Qu’apporte l’alfaxalone par rapport au propofol ou à la kétamine ? - Le Point Vétérinaire n° 301 du 01/12/2009
Le Point Vétérinaire n° 301 du 01/12/2009

Question de lecteur

Auteur(s) : Gwenola Touzot-Jourde

Fonctions : Place Marin, 14740 Bretteville-L’Orgueilleuse

L’alfaxalone (Alfaxan®) est un anesthésique injectable pour l’induction et l’entretien de l’anesthésie chez le chien et le chat. Cette molécule stéroïdienne neuro-active a une structure proche de celle de la progestérone, et provoque une dépression du système nerveux central en renforçant l’activité inhibitrice des récepteurs GABAA comme le propofol. La solution hydrosoluble d’alfaxalone est stable et peu propice au développement de colonies bactériennes ou fongiques lors de contamination iatrogène.

La profondeur d’anesthésie est fonction du degré de sédation obtenu grâce à la prémédication et de la dose d’alfaxalone injectée. La myorésolution qui accompagne l’état d’inconscience est de bonne qualité, comparable à celle qui est obtenue avec le propofol et plus marquée que celle obtenue avec l’association de la kétamine à une benzodiazépine. Elle facilite ainsi la mise en œuvre de l’intubation endotrachéale. Les signes de profondeur de l’anesthésie sont similaires à ceux du propofol (rotation ventrale des globes oculaires et diminution du tonus musculaire : laxité de la mâchoire, réflexe palpébral diminué, relaxation laryngée). L’induction de l’anesthésie est de bonne qualité, même sans prémédication, néanmoins cette dernière améliore la qualité de l’induction, augmente la qualité et la durée de l’anesthésie et rend le réveil plus calme et progressif. Lors du réveil, une période d’agitation peut apparaître avec un pédalage, une vocalisation et une hypersensibilté au bruit et au toucher. L’utilisation d’une prémédication avec un effet persistant lors du réveil ou d’une légère tranquillisation au réveil diminue l’occurrence de ses effets secondaires.

En général, une baisse de la fréquence respiratoire est notée mais elle est compensée par une augmentation du volume courant. La ventilation est donc maintenue à un niveau satisfaisant aux doses cliniques efficaces. En revanche, l’oxygénation diminue comme avec le propofol et peut atteindre le point critique même aux doses cliniques, en particulier chez les individus malades ou débilités. Il est donc conseillé de disposer d’une source d’oxygène. Une apnée est possible, mais les risques peuvent être réduits en respectant une vitesse d’injection lente (sur 60 secondes minimum). Les paramètres cardiovasculaires restent stables. Une augmentation de la fréquence cardiaque peut être notée, sans être aussi marquée qu’avec la kétamine. La pression artérielle varie peu et la vasodilatation apparaît moins profonde qu’avec le propofol. Le débit cardiaque est maintenu, lorsque les dosages sont respectés, chez les chiens et les chats sains.

Comme le propofol, et contrairement à la kétamine, l’alfaxalone est une molécule non cumulative qui prolonge l’anesthésie sans augmenter le temps de réveil. Selon la durée de l’intervention, l’anesthésie est maintenue par répétition d’un bolus toutes les 10 minutes environ ou par perfusion continue, et s’utilise en conjonction avec une couverture analgésique. L’intubation endotrachéale et la supplémentation en oxygène sont conseillées pour toute anesthésie supérieure à 20 minutes et chez les animaux à plus haut risque anesthésique.

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