Contamination du lait de tank par des résidus d’antibiotique - Le Point Vétérinaire n° 295 du 01/05/2009
Le Point Vétérinaire n° 295 du 01/05/2009

Hygiène alimentaire

Mise à jour

CONDUITE À TENIR

Auteur(s) : Frédéric Lemarchand*, Nathalie Bareille**, Bruno Besognet***, Pascal Fanuel****

Fonctions :
*Pfizer Santé animale, 23-25 avenue du Dr Lannelongue, 75668 Paris Cedex 14
**Unité d’économie et zootechnie, ENV de Nantes, BP 40706, 44307 Nantes
***Pfizer Santé animale, 23-25 avenue du Dr Lannelongue, 75668 Paris Cedex 14
****Pfizer Santé animale, 23-25 avenue du Dr Lannelongue, 75668 Paris Cedex 14

Le renforcement de la notion d’éleveur responsable peut conduire ce dernier à faire appel au praticien en cas d’“accident inhibiteurs”. Une enquête rétrospective doit alors être menée.

L’image de pureté associée au lait est fondamentale dans la confiance que le consommateur accorde à ce produit qui est considéré comme la base de l’alimentation du nourrisson. Afin de garantir et de préserver cette image, tout un ensemble de mesures et de contrôles sont effectués sur le parcours du lait, de la production à la transformation en passant par la collecte. Le dépistage des résidus d’antibiotique dans le lait fait l’objet de contrôles permanents et rigoureux.

Un certain nombre de ces contrôles sont inclus dans un schéma annuel national de plans de contrôle et de surveillance sous la direction de la Direction générale de l’alimentation (DGAL) [g]. Toutefois, c’est l’interprofession qui effectue la grande majorité des contrôles via les prélèvements officiels effectués par les organismes de collecte dans le cadre des prélèvements qui entrent dans la grille de paiement du lait au producteur.

L’ensemble des professionnels de la filière (éleveurs, vétérinaires, transformateurs) est directement concerné par l’impact des procédures de recherche des résidus d’antibiotiques dans le lait et des résultats positifs éventuels qui en découlent. En revanche, le praticien est rarement sollicité pour une contamination du lait de tank par des résidus d’antibiotiques. En raison du circuit de prélèvement et de la forte automédication des infections mammaires, l’organisme de collecte est souvent sollicité en première intention par les éleveurs [12].

Toutefois, de par son rôle dans la prescription et la délivrance et sa connaissance du médicament vétérinaire, le praticien peut être amené à intervenir en élevage pour solutionner une contamination du lait de tank par des résidus d’antibiotiques. Par ailleurs, le renforcement juridique de la notion d’éleveur responsable et les conséquences financières qui en découlent, vont sans doute augmenter la demande d’implication des praticiens dans ce domaine[20, b]. En exploitation laitière, l’abord d’une contamination du lait de tank par des résidus d’antibiotiques ou “accident inhibiteurs” relève toujours de l’enquête rétrospective. En effet, en dehors de cas particuliers, c’est souvent à l’annonce de la pénalisation, donc a posteriori, que la nature exacte de l’accident est recherchée. La connaissance du circuit du lait, depuis la vache jusqu’à la laiterie, et des procédures d’échantillonnages, ainsi que des tests utilisés lors des différents contrôles, est indispensable à la compréhension d’un résultat positif pour les inhibiteurs. Cet article décrit la méthodologie à appliquer face à ce type de situation.

Le détail du fonctionnement des tests inhibiteurs disponibles sur le marché a fait l’objet de plusieurs revues. Il n’est abordé que pour des points spécifiquement nécessaires à la compréhension de la conduite à tenir [3, 4, 18, c].

Circuit du prélèvement et analyses

1. Dépistage officiel des résidus d’antibiotique dans le lait de tank

La responsabilité du prélèvement est confiée à l’organisme de collecte, celle de l’analyse au laboratoire interprofessionnel (figure 1). Le prélèvement est effectué par le chauffeur du camion de collecte, après homogénéisation du contenu du tank. Les prélèvements sont généralement effectués par des préleveurs automatiques qui permettent de prendre un échantillon d’un volume constant mais représentatif du volume de lait collecté [f]. L’ensemble de la procédure de prélèvement est codifié afin de limiter les risques d’erreur et de garantir la qualité et la représentativité du prélèvement.

Les contrôles sont actuellement systématiques lors de chaque collecte. Sur l’ensemble des prélèvements effectués chaque mois, trois sont tirés au hasard pour ensuite être analysés. La méthode officielle d’analyse comporte deux temps : le dépistage et la confirmation.

Premier temps : dépistage

Le test est bactériologique (utilisant la souche Bacillus stearothermophilus), identique pour tous les laboratoires. Celui qui a été retenu par l’interprofession est le CMT (Copan® Milk Test) (la société qui le commercialise vient d’être rachetée par l’autre principal fabriquant de ce type de test bactériologique : DSM Food Specialties Dairy Ingredients) [e]. Le temps de lecture est de 3 heures. En général, le résultat de l’étape de suspicion est communiqué à la laiterie le lendemain du prélèvement.

Second temps : confirmation

En cas de résultat positif ou douteux, l’échantillon est analysé par la méthode de confirmation qui correspond à une méthode sur gélose avec deux souches de bactéries (Bacillus sthearothermohillus et Bacillus subtilis). Le résultat est considéré comme positif pour un diamètre d’inhibition supérieur ou égal à 11 mm. Le délai de mise en culture et de lecture des géloses est de 24 heures. L’éleveur est donc informé du résultat définitif (avec copie à la laiterie) au minimum 48 heures après la réalisation du prélèvement. La pénalisation appliquée est alors de 125 % du prix de base sur le volume de lait collecté le jour du prélèvement. Dans ce cas, le lait étant collecté par la laiterie, il est payé au producteur et entre dans le décompte du quota.

Lors d’une étude réalisée sur trois ans à l’échelle d’un organisme de collecte, la part de résultats non confirmés représentait de 10,2 à 21,2 % [17]. C’est pourquoi tous les établissements de collecte ne préviennent pas systématiquement leurs éleveurs au stade du dépistage et attendent la confirmation.

2. Dépistage officiel des résidus d’antibiotique dans les citernes de collecte

Les modalités de pénalisation des producteurs dans la situation où ils sont à l’origine de la contamination d’une citerne (soit entre 15 et 25 000 l de lait environ) ont été récemment modifiées (arrêté paru au J.O. du 30 décembre 2007, applicable en 2008) à la suite d’un nouvel accord interprofessionnel [i].

Chaque citerne est désormais testée avant dépotage par un test rapide (Penzym®, Snap® β-Lactam, etc.) (photos 1a et 1b). En cas de résultat positif, l’ensemble des prélèvements individuels de tank de la tournée est envoyé avec un échantillon de la citerne, pour analyse par la méthode officielle au laboratoire interprofessionnel. Cette procédure permet d’identifier et de pénaliser le producteur concerné et de lui faire prendre en charge une partie des frais de destruction de la citerne (autrefois entièrement à la charge de la laiterie). Un éleveur livrant 1 500 l et responsable de la positivité d’une citerne de 15 000 l doit payer environ 1 000 € [i]. En effet avant cette mesure, il était très difficile pour une laiterie de retrouver un producteur responsable de la positivité d’une citerne, et les coûts de destruction de la citerne restaient alors entièrement à sa charge.

Les procédures interprofessionnelles peuvent varier d’une région à l’autre en raison des spécificités en zones d’appellation d’origine contrôlée (AOC) notamment.

3. Procédures d’autocontrôles

Lors d’une suspicion par l’éleveur d’une contamination de son tank par des résidus d’antibiotiques, il lui est possible d’apporter un prélèvement à la laiterie pour analyse. Si le résultat est positif, l’éleveur peut alors jeter le lait avant qu’il ne soit collecté et ainsi éviter de prendre le risque de contaminer l’ensemble de la citerne. Dans ce cas, une procédure interprofessionnelle prévoit une indemnisation (une fois par an) du lait jeté à hauteur de 50 % de sa valeur. Le lait n’étant pas collecté, il n’entre pas dans le décompte du quota du producteur. À cette étape, il est fondamental de faire préciser à l’éleveur la nature du test qui a été réalisé sur l’échantillon transmis à la laiterie : un résultat positif avec un test rapide (spécifique des β-lactamines) ou un test bactériologique (spectre large) n’a pas la même signification. Au cours de la transformation du lait et sur les produits finis, d’autres contrôles sont aussi réalisés [16].

Étape 1 : investigation

Cette étape répond à deux objectifs (encadré 1)(1).

1. Éviter un “suraccident”

Qu’il s’agisse d’une simple suspicion ou d’un accident avéré à l’échelle du tank ou de la citerne, il convient d’éviter que l’éleveur recommence son erreur. Le “suraccident” est fréquent, notamment lors de prélèvement officiel en fin de semaine (le vendredi : la confirmation écrite par le laboratoire interprofessionnel n’arrive à l’éleveur qu’en début de semaine suivante, et il peut être pénalisé une seconde fois si un nouveau prélèvement est réalisé entre-temps).

À ce stade, un contact rapide avec l’éleveur (généralement par téléphone) permet d’apprendre si des animaux sont actuellement en cours de traitement et de connaître la nature des traitements utilisés. Ces renseignements sont importants pour sensibiliser l’éleveur mais aussi pour étayer l’étape suivante : l’approche par le calcul.

2. Vérifier la cohérence des informations fournies

Vérifier la cohérence des informations est une approche purement théorique et approximative, mais toutefois très utile : en supposant que l’intégralité du principe actif d’un traitement se retrouve accidentellement dans le tank, l’auditeur se demande quelle serait la concentration théorique d’antibiotique dans le tank par rapport au seuil de détection connu du test utilisé pour cet antibiotique. Cette étape nécessite de bien connaître les seuils de détection des tests utilisés (encadré 2 et tableau).

Parallèlement au “calcul”, le praticien doit collecter le plus d’informations possibles venant de la laiterie, pour base de l’analyse de la cohérence chronologique des événements. Un contact avec le technicien responsable de l’élevage à la laiterie ou du responsable qualité facilite grandement l’accès à ces informations. Parmi les points à ne pas oublier, sont notamment vérifiés :

– le volume de lait collecté le jour de l’accident inhibiteur ;

– les résultats négatifs éventuels des contrôles officiels dans les jours qui précèdent l’accident ;

– la date et le moment de la collecte avant ou après la traite du matin ou du soir (sachant qu’une part de plus en plus importante de la collecte s’effectue la nuit actuellement) ;

– la date et la nature du test utilisé (si autres analyses que tests officiels) et la nature des prélèvements : lait individuel, lait de tank et nombre de traite(s) concernée(s).

Cette étape est fondamentale car elle permet de superposer la date et la quantité de lait correspondant à “l’accident inhibiteur” avec les événements liés à l’utilisation de médicaments dans l’élevage.

Étape 2 : visite d’élevage

• La visite d’élevage consiste à identifier, si possible, l’origine de l’erreur commise dans la routine de traite qui est responsable de l’accident. Elle s’appuie, en partie, sur une discussion avec l’éleveur.

Il s’agit de vérifier d’abord que l’interlocuteur est bien la personne présente à la traite ou aux traites potentiellement en cause dans l’accident, et celle qui applique les traitements. Dans la situation ou plusieurs personnes sont intervenues, il est préférable qu’elles soient toutes présentes lors de la visite.

Le fil conducteur pour la visite peut se rattacher aux questions suivantes pour l’application d’un traitement : s’agit-il de la bonne vache ? du bon moment ? du bon médicament ? et du bon matériel ? (figure 4).

• Tous les éléments factuels qui peuvent venir étayer la visite doivent être contrôlés. Cette démarche peut aller jusqu’à vérifier physiquement le nombre (ainsi que les numéros) de vaches taries dans la pâture par exemple.

Le carnet sanitaire est alors un outil précieux, mais un traitement peut y avoir été oublié.

L’observation de la traite peut aussi apporter des éléments : organisation, tâches intercurrentes (alimentation des veaux), utilisation du matériel (pots trayeurs, pots séparateur, etc.).

L’absence de rinçage de la griffe est une hypothèse plausible pour expliquer une contamination du tank par des résidus d’antibiotique lors d’utilisation de pénicillines [7, 16].

En effet le lait résiduel contenu dans la chambre de réception et dans le tuyau court à lait peut atteindre jusqu’à un quart de litre (photo 3). Une capacité insuffisante des pots trayeurs est également un facteur de risque (risque de reflux de lait contenant des résidus d’antibiotiques dans le lactoduc par exemple).

• La vérification de l’armoire à pharmacie est cruciale : organisation, présence des médicaments utilisés etc. La confusion au moment de l’application entre deux injecteurs (un intramammaire en lactation et un autre hors lactation) par proximité des boîtes dans la pharmacie est relativement fréquente même si elle est souvent difficile à admettre pour l’éleveur. Dans l’exemple précédemment utilisé, la présence dans l’armoire à pharmacie d’une spécialité intramammaire à base de pénicilline vient conforter l’hypothèse (encadré 2).

• Le recours au prélèvement vache par vache est fréquent dans les cas complexes, notamment d’accidents persistants, n’ayant pas abouti à une identification rapide de la ou des vaches impliquées. Il est alors fondamental d’effectuer en plus des prélèvements individuels un prélèvement du tank avant et après la traite afin d’effectuer au mieux l’interprétation des résultats. En effet les tests bactériologiques (Copan® Milk Test et Delvotest®) ont pour indication le dépistage des résidus d’antibiotiques sur des laits de mélange et non sur des laits individuels. Ainsi un résultat positif en individuel, non associé à un résultat positif sur le lait de mélange est interprété comme un faux positif et ne permettra pas un diagnostic de certitude [13, 14]. Les tests bactériologiques sont disponibles sous forme de microplaques de 96 puits (couramment utilisés par les laboratoires interprofessionnels et les laiteries) ce qui peut parfois être très utile pour analyser un grand nombre de prélèvements en peu de temps.

Ils permettent par exemple de réaliser 82 analyses en 3 heures seulement (photos 4, 5a, 5b et 5c).

• Le recours à une identification plus précise de la molécule incriminée (si un second prélèvement a été réalisé en marge et au même moment que le prélèvement officiel) peut être envisagé. Dans ce cas, des techniques de laboratoire qui combinent les tests du commerce avec les tests immuno-enzymatiques permettent d’obtenir l’identification de la molécule [5, 15].

Dans une étude parue en 2007, la nature exacte de la substance inhibitrice a ainsi pu être identifiée à 96,8 % pour 63 échantillons de lait analysés [15]. Toutefois peu de laboratoires d’analyses maîtrisent cette technique (se renseigner avant l’envoi).

La congélation n’interfère pas avec les techniques courantes de recherche des résidus d’antibiotiques dans le lait.

Lors d’investigation de cas complexes (pénalisations répétées), l’éleveur peut prélever lui-même le tank et congeler les échantillons. En cas de prélèvement officiel positif, un prélèvement identique permet des analyses plus précises (les échantillons “officiels” ne sont pas accessibles et ne sont généralement pas conservés).

Étape 3 : conclusion

À l’issue de la visite, et en relation avec les éléments préparatoires, dans la majorité des cas, un diagnostic de certitude ou de très forte suspicion peut être formulé, mais il existe des investigations sans issue [9, 7, 8, 10, 16, 17]. Parmi les hypothèses les plus courantes, 21 peuvent être citées, ici classées selon 5 grandes catégories (figure 5) [d, 7, 8, 16].

Étape 4 : recommandations

À l’issue de la visite, si l’origine de l’accident est déterminée avec certitude, les recommandations sont centrées sur l’erreur commise.

Dans les cas de forte suspicion, ou d’absence d’hypothèse diagnostique, l’ensemble des facteurs de risque est rappelé à l’éleveur afin d’éviter un accident ultérieur.

Discussion

1. Une information rétrospective et des faits répétitifs

Ce type de visite repose sur une étude rétrospective des événements, mettant en jeu la capacité de l’éleveur à se souvenir et/ou à donner des informations. Dans un climat de conflit (fréquent sur ce sujet) la rétention d’information est fréquente, conduisant souvent à l’impasse. L’approche doit donc s’orienter, le plus possible, vers une démarche constructive de compréhension de la situation pour une meilleure prévention ultérieure, afin d’obtenir des informations les plus précises possibles.

En outre, il est difficile de se souvenir de tâches effectuées de façon répétitives [17, 10, 9].

2. Prélèvement : formation et contrôles apportent des garanties

Parmi les hypothèses fréquemment évoquées par les éleveurs figurent celles qui sont liées à la procédure même de prélèvement ou à l’analyse. La formation des laitiers à la réalisation des prélèvements, les contrôles inopinés des processus de prélèvement régulièrement effectués par l’interprofession ainsi que les procédures d’identification des échantillons par des codes à barre permettent de classer comme peu probables ces hypothèses. De même les temporisations appliquées par les préleveurs automatiques lors de la phase de prélèvement permettent d’écarter les hypothèses liées à une éventuelle contamination du prélèvement d’un élevage avec le lait du précédent sur la tournée de collecte (photo 6) [20, f].

En pratique, selon notre expérience, il est rare de retrouver successivement deux échantillons positifs correspondant à deux exploitations qui se suivent sur la même tournée de collecte.

3. Utilisation hors AMM : attention au surdosage

Les hypothèses liées à l’utilisation hors AMM d’un médicament sont souvent émises. L’augmentation de la durée du traitement semble avoir peu d’incidence sur les risques de contamination du lait de tank [11, 6]. L’augmentation de la dose (sans modification du temps d’attente) peut en revanche être à l’origine de résultats positifs sur le tank [17].

4. Manque de spécificité des tests réalisés : pas sur lait de mélange

Un défaut de spécificité des tests utilisés est souvent évoqué pour expliquer des cas de résultats positifs lors de contrôle avec la méthode officielle, en l’absence d’explication cohérente. Si les faux positifs sont décrits avec des tests bactériologiques, en revanche il s’agit de résultats obtenus lors de tests individuels et non de résultats de tests effectués sur des laits de mélange ou de grands mélanges.

L’interférence des inhibiteurs naturels avec les tests bactériologiques est une autre des hypothèses avancées, mais une phase de chauffage du lait est prévue entre celle de dépistage et celle de confirmation pour éviter ce risque [1, 14].

5. Produits lessiviels

L’utilisation des produits d’entretien de la machine à traire (alcalins chlorés et acide) doit être évoquée (photo 7). Toutefois, les tests bactériologiques sont peu sensibles aux agents chlorés : les concentrations de chlore nécessaires pour positiver un Delvotest® sont de l’ordre de 200 ppm [3]. De telles quantités paraissent donc peu compatibles avec une erreur lors de la phase de nettoyage de la machine et, par ailleurs, provoquerait une modification organoleptique du lait qui serait détectée par le laitier lors de la phase collecte.

Les produits acides augmentent notablement les faux négatifs (les tests bactériologiques sont fondés sur le principe d’acidification du milieu) [observation personnelle].

En définitive, l’utilisation des antibiotiques intramammaires représente une faible part de la consommation totale des antibiotiques en élevage. Elle est estimée à environ 0,7 % du tonnage total utilisé en élevage [a]. En parallèle, le nombre de citernes positives reste très faible, estimé par l’interprofession à 0,04 % des citernes collectées [i]. À l’échelle d’un organisme de collecte, 140 accidents ont été enregistrés pour une année pour environ 1200 sites de collecte, ce qui représente moins de 0,06 % du litrage collecté [16].

Enfin, les contrôles résultant des plans mis en place sont jugés satisfaisants pour les résidus d’antibiotique dans le lait [g]. Malgré ces résultats, l’image du lait demeure vulnérable et il apparaît nécessaire à l’ensemble des intervenants de la filière de redoubler de vigilance pour la préserver auprès du consommateur.

  • (1) Voir l’article de “Approche méthodologique de la visite d’élevage” de Arcangioli MA et coll. Point Vét. 2009;40 (spécial rurale):9-14.

Références

  • 1 – Andrew SM. Effect of composition of colostrum and transition milk from holstein heifers on specificity rates of antibiotics residues tests. J. Dairy Sci. 2001;84:100-106.
  • 2 – Bareille N, Seegers H. Rédaction d’un rapport de visite en médicine de troupeau. Buiatrie, Paris. 15-16 nov 2007:97-100.
  • 3 – Brouillet P. Les test rapides de détection des antibiotiques dans le lait. Bull. des GTV. 2002;15:183-189.
  • 4 – Cullor JS. Test for indentifying antibiotic residues in milk: how well do they work? Vet. Med. 1992:1235-1241.
  • 5 – Delepine B, Hurtaud-Pessel D, Sanders P. Les méthodes d’analyse physico-chimiques des résidus d’antibiotique dans le lait. Bull des GTV. 2002;15:191-196.
  • 6 – Durnford N, Skowronski V, Roy O. Détection à l’aide d’un test rapide des résidus en amoxicilline dans le lait de vaches en cas d’allongement de la durée de traitement d’une spécialité intramammaire à base d’amoxicilline et d’acide clavulanique. Journées nationales des GTV, Tours. 2002:797.
  • 7 – Edmondson P. Avoidance of medecines residues in milk. In : Practice. 2003:278-283.
  • 8 – Edmondson P. Avoidance of milk residue un milk : an update. In : Practice. 2007;29:147-150.
  • 9 – Fabre JM, Moretain JP, Ascher F et coll. Les principales causes d’inhibiteurs dans le lait. Résultats d’une enquête dans un millier d’élevages français. Bull. des GTV. 1996;3:27-31.
  • 10 – Fabre JM. Les résultats du nouvel observatoire Virbac des inhibiteurs. Bull. des GTV. 2003;20:362-363.
  • 11 – Fabre JM, Gardey L, Lherbette L et coll. Détection des résidus de céphalexine dans le lait en cas d’allongement de la durée du traitement par voie intramammaire. Rev. Méd. Vét. 2000;151:965-968.
  • 12 – Gay E, Bord S, Boichard D et coll. Modalités de traitement des mammites cliniques en élevage bovin laitier en France. Renc. Rech. Ruminants. 2002;9:37-40.
  • 13 – Hillerton JE, Halley BI, Neaves P et coll. Detection of antimicrobial substances in individual cow and quarter milk samples using Delvotest® microbial inhibitor test. J. Dairy Sci. 1999;82:704-711.
  • 14 – Kang JH, Kondo F. Occurrence of false-positive results of inhibitor on milk samples using the Delvotest SP assay. Journal of Food Protection. 2001;64:1211-1215.
  • 15 – Kress C Seidler C Kerp B et coll. Experience with an indentification and quantification program for inhibitor-positive milk samples. Analytica Chimica Acta. 2007;586:275-279.
  • 16 – Lemarchand F, Bouetard S. Accidents inhibiteurs en troupeaux laitiers : enquêtes en 2003 en Pays-de-Loire. Journée bovine nantaise, Nantes. 2004;7 octobre:83-88.
  • 17 – Lemarchand F. Milk residue : result of 3 years of survey in a dairy cooperative. 24th World Buiatrics Congress, Nice. 2006.
  • 18 – Reybroeck W. Residus d’antibiotiques dans le lait : utilisation des kits de dépistages des inhibiteurs. Point Vét. 2004;242:52-57.
  • 19 – Ruegg PL, Tabone TJ. The relationship between antibiotic residue violations and somatic cell counts in Wisconsin dairy herds. J. Dairy Sci. 2000;83:2805-2809.
  • 20 – Serieys F, Meffe N, Berny F et coll. Facteurs de risque de pollution du lait par des résidus inhibiteurs associés au traitement des mammites. Renc. Rech. Ruminants. 1995;2:205-210.

Encadré 1 : Méthodologie générale

Il est quelquefois difficile de savoir par quel “bout” aborder un “accident inhibiteur” en élevage laitier. Le recours à la méthodologie classique d’approche des troubles en élevage (mammite/cellules par exemple) est possible :

– le recueil des commémoratifs et des informations complémentaires (laiterie, éleveur) permet d’établir une préhypothèse diagnostique [2] ;

– la visite d’élevage permet une recherche des facteurs de risque correspondants ;

– si besoin, l’analyse s’appuie sur les examens complémentaires (analyse de laits individuels et/ou de mélange sur des animaux ciblés ou sur ensemble des animaux présents) ;

– un diagnostic de certitude peut (ou non) être formulé ;

– un plan d’action en découle (figure 2).

Encadré 2 : Exemple concret d’approche par le calcul puis d’analyse chronologique

• Deux vaches sont traitées sur la même période dans un troupeau, l’une avec une spécialité intramammaire en lactation qui contient deux antibiotiques (A et B), l’autre avec une spécialité intramammaire au tarissement (antibiotique C). L’éleveur est pénalisé sur sa livraison de 2 500 l de lait, la citerne est également positive (15 000 l de lait). L’éleveur ne comprend pas ce qui a pu se passer car il est sûr d’avoir correctement écarté le lait de la vache en lactation durant le traitement. Le résultat de l’approche par le calcul permet d’orienter la recherche de facteurs de risque dans ce cas précis sur l’implication du traitement au tarissement, car les concentrations en antibiotique, dans l’hypothèse extrême où l’intégralité de l’antibiotique serait passée par erreur dans le tank, n’excèdent pas le seuil de détection des deux tests utilisés. En revanche, ce n’est pas le cas pour le traitement hors lactation. Une erreur lors de l’administration du traitement chez la vache hors lactation est, dans cet exemple, une des hypothèses à vérifier. L’analyse chronologique des événements survenus dans l’élevage souligne clairement que le volume de lait concerné par l’accident semble davantage lié à l’utilisation de l’intramammaire hors lactation qu’au traitement en lactation en fin de temps d’attente (figure complémentaire 3 sur www.WK-Vet.fr).

• Confronté aux résultats de l’approche par le calcul, la visite d’élevage est, dans cet exemple, axée sur la recherche des facteurs de risque liés à une éventuelle confusion sur l’animal lors de l’utilisation de l’intramammaire hors lactation (photo 2).

EN SAVOIR PLUS

Fabre JM, Bosquet G, Petit C. Comprendre et prévenir les risques de résidus d’antibiotiques dans les denrées d’origine animale. Ed. DSM Food Specialties Dairy Ingredient. 2006:96p.

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