Fièvre Q : vaccination et/ou antibiothérapie ? - Le Point Vétérinaire n° 284 du 01/04/2008
Le Point Vétérinaire n° 284 du 01/04/2008

COXIELLOSE EN ÉLEVAGE BOVIN LAITIER

Infos

question de lecteur

Auteur(s) : Alexandra Senkowski

Fonctions : GDS Grand Ouest
ENVN-INRA Unité bio-agression,
épidémiologie et analyse de risque
Atlanpôle la Chantrerie BP 40706
44307 Nantes cedex 3
senkowski@vet-nantes.fr

Une étude de grande envergure entend répondre à cette question et éclairer le choix d'un plan de maîtrise.

Coxiella burnetii est mise en cause dans près d'un tiers des avortements répétés en Bretagne. Avec la mise à disposition d'un vaccin composé d’antigènes corpusculaires purifiés de Coxiella burnetii en phase I (Coxevac® sous autorisation temporaire d'utilisation), l’arsenal médical pour maîtriser la fièvre Q en élevage s'est élargi. Des traitements associant vaccination et antibiothérapie sont couramment mis en œuvre et les antibiotiques (tétracyclines) restent largement utilisés. Cependant, la mise en œuvre des protocoles pratiqués n’est pas standardisée et leur efficacité comparée en conditions d’élevage n’est pas validée. Ainsi, il est difficile d’appuyer scientifiquement une décision d'utiliser l’un et/ou l’autre, sur tout ou partie du troupeau, dans tel ou tel contexte de prévalence de l’infection. La question de la place de la vaccination et de l’antibiothérapie dans un plan de lutte contre la fièvre Q reste donc à creuser.

Une étude s’attaque à combler ce vide. Depuis fin 2007, l’impact à court terme de différents plans de maîtrise de la fièvre Q est étudié en conditions d’élevage dans les départements du Grand-Ouest de la France (Haute- et Basse-Normandie, Bretagne et Pays-de-la-Loire). Les élevages sont recrutés avec le concours des vétérinaires praticiens, sur la base de deux PCR (polymerase chain reaction) positives sur écouvillon vaginal, placenta ou avorton, ou d’une PCR positive et de 50 % de sérologies positives en cas de sondage. Confronté à un cas probable, le praticien contacte le Groupement de défense sanitaire local ou l’ENV de Nantes. Une stratégie de maîtrise fondée sur l'utilisation ou non d’antibiotiques, en association ou non avec la vaccination de tout ou partie du troupeau, est alors attribuée par tirage au sort. Quatre lots d’élevages sont ainsi constitués (vaccination, antibiothérapie, vaccination et antibiothérapie, témoin) avec un socle commun : la vaccination des génisses de deuxième année. Le vaccin utilisé est le Coxevac® et l’antibiothérapie se compose d’injections d'oxytétracycline longue action à la dose recommandée.

Pour obtenir une puissance statistique suffisante, il est prévu de recruter dans les six mois à venir 35 troupeaux par lot, soit près de 10 000 bovins.

L’étude comporte un volet d'évaluation de ces stratégies de maîtrise sur l’excrétion bactérienne et un sur la santé animale (expression clinique et effets zootechniques). L’impact sur la santé animale est mesuré à travers des paramètres tels que l’incidence des avortements, des métrites et des retours en chaleur tardifs, le taux de réussite à l’insémination ou encore celui de mortinatalité.

Les prélèvements à l’inclusion comprennent des prises de sang sur les génisses et les vaches ainsi qu’un prélèvement de lait de tank pour analyse sérologique. Chaque trimestre, un prélèvement de lait de tank et de lait de mélange de primipares est effectué pour analyse PCR. Le suivi des élevages s’étend sur une période de 18 mois. Les prélèvements, les analyses, les visites, les antibiotiques et au minimum la moitié des doses vaccinales sont pris en charge dans le cadre de l’étude.

Parmi les 150 élevages inclus, 20 en suivi de reproduction font l’objet d'une pression de mesure supplémentaire. La fréquence des prélèvements de lait, d’échantillons de poussière et de litière est mensuelle. Le mucus vaginal de chaque vache vêlée est collecté. Des stratégies supplémentaires sont implémentées, afin d’évaluer l’efficacité d'une injection d’antibiotique intermédiaire entre le tarissement et le vêlage.

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