Chez le chat, anorexie et vomissements lors de chimiothérapie : que faire ? - Le Point Vétérinaire n° 290 du 01/11/2008
Le Point Vétérinaire n° 290 du 01/11/2008

Question de lecteur

Auteur(s) : Cécile Soyer

Fonctions : Centre de radiothérapie scanner, ENV d’Alfort
7, avenue du Général-de-Gaulle, 94700 Maisons-Alfort

Le chat est un animal à l’appétit naturellement capricieux et le chat cancéreux est souvent anorexique. Les effets secondaires digestifs liés à la chimiothérapie doivent donc être anticipés. Des antiémétiques administrés par voie injectable lors de la séance permettent de prévenir les effets immédiats de l’injection, ce qui semble également minimiser les effets secondaires retardés. Le maropitant, qui présente une efficacité de 24 heures par voie sous-cutanée ou orale, est une aide précieuse chez le chat [1]. Un relais peut être pris par voie orale par les propriétaires, lorsqu’ils parviennent à administrer les médicaments. La prise en charge antalgique est essentielle : la première cause d’anorexie chez le chat cancéreux est la douleur liée à la tumeur ou secondaire aux traitements (chirurgie ou radiothérapie). Chez le chat âgé, les opioïdes sont alors très utiles et préférés aux anti-inflammatoires non stéroïdiens. En effet, le chat en chimiothérapie est un animal âgé présentant plusieurs affections intercurrentes, dont l’insuffisance rénale chronique (IRC) qui peut engendrer anorexie et vomissements. Il convient d’équilibrer au mieux l’IRC avant l’instauration de la chimiothérapie. Les aliments diététiques destinés aux animaux en IRC, désormais très appétants, sont alors très utiles.

En situation adjuvante, phase transitoire vers une rémission, l’anorexie et les vomissements associés à chaque séance mensuelle de chimiothérapie peuvent être tolérables si le chat recouvre rapidement un appétit normal.

Dans certains cas, la pose de sondes d’alimentation (naso-œsophagienne ou d'œsophagostomie) peut aider le chat à “passer le cap” de la cicatrisation chirurgicale, de la radiothérapie et/ou de la chimiothérapie. Ces sondes permettent aussi de prévenir la lipidose hépatique et la cachexie cancéreuse ; elles doivent être posées précocement pour assurer à l’animal un équilibre nutritionnel correct, condition sine qua non pour sa récupération.

En situation palliative, en revanche, lorsqu’aucune guérison n’est possible, l’inconfort lié aux effets secondaires digestifs de la chimiothérapie ne semble pas “éthiquement” acceptable. Il est alors préférable de surseoir à la chimiothérapie à l’origine des symptômes. Dans ces situations critiques, l’appétit peut être stimulé, par exemple par de la miansérine (Athymil®(1)), à la fois noradrénalinergique, anxiolytique et orexigène (contre-indiquée en cas d’agressivité), à la dose de 2 à 5 mg/kg/j en une ou deux prises quotidiennes. Mais une anorexie persistante est un paramètre essentiel de la décision d’arrêt des traitements et d’euthanasie éthique.

  • (1) Médicament humain.

Références

  • 1 - Hickman MA, Cox SR, Mahabir S et coll. Safety, pharmacokinetics and use of novel NK-1 receptor antagonist maropitant (Cerenia®) for prevention of emesis and motion sickness in cats. J. Vet. Pharmacol. Therap. 2008;31:220-229.
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