L’anesthésie paravertébrale cervicale - Le Point Vétérinaire n° 307 du 01/07/2010
Le Point Vétérinaire n° 307 du 01/07/2010

Anesthésie du chien et du chat

Pratique

PAS À PAS

Auteur(s) : Anne-Laure Houset*, Delphine Holopherne-Doran**

Fonctions :
*72-74, rue de Paris, 78550 Houdan
**CHUV Oniris – Atlanpôle La Chantrerie
BP 40706, 44307 Nantes Cedex 3

Cette anesthésie est une alternative au bloc de plexus brachial.

Les anesthésies locorégionales sont les seules techniques analgésiques qui induisent un blocage complet des voies périphériques de la nociception. Ce sont les meilleurs moyens de limiter les phénomènes de sensibilisation et de douleur pathologique. Leur utilisation en phases pré- et peropératoires est donc fortement conseillée.

L’anesthésie du membre antérieur peut être réalisée par blocage des nerfs du plexus brachial dont dérivent tous les nerfs périphériques de la région. Si cette technique est en général assez aisée, le bloc obtenu est parfois décevant, se révélant inefficace sur les régions hautes du membre et souvent partiellement efficace en dessous. Une solution alternative consiste alors à aller insensibiliser les nerfs de ce plexus brachial en amont de celui-ci. Un blocage sélectif des nerfs segmentaires cervicaux C6, C7, C8 ainsi que du premier nerf thoracique T1 est ainsi réalisé, au plus proche de leur foramen intervertébral d’émergence (la contribution des nerfs spinaux de C5 et de T2 est minimale, voire nulle). Le succès de cette technique, appelée “anesthésie paravertébrale cervicale”, dépend donc de la localisation précise de ces nerfs. Même si, sur de nombreux animaux, les repères anatomiques permettent un repérage des espaces intervertébraux concernés, l’utilisation d’un électrostimulateur est fortement conseillée.

Pour chaque site, l’opérateur cherche à déposer une quantité d’anesthésique local au plus près des rameaux ventraux des nerfs segmentaires C6, C7, C8 et T1 dès leur émergence des foramens intervertébraux. Les rameaux de C6 et C7 sont bloqués dorsalement au processus transverse de la sixième vertèbre cervicale (VC6), respectivement aux marges crâniale et caudale de celui-ci, et sont relativement superficiels à cet emplacement (environ 2 à 3 cm sous la peau). Les rameaux ventraux de C8 et T1 sont situés dorsalement, respectivement aux marges crâniale et caudale de l’origine de la première côte.

Outre de potentiels échecs ou risques d’effraction vasculaire, le risque de bloc du nerf phrénique et, par conséquent, d’hémiparalysie du diaphragme est inhérent à cette technique (particulièrement lors du quatrième point d’injection). Elle ne doit donc en aucun cas être réalisée de façon bilatérale. Un pneumothorax est aussi une complication possible.

L’anesthésie paravertébrale cervicale est intéressante dans le cadre d’une analgésie multimodale lors d’une intervention chirurgicale sur le membre antérieur dans sa partie haute. Cette technique demande d’investir dans du matériel plus coûteux (électrostimulateur avec aiguilles adaptées) mais permet de réduire les besoins en anesthésiques généraux et en analgésiques centraux lors de la procédure chirurgicale. De plus, ce contrôle de la douleur péri- et postopératoire multimodal permet une récupération plus rapide de l’animal.

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