Une tarsorraphie étape par étape - Le Point Vétérinaire n° 288 du 01/09/2008
Le Point Vétérinaire n° 288 du 01/09/2008

Ophtalmologie canine et féline

Pratique

PAS À PAS

Auteur(s) : Tanguy Lefranc

Fonctions : Clinique vétérinaire, 26, avenue Roosevelt, 56000 Vannes

Une variante de la méthode classique permet la surveillance de la cornée.

La tarsorraphie est le recouvrement provisoire de l’œil par la membrane nictitante.

Cet acte chirurgical simple permet : de protéger la cornée lésée des agressions extérieures (blépharospasme lors de douleur oculaire, poils nasaux, distichiasis, cil ectopique) ; d’effectuer une contre-pression à l’évidement du globe lors de plaie perforante ; d’apporter, par l’intermédiaire de la conjonctive riche en vascularisation et en tissu lymphoïde, des éléments utiles à la cicatrisation de la cornée.

Il répond par conséquent à trois indications : la cicatrisation de lésions cornéennes (ulcère profond ou étendu) en cas d’échec d’un traitement médical ; la préservation de la cornée, dans l’urgence, lorsque celle-ci est gravement lésée (descemetocèle, perforation du globe) dans l’attente d’une intervention chirurgicale réparatrice plus complexe ; l’accélération du phénomène de cicatrisation de la cornée à la suite d’une chirurgie délabrante comme une kératectomie.

Les seules contre-indications sont celles de l’anesthésie générale et les lésions de la paupière supérieure (blépharite, plaie palpébrale).

La préparation de l’animal, sous anesthésie générale, est simple. Il convient d’effectuer : une tonte large mais précautionneuse de la paupière supérieure ; une désinfection de la paupière et des culs-de-sac conjonctivaux à l’aide de coton-tige imbibé d’une solution de povidone iodée diluée au 1/10e dans du sérum physiologique. La mise en place d’un champ autocollant permet de découper un orifice de la taille désirée, centré sur l’œil, et de s’affranchir ainsi de pinces à champ, traumatisantes pour la région péri-oculaire et entravant la manipulation aisée des fils de suture.

La durée du recouvrement varie selon l’indication. La protection préalable à une chirurgie cornéenne entre dans le cadre des urgences et est de courte durée. En revanche, la cicatrisation complète d’ulcères très étendus (brûlures par les caustiques par exemple) nécessite une protection de deux, voire trois semaines. Les topiques (collyres antibiotiques notamment) peuvent être instillés entre les paupières. Les complications sont généralement aisées à contrôler. Surviennent parfois une conjonctivite d’exposition lorsque le nettoyage est insuffisant, une rupture des fils de suture souvent secondaire à l’absence de carcan et une ischémie cutanée lorsque les points sont trop serrés. Des adhérences entre la membrane nictitante et la conjonctive palpébrale peuvent être observées, notamment lors de fixation de longue durée. Elles sont rompues à la pince ou sectionnées aux ciseaux après une anesthésie locale. Le saignement alors provoqué est de courte durée.

Des variantes à la technique proposée peuvent être pratiquées. Celle présentée ici permet de surveiller la cornée au cours de la cicatrisation, à la différence des autres techniques.

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