Deux implants de desloréline destinés aux juments ou aux chiens mâles - Le Point Vétérinaire n° 287 du 01/07/2008
Le Point Vétérinaire n° 287 du 01/07/2008

REPRODUCTION CANINE ET ÉQUINE

Infos

FOCUS

Auteur(s) : Éric Vandaële

Fonctions : 4, square de Tourville
44470 Carquefou

Deux implants de desloréline, exploitant les effets agonistes ou antagonistes de la GnRH, induisent soit l’ovulation des juments en chaleur, soit une castration réversible des chiens mâles.

Dechra (ex-VetXX) a mis sur le marché début mai un implant Ovuplant® à base de desloréline pour induire l’ovulation des juments en chaleur. Quelques semaines plus tard, Virbac commercialise le premier implant contraceptif destiné à une castration transitoire et réversible des chiens mâles : Suprelorin®, également à base de desloréline (photos 1 et 2). Enfin, l’Agence européenne du médicament a approuvé un troisième implant à base d’un autre analogue de GnRH pour la castration réversible des chiennes. Cet implant n’est toutefois pas commercialisé pour le moment.

Relargage sur plusieurs heures ou plusieurs semaines

La classe des analogues de GnRH, dont les premiers usages datent d’environ 25 ans avec la buséréline (Receptal®), connaît de nouveaux développements inédits. La GnRH naturelle ou gonadolibérine est un décapeptide qui se dégrade en quelques minutes (figure 1). Les analogues de GnRH sont plus stables, mais leur demi-vie reste très courte (quelques dizaines de minutes). Les implants sont donc une nouvelle forme galénique qui permet d’envisager un relargage plus lent, sur quelques dizaines d’heures (12 à 48 heures pour Ovuplant® chez les juments), ou sur plusieurs semaines ou plusieurs mois pour Suprelorin®. Dans ce dernier cas, l’analogue de GnRH employé en continu produit non plus un effet agoniste, mais un effet antagoniste de la GnRH naturelle.

Pour la première fois, un tel implant est donc destiné à « induire une infertilité temporaire », donc réversible, pendant au moins six mois chez les mâles. L’indication officielle de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) est limitée aux chiens mâles. Mais l’implant a initialement été développé comme un outil de gestion des populations de carnivores de la faune sauvage (les lions en Afrique) ou de chiens errants en Australie. En France, son usage ne semble pas présenter d’intérêt chez les chats. En revanche, chez les furets, il constitue une solution alternative à la castration chirurgicale. La durée de l'effet serait d’un à deux ans.

Solution alternative à la castration chirurgicale

La castration des chiens mâles est d’abord une question de culture. Les Anglo-Saxons, pragmatiques, ne voient que des avantages à castrer les chiens mâles et femelles non reproducteurs, à l’instar de la castration des chats dans l’Hexagone. Ainsi, au Royaume-Uni, comme aux États-Unis, 80 % de la population canine des deux sexes est stérilisée. Dans les pays latins, les propriétaires, sans doute par anthropomorphisme, sont très réticents à la castration. En France, seulement 12 % des mâles sont castrés contre 30 % des femelles, et presque aucun mâle ne subit cette opération en Espagne et en Italie.

Cet implant est donc une solution alternative “biologique” innovante à la castration chirurgicale pour des propriétaires réfractaires. Il peut être indiqué pour empêcher un chien mâle de se reproduire ou, surtout, pour diminuer la libido qui peut, chez certains animaux, devenir insupportable (hypersexualité). Cet implant agit sur le comportement par la diminution des taux de testostérone et non comme un neuroleptique. Il peut aussi être utilisé comme une épreuve thérapeutique pour vérifier l’efficacité de la castration sur un comportement gênant d’hypersexualité. S’il est efficace, il devient plus facile de faire accepter une castration chirurgicale qui produit les mêmes effets. Toutefois, l’effet antagoniste de la GnRH n’est pas immédiat. Après la pose du premier implant, les concentrations de testostérone augmentent rapidement, puis chutent en une dizaine de jours (figure 2). L’absence totale de production de spermatozoïdes et de sperme survient dans un délai de six semaines.

80 % de réversibilité à 12 mois, 98 % à 18 mois

L’effet antagoniste de la GnRH sur les taux de testostérone se prolonge au moins six mois. Toutefois, sa durée ne peut pas être prévue avec précision. 80 % des chiens ont recouvré des concentrations plasmatiques normales (supérieures à 0,4 ng/ml) à 12 mois et 98 % à 18 mois. Quel que soit le poids du chien, la dose reste celle d’un implant de 4,7 mg de desloréline par animal à administrer par voie sous-cutanée dans la région interscapulaire. L’effet semble prolongé chez les chiens de petite taille (moins de 10 kg). L’implant se résorbe et disparaît progressivement. En dehors de l’infertilité, les autres effets sont directement liés à la chute de testostérone, avec notamment une diminution significative, de l’ordre d’un tiers, du volume des testicules.

Ovulation des juments entre les 36e et 48e heures

Pour les vétérinaires équins, l’implant Ovuplant® à 2,1 mg de desloréline permet d’induire l’ovulation chez 95 % des juments en chaleur dans les 36 à 48 heures après sa mise en place (figure 3). Il est ainsi possible de programmer la saillie ou l’insémination artificielle 24 heures après l’implantation (ou à 36 et, éventuellement, 48 heures en cas de semence congelée). Une fois implanté par voie sous-cutanée au niveau de l’encolure, l’implant de desloréline se résorbe rapidement en totalité sans nécessiter de retrait. La pose d’un seul implant par jument remplace alors des injections répétées toutes les six à douze heures d’une solution de GnRH (buséréline, Receptal®).

Ovuplant® est destiné aux juments déjà cyclées de plus de trois ans qui présentent des signes d’œstrus. Il convient de prévoir une palpation transrectale ou un examen échographique pour vérifier la présence d’un follicule d’un diamètre supérieur à 30 mm (ou à 35 mm chez les races de grande taille).

En outre, sur un gros follicule de plus de 40 mm, l’implantation est peu utile car il est alors probable que l’ovulation ait lieu dans les 24 heures, avec ou sans GnRH associée. En cas d’échec, un seul implant est recommandé par œstrus. Le traitement peut toutefois être répété aux chaleurs suivantes sans risque de perte d’efficacité.

Grande sécurité d’emploi à des doses élevées

Pour les deux implants, les réactions locales semblent rares et transitoires. Les analogues de GnRH sont généralement d’un emploi fiable, sans risque d’effets indésirables autres que les réactions pharmacologiques agonistes ou antagonistes de la GnRH, même lors de surdosages très importants. Cette grande sécurité autorise l’emploi de doses élevées de desloréline dans ces implants chez les juments (2,1 mg) ou les chiens mâles (4,7 mg) alors que les solutions injectables d’action immédiate s’emploient à des doses dix à cent fois plus faibles : 0,01 à 0,5 mg/animal (vache ou jument) selon les composés.

Abonné au Point Vétérinaire, retrouvez votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr