche start low, go slow, stay low). Toutefois, une évaluation régulière de la douleur et un questionnement éthique autour de la poursuite des soins doivent absolument être partagés avec le propriétaire.

→ La profession vétérinaire doit s’engager sur ce débat autour de l’utilisation du cannabis thérapeutique, compte tenu d’une forte demande sociétale (médecines humaine et vétérinaire) et de la préoccupation actuelle du bien-être animal.

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