Énucléation chez les bovins - Le Point Vétérinaire n° 298 du 01/09/2009
Le Point Vétérinaire n° 298 du 01/09/2009

Ophtalmologie et chirurgie des bovins

Pratique

PAS À PAS

Auteur(s) : Paul Périé

Fonctions : Clinique vétérinaire, 6, quai Félix-Faure, 27500 Pont-Audemer

L’énucléation est simple, avec une contention et une analgésie correctes.

L’énucléation est utile chez les bovins lors d’une perforation traumatique ou secondaire à une kératoconjonctivite infectieuse, de tumeur oculaire (carcinome épidermoïde), etc.

Elle peut être réalisée selon plusieurs techniques [2] :

– l’énucléation proprement dite : l’exérèse du globe oculaire préserve au maximum l’ensemble des tissus extrascléraux (muscles, conjonctives et tissu adipeux péri-oculaire). Cette méthode peut être employée sur les stades avancés de kératoconjonctivite infectieuse ;

– l’exentération : la dissection est effectuée à travers les paupières, autour des muscles extra-oculaires, ce qui permet l’exérèse du globe oculaire et de toutes les structures intra-orbitaires. Cette technique est notamment utilisée lors de suspicion de tumeur oculaire.

Une fois la technique choisie, le protocole anesthésique est décidé en fonction de l’animal et des moyens de contention car l’intervention est particulièrement douloureuse. Chez les veaux, le plus simple reste l’anesthésie générale pour un confort opératoire maximal. De nombreux protocoles sont disponibles. Un mélange de tilétamine-zolazépam (2 mg/kg par voie intramusculaire) associé à de la romifidine (0,006 mg/kg par voie intraveineuse) peut être utilisé, il est effectué hors AMM, mais apporte un réel confort chirurgical.

Chez les bovins adultes, une contention physique doit être associée à la contention chimique. Du butorphanol associé à un α2-agoniste est administré pour sédater l’animal tout en le gardant debout, et une anesthésie locorégionale est pratiquée afin d’améliorer l’analgésie. Différents protocoles peuvent être employés, voire associés. Le nerf oculo-palpébral est anesthésié, puis une anesthésie rétro-bulbaire est pratiquée. L’anesthésie de Peterson peut aussi être pratiquée, mais elle requiert d’avantage de technique, et son efficacité est plus tardive. Pour les deux premières méthodes, l’anesthésie est obtenue en une dizaine de minutes [1]. Des complications sont possibles [3] :

– une hémorragie péri- ou postopératoire des artères et des veines ophtalmiques peut survenir lorsque la ligature du nerf optique et de sa gaine est mal réalisée ;

– une infection postopératoire est parfois observée lors de l’exérèse d’un globe oculaire infecté, mais peut aussi correspondre à une récidive de carcinome épidermoïde ;

– un emphysème postopératoire peut se produire par persistance des canaux lacrymaux.

Néanmoins, l’énucléation reste une opération simple qui présente un taux de réussite élevé. Elle permet de guérir l’animal lorsque les traitements médicamenteux n’ont pas permis de sauvegarder l’œil ou qu’ils sont trop onéreux.

Références

  • 1 – Guatteo R. L’injection sous conjonctivale chez les bovins. Point Vet. 2003;241:60-61.
  • 2 – Maisonneuve P. Énucléation du globe oculaire. Point Vet. 2006;268:64-65.
  • 3 – Trio S, Chahory S, Clerc B. Point Vet. 2004;244:64-67.
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