Quand et pourquoi opérer les fistules anales ? - Le Point Vétérinaire n° 297 du 01/07/2009
Le Point Vétérinaire n° 297 du 01/07/2009

Question de lecteur

Auteur(s) : Isabelle Valin

Fonctions : Clinique vétérinaire, 5, rue Fernet, 94700 Maisons-Alfort

Je me souviens d’un berger allemand présenté à la consultation du Centre hospitalier animal de l’Île-de-France, avec des fistules anales (FA) au stade IV, imbibé d’antibiotiques et un conseil d’amputation de la queue. Le propriétaire demandait un autre avis : la chirurgie de résection des FA lui est alors proposée, ce qu’il accepte pour préserver l’esthétique de son chien. L’élimination radicale des FA est l’objectif des chirurgiens. Cette affection touchant essentiellement le berger allemand, la piste immune a été avancée. Des corticoïdes ont été employés à dose immunosuppressive. Les chirurgiens ont alors eu à traiter des chiens pour des FA qui, en plus, présentaient un hypercorticisme. Pourquoi cette affection longtemps considérée comme chirurgicale est devenue médicale ? Il est actuellement de règle de traiter les FA par des mesures diététiques et hygiéniques, une antibiothérapie et un traitement immunosuppresseur ou immunomodulateur. Au vu de la diminution du recrutement de cette affection en chirurgie, force est de constater que ce traitement est efficace. Mais quels sont sa rémanence, son coût et ses effets secondaires ?

La chirurgie des FA a mauvaise réputation : une préparation fastidieuse, une réalisation délicate, une phase postopératoire immédiate contraignante. Pourtant, elle permet de façon régulière de redonner un confort de vie durable. La chirurgie de résection des FA présente trois risques : l’incontinence fécale, la sténose anale et la récidive. L’affection et sa durée participent à la fibrose du sphincter anal externe (SAE). Avant l’intervention, il est donc recommandé de tester la souplesse et la compétence du SAE par toucher rectal. Une technique chirurgicale soigneuse et atraumatique peut éliminer tous les tissus nécrotiques et leur fondement, tout en ménageant le SAE. La sténose anale cicatricielle est une complication majeure qui peut entraîner des douleurs à la défécation, incompatible avec la conservation du chien. Il convient de veiller à ne pas créer de tension entre la muqueuse rectale et la peau lors de la reconstruction. Mieux vaut laisser évoluer une cicatrisation par seconde intention. Pour limiter ces risques, il est préférable de traiter les FA de 360° en deux interventions de 180° à 4 semaines d’intervalle. Pour éviter la récidive, les deux quartiers chirurgicaux doivent se recouvrir.

Quelle place garde la chirurgie dans le traitement des FA ? Une place absolue lorsque les sacs anaux sont concernés ou lors d’échec du traitement médical, une place relative quand les propriétaires sont demandeurs d’un traitement radical. Le traitement chirurgical peut être encadré par un traitement médical de quelques semaines. En tout état de cause, une intervention chirurgicale doit être proposée avec les précautions d’information habituelles au propriétaire.

Hommage

Notre confrère Yannick Poubanne, décédé le 14 juin 2009, faisait partie de ces hommes qui aiment à faire avancer une profession par le partage de ses compétences, son implication et son dévouement. Yannick était aussi un collaborateur actif du Point vétérinaire car il aimait transmettre son savoir. La rédaction du Point vétérinaire s’associe à toute la profession pour lui rendre hommage et adresse à sa famille toute sa sympathie et ses plus sincères condoléances.

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