Est-il possible de poser un implant de desloréline chez le chat ? - Le Point Vétérinaire n° 304 du 01/04/2010
Le Point Vétérinaire n° 304 du 01/04/2010

Question de lecteur

Auteur(s) : Xavier Lévy

Fonctions : Centre de reproduction des carnivores du Sud-Ouest (CRECS), 58, boulevard Poumadéres, 32600 L’Isle-Jourdain

L’acétate de desloréline est une molécule de synthèse analogue de la GnRH (gonadotrope releasing hormone). Depuis peu, un implant de 4,7 mg, le Suprélorin®, a obtenu une autorisation de mise sur le marché européenne dans l’indication de l’induction d’une infertilité temporaire chez le chien mâle.

L’acétate de desloréline, comme agoniste de la GnRH, a pour premier effet de stimuler l’axe gonadotrope dans les jours qui suivent la pose de l’implant : l’induction des chaleurs chez la femelle et l’exacerbation du comportement mâle. Puis un fort rétrocontrôle négatif, induit par une stimulation intense et continue de l’hypophyse, génère une inhibition de la sécrétion de l’ensemble des hormones sexuelles : l’arrêt prolongé des chaleurs (anœstrus persistant d’origine iatrogène) chez la femelle et l’inhibition de la spermatogenèse et du comportement sexué (marquage, etc.) chez le mâle. Ainsi, l’implant de desloréline paraît être une solution alternative possible à l’usage des progestatifs ou à la chirurgie dans la régulation du cycle sexuel chez le chat.

Chez les félidés sauvages sont décrits quelques cas d’utilisation d’un implant de desloréline dans l’induction de chaleurs fertiles chez la lionne ou d’une suppression temporaire du comportement sexuel (et de la spermatogenèse) de mâles guépards et léopards. L’implant de desloréline ne semble pas engendrer d’effets indésirables chez les mâles des parcs zoologiques.

Chez le chat domestique, une seule étude décrit l’impact d’un implant de desloréline de 6 mg (différent de Suprélorin 4,6 mg®) sur la prévention temporaire des chaleurs. Dans cet essai, l’implant a induit des chaleurs chez toutes les chattes, puis leur inhibition prolongée. L’arrêt des chaleurs après la pose de l’implant a duré de 4 mois à plus de 14 mois (fin de l’étude), avec une absence de retour à un cycle normal à la fin de l’essai pour la majorité des chattes (8/10). D’autres travaux, en cours, évaluent l’intérêt de Suprélorin® chez la chatte et ses effets à moyen et à long termes.

Bien que l’implant de desloréline soit probablement un outil d’avenir dans le contrôle du cycle de la chatte ou le comportement de marquage du mâle entier, le manque de données sur ses effets sur l’appareil génital ne permet pas de recommander son usage chez le chat domestique. Les indications et les protocoles d’utilisation de ce traitement restent à déterminer.

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