La leptospirose chez le chien - Le Point Vétérinaire n° 284 du 01/04/2008
Le Point Vétérinaire n° 284 du 01/04/2008

Maladie infectieuse canine

Mise à jour

Avis d’experts

Auteur(s) : Geneviève André-Fontaine*, Juan Hernandez**

Fonctions :
*Bactériologie médicale
et moléculaire des leptospires
ENV de Nantes
Atlanpôle/La Chantrerie
BP 40706, 44307 Nantes
**Centre hospitalier vétérinaire
43, avenue Aristide-Briand
94110 Arcueil

Bien que le tableau clinique diffère selon la souche infectante, il convient, dès qu’une insuffisance rénale aiguë et/ou une atteinte hépatique sont identifiées, de suspecter une leptospirose.

La leptospirose canine est relativement fréquente en France. Le caractère saisonnier de la maladie est en relation avec les conditions météorologiques. Un temps pluvieux, avec des températures clémentes est favorable aux infections leptospirosiques. L’exposition s’effectue par contact avec un environnement contaminé par de l’urine de rongeur ou de hérisson. Un contact avec de l’eau stagnante est un élément anamnestique fréquemment rapporté. Dans un contexte épidémiologique favorable, une leptospirose doit être évoquée dès que des signes d’insuffisance rénale et/ou hépatique sont identifiés.

Quel est le tableau clinique et le schéma étiopathogénique de cette maladie ?

Juan Hernandez : Les leptospires pénètrent dans l’organisme par la voie muqueuse ou cutanée. Après une courte phase de bactériémie, ils envahissent les reins, le foie, les poumons, la rate, le système nerveux, les yeux et l’appareil génital. L’expression clinique peut être aiguë, suraiguë ou chronique.

La leptospirémie s’exprime par un syndrome fébrile (abattement, anorexie et hyperthermie). Les leptospires sécrètent des hémolysines à l’origine d’une hémolyse intravasculaire. Une pigmenturie peut alors être observée. Les symptômes digestifs, très fréquents, sont dominés par des vomissements et/ou une diarrhée. Des saignements digestifs (sang frais ou méléna) sont souvent observés. L’ictère n'est pas systématique, mais la détection d’un ictère flamboyant avec syndrome fébrile doit indiscutablement amener à suspecter une leptospirose. Des pétéchies et/ou des ecchymoses sont parfois présentes dans les cas graves. Une dyspnée restrictive d’intensité variable peut être notée dans les stades terminaux de la maladie. Elle est alors le reflet d’une pneumonie leptospirosique. Chez les femelles gestantes, un avortement est fréquent. Les signes d’uvéite antérieure sont exceptionnels chez le chien, à la différence du cheval.

Quels sont les examens complémentaires à réaliser et leurs intérêts ?

JH : L’examen hématologique permet de confirmer la présence d’un phénomène inflammatoire (leucocytose neutrophilique, avec un virage à gauche, ou neutropénie lors de leptospirose suraiguë). Une thrombopénie, très fréquente, contribue à l’apparition des saignements. Une anémie modérée due à une hémolyse, aux pertes sanguines digestives et à l’inflammation est souvent identifiée.

• L’examen biochimique sanguin met en évidence des signes d’atteintes hépatique et/ou rénale. Les paramètres de cytolyse hépatique (transaminases, phosphatases alcalines, γ-GT) sont augmentés ; ceux du fonctionnement hépatique sont modifiés (hyperbilirubinémie et hypoalbuminémie) (). L’élévation de l’urée et de la créatinine est d’intensité très variable (de discrète à majeure). Certaines formes de leptospirose s’expriment seulement par une insuffisance rénale aiguë (IRA), sans signe d’atteinte hépatique. Depuis quelques années, des leptospiroses suraiguës dont le seul signe est une IRA d’évolution rapidement fatale sont observées. L’ionogramme met le plus souvent en évidence une hyponatrémie et une hypokaliémie. Toutefois, lors d’IRA oligo-anurique, une hyperkaliémie peut être détectée. La baisse de la concentration en bicarbonates (HCO3-) est le reflet de l’acidose métabolique.

L’exploration de l’hémostase peut signaler une évolution vers une coagulation intravasculaire disséminée : allongement des temps de coagulation, thrombopénie, augmentation des produits de dégradation de la fibrine et des D-dimères.

• L’examen urinaire est riche en informations et doit être effectué avec les précautions d’hygiène qui s’imposent. La densité urinaire mesurée au réfractomètre est très variable. La protéinurie est souvent sévère ( et ). Une hémoglobinurie est présente lors d’hémolyse intravasculaire. Une glycosurie sans hyperglycémie est une observation assez fréquente qui signe une tubulopathie proximale fréquente lors de leptospirose.

• L’examen échographique des reins n’est pas spécifique, mais la mise en évidence d’un épanchement périrénal ou rétropéritonéal est fréquente et augmente le degré de suspicion. Une hyperéchogénicité de la graisse périrénale signe une stéatite focale fréquente lors d’IRA leptospirosique. Le foie est peu modifié. Son échogénicité peut apparaître diminuée par rapport à la norme.

Lors de pneumonie leptospirosique, les radiographies thoraciques révèlent des plages alvéolaires mal délimitées généralisées. Des signes d’œdème pulmonaire par surcharge volumique peuvent également être observés lors d’IRA anurique après une perfusion intensive.

Quels examens de laboratoire peuvent être réalisés ? Un diagnostic de certitude peut-il être établi ?

Geneviève André-Fontaine : À côté des examens complémentaires qui permettent de mettre en évidence les signes d’insuffisances hépatique ou/et rénale et les altérations hématologiques induites par l’infection aiguë due aux leptospires, le laboratoire peut assurer le diagnostic différentiel vis-à-vis d’autres maladies aiguës graves du chien, comme la piroplasmose (pigmenturie) et la parvovirose (diarrhée hémorragique).

Le laboratoire permet aussi d’aborder le diagnostic spécifique des leptospiroses. Ce dernier, comme pour beaucoup d’affections, comporte deux volets : un diagnostic direct par la mise en évidence de l’agent pathogène (vivant ou dégradé) et un diagnostic indirect par celle d’anticorps induits par l’infection. Chacune de ces recherches comporte des difficultés qui ont trouvé ou vont trouver des solutions.

• Le diagnostic direct avec un isolement bactériologique n’a jamais été réalisable en routine pour les leptospires, car ces bactéries sont très fragiles dans les prélèvements biologiques et requièrent des méthodes d’isolement bactériologique (milieu original, modalités particulières, etc.) que seuls des laboratoires spécialisés peuvent mettre en œuvre. De plus, un isolement ne donne naissance à une culture identifiable qu’au minimum quinze jours plus tard, ce qui exclut cette procédure des moyens pratiques de diagnostic. Mais le développement des techniques moléculaires, comme la polymerase chain reaction (PCR), permet dorénavant de contourner cette difficulté bactériologique. En effet, comme tout ADN, celui des leptospires peut persister sous une forme non dégradée dans des prélèvements, alors que le leptospire est déstructuré et non viable (donc impossible à cultiver). Ce diagnostic direct de la présence d’ADN de leptospire et, a fortiori, de leptospires pathogènes dans le prélèvement (à la différence des leptospires saprophytes contaminant presque toutes les eaux douces naturelles) constitue une méthode très efficace, qu’il s’agisse de PCR classique ou de PCR quantitative.

• Les méthodes sérologiques sont utilisées depuis longtemps compte tenu de l’impossibilité jusqu’à une période récente d’effectuer un diagnostic bactériologique. Cependant, si le prélèvement est facile à réaliser chez l’animal suspect (du sang sur un tube sec), là encore, la méthode sérologique employée est délicate à mettre en œuvre. Il s’agit du test de microagglutination (MAT), procédé de référence, dont le principe repose sur la mise en évidence d’anticorps agglutinants, caractéristiques des motifs antigéniques de la souche infectante (). Ces anticorps sont capables d’agglutiner une culture vivante de leptospires (maintenus par le laboratoire réalisant l’analyse). Cependant, la grande diversité de ces déterminants antigéniques nécessite de tester le sérum avec un panel élargi de souches de laboratoire. La diversité de ces antigènes explique que les vaccins comportent deux valences : Icterohaemorrhagiae (IH) et Canicola (CAN). Actuellement, aucun antigène (extrait ou culture tuée) ne permet de mettre en évidence des anticorps agglutinants de façon comparable au MAT. De plus, l’existence même d’une vaccination du chien dont l’objectif est justement d’induire ces anticorps agglutinants complique l’interprétation des résultats. L’interprétation diagnostique du MAT doit donc être effectuée à la lumière des délais entre le prélèvement et les dernières vaccinations, et entre le prélèvement et l’apparition des symptômes (en considérant leur nature), afin de tenir compte de la cinétique normale de production de tels anticorps. Il est ainsi possible de conduire un diagnostic sérologique même chez un animal vacciné, la réponse en anticorps agglutinants pouvant qualitativement se différencier d’une réponse vaccinale IH et CAN, voire, pour ces deux sérogroupes, se démarquer quantitativement des titres habituels relevés après la vaccination.

Ainsi sur plus de 2 000 chiens (certains sont vaccinés) dont l’état clinique laisse suspecter une évolution de leptospirose, une présence d’anticorps agglutinants induits par des sérogroupes non représentés dans les préparations vaccinales, donc d’origine infectieuse, est constatée. En revanche, la forte prévalence en anticorps agglutinants contre IH et CAN pourrait être due à la vaccination, mais celle-ci n’explique pas la différence de prévalence des titres élevés (320 ou plus) entre ces deux sérogroupes, les préparations vaccinales étant équilibrées quel que soit l’industriel producteur (). Cela traduit des contacts différents avec des souches sauvages.

• Actuellement, en fonction du délai entre l’apparition des symptômes et le prélèvement, il est possible de recourir de façon efficace au diagnostic direct par PCR et/ou au diagnostic indirect sérologique.

Si le chien est malade depuis moins de sept jours au moment où il est examiné, il existe une forte probabilité pour qu’il soit encore en bactériémie. Un prélèvement de sang sur EDTA est indiqué pour réaliser une PCR.

Si le chien est malade depuis plus de 10 à 15 jours au moment de l’examen, le MAT donne des indications à interpréter en fonction des sérogroupes réactionnels et des antécédents vaccinaux. Le diagnostic de la leptospirose reste délicat à établir dans la fenêtre de 7 à 15 jours après le début des signes cliniques. Cependant, d’autres anticorps que les anticorps agglutinants sont produits lors de l’infection par des leptospires pathogènes. Plus précoces que les anticorps agglutinants et non stimulés par la vaccination, leur mise en évidence ouvre une perspective diagnostique extrêmement encourageante pour l’avenir.

En tout état de cause, quelle que soit la méthode employée, la règle de base d’un diagnostic expérimental reste valable : un résultat négatif ne permet pas d’exclure l’hypothèse diagnostique. Ainsi, un prélèvement PCR peut être négatif car il a été réalisé trop tardivement ou qu’il contient des inhibiteurs. Un profil agglutinant en MAT peut être techniquement positif, sans pour autant apporter une réponse définitive si, quantitativement, les titres en IH et en CAN peuvent être imputés à la seule vaccination.

Quels sont le traitement et le pronostic de la leptospirose ?

JH : Le traitement est divisé en deux parties. Celui de soutien vise à maintenir l’hydratation, à corriger les anomalies électrolytiques et à provoquer une diurèse forcée. Une insuffisance rénale aiguë anurique doit être détectée précocement. Pour cela, une sonde urinaire est mise en place pour quantifier la diurèse. La production normale se situe entre 1 et 2 ml/kg/h. L’urine est collectée en circuit fermé avec toutes les précautions d’hygiène nécessaires à la prévention d’une contamination humaine. L’absence de diurèse est traitée avec une perfusion intraveineuse intensive et l’administration de diurétiques (furosémide et/ou mannitol). Le choix du soluté dépend des anomalies électrolytiques et acido-basiques observées. En l’absence de données, un mélange de soluté NaCl 0,9 % et de lactate de Ringer est un bon compromis. Une supplémentation potassique est souvent indiquée. L’utilisation de la dopamine est remise en cause. Les vomissements sont contrôlés de manière symptomatique (figure complémentaire “Conduite à tenir devant une suspicion de leptospire”, sur planete-vet.com).

Le traitement spécifique à l’aide d’antibiotique est commencé avec une pénicilline (ampicilline, amoxicilline) par voie intraveineuse, puis un relais oral est mis en place pendant 15 jours. Les pénicillines sont efficaces contre les formes extracellulaires, mais ne permettent pas l’éradication intracellulaire de la bactérie. Pour cela, le traitement est poursuivi pendant 15 jours supplémentaires avec un antibiotique de la famille des tétracyclines (doxycycline à la dose de 10 mg/kg/j).

Le pronostic est réservé dans tous les cas. Un pronostic sombre doit être annoncé si une forme anurique d’insuffisance rénale aiguë est observée et que la diurèse ne reprend pas en quelques heures. La survenue d’une dyspnée est souvent le reflet d’une pneumonie leptospirosique de pronostic très sombre. Elle peut également être observée lors d’œdème pulmonaire associé à une IRA anurique par surcharge volumique. Seule la mise en place d’une dialyse (dialyse péritonéale ou hémodialyse extracorporelle) peut alors sauver l’animal.

En France, l’épidémiologie de la leptospirose a-t-elle évolué ?

GAF : De plus en plus fréquemment, les praticiens élargissent le tableau de suspicion clinique de la leptospirose canine, avec la mise en évidence grâce au diagnostic expérimental de l’implication pathogénique de sérovars de leptospires autres que IH et CAN, comme Australis, Saxkoebing (Sejroë), Grippotyphosa, Autumnalis ou Pyrogenes. Convient-il pour autant de considérer que l’épidémiologie de “la leptospirose” a évolué ? Ne serait-ce pas plutôt une meilleure connaissance de la complexité clinique des leptospiroses et des limites de la vaccination ?

Pourtant, et il s’agit là d’une donnée confirmée dans toute l’Europe de l’Ouest, les cas de leptospirose due à CAN régressent de façon sensible depuis que la vaccination du chien a été entreprise. Cette constatation est objectivée dans la figure. Trois à six mois après une vaccination, les titres agglutinants ne dépassent généralement plus 320. Ainsi, la très grande majorité des chiens ont des titres faibles en CAN (de 40 à 320). Le profil sérologique observé pour CAN est considéré comme celui d’un effectif vacciné. Il serait donc logique de trouver, dans cette population, le même profil pour IH. Ce que les faits démentent. L’explication suivante peut ainsi être avancée. Comme son nom l’indique, CAN est très lié à l’espèce canine, et le développement de la vaccination et la protection qui en découle ont favorisé une certaine résistance de cette population, et une diminution de la pression infectieuse de CAN. Ce raisonnement n’est pas justifié pour IH car ce sérogroupe a un spectre d’hôtes beaucoup plus large et est entretenu en particulier par de nombreux rongeurs sauvages. La population canine vaccinée est soumise à des contacts nombreux dans l’environnement, lesquels sont à l’origine d’authentiques leptospiroses ou, pour le moins, de relance naturelle parfois importante de la réponse sérologique obtenue préalablement par une vaccination. Cela explique la distorsion observée entre les prévalences des titres élevés en IH et en CAN.

La présence d’anticorps agglutinants vis-à-vis des autres sérogroupes, et notamment pour des titres élevés, atteste de la fréquence des infections par des leptospires pathogènes appartenant à des sérogroupes non couverts par les préparations vaccinales actuellement commercialisées.

Il est impossible d’évoquer l’épidémiologie des leptospiroses sans rappeler le rôle prépondérant du relais que constituent les eaux douces contaminées par les urines des réservoirs sauvages. L’année de la canicule a vu une augmentation non négligeable des cas de leptospirose canine. Certes, la sécheresse a diminué la pression infectieuse dans l’environnement de ces bactéries très sensibles à la dessiccation, mais, comme leurs maîtres, les chiens ont cherché à se rafraîchir dans des rivières et des plans d’eau également très fréquentés par la faune sauvage assoiffée !

Cette situation est à l’origine, en partie, de l’aspect saisonnier des formes aiguës de leptospirose. Les variations climatiques (hivers doux, tornades estivales, etc.) sont autant de facteurs d’amplification probable du risque de leptospirose dans l’avenir.

Le vaccin est-il toujours d’actualité ?

GAF : La protection par les vaccins a pour principe l’induction chez l’animal vacciné d’anticorps agglutinants, les mêmes que ceux mis en évidence dans le MAT. Or cette méthode sérologique est la base même de la classification sérologique des leptospires pathogènes, les séparant en fonction des motifs antigéniques qu’ils portent et différenciant, par exemple, le sérogroupe IH du sérogroupe CAN en raison du peu de communauté antigénique. Il existe ainsi plus de 20 sérogroupes de leptospires pathogènes et, pour la préparation des vaccins, le choix s’est porté en priorité sur les sérogroupes considérés comme les plus pathogènes chez le chien, soit IH et CAN. Le corollaire de ce choix est que la protection est revendiquée seulement pour ces sérogroupes, donc qu’un chien vacciné contre “la leptospirose” ne l’est que vis-à-vis des leptospiroses à IH et à CAN. Il reste sensible aux leptospires pathogènes n’appartenant pas à ces sérogroupes, fréquents dans l’environnement. De plus, un sérogroupe est composé de différents sérovars dont les communautés antigéniques quoique proches ne sont pas identiques, ce qui signifie que, confronté à une souche sauvage appartenant au sérogroupe IH par exemple, les anticorps vaccinaux du chien sont plus ou moins adaptés aux antigènes de la souche sauvage, ainsi, dans certains cas, ils n’assureront qu’une protection partielle.

Malgré toutes ses imperfections, la vaccination a permis de protéger (sinon de l’infection du moins de la maladie) de nombreux animaux, et de limiter la pression infectieuse de CAN. De plus, la vaccination, même imparfaite avec les vaccins actuels, mais entretenue par les contacts fréquents auxquels est soumis le chien, peut favoriser une très faible mais authentique protection croisée : un animal correctement vacciné et ayant subi plusieurs rappels, infecté par un leptospire appartenant à un sérogroupe différent de ceux composant le vaccin, développe certes des signes cliniques, mais d’évolution souvent plus lente, ce qui permet la mise en place d’un traitement efficace, si toutefois le diagnostic est établi précocement.

En conséquence, quoique imparfaites, les préparations vaccinales, avec un programme d’administration bien suivi permettent de limiter le nombre de cas létaux de leptospirose. La protection recherchée est clinique et ne prévient pas l’infection par des souches sauvages, donc le portage rénal potentiel. Il est illusoire d’imaginer des préparations vaccinales comportant plus de 20 valences différentes pour tenter de couvrir la diversité antigénique des leptospires. L’adjonction de l’une ou de l’autre de ces autres valences ne peut apporter de progrès décisif. D’autres éléments que les anticorps agglutinants participent à la protection contre les leptospires pathogènes et devront être privilégiés dans les vaccins de l’avenir.

Quels dangers encourt le propriétaire d’un chien malade ? Quels conseils lui donner ?

GAF : Après une pénétration cutanéo-muqueuse, les leptospires rejoignent le sang dans lequel ils se multiplient et d’où ils gagnent tous les organes. Un animal dont la maladie est en pleine évolution peut produire des leptospires dans toutes ses sécrétions et excrétions. Comme pour l’animal, le risque de contamination humaine n’est effectif que si une quantité suffisante de leptospires infectieux (dose infectieuse) pénètre dans l’organisme par les muqueuses oculaire ou pituitaire ou par une effraction cutanée. Cependant, les leptospires sont très fragiles vis-à-vis des agents physiques et chimiques (dessiccation, ultraviolets, désinfectants, etc.). Leur persistance dans l’environnement n’est à craindre que s’ils contaminent un milieu humide. En conséquence, dans un foyer où le chien développe une leptospirose aiguë, de simples mesures d’hygiène et de protection, comme le port de gants, et de désinfection (eau de Javel) permettent de limiter le risque de contamination à partir de l’animal et de ses excreta éventuels (vomissements, urines, etc.). Il convient de limiter les contacts directs avec son animal, et cela concerne tout particulièrement les enfants, pendant le temps du traitement.

Quels sont les risques pour le vétérinaire et le personnel soignant ? Quelles précautions prendre ?

GAF : Pour le vétérinaire et le personnel soignant, il convient d’observer les mêmes règles fondamentales. Néanmoins, une attention particulière doit être portée lors de l’examen de l’animal dont la maladie évolue de façon aiguë. Lorsque le chien est en phase septicémique, la charge infectieuse du sang peut être considérable et à l’origine d’une contamination possible si le cathéter est mis en place ou le prélèvement réalisé sans gants (voire sans lunettes) de protection ().

Mais le risque le plus insidieux auquel sont exposés les vétérinaires et le personnel soignant ou d’entretien est constitué par les urines d’un chien, même en bonne santé.

La vaccination de celui-ci le protège (au mieux) contre la maladie, mais pas toujours contre l’infection. Cette dernière, cliniquement silencieuse, peut évoluer vers un portage rénal avec une excrétion urinaire intermittente.

Même en dehors d’un contexte clinique de leptospirose, tout chien porteur rénal soumis à un stress peut éliminer des leptospires dans ses urines. Il convient de garder à l’esprit le risque épidémiologique, fût-il limité, de tout prélèvement ou de toute manipulation d’urine chez un chien. Cependant, ce danger est aisément maîtrisé par des mesures d’hygiène élémentaires.

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