Première injection de primovaccination avancée à six semaines - Le Point Vétérinaire n° 285 du 01/05/2008
Le Point Vétérinaire n° 285 du 01/05/2008

VACCINATION DU CHIEN

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Auteur(s) : Éric Vandaële

Fonctions : 4, square de Tourville
44470 Carquefou

Les vaccins Duramune®, grâce à leur adjuvant, améliorent la protection des chiots et peuvent être administrés dès l’âge de six semaines. Ils incluent la souche vaccinale de parvovirus CPV2b.

Fort Dodge est le numéro un mondial des vaccins destinés aux animaux de compagnie. Le laboratoire renouvelle son ancienne gamme Dohyvac® de vaccins canins, qu’il commercialise de très longue date en France, par une nouvelle gamme Duramune®. Celleci présente quelques caractéristiques innovantes sur le marché français des vaccins CHPPiL (maladie de Carré, hépatite, parvovirose, para-influenza, leptospirose).

Une souche vaccinale de parvovirus CPV2b

L’innovation se situe d’abord sur le terrain de la composition antigénique. Pour lutter contre la parvovirose, ce vaccin est ainsi le premier à être composé d’une souche CPV2b. En effet, depuis l’émergence de la parvovirose canine, à la fin des années 1970, et le premier vaccin autorisé en 1981, cette maladie due à un parvovirus canin (CPV) a évolué. La souche CPV2 était alors en cause. Elle a presque disparu dans les analyses de laboratoire au profit de deux (ou trois) autres variants. Le CPV2a a été observé le premier. Il était prédominant dans les années quatre vingt-dix. Actuellement, il reste fréquemment isolé. Néanmoins, le deuxième variant plus récent, le CPV2b, semble lui avoir ravi la première place. Enfin, la relève des variants est assurée puisqu’un troisième variant, le CPV2c, a été décrit et pourrait émerger.

Une évolution des formes cliniques de parvovirose

À cette évolution progressive des souches pathogènes CPV2 est associée une évolution des formes cliniques de parvovirose. Selon les données rapportées par Fort Dodge, issues de trois laboratoires de diagnostic, la diarrhée est hémorragique dans moins de la moitié des cas de parvovirose confirmés. La fièvre n’est plus systématique. Les souches CPV2b ont une capacité élevée de réplication dans les cellules intestinales. La parvovirose peut donc être suspectée lors de toute diarrhée aiguë (même non hémorragique et en l’absence de fièvre) chez des jeunes chiots qui vivent en collectivité ou dans un élevage. Les trois quarts des cas concernent de tels chiots qui ont reçu une première injection de vaccin pendant la période de mise en place de l’immunité.

Une protection croisée CPV2a et CPV2b en présence d’anticorps maternels

Le nouveau vaccin Duramune® actualise les souches vaccinales en intégrant, pour la première fois en France, une souche CPV2b. Toutefois, la protection croisée des vaccins CPV2 contre l’ensemble des variants ne rend pas nécessaire cette actualisation des souches dans les vaccins existants. De même, cette protection croisée permet aussi que le nouveau vaccin protège les chiots contre les infections à CPV2a et CPV2b. La démonstration de celle-ci a été réalisée dans les essais expérimentaux comportant des épreuves virulentes avec les souches CPV2a et CPV2b. Cette protection a été mise en évidence en présence d’anticorps d’origine maternelle avec un protocole de primovaccination en deux injections, la première entre six et huit semaines d’âge, la seconde à dix semaines. Dans ces essais, aucune mortalité n’est observée chez les chiots vaccinés, alors que 80 % des chiens témoins non vaccinés meurent après l’épreuve virulente. Une excrétion virale est observée chez 10 % des chiots vaccinés (contre 100 % pour les témoins).

Un adjuvant renforce l’immunité produite par les antigènes même vivants

Une autre innovation dans la formulation de ce vaccin est peut-être plus importante que l’incorporation d’une souche CPV2b : l’ajout d’un adjuvant à ces vaccins vivants qui, habituellement en France, ne sont pas adjuvés. Cet adjuvant renforce l’immunité. En pratique, cela permet d’avancer à six semaines l’âge de la première vaccination, y compris en présence d’anticorps maternels. Jusqu’à présent, tous les vaccins de ce type (CHPPiL) commercialisés en France, selon leur notice d’emploi, ne pouvaient pas être administrés à des chiots âgés de moins de huit semaines (Canigen®, Nobivac®, Vanguard®, Enduracell®, etc.), voire, au mieux, avant l’âge de sept semaines (Eurican®). Duramune® permet d’avancer d’une ou de deux semaines l’âge de la première injection. Fort Dodge démontre ainsi qu’il est possible d’améliorer le niveau de protection des chiots contre la parvovirose et la maladie de Carré grâce à l’adjonction d’un adjuvant.

En effet, généralement, les vaccins vivants (ce qui est le cas ici pour la totalité des valences, sauf la leptospirose) stimulent l’immunité sans avoir besoin d’un adjuvant. Mais, dans des conditions extrêmes, chez de très jeunes chiots (six semaines d’âge) et en présence d’anticorps maternels, ces spécialités sont encore insuffisamment efficaces si elles sont administrées trop tôt et/ou que la seconde injection a lieu avant l’âge de trois mois, et ce malgré les progrès de ces 15 dernières années avec le développement de vaccins contre la parvovirose à haut titre en antigènes.

Des études sérologiques comparatives avec des vaccins non adjuvés

Des études sérologiques comparatives ont ainsi été réalisées entre Duramune® et des vaccins conventionnels non adjuvés (mais à haut titre en parvovirus) sur 36 chiots vaccinés à l’âge de six à huit semaines et de dix semaines (). Le vaccin adjuvé permet d’augmenter le nombre de chiens qui présentent des taux d’anticorps à des niveaux dits “protecteurs”. Ainsi, après une seule injection du nouveau vaccin adjuvé entre six et huit semaines, la plupart des chiots présentent à l’âge de dix semaines des taux d’anticorps “protecteurs” contre la parvovirose (70 % des animaux) et la maladie de Carré (86 %), alors qu’avec un vaccin non adjuvé, plus de 60 % des chiots ne sont pas protégés contre la maladie de Carré à l’âge de dix semaines. Toutefois, avec un vaccin conventionnel non adjuvé, mais hautement titré en parvovirus, un peu plus de la moitié des chiots semblent protégés dès l’âge de dix semaines. Cependant, dans ces études comparatives du dossier d’autorisation de mise sur le marché de Duramune®, les vaccins conventionnels non adjuvés ont été employés selon le protocole validé pour ce nouveau vaccin adjuvé. Les taux de protection obtenus avec les vaccins non adjuvés ne correspondent donc pas à ceux qui auraient été obtenus en respectant le protocole vaccinal plus tardif prévu pour ce type de vaccin. Le nom du vaccin non adjuvé de référence n’est pas dévoilé.

Une primovaccination à partir de l’âge de six semaines, puis de dix semaines

Néanmoins, malgré cette prudence dans l’analyse des résultats comparatifs, le protocole de primovaccination du vaccin adjuvé offre un peu plus de souplesse en permettant d’obtenir une immunité contre la parvovirose et la maladie de Carré après une première injection dès l’âge de six semaines (au lieu de sept à huit semaines) et une seconde injection dès l’âge de dix semaines (au lieu de 12 semaines).

L’adjuvant de Fevaxyn® Pentofel® dans les vaccins Duramune®

L’adjuvant de la gamme Duramune®, l’anhydride maléique d’éthylène (EMA), est déjà connu des praticiens pour être utilisé dans le vaccin félin pentavalent inactivé développé par Fort-Dodge : Fevaxyn® Pentofel®. L’ajout de l’adjuvant ne semble pas, à la lecture du résumé officiel des caractéristiques du produit (RCP), être à l’origine d’effets indésirables différents de ceux habituellement décrits dans les RCP récents de vaccins non adjuvés avec les mêmes valences. Le RCP Duramune® indique que les chiots « développent très fréquemment un léger gonflement visible à l'œil (inférieur à 2 cm) persistant généralement deux jours. À la suite de la seconde injection, un gonflement (jusqu’à 5 cm) peut très fréquemment être observé persistant jusqu’à cinq jours, avec une douleur au point d’injection pendant un ou deux jours ».

Un vaccin purifié contre les leptospires pour une protection d’une année entière

Contre les leptospiroses, le nouveau vaccin (inactivé) est dit “purifié” dans la mesure où les protéines de la membrane externe antigéniques de Leptopsira interrogans sérovars canicola et icterohaemorrhagiae sont séparées des impuretés.

Cela améliore la tolérance du vaccin pour cette valence. Les études avec épreuves de Leptopsira canicola et icterohaemorrhagiae par voie intrapéritonéale démontrent que les chiots sont protégés trois semaines après la primovaccination et pendant au moins un an.

Toutefois, la vaccination contre la leptospirose est actuellement, et sans doute encore pour longtemps, la clef de voûte des rappels annuels de vaccination et de ce bilan annuel de santé que tous les vétérinaires souhaiteraient voir se développer.

Un premier rappel annuel, suivi de rappels tous les un à trois ans pour les valences CHP

Le protocole vaccinal prévoit un premier rappel annuel pour toutes les valences. Puis, pour les valences CHP, les rappels suivants peuvent être plus espacés, au maximum tous les trois ans.

En cas de vaccination antirabique simultanée, il n’est pas recommandé de mélanger dans la même seringue le vaccin monovalent contre la rage avec ce vaccin. Deux injections séparées sont requises, y compris avec le vaccin rage Unirab® commercialisé par Fort Dodge.

La nouvelle gamme Duramune® comprend trois vaccins : CHPPi + L, CHP et Pi + L. Ils se présentent toujours en deux flacons, le lyophilisat avec les virus vivants CHPPi et un second flacon avec les valences inactivées leptospirose, le solvant et l’adjuvant. Les trois vaccins sont conditionnés en boîtes de 25 doses.

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